Les taux d’intérêt ont subi une nouvelle embardée cette été et, en dépit de l’apparente résilience de la croissance, personne n’envisage qu’ils puissent poursuivre leur ascension bien longtemps. Les banques centrales, elles-mêmes, commencent à se méfier des possibles effets de ce renchérissement du coût du crédit. L’Europe flirte à nouveau avec la récession et, si l’économie américaine résiste particulièrement bien, c’est d’abord grâce à un déficit public de plus de 8 % du PIB, au coût exponentiel pour le budget fédéral dont la charge d’intérêts s’est envolée de 600 mds au début de l’année 2021 à, quasiment, un 1000 mds de dollars au printemps.
On comprend que les investisseurs soient tentés d’augmenter leur exposition aux obligations, pour profiter de rendements élevés que les lendemains ne garantiront peut-être pas. L’arbitrage n’est pourtant pas sans poser question. Car, en dépit des évidences énoncées ci-dessus, les arguments ne manquent pas pour envisager que les taux longs n’aient pas terminé leur course à la hausse ; question de temps !
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Stratégie d’investissement sur les différentes classes d’actifs
On n’avait rien compris : l’inflation c’est bon pour les actions !
Les banques centrales actent et promettent de nouvelles hausses de leurs taux directeurs. Qu’à cela ne tienne, les bourses grimpent. Ben oui, si les gardiens du temple relèvent encore leurs taux ou envisagent de le faire, c’est bien sûr, parce que l’inflation est trop haute, mais aussi qu’ils ne sont pas outre mesure inquiets sur la conjoncture. Or, d’où vient l’inflation sinon de la hausse des prix des entreprises qui peuvent, précisément, encore les relever tant que la demande tient ? Il n’en faut pas davantage pour conclure que, « tant qu’il y de l’inflation, tout va bien » et trouver normal que la remontée des taux de la BCE crée un appel d’air sur les bourses, tout particulièrement sur les valeurs cycliques qui concentrent les espoirs de bonnes surprises, non pas parce qu’elles vendront plus mais à de meilleures conditions… Vous ne comprenez pas ? Vous n’êtes pas seul, à en juger par le scepticisme de l’indice Sentix de sentiment des investisseurs, sans doute trop dépendants des messages récessifs renvoyés par la courbe des taux.
Car c’est bien de cette dernière que viendra, in fine, l’appréciation sur la capacité des entreprises à conserver leur pricing power et celle des bourses à poursuivre leur tendance. Alors, où en sommes-nous ?
Top départ du Topix, relayé par le Nasdaq. L’Eurostoxx et le S&P attendront Powell.
Dans l’impatience du déclic qui donnerait une direction à des indices trop longtemps hésitants, le décollage du Topix, dans le sillage de la publication du PIB nippon du premier trimestre, mercredi, semble bel et bien avoir donné le top départ. Ravalé en Europe, face à la retenue qu’imposait la menace d’un défaut du Trésor aux Etats-Unis, le signal n’a demandé que quelques heures pour être relayé par les indices américains dès les premiers retours d’un possible compromis entre J. Biden et les républicains sur le plafond de la dette. Il n’en a pas fallu davantage pour que les grands indices écrasent les écarts qui les séparaient de leurs résistances et pour préparer les esprits à une possible nouvelle jambe de hausse imminente des marchés.
Passera, passera pas ? C’est vraisemblablement du côté du S&P 500 que viendra, ou non, la confirmation de cet espoir, fonction de la rapidité avec laquelle les incertitudes sur la croissance américaine et l’attitude à venir de la FED seront levées ; et c’est, sans doute, de là que viendra le signal de franchissement de la ligne de crête en Europe où, malgré l’appel du Topix et du Nasdaq, les hésitations du Dow et du S&P 500 capent la hausse du Stoxx.
Branle-le-bas de combat sectoriel en bourse après les banques centrales
Cela ressemble au bon vieux temps, celui d’un appétit -apparemment sans limite- pour le risque qui entraîne dans son sillage les cycliques, les valeurs technologiques et, plus encore, les cryptomonnaies. Preuve s’il en est que les banques centrales n’ont pas fait le job de normalisation des conditions monétaires dont elles ont la charge, le mouvement semble bel et bien parti pour durer quelques semaines. Car si ces dernières reconnaissent collectivement qu’elles n’ont pas fini le travail, elles brouillent suffisamment les cartes pour laisser penser qu’elles pourraient lâcher leur établi sous peu.
La crainte d’être mises en défaut par une baisse accélérée de l’inflation alors que les perspectives de résultats refluent partout rapidement explique, peut-être, ce retournement. Un tel changement de posture ne laisse, assurément, pas de questionner pour la suite. Mais la suite, c’est après et, pour l’instant, les marchés répondent d’autant plus vite au son du canon que beaucoup ont été trop timorés pour monter dans le train du mois de décembre. FOMO revient au galop. Cela ne devrait durer qu’un temps mais pourrait être d’autant plus spectaculaire que les excès de liquidités sont aveuglants.
