D. Trump recule, la BCE conserve un cap accommodant, l’Europe se mobilise pour sa défense et ses infrastructures et, malgré les menaces, la conjoncture mondiale semble résister. Que faut-il de plus pour remettre les bourses européennes sur les rails sur lesquels elles évoluaient avant le 2 avril ? Malgré le désordre provoqué par la guerre commerciale, les indices européens ont continué à surperformer les bourses mondiales, valeurs cycliques toujours privilégiées bien que malmenées, et la pause de 90 jours dans les tarifs douaniers annoncée le 9 avril produit ses effets. Après un rebond unanime au son du canon, les investisseurs ont retrouvé de l’appétit pour les valeurs cycliques au cours de la semaine écoulée. La voie ouverte par les valeurs bancaires finira-t-elle par embarquer les autres secteurs traditionnellement les plus cycliques de la cote ? C’est la principale question qui s’adresse aujourd’hui aux investisseurs, dans un contexte tout à la fois chamboulé par D. Trump et disloqué par une trop longue période d’anémie de croissance.
Author Archives: Thomas BAUER
PMI européens et tarifs…même pas mal ?
Très attendus après l’annonce des droits de douane par D.Trump le 2 avril, les indicateurs PMI sont moins mauvais qu’on aurait pu le craindre. Au Japon, ces derniers se sont, carrément, redressés. A l’autre extrémité du spectre, les PMI britanniques ont atteint leur plus bas niveau depuis deux ans
Entre les deux, en zone euro, l’indice composite est passé de 50,9 à 50,1. L’équivalent français a perdu sept dixièmes, à 47,3, tandis que l’allemand a retrouvé la zone -théorique- de contraction, à 49,7, près 51,3. Les annonces américaines ont donc eu un impact, renseigné par les enquêtes, mais celui-ci n’a rien d’exceptionnel, par rapport aux fluctuations courantes de tels indicateurs.
J. Powell dans le viseur de D. Trump, la crise du dollar prend de l’ampleur
J. Powell se pliera ou partira. C’est, en somme, le message envoyé par D. Trump au sujet du président de la Fed qu’il menace de faire tomber sous peu. Dans la foulée de l’annonce d’une nouvelle baisse des taux de la BCE, le président américain a une nouvelle fois accusé le président de la Fed de jouer une partie politique et de ne pas mener la politique monétaire appropriée, lui reprochant de trop tarder pour baisser ses taux d’intérêt, au contraire de ses demandes et de ce que faisait la BCE. Le président américain ne se contente pas seulement de critiquer l’action de la Fed, comme c’était le cas jusqu’à présent ; il menace dorénavant J. Powell de destitution. « Il est plus que temps que le mandat de Powell se termine » a, ainsi, écrit D. Trump sur sa plateforme. Ses propos ont été à l’origine d’une nouvelle vague de panique sur les marchés ce lundi, séance au cours de laquelle Dow Jones, Nasdaq et S&P, ont perdu, de concert, 2,5 %. C’est néanmoins ailleurs que se mesurent les effets de ces invectives à l’égard de l’institution monétaire américaine, en l’occurrence :
– sur le cours du dollar, en chute de plus de 1 %, à 98,13 pour l’indice ICE (11 % depuis son point haut de début janvier)
– sur les tensions renouvelées des rendements des T-Notes à 10 et des T-Bonds à 30 ans, en hausse de près de 10 points, à respectivement 4,41 % et 4,91 %.
– Sur l’envolée de plus de 3 % des cours de l’or, enfin, l’once ayant allègrement dépassé les 3 400$ ce lundi.
L’ensemble à la faveur d’une situation caractéristique d’une crise du dollar aux conséquences des plus menaçantes pour l’économie américaine et le reste du monde.
À ce stade, les menaces américaines ont profité à la Chine. Ça ne devrait pas durer.
Au premier trimestre, le PIB chinois est ressorti en hausse de 1,2 %, après 1,6 % en fin d’année dernière. Sur un an la croissance économique est inchangée, de 5,4 % du fait notamment à la révision à la hausse du troisième trimestre. Les données mensuelles d’activité sont en amélioration, avec une accélération de la croissance de la valeur ajoutée dans l’industrie et les services, de même que des ventes de détail et de l’investissement.
Reste que ces résultats sont antérieurs au 2 avril, date à partir de laquelle les droits de douanes américains sur les produits chinois se sont envolés, jusqu’à atteindre 145 % en fin de semaine dernière. Si la perspective d’une hausse des tarifs américains a dopé l’activité du premier trimestre, c’est bien l’effet inverse qu’il faut anticiper pour les trimestres à venir.
Enquêtes européennes : calme sur le BLS, tempête sur le ZEW
D’après l’enquête « Bank Lending survey », d’avril, les conditions de crédit se sont détendues : le pourcentage net de banques rapportant un durcissement de leurs conditions de crédit est moindre qu’au premier trimestre, quand bien même il est resté légèrement positif, autour de 3 %, en ce qui concerne le crédit à la consommation et le crédit aux entreprises. Les conditions de crédit hypothécaire se sont, quant à elles, véritablement assouplies, avec un solde à -7 %, en raison de la concurrence entre les banques.
La déflagration : suite…
Dans le contexte particulier que nous traversons, ce numéro de notre Humeur du Vendredi aborde trois sujets du moment.
1- Un contexte de marché, toujours, des plus critiques en pleine escalade de la guerre commerciale déclenchée le 2 avril et maintenant, crise de défiance accélérée à l’égard des Etats-Unis que révèle en particulier l’effondrement du dollar et l’envolée simultanée des taux d’intérêt à long terme américains.
2- Notre preview BCE, autant que faire se peut, dans un contexte éminemment incertain dans lequel les anticipations, les nôtres et celles des marchés, sont ballotées comme jamais.
3- Un point sur le programme de la coalition du futur gouvernement allemand, lequel fait la part belle à l’Europe.
L’inflation seule aurait suffi pour faire baisser les taux américains…
Après un début d’année inquiétant, l’inflation américaine montre de vrais signaux de ralentissement. Elle est passée de 2,8 % en février à 2,4 % en mars. Même chose pour l’inflation sous-jacente, en recul de trois dixièmes, à 2,8 %. En termes mensuels, les prix à la consommation ont même baissé de 0,1 %, pour la première fois depuis presque trois ans, sous l’effet combiné du ralentissement du CPI « cœur », à 0,1 % et de la baisse de 2,4 % des prix de l’énergie. En résumé, à l’exception de l’alimentaire, en hausse de 0,4 % sur un mois, les données du mois de mars sont d’un cru rarement égalé depuis la fin du covid….
Dans ce contexte, la Fed aurait clairement pu envisager de reprendre ses baisses de taux… Si seulement il n’y avait pas les initiaties ravageuses de D. Trump.