A 3,1 %, notre prévision de croissance du PIB mondial a été révisée en légère hausse pour 2025 et 2026. Les victoires de D. Trump payeraient donc ! C’est le principal enseignement de ces dernières semaines. Iran, Otan, fiscalité et négociations commerciales : D. Trump est parvenu à ses fins. L’économie américaine en retirera quelques bénéfices à moindre frais et devrait pouvoir afficher une croissance de l’ordre de 2 % l’an prochain, après un second semestre 2025 en berne. La réforme fiscale devrait être en mesure de rattraper ce faux pas à partir du printemps 2026, un coup de pouce non négligeable… avant que la note ne se présente, à plus long terme, côté taux d’intérêt notamment.
L’économie chinoise semble en mesure, de son côté, de résister à des tarifs inférieurs à 30 %-35 %. Il lui sera plus difficile de contourner les tarifs américains que jusqu’alors et le protectionnisme mordra sur l’activité manufacturière. L’Empire du Milieu continue néanmoins à renforcer sa puissance dans les technologies d’avenir et l’énergie et déploie ses exportations en dehors des Etats-Unis à grand pas. Xi-Jinping tisse sa toile et profite du champ libre laissé par le désengagement américain à l’égard du monde émergent et du climat. La croissance devrait y rester inférieure à 5 % mais l’objectif est ailleurs, à la fois stratégique et diplomatique, à long terme.
Pendant ce temps, l’Europe boit la tasse. L’UE recule face à D. Trump, affronte l’agressivité de la compétition chinoise, promet de faire plus de chars mais moins d’environnement, délaisse sa recherche et se tire dans les pattes pour le budget à venir et bien d’autres sujets. Malgré l’offensive sur la défense et les infrastructures, la croissance de la zone euro dépassera de peu 1 % l’an prochain, selon nos estimations, pas mieux que cette année pour laquelle l’envolée irlandaise du premier trimestre sauve la donne. Pour la France et l’Allemagne, ce ne serait pas plus que 0,4 % en 2025 et respectivement 0,8 % et 1,2 % l’an prochain.
Notre scénario mondial se conclut, malgré tout, sur une note plutôt encourageante, également, moins préoccupante s’agissant des perspectives d’inflation. Les négociations commerciales en cours apaisent les risques d’une embardée de l’inflation aux Etats-Unis comme dans le reste du monde, dans lequel, pour de nombreux pays, la guerre commerciale est synonyme de pressions déflationnistes plutôt que l’inverse.
Les banques centrales devraient, donc, retrouver un peu plus d’agilité. Du moins, là où leurs taux directeurs n’ont pas été déjà fortement abaissés, comme en zone euro où le spectre d’un retour à des taux zéro impose de la retenue, notamment face à l’imprévisibilité de ce qui peut se passer aux Etats-Unis. Les marges devraient être plus conséquentes dans de nombreux pays émergents dans lesquels les politiques monétaires ont conservé, hors Chine, un biais très restrictif.