En novembre, l’inflation américaine et sa composante sous-jacente sont ressorties en ligne avec les attentes et relativement stables, en hausse d’un dixième, à 2,7 %, pour le total et inchangée à 3,3 % pour sa mesure hors énergie et alimentaire. La nouvelle a été favorablement accueillie par les marchés, avec un léger repli du rendement des T-Notes à 2 ans. Preuve que les investisseurs ne sont pas des plus regardants, car le détail du rapport est loin de supporter l’idée d’une disparition des problématiques d’inflation. Le rythme de hausse mensuel des prix est, en effet, loin de se tarir et reste anormalement élevé, voire en hausse, dans de nombreux segments de l’activité, services notamment et alimentaire. La Fed, dans la position inconfortable qui est la sienne, ne veut surtout pas donner le sentiment de préjuger de la politique à venir et préfèrera, sans doute, se réfugier derrière les résultats annuels satisfaisants pour poursuivre la trajectoire des baisses de ses taux en décembre ; une politique de l’autruche que la partie la plus longue de la courbe des taux pourrait ne pas apprécier et qui ne pourra pas s’éterniser.
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Analyse de la conjoncture internationale au fil de l’eau.
A la BCE, un conseil des gouverneurs très politique pour clore 2024
Quand le politique fait guerre, les banques centrales sont rarement épargnées. C’est particulièrement vrai pour la Fed, menacée par D. Trump de perdre son indépendance, mais ce n’est pas totalement faux du côté de la BCE, en des temps de tensions de plus en plus marquées entre les pays de l’union monétaire, notamment entre ses deux principaux membres. En l’occurrence, Mme Lagarde pourrait justifier d’accélérer la cadence de la baisse de ses taux directeurs et procéder, ce jeudi, à un ajustement d’un demi point plutôt que d’un quart. La situation en présence mériterait, en effet, que le niveau des taux réels soit abaissé en zone neutre, voire négative, d’autant que les anticipations d’inflation de long terme des marchés, lourdement retombées ces dernières semaines, sont inférieures à l’objectif de 2 % de la BCE. Il est très probable néanmoins que le conseil ne retienne pas cette option. Les « faucons », sans surprise, s’y opposeront, mais peut-être aussi Mme Lagarde, soucieuse de préserver sa posture d’impartialité, plutôt que de paraître voler au secours de la France.
Dans son malheur, la France a, jusqu’à présent, eu de la chance…
Les conditions financières de ces derniers mois ont épargné la France de contrecoups trop pénalisants de la crise politique qu’elle traverse depuis le 7 juillet. Il s’agit d’une immense chance, qui a permis d’atténuer les impacts financiers et économiques les plus redoutés de la succession de chocs connus par l’Hexagone ces derniers mois. Dans un contexte de détente monétaire, les taux de financement de l’Etat français ont, ainsi, reflué de près d’un demi-point depuis leur pic de début juillet, tandis que le contexte boursier très favorable en occident a, également, permis de limiter la casse au niveau du CAC 40, en repli de 4,3 % seulement entre le 7 juillet et la fin novembre. Bien évidemment les stigmates de la crise ne sont pas absents : l’écart de taux avec l’Allemagne a quasiment doublé et la sous-performance de l’indice parisien par rapport au Dax est sans équivalent depuis 34 ans, mais la perception de la crise serait sans nul doute beaucoup plus sévère sans ces amortisseurs exogènes. Ces derniers peuvent-il encore protéger l’Hexagone de la tourmente que redoutée de la censure votée ce 4 décembre ? Les tendances toutes récentes des marchés incitent à le penser mais ne peuvent faire oublier une évidence : la chance n’est, par définition, jamais éternelle et finira par tourner si la France ne retrouve pas sans tarder la voie de la stabilité.
BMG novembre 2024 – La conjoncture mondiale ne tient qu’à un fil
Notre BMG s’établit à -0,1 en novembre, après 0,2 en octobre, inchangé par rapport à la première estimation. Le résultat aurait été bien plus négatif sans le commerce extérieur, seule composante en zone très positive, au vu de la dégradation d’ampleur sur tous les autres fronts: climat des affaires et production industrielle, consommation et investissement, tous en territoire négatif. A rebours des mois précédents, l’Asie maintient le baromètre à flot, face à la détérioration américaine, européenne et, surtout, britannique. Notre baromètre de l’inflation persiste en territoire négatif, à -0,5.
