Les retours en provenance de l’IFO allemand sont parmi les plus dégradés enregistrés depuis la fin de la pandémie. Que ce soit dans l’industrie, les services ou le commerce, les résultats de ce matin sont une douche froide après les espoirs de sortie de récession du début d’automne et un argument de plus pour que la BCE poursuive ses baisses de taux, voire accélère leur cadence début 2025. Reste que cette dernière n’est pas seule à bord et que ses marges de manœuvres pourraient être sacrément limitées par l’impact de ce que feront ou non les autres banques centrales sur le taux de change de l’euro. La Fed aura vraisemblablement du mal à baisser davantage le niveau des Fed Funds à partir du printemps si, comme les marchés l’anticipent, la politique de D. Trump est un succès, ce qui pourrait constituer une limite au potentiel de baisse des taux de la BCE. Plus proche, la Banque d’Angleterre n’est pas non plus sans influence sur les décisions de la Banque centrale européenne. Car, si l’euro s’est sensiblement affaibli vis-à-vis du billet vert, il n’est guère plus robuste à l’égard de la livre, face à laquelle il s’échange aujourd’hui à 0,8259, un plus bas depuis le référendum en faveur du Brexit de 2016. L’accélération des salaires au Royaume-Uni, en risquant de fermer la porte à une baisse des taux de la BoE cette semaine, a poussé le taux de change de l’euro-livre un peu plus bas ce matin, au grand dam des perspectives, décidément malmenées, de baisses des taux de la BCE (voir notre dernier postview).
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Pas d’accélération du tempo de la baisse des taux pour la BCE
L’inflation en zone euro a réaccéléré en novembre. La hausse annuelle des prix est, en effet, remontée à 2,3 %, contre 2 % en novembre et l’inflation sous-jacente est passée de 2,7 % à 2,8 %. Les évolutions mensuelles ont, malgré tout, été bien plus mesurées qu’en octobre, les prix sous-jacents, corrigés des variations saisonnières ; restant inchangés relativement au mois d’octobre.
La hausse en présence est donc, principalement, la conséquence d’un retournement des effets de base. Ce sont, d’ailleurs, en général, les pays avec une inflation jusque-là anormalement faible qui ont été les plus touchés, à l’exception notable de la Belgique et des Pays-Bas, seuls à afficher des évolutions véritablement contrariantes avec la persistance de taux d’inflation parmi les plus élevés de l’UEM et, toujours, croissante. Sauf ces exceptions, l’environnement de prix semble néanmoins s’homogénéiser.
Le rapport préliminaire sur l’inflation du mois de novembre n’est, dès lors, pas particulièrement contraignant pour la BCE et ne devrait pas entraver une nouvelle baisse de 25 points de base de ses taux directeurs. Est-ce, pour autant, une raison pour accélérer la cadence ou pour s’engager davantage dès le prochain comité de politique monétaire du 12 décembre ? Cela semble peu probable malgré les très mauvais signaux renvoyés ces derniers jours par la plupart des pays de la région.
Décollage de l’économie allemande
Les commandes à l’industrie allemande ont augmenté de 4,2 % en septembre, après une baisse de 5,4 % en août et deux nettes hausses, d’environ 4 % également, en juin et juillet. Résultat, sur l’ensemble du troisième trimestre, les ordres se sont accrus de 4,1 %, leur plus forte hausse depuis trois ans, pour une progression annuelle légèrement positive de 0,7 % pour la première fois depuis le début de 2022. Ces dernières informations s’ajoutent à celles déjà disponibles d’une nette amélioration du climat de confiance des consommateurs et de leurs dépenses et complète le diagnostic d’un environnement définitivement plus clément.
L’inflation de l’UEM atténue le message allemand, mais les doutes s’instillent
Demi soulagement sur les données européennes, après les résultats contrariants publiées hier en Allemagne. L’inflation de la zone euro est passée de 1,7 % en septembre à 2 % ce mois-ci, en hausse de trois dixièmes, contre quatre outre-Rhin, et sa composante sous-jacente est restée inchangée, à 2,7 %. Malgré une hausse généralisée à la plupart des pays de la région, l’anomalie du mois reste donc essentiellement allemande, à ce stade du moins. Car derrière des données globalement rassurantes, les tensions renouvelées du côté alimentaire interpellent, ceci tout particulièrement au lendemain de la catastrophe climatique intervenue dans le sud de l’Espagne. Par ailleurs, les résultats d’enquêtes sur les prix prévus par les professionnels des services ne vont pas dans la bonne direction, tandis les effets de base des mois à venir sont haussiers. Cela commence à faire beaucoup et à instiller le doute quant au risque que les données allemandes puissent être avant-coureuses d’un mouvement plus général de regain de tensions inflationnistes plus marquées qu’anticipé d’ici la fin de l’année.
