Voilà qui tombe mal quelques jours après le discours rassurant de J. Powell au sujet du risque d’inflation. En octobre, l’indice des prix à la consommation, bien supérieur aux anticipations, a augmenté de 6,2 % au cours des douze derniers mois, à raison d’une hausse mensuelle (corrigée des variations saisonnières) de presque 1 %, la plus forte depuis la fin des années 2000. De fait, les explications qui prévalaient jusqu’ici, et permettaient à la Fed de garder une posture rassurante, sont de moins en moins recevables. La composante énergétique explique, certes, toujours une part importante de l’inflation mais les éléments considérés comme temporaires, tels les prix des véhicules d’occasion, persistent, tandis que de plus en plus de secteurs, jusqu’ici plutôt à l’écart, participent maintenant du mouvement général de hausse des prix. Ces éléments cumulés poussent l’inflation vers des niveaux qui appelleront vraisemblablement une réponse plus agressive que celle envisagée jusqu’ici par J. Powell avec pour conséquence d’aplatir un peu plus les courbes de taux d’intérêt et de donner un peu plus de soutien aux cours de l’or.
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L’inflation ? Même pas peur, nous disent les banques centrales… Sans convaincre
Les marchés jubilent. Enfin, les actions, car les marchés de taux, eux, sont à la renverse après le porte-à-faux créé par la posture des banques centrales de ces derniers jours, toutes fermement braquées contre la montée des anticipations de hausse des taux directeurs qu’elles se sont attachées à démonter les unes après les autres. L’inflation ? Un phénomène transitoire, résultat des difficultés d’approvisionnement qui finiront par s’apaiser une fois la situation sanitaire mondiale améliorée, nous disent-elles de concert, quand bien même avec un peu moins de conviction qu’avant l’été. Les tensions salariales ? Des frictions qui trouvent leur origine dans les dérèglements liés à l’épidémie, tandis que rien n’indique de spirale prix-salaires. Quant à l’envolée des prix des actifs et aux risques qu’elle fait encourir pour la stabilité financière future, sur lesquels certains s’étaient épanchés ces derniers mois, oubliée ! A se demander, d’ailleurs, si l’objectif n’est pas, avant tout, d’éviter que cette inflation-là ne se dissipe…Bref, les banques centrales ne se remettent surtout pas en cause. Il est vrai que leur position est, à bien des égards, inextricable. Reste que leurs volte-face ne sont pas sans implications ; à l’origine d’une grande instabilité des marchés à terme de taux d’intérêt mais également d’une certaine perte d’influence sur les choix d’investissements. Les investisseurs ont, en effet, préféré se ruer sur l’or que d’acheter la micro-repentification de la courbe des taux, laquelle semble, du reste, déjà mise à mal… Les banquiers centraux sont-ils encore crédibles ?
Powell casse les anticipations de marché sur ses taux et repentifie la courbe
L’exigence de résultats économiques pour envisager de remonter les taux directeurs est beaucoup plus haute que celle requise pour un tapering. C’est dans cette affirmation du président de la FED, J. Powell, que se trouve l’essentiel ; à savoir, l’absence de changement de position officielle s’agissant des taux des Fed funds. En dépit de l’amorce du tapering, largement anticipée, cela donne un caractère incontestablement ‘dovish’ à sa communication par rapport à l’évolution récente des anticipations de marchés et à la redirection amorcée ces dernières semaines par la plupart des autres banques centrales du monde développé, BCE exceptée. Témoin de cette ‘bonne surprise’, les anticipations de hausses des taux se replient en même temps que la courbe des taux se repentifie, au contraire de ce qu’elle avait fait ces derniers temps au fur et à mesure de la remontée des anticipations de hausse des taux.
Le suspense est entier sur l’évolution du discours de J. Powell à l’occasion du FOMC
Pris en étau par la persistance de l’inflation, le président de la FED a fini par capituler et par reconnaître la nécessité de modifier l’orientation de sa politique monétaire. Avec une inflation à 5,4 %, dont 4 % pour le sous-jacent, la perspective d’un resserrement monétaire ne soulève plus de doute. La FED pourrait, de fait, annoncer une réduction immédiate de ses achats d’actifs avec comme objectif de mettre un terme au QE en juillet. Mais c’est sur les indications relatives à l’évolution des taux des Fed Funds que J. Powell sera attendu. Il faudra attendre décembre en effet pour connaitre les nouvelles projections de la FED et les perspectives de ses membres sur l’évolution des taux directeurs. Mais les marchés n’attendent pas et anticipent déjà à 70 % la probabilité que la FED ait relevé le niveau des Fed Funds d’ici au 15 juin prochain. Sans doute la rapidité avec laquelle ces anticipations ont évolué n’est-elle pas du goût de J. Powell. Pour autant, la perception des membres de la FED a clairement évolué ces dernières semaines et il se pourrait qu’un certain nombre ne soient pas véritablement gênés par ces anticipations. Alors, jusqu’où iront le communiqué de la FED et J. Powell sur ce point ? Difficile à prédire tant les incertitudes sont importantes au sujet de l’inflation mais également de la tournure de la conjoncture américaine et des pourparlers budgétaires, voire, de l’épidémie de Covid…
Le tapering, maintenant imminent, l’heure de vérité approche
La remontée de l’inflation américaine à 5,4% en septembre ne laisse guère de marge de manœuvre à la Fed après la publication des minutes de son dernier FOMC : un tapering sera enclenché avant la fin de l’année. Quand bien même le caractère transitoire de l’inflation n’est pas fondamentalement remis en cause par les données du mois de septembre, les différentes mesures de l’inflation sont incontestablement embarrassantes, même une fois éliminés les éléments « spécifiques ».