Perspectives- Les pièces du puzzle 2023
Après avoir broyé du noir comme rarement, l’appétit pour le risque est revenu en force sur les marchés financiers dans l’espoir d’un pivot des banques centrales, récemment renforcé par l’amélioration des perspectives chinoises et le repli effectif de l’inflation. L’année boursière commence en fanfare, les indices européens en tête de peloton depuis le mois de novembre, maintenant rejoints par la plupart des indices mondiaux. Illusion collective ou tendance fondamentalement justifiée ?
Dans notre présentation intermédiaire du 6 décembre, « Le scoop d’une possible reprise » nous avions mis en lumière les éléments susceptibles de créer un regain d’optimisme face à la dissipation des craintes extrêmes. Ces tendances ont, effectivement, pris plus d’ampleur depuis le début de l’année au point, peut-être, de donner lieu aujourd’hui à cette embellie un caractère excessif. Qu’en penser ?
Les bourses européennes surfent sur la dissipation des craintes extrêmes ; cela peut-il durer ?
A quelques jours de la fin novembre, les indices européens semblent bien partis pour enregistrer une nouvelle progression mensuelle exceptionnelle après, déjà, la pochette surprise du mois d’octobre. Les pertes, qui s’étalaient à la fin septembre entre 15 % et 25 % depuis le début de l’année été considérablement réduites et 2022 ne sera donc pas l’annus horribilis redoutée il y a peu, mais juste un cru médiocre comme il en a été de nombreux dans la région ces dernières années.
Plus encore, les indices régionaux semblent bien partis pour faire mieux que les américains, lesquels bien que mieux orientés ces dernières semaines, sont sanctionnés par les déconvenues des valeurs technologiques et, plus généralement, les cycliques.
Alors, les marchés européens pourraient-il se montrer plus résistants que généralement envisagé ? Un certain nombre d’indices incitent à le penser, parmi lesquels la résilience de la croissance économique aux vents contraires de ces derniers mois et, plus récemment, la dissipation des craintes sur le front énergétique dont, semble-t-il, les indicateurs économiques avancés commencent à profiter… Quels seraient alors les raisons de la retenue ?
La FED, le dollar et le reste du monde. Pas de Plaza en perspective…
La FED tiendra son FOMC la semaine prochaine et décidera selon toutes vraisemblance d’une nouvelle forte hausse de ses taux directeurs assortie d’une communication toujours aussi déterminée. Il semble de plus en plus vain, en effet, d’envisager que la FED stoppe la hausse de ses taux avant que l’économie ne soit effectivement en récession.
Paradoxalement, néanmoins, ce n’est pas aux Etats-Unis que la politique américaine pourrait faire le plus de ravages à court terme. Alors que chaque nouvelle hausse des taux de la FED pousse plus haut le cours du dollar, la situation s’est considérablement tendue sur les marchés des changes ces derniers temps, condamnant les banques centrales d’un nombre croissant d’autres pays à la suivre pour prévenir le risque d’un effondrement de leur devise, quelle que soit leur propre situation domestique. Le sujet a, sans nul doute, conditionné les décisions de la BCE la semaine passée. Elle est loin d’être isolée.
La fin de la parenthèse d’un « Bear-Market Rallye » d’exception ?
Après un premier semestre calamiteux, au cours duquel de nombreux actifs ont enregistré leurs pires performances historiques, la récupération de cet été a souvent été spectaculaire sur les marchés. Il y a principalement trois explications à ce rallye.
- Une conjoncture plus résistante que prévu, notamment portée par le rebond des activités tertiaires consécutif à la levée des contraintes sanitaires.
- Une relative résilience concomitante des résultats des entreprises, également enflés par l’évolution des prix de vente au 2ème
- L’anticipation, surtout, d’un pic d’inflation imminent supposé inciter les banques centrales à temporiser le resserrement monétaire en cours, qui, sur fond de liquidités toujours surabondantes, a conduit à transformer toute mauvaise nouvelle – elles n’ont pas manqué !- en un repli porteur des anticipations de hausse des taux directeurs et des taux d’intérêt à long terme.
Anticipée dans notre allocation tactique du mois de juin, la mécanique a fonctionné à merveille sur la plupart des actifs à risque. Elle n’était cependant pas censée se prolonger, les tendances fondamentales étant amenées à reprendre le dessus dès lors qu’il deviendrait évident que les banques centrales, sauf risque majeur de récession, ne lâcheraient pas l’affaire avant d’avoir gain de cause sur l’inflation.