En octobre, les commandes allemandes ont reflué de 3,7 % par rapport à septembre, pour atteindre un plus bas depuis mars. En niveau, elles n’ont fait que rejoindre les commandes « hors exceptionnel », qui stagnent peu ou prou depuis sept mois, toujours inférieures de 4 % à leur volume d’avant covid après leur forte chute de mars. En résumé, outre les commandes de transport maritimes, sans doute en partie militaires, il ne s’est rien passé depuis longtemps
Archives par catégories : Sur le vif
Au revoir l’exception française, le PIB révisé à -0,1 % au troisième trimestre
On avait cru les risques récessifs cantonnés aux enquêtes et la croissance, bon an mal an, sauvée à +0,1 % au troisième trimestre. Il aura suffi d’une révision à la baisse de la FBCF (+0,2 % contre 1 % en première lecture), surtout en provenance des ménages et d’une révision à la hausse des importations, à +0,1 % contre -0,5 %, pour que le PIB ressorte en légère contraction, de 0,1 %.
Les nouvelles d’Asie ne sont pas bonnes. Comment pourrait-il en être autrement ?
Une nouvelle fois, les nouvelles d’Asie déçoivent. En Chine, les PMI ont un peu plus fléchi, que ce soit dans l’industrie ou les services, en dépit d’un léger mieux dans la construction. En Corée, après deux mois de progression, la production industrielle s’est contractée de 3,5 % en octobre et stationne à un rythme de hausse de 1,8 % l’an, tandis que les exportations plafonnent et que les indicateurs de demande domestique ont du plomb dans l’aile. Ces données font écho à celles en provenance du reste de l’Asie de ces derniers jours, Vietnam y compris, et du Japon où, malgré un très léger mieux sur le front de l’activité industrielle en octobre, les tendances en place restent désespérément moroses.
En l’absence de reprise de la demande mondiale, l’inertie des exportations explique pour l’essentiel ces difficultés, lesquelles ne semblent pas en voie de résorption à en juger par les indicateurs avancés américains, toujours très influents sur l’activité exportatrice de la région. L’ensemble justife le calme observé sur les marchés des matières premières en dépit des tentatives récurrentes de rebond, telles que celles de ces derniers jours sur le marché pétrolier dans l’attente des annonces de l’OPEP+ dont on peut légitimement douter des conséquences durables sur les cours.
Une réalité plus sombre que les chiffres du PIB en Allemagne
En baisse de 0,1 % au troisième trimestre 2023, confirmée par les données mises à jour, le PIB allemand s’est contracté de 0,2 % depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Quoique ces chiffres n’aient rien de positif en soi, les craintes, notamment énergétiques, étaient telles que la relative stagnation observée peut paraître un moindre mal. Quant aux détails du PIB du troisième trimestre, ils révèlent que le déstockage a confisqué 0,4 point à la variation, qui aurait donc été positive sans ce poste.
Verdict moins négatif, donc ? Loin s’en faut. Si déstockage il y a eu au troisième trimestre c’est après un surcroit de stockage exceptionnel depuis le début 2022 et sans lequel le PIB aurait baissé de 1,1 % au cours des six derniers trimestres. Si l’on ajoute à cela la baisse des importations enregistrée plus récemment, positive pour le calcul du PIB, cela donne une autre illustration de l’ampleur de la récession allemande.
L’inflation japonaise s’envole, les PMI retombent, la BoJ au pied du mur ?
Alors que 80 % des économistes envisagent une hausse des taux de la BoJ dans le courant de l’année prochaine, l’hypothèse d’un passage à l’acte est de plus en plus fragilisée par l’évolution des anticipations de politique monétaire en occident et, de facto, beaucoup plus sensible à l’évolution des données japonaises. Celles de la nuit dernière ne sont pas des plus encourageantes pour la BoJ. En octobre les prix ont enregistré leur plus forte remontée mensuelle depuis 2014, de quoi assurément questionner sa stratégie hyper-accommodante. La BoJ risque-t-elle, dès lors, de changer son fusil d’épaule, au risque de fragiliser davantage son économie chancelante et, au-delà, d’entraver l’amélioration du contexte obligataire occidental ? Les détails des données du jour lui offrent encore quelques cartouches.
Karlsruhe, un gros pavé dans la mare en Allemagne
Il y a une semaine, la cour de justice de Karlsruhe saisie par l’opposition pour enfreinte du gouvernement à la loi budgétaire de « frein à l’endettement » a annoncé ses conclusions : la réaffectation par le gouvernement Scholtz d’une enveloppe de 60 milliards d’euros, initialement affectée au budget 2021 pour la lutte contre le Covid, à un « fonds spécial pour la transformation de l’économie et le climat » est contraire à la loi fondamentale, ces fonds n’ayant été employés :
– ni dans le cadre dans lequel ils avaient été initialement votés ;
– ni dans celui de l’exercice prévu, puisqu’ils qu’ils ont été réaffectés en février 2022 ;
– ni, de fait, dans le respect de la législation du « frein à l’endettement » selon laquelle les nouveaux emprunts doivent être limités à 0,35 % du PIB maximum, dont seules les mesures « Covid » avaient été exemptées.
Conséquence immédiate de cette décision, le fonds spécial de 212 milliards d’euros « pour le climat et la transformation de l’économie » doit être réduit de 30 %, correspondant aux 60 milliards d’euros directement mis en cause.
L’affaire dépasse, cependant, de loin ce montant. Le jugement de la Cour constitutionnelle remet, en effet, en cause nombre de financements votés au cours des années précédentes, utilisés en 2023 ou utilisables pour les exercices à venir. C’est ainsi, de facto, l’ensemble de la stratégie budgétaire du pays qui est remise à plat, au risque de coupes drastiques des dépenses et des programmes de soutien à l’économie décidés ces dernières années pour faire face à une situation de crise économique et climatique sans précédent. Sauf compromis, difficile, entre le différents partis de la coalition, cette décision menace l’économie allemande d’une crise économique et politique majeure.
Les chauds-froids américains font valser les taux
Après les bons chiffres du CPI, validés, depuis, par les PPI et les prix à l’importation, les données de ces deux derniers jours soulèvent de plus en plus de doutes sur la conjoncture américaine. L’économie est-elle vraiment sur la voie d’un soft-landing ? Les marchés hésitent et les taux cherchent leur voie. Après leur chute exceptionnelle dans la foulée des données d’inflation, mardi, les rendements des T-Notes à 2 et 10 ans ont récupéré plus de la la moitié du chemin parcouru hier, puis ont de nouveau baissé fortement aujourd’hui, sur fond de statistiques contradictoires : les ventes de détail ont légèrement reflué en termes nominaux, les climats des affaires régionaux ont regagné du terrain mais les perspectives ont baissé, parfois franchement, la production industrielle s’est contractée en raison des grèves dans l’automobile, les inscriptions hebdomadaires au chômage remontent et le climat des affaires des constructeurs immobiliers flanche un peu plus … L’ensemble interroge et alimente une forte instabilité des marchés de taux , réponse logique à une Fed qui n’a de cesse de répéter qu’elle est « data dependent »… ?
L’économie britannique au point mort
Inflation en baisse, PIB stagnant : la conjoncture britannique, comme celle des autres pays industrialisés, se maintient bon an mal an. C’est la principale conclusion des données publiées depuis la semaine dernière, en phase avec les prévisions de la BoE, qui anticipe un retour de l’inflation dans la zone des 3 % d’ici un an et une croissance très faible mais positive. Il faut dire que les informations, si elles vont, dans l’ensemble, plutôt dans le bon sens, restent assez précaires.