ISM et PMI américains convergent à la hausse, pour le grand bonheur de la Chine ?
La confiance dans l’économie américaine, cela ne fait plus de doute, redécolle. C’est du moins les messages clairs, simultanément, renvoyés par les enquêtes ISM et PMI que ce soit dans les services ou, aujourd’hui, dans l’industrie manufacturière. Certes cette dernière n’est pas tout à fait sortie de l’auberge à en juger par l’analyse de S&P qui note un écart inédit entre les perspectives et la production constatée. D. trump semble donc rassurer les industriels américains. N’en déplaise à J. Powell, la croissance américaine, déjà soutenue, ne montre guère de signes de ralentissement mais plutôt l’inverse. Poursuivre la détente des conditions monétaires dans de telles conditions, va devenir bien compliqué, même si, pour l’instant, l’inflation est encore acceptable. Les prix payés par l’industrie se seraient d’ailleurs stabilisés en novembre selon l’ISM, avec un indice en repli de 4,5 points, à 50,3.
Un peu comme dit le dicton pour le bâtiment, c’est un peu, du coup, comme si « quand l’économie américaine va, tout va ». Même avec D. Trump bientôt aux manettes et les menaces qui l’accompagnent, les indices boursiers européens saluent la confiance retrouvée des entreprises américaines, après déjà la bonne nouvelle de ce matin d’un PMI chinois de Caixin en hausse de 1,2 point, à 51,5, niveau qu’il n’avait plus vu depuis juin.
Pas d’accélération du tempo de la baisse des taux pour la BCE
L’inflation en zone euro a réaccéléré en novembre. La hausse annuelle des prix est, en effet, remontée à 2,3 %, contre 2 % en novembre et l’inflation sous-jacente est passée de 2,7 % à 2,8 %. Les évolutions mensuelles ont, malgré tout, été bien plus mesurées qu’en octobre, les prix sous-jacents, corrigés des variations saisonnières ; restant inchangés relativement au mois d’octobre.
La hausse en présence est donc, principalement, la conséquence d’un retournement des effets de base. Ce sont, d’ailleurs, en général, les pays avec une inflation jusque-là anormalement faible qui ont été les plus touchés, à l’exception notable de la Belgique et des Pays-Bas, seuls à afficher des évolutions véritablement contrariantes avec la persistance de taux d’inflation parmi les plus élevés de l’UEM et, toujours, croissante. Sauf ces exceptions, l’environnement de prix semble néanmoins s’homogénéiser.
Le rapport préliminaire sur l’inflation du mois de novembre n’est, dès lors, pas particulièrement contraignant pour la BCE et ne devrait pas entraver une nouvelle baisse de 25 points de base de ses taux directeurs. Est-ce, pour autant, une raison pour accélérer la cadence ou pour s’engager davantage dès le prochain comité de politique monétaire du 12 décembre ? Cela semble peu probable malgré les très mauvais signaux renvoyés ces derniers jours par la plupart des pays de la région.
Inflation PCE, les projections de la Fed pour la fin de l’année, déjà dépassées en octobre
Après les CPI d’octobre et les ventes de détail de la semaine dernière, les données de consommation et leurs déflateurs confirment le diagnostic d’une économie robuste, soumise à un risque d’inflation accru.
Les PMI le confirment : la récession rode en Europe, Royaume-Uni inclus
Les données PMI de novembre sont sans appel pour le vieux continent : les indicateurs allemands et, plus encore, français, chutent et s’enfoncent sous le seuil de 50, frontière entre récession et expansion. Une déprime largement entretenue par le contexte politique en présence, notamment en ce qui concerne l’Hexagone. Fait nouveau, le Royaume-Uni, lui aussi, retombe en territoire de contraction, quoique moins marquée, avec un indicateur à 49,9, conclusion de deux semaines d’indicateurs franchement médiocres, sur le front de l’activité comme des prix.
Le contexte est tout autre en Asie : le Japon s’est stabilisé après sa forte baisse d’octobre et les indices indiens gagnent, encore, du terrain. Rien néanmoins pour venir au secours de la conjoncture européenne dans les mois à venir.