Les bonnes surprises du changement des anticipations sur la politique de la Fed

Rares ont été les années marquées d’autant d’instabilité en matière de perspectives monétaires, aux Etats-Unis et, de facto, à l’échelle quasi-mondiale. Les hésitations sur la profondeur du mouvement de désinflation et les tendances de la conjoncture américaine, doublées de la posture « data dépendent » de la Fed ont fait virevolter les anticipations sur la politique monétaire de 2024 d’un extrême à l’autre, presque sans discontinuer, depuis janvier. Après avoir envisagé la possibilité d’une baisse des Fed Funds jusqu’à 3,75 % en début d’année puis de quasiment renoncer à la possibilité d’une quelconque détente monétaire au printemps, les marchés sont brutalement revenus en arrière à la fin de l’été… avant d’être, une nouvelle fois, rattrapés par le regain des anticipations d’inflation attaché à la réélection de D. Trump.

L’histoire n’est probablement pas finie, à en juger par les difficultés à prédire ce que seront les effets de la politique de la nouvelle administration, faute de savoir de quoi elle sera précisément faite et selon quel agenda. Les errements sur les anticipations de la politique monétaire de la Fed seront donc, sans nul doute, encore de taille en 2025.
Dans un tel contexte, les bribes de visibilité gagnées ont d’autant plus de valeur et, de ce point de vue, les derniers jours ont été plutôt généreux, avec des conséquences en chaîne suffisantes pour imprimer leurs marques aux perspectives des premiers mois de l’année… Avec quelques possibles surprises à la clé, plutôt favorables aux indices européens.

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Dans son malheur, la France a, jusqu’à présent, eu de la chance…

Les conditions financières de ces derniers mois ont épargné la France de contrecoups trop pénalisants de la crise politique qu’elle traverse depuis le 7 juillet. Il s’agit d’une immense chance, qui a permis d’atténuer les impacts financiers et économiques les plus redoutés de la succession de chocs connus par l’Hexagone ces derniers mois. Dans un contexte de détente monétaire, les taux de financement de l’Etat français ont, ainsi, reflué de près d’un demi-point depuis leur pic de début juillet, tandis que le contexte boursier très favorable en occident a, également, permis de limiter la casse au niveau du CAC 40, en repli de 4,3 % seulement entre le 7 juillet et la fin novembre. Bien évidemment les stigmates de la crise ne sont pas absents : l’écart de taux avec l’Allemagne a quasiment doublé et la sous-performance de l’indice parisien par rapport au Dax est sans équivalent depuis 34 ans, mais la perception de la crise serait sans nul doute beaucoup plus sévère sans ces amortisseurs exogènes. Ces derniers peuvent-il encore protéger l’Hexagone de la tourmente que redoutée de la censure votée ce 4 décembre ? Les tendances toutes récentes des marchés incitent à le penser mais ne peuvent faire oublier une évidence : la chance n’est, par définition, jamais éternelle et finira par tourner si la France ne retrouve pas sans tarder la voie de la stabilité.

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L’ADP et les ISM offrent une nouvelle cartouche à la Fed

Les indicateurs américains, ADP et ISM, publiés aujourd’hui ne sont remarquables que par leur inertie. Ils ne changent pas le diagnostic en présence d’une activité relativement robuste et d’une inflation trop élevée. En revanche, ils coupent court à un risque de surchauffe qui obligerait la Fed à une vote-face dès sa réunion de décembre.

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ISM et PMI américains convergent à la hausse, pour le grand bonheur de la Chine ?

La confiance dans l’économie américaine, cela ne fait plus de doute, redécolle. C’est du moins les messages clairs, simultanément, renvoyés par les enquêtes ISM et PMI que ce soit dans les services ou, aujourd’hui, dans l’industrie manufacturière. Certes cette dernière n’est pas tout à fait sortie de l’auberge à en juger par l’analyse de S&P qui note un écart inédit entre les perspectives et la production constatée. D. trump semble donc rassurer les industriels américains. N’en déplaise à J. Powell, la croissance américaine, déjà soutenue, ne montre guère de signes de ralentissement mais plutôt l’inverse. Poursuivre la détente des conditions monétaires dans de telles conditions, va devenir bien compliqué, même si, pour l’instant, l’inflation est encore acceptable. Les prix payés par l’industrie se seraient d’ailleurs stabilisés en novembre selon l’ISM, avec un indice en repli de 4,5 points, à 50,3.