Manquerait plus que les banques centrales durcissent les conditions monétaires !
Après un rapport sur l’emploi, sous tous les angles médiocre, la FED doit-elle réagir à l’accélération des salaires et à la nouvelle baisse du taux de chômage du mois de septembre en procédant à une réduction de ses achats d’actifs ? Quel qu’en soit l’ampleur et la cadence, un tapering constituerait un resserrement des conditions monétaires, vraisemblablement aggravé au niveau mondial par le suivisme de la BCE et de nombreuses autres banques centrales. Est-ce le moment dans un contexte économique des plus perturbés dans lequel les pénuries croissantes jouent déjà un rôle restrictif de premier ordre sur les perspectives de croissance ? La question se pose indiscutablement et, sauf à avoir pour objectif de contrer la spéculation que leur action a provoquée, on voit mal en quoi une telle évolution des pratiques monétaires pourrait en quoi que ce soit être la bonne solution aux difficultés en présence.
Powell a plus de raisons qu’il n’en faut pour ne rien changer à sa posture
La position de J. Powell n’a probablement pas beaucoup évolué depuis Jackson Hole. D’un côté, l’inflation demeure particulièrement élevée, supérieure ou égale à 5 % pour le quatrième mois consécutif en août, bien qu’en léger repli ce dernier mois. De l’autre, les données conjoncturelles restent décevantes et suggèrent un sérieux coup de frein à la croissance du troisième trimestre. Les négociations budgétaires sont, pour leur part, au point mort, dépassées par l’urgence d’obtenir le vote d’un relèvement du plafond de la dette par le Congrès. Si l’on ajoute à cela le regain de volatilité des marchés de ce début de semaine, sur fond d’inquiétudes au sujet du risque de défaut d’Evergrande, sans parler des controverses éthiques soulevées par les investissements financiers de certains membres de la FED, on comprendra que J. Powell a plus de raisons qu’il n’en faut pour ne pas changer grand-chose à sa posture. Confirmera-t-il une réduction des achats d’actifs avant la fin de l’année ? Rien n’est moins sûr et s’il s’aventure sur ce terrain, sans doute y mettra-t-il suffisamment de conditions pour ne pas enfermer la FED dans une position périlleuse, voire intenable. Un biais toujours « dovish », donc, comparativement aux attentes du consensus jusqu’à la fin de la semaine dernière, quitte à ce que les modifications apportées aux projections macroéconomiques et aux « Dot Plots » viennent tempérer le communiqué.
Le haut niveau d’endettement de la Chine exige des résultats que le pays ne fournit plus…
Apprécier l’importance des déceptions en provenance de l’économie chinoise n’est jamais chose aisée tant l’appareil statistique à disposition est restreint et tant les progrès de l’Empire du milieu peuvent, malgré tout, paraître, dans bien des domaines, spectaculaires, en particulier vus de la vieille Europe. La Chine, non seulement, fascine mais est incontournable, entend-on de plus en plus souvent, face à l’attitude qui consiste, souvent, à fermer les yeux sur les développements récents les plus préoccupants qui l’entourent. De fait, avec l’inclusion des actions et obligations du pays dans la plupart des grands indices de référence globaux, jamais les actifs chinois n’ont suscité autant d’intérêt auprès des investisseurs étrangers qu’au cours de l’année écoulée. Le mouvement a été d’autant plus fort que l’écart de rendement entre la Chine et le monde développé s’est creusé et que la tendance à la hausse du Renminbi qui en a résulté a rendu les actifs locaux plus attrayants. Et pourtant, non seulement les actions chinoises ont largement sous performé celles du reste du monde mais le marché obligataire est aujourd’hui confronté à l’inévitable : le risque de faillite d’une entreprise emblématique de la surenchère immobilière de ces dernières années, le mastodonte Evergrande dont la dette avoisine 290 mds de dollars et dont la chute pourrait avoir des retentissements mondiaux. La Chine s’est endettée comme aucune économie ne l’avait fait avant elle. Régulièrement objet d’inquiétudes, cette situation n’a donné lieu à aucune crise d’ampleur jusqu’à présent. Ce risque pourrait devenir plus sérieux si la croissance économique venait à poursuivre la tendance qui est la sienne ces derniers mois et que dans le même temps, la FED amorce, effectivement, une réduction de ses achats d’actifs.