L’automobile allemande miraculée ?
La production automobile allemande a rebondi de quasiment 20 %, selon les données officielles, en août, autorisant une progression inattendue de 2,9 % de la production industrielle et de 3,4 % de sa composante manufacturière. Pour une surprise, c’en est une, au lendemain de la publication d’une chute de 4,8 % des commandes à l’industrie pour le même mois.
Si l’envie d’applaudir à cette prouesse ne manque pas, tant on préfèrerait pouvoir compter sur l’industrie allemande plutôt que l’inverse, les raisons de ne pas être convaincu sont bien trop nombreuses, quand, par ailleurs, on le sait depuis ce matin, la Chine ne viendra pas en aide aux industriels européens. Contrairement à ce qu’avaient laissé entendre un certain nombre de déclarations des autorités chinoises il y a deux semaines, le gouvernement n’a annoncé aucune mesure de soutien spécifique pour soutenir l’économie du pays, au sujet de laquelle il semble ne pas douter de sa capacité à remplir son carnet de route d’une croissance de 5 % cette année… Mais d’où donc, pourrait, alors, venir le renfort ?
Production française : du doliprane, en attendant des voitures ou des rafales…
Surprise ce matin avec la publication de l’INSEE d’une hausse de 1,4 % de la production industrielle hexagonale en août, par rapport au mois de juillet, et de 1,6 % de sa seule composante manufacturière. Rattrapage d’une activité perturbée par les JO, effet bénéfique de ces derniers sur la demande ou nouvelle donne quelque part ailleurs ? Rien de tout cela. Sur ces 1,6 % de croissance, 1,2 point proviennent de la production pharmaceutique, en hausse mensuelle de 22 %. Si les résultats en provenance de l’automobile et de l’aéronautique ne sont pas mauvais, ils ne changent pas grand-chose à l’image d’ensemble du secteur industriel français, toujours en perte de 3 % par rapport à la période d’avant covid et de respectivement 15 % et 23 % pour ces deux derniers secteurs dominants de l’activité en France.
L’inflation de septembre appelle une nouvelle baisse des taux, dès octobre
Rarement depuis la fin d’année dernière, les données d’inflation n’ont été aussi rassurantes.
– Comme prévu, l’inflation totale est repassée sous l’objectif de la BCE en septembre, à 1,8 % après 2,2 % en août, grâce, sans surprise, à la baisse des coûts de l’énergie.
– Mais, surtout, quand bien même les prix hors énergie et alimentation ont augmenté sur un an de 2,7 %, et de 4 % dans les services, un dixième de moins qu’en août dans les deux cas, les évolutions mensuelles sont nettement plus encourageantes. Pour la première fois depuis novembre dernier, en effet, ces deux postes ont connu des augmentations inférieures à 2 % en rythme annualisé.
L’inflation moyenne des quatre principaux pays de l’UEM chute à 1,5 % en septembre
Après la France et l’Espagne vendredi, au tour de l’Allemagne et de l’Italie de publier leurs chiffres d’inflation annuels pour le mois de septembre, à respectivement 1,6 % et 0,7 %. Pour la première fois depuis mars 2021, les quatre grands pays de la zone euro affichent donc une hausse annuelle des prix très largement inférieure à 2 %, en moyenne à 1,5 % après 2,0 % en août, son plus bas niveau depuis mars 2021. Les résultats devraient être un peu plus soutenus dans les autres pays, comme suggéré par les résultats de la Belgique et du Portugal, également disponibles, sans empêcher, toutefois, un retour de l’inflation sous l’objectif de la BCE pour l’ensemble de l’UEM, à 1,7 %/1,8 % selon nos estimations, après 2,2 % en août.