Un peu comme dit le dicton pour le bâtiment, c’est un peu, du coup, comme si « quand l’économie américaine va, tout va ».  Même avec D. Trump bientôt aux manettes et les menaces qui l’accompagnent, les indices boursiers européens saluent la confiance retrouvée des entreprises américaines, après déjà la bonne nouvelle de ce matin d’un PMI chinois de Caixin en hausse de 1,2 point, à 51,5, niveau qu’il n’avait plus vu depuis juin.

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Face au risque d’hégémonie, la guerre des changes sera-t-elle la réponse ?

Le protectionnisme n’est pas dissociable de la menace hégémonique qui se profile depuis la réélection de D. Trump et tétanise un monde éminemment dépendant de la puissance américaine, aujourd’hui, principale source de croissance et d’influence à l’échelle mondiale. Après des années de regards rivés sur la Chine, les rouages de l’économie mondiale ont radicalement changé depuis le premier mandat du président américain réélu. Concours de circonstances, aidé par les erreurs de gouvernance d’un empire chinois trop gourmand qui a grillé ses cartouches par ses excès de dettes ; accélérations malencontreuses liées au covid et aux effets ravageurs de la guerre russo-ukrainienne en Europe ; révolution technologique, aux mains américaines et offensive keynésienne de l’administration Biden ces quatre dernières années, forment un tout qui assure, en effet, une domination incontestable de l’économie américaine sur le reste du monde qui cherche à s’en protéger.
Depuis le début du siècle, le déficit courant cumulé des Etats-Unis a dépassé 11 000 milliards de dollars et a alimenté d’autant la croissance mondiale. Sans ces excès, l’évolution du PIB du reste du monde aurait été amputée du quart et son taux de croissance annuel moyen de près d’un sixième, de 5,6 % à 4,7 % en dollars courants, et de quasiment 20 % sur la seule période 2010 à 2023. Il s’agit, a minima, c’est à dire sans les effets de second tour potentiellement plus importants, de ce que confisquerait à terme la stratégie protectionniste de D. Trump si elle parvenait à ses fins. Ces chiffres donnent forcément le vertige aux pays les plus exposés au marché américain, lesquels ont bien peu d’armes économiques en dehors de leur taux de change pour tenter de se protéger contre les augmentations promises des tarifs douaniers.
Les dépréciations des monnaies ne sont, pourtant, pas si faciles à déployer et représentent des risques, souvent, contraires à ceux, par ailleurs, recherchés.

Ainsi, l’Europe ne décrétera pas une guerre des changes, elle n’en a pas les moyens, quand bien même la monnaie européenne pourrait subir un sérieux contrecoup du changement d’environnement en présence. De son côté, une chute du yuan chinois sauverait peut-être la donne industrielle à brève échéance mais aurait pour effet mécanique de réduire d’autant la valeur du PIB de l’Empire du Milieu comparativement à l’américain. Combien d’années faudrait-il, dès lors, pour récupérer les pertes de cette concession faite dans la paniqué ? La réponse est aléatoire mais pourrait retenir les autorités chinoises de s’engouffrer dans la brèche ouverte par D. Trump. La BoJ, enfin, renoncera-t-elle à sa stratégie de stabilisation du yen initiée cet été ?…
Rien n’est simple, décidément, depuis l’élection du 5 novembre et l’hypothèse d’une guerre des changes qui émerge spontanément de l’observation de la situation n’échappe pas à la complexité du moment.

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Pas d’accélération du tempo de la baisse des taux pour la BCE

L’inflation en zone euro a réaccéléré en novembre. La hausse annuelle des prix est, en effet, remontée à 2,3 %, contre 2 % en novembre et l’inflation sous-jacente est passée de 2,7 % à 2,8 %. Les évolutions mensuelles ont, malgré tout, été bien plus mesurées qu’en octobre, les prix sous-jacents, corrigés des variations saisonnières ; restant inchangés relativement au mois d’octobre.
La hausse en présence est donc, principalement, la conséquence d’un retournement des effets de base. Ce sont, d’ailleurs, en général, les pays avec une inflation jusque-là anormalement faible qui ont été les plus touchés, à l’exception notable de la Belgique et des Pays-Bas, seuls à afficher des évolutions véritablement contrariantes avec la persistance de taux d’inflation parmi les plus élevés de l’UEM et, toujours, croissante. Sauf ces exceptions, l’environnement de prix semble néanmoins s’homogénéiser.

Le rapport préliminaire sur l’inflation du mois de novembre n’est, dès lors, pas particulièrement contraignant pour la BCE et ne devrait pas entraver une nouvelle baisse de 25 points de base de ses taux directeurs. Est-ce, pour autant, une raison pour accélérer la cadence ou pour s’engager davantage dès le prochain comité de politique monétaire du 12 décembre ? Cela semble peu probable malgré les très mauvais signaux renvoyés ces derniers jours par la plupart des pays de la région.

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2024, annus horribilis et point de rupture pour l’Hexagone

2024 devait être une année faste, socialement, économiquement et, même, politiquement pour la France, couronnée par la tenue des jeux olympiques. Elle se termine comme l’une des pires de ces dernières décennies, sinon en matière de croissance, du moins en termes de confiance et de perspectives.
La préparation des JO, le déploiement de programmes d’infrastructures et les mesures de soutien des années de covid et de crise énergétique, ont maintenu l’économie à flot plus longtemps que nombreux ne l’envisageaient il y a deux ans. Le retournement n’en est que plus brutal. Si la croissance a pu se hisser à 0,4 % au troisième trimestre grâce aux jeux, les sous-jacents ne font guère illusion. Les indicateurs avancés se détériorent à une vitesse rarement égalée, à l’instar de la flambée des faillites d’entreprises de ces derniers mois et de ce qu’elle suggère comme direction pour l’emploi et le chômage futurs.

Plus inquiétant, encore, est ce constat dans le contexte de crise politique que traverse l’Hexagone depuis la dissolution de l’Assemblée le 7 juillet, de loin la plus importante de la cinquième république. La victoire du rassemblement national au premier tour des élections législatives, puis celle de la gauche unie au second, ont, finalement, débouché sur un gouvernement de centre-droit très minoritaire qui a pour impossible mission de faire adopter un budget drastique, après une dérive incontrôlée des finances publiques. Au terme d’une épopée budgétaire sans pareille, la censure du gouvernement Barnier dans les jours à venir plongerait la France dans une situation de crise tout à la fois politique, économique et possiblement financière, susceptible de s’éterniser jusqu’à la tenue de prochaines élections législatives, au plus tôt dans le courant de l’été 2025.
Alors même que la voix de la France commençait à porter un peu plus en Europe, face, notamment, à une Allemagne en grandes difficultés tentée de s’inspirer de résultats apparus, un temps, des réussites, la crise politique et les graves manquements budgétaires mis au jour cet automne ont isolé l’Hexagone et rendu ses représentants inaudibles. L’Allemagne, qui devrait élire un nouveau parlement en février, semble en mesure de sortir plus forte des élections anticipées après trois années d’une coalition paralysante. Elle ne fera pas de cadeau à son voisin dans la bataille qui l’oppose aux Etats-Unis tandis que d’ici là, la ratification possible de l’accord UE-Mercosur serait un cinglant désaveu pour la France. Plus les mois passent, plus l’état des lieux s’aggrave et plus on peine à trouver les branches auxquelles se raccrocher. Même l’avantage démographique hexagonal, l’un des rares dont pouvait encore s’enorgueillir la France il y a peu, menace aujourd’hui de disparaître. La France s’isole et se rabougrit, ce n’est pas bon signe

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D. Trump : 2016-2024, ou l’inquiétante anesthésie d’un monde en perdition

Hypothèse peu vraisemblable il y a trois ans, Donald Trump semble avoir de bonnes chances de redevenir président des Etats-Unis à l’issue du scrutin du 5 novembre. Si en 2016, la perspective de son arrivée à la tête de la première puissance mondiale effrayait, l’éventualité d’une nouvelle victoire semble, aujourd’hui, globalement acceptée, que ce soit sous la forme d’une certaine bienveillance ou de la fatalité. On ne cherche plus, d’ailleurs, auprès de « l’Américain moyen » les explications de ce qui apparaissait il y a huit ans, comme d’incompréhensibles motivations à l’élection d’un candidat que tout semblait désigner comme l’anti-modèle. L’emprise de D. Trump sur le monde économique et sur celui de la finance en a fait un personnage quasiment respectable et c’est assez largement auprès d’une population avertie que le candidat trouve son soutien, national et souvent, aussi, international.
D. Trump, c’est un fait, est adoubé par les marchés financiers et c’est là sans aucun doute sa principale réussite, capable de faire oublier ses provocations à l’égard de la plus grande démocratie au monde et de lui rouvrir les portes de la Maison Blanche. Inutile de s’embarrasser des analyses critiques sur les inepties ou dangers de son programme économique, sociétal, ou géopolitique : celui-ci sera forcément pro-business américain et cette seule certitude semble suffire à légitimer son soutien.
Que s’est-il donc passé au cours des huit années qui nous séparent de 2016 pour aboutir à un tel degré d’anesthésie de la démocratie ?

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