Perspectives trimestrielles : de l’enthousiasme compréhensif au principe de réalité

Le début d’année 2025 a été l’un des plus chargés sur le plan politique, géopolitique et économique depuis, au moins, la crise du Covid et, avant elle, celle de 2008 ou la chute du mur de Berlin. L’hostilité de l’administration américaine à l’égard des pays européens et son abandon militaire ont poussé les pays de l’Union européenne à revoir leur stratégie à la faveur de mécanismes de défense et d’investissements communs, impliquant, de facto, une intégration plus poussée des pays membres. Dans le même temps, en Allemagne, F. Merz, est parvenu à faire adopter en un temps record des dispositifs de soutien au rattrapage des infrastructures et un ajustement du bouclier à l’endettement susceptible d’autoriser jusqu’à 1,0 % de dépenses supplémentaires en faveur de la défense au cours des dix prochaines années. L’ensemble constitue une rupture de politique économique historique, avec un effort plus de deux fois supérieur à celui réalisé à l’occasion de la réunification allemande au début des années quatre-vingt-dix.


L’impact économique potentiel des dispositifs adoptés de part et d’autre est inédit. Toutes choses égales par ailleurs, les gains de croissance pour l’Europe dans son ensemble pourraient, en effet, dépasser 1 % au bout d’un an et avoisiner 2 % par an au cours des quatre prochaines années, offrant au continent européen des perspectives depuis longtemps inespérées auxquelles les marchés financiers ont répondu par un enthousiasme exceptionnel.
Les obstacles susceptibles de faire barrage à ces initiatives restent, malgré tout, nombreux. Le premier plan de relance de 2020, face au Covid, avait, déjà, été présenté comme une révolution pour l’Europe. Cinq ans après, ses effets concrets sont difficilement perceptibles. La guerre en Ukraine et, plus encore, l’absence de stratégie politique cohérente et suffisamment tracée en ont avalé les effets positifs escomptés. La capacité de faire d’initiatives contraintes et forcées une stratégie durable et efficace est, aujourd’hui, rendue plus incertaine encore dans un contexte international particulièrement hostile.
Les menaces de récession en provenance des Etats-Unis, celles du protectionnisme et les risques d’inflation ou de dépression qui y sont liés, les déficits de ressources de base et démographiques auxquels sont confrontés les pays européens, sont autant d’entraves qui obligeraient ces derniers à soulever des montagnes d’initiatives, de financement et de combats idéologiques supplémentaires pour rattraper vingt ans de sommeil profond. À quoi pourraient, dès lors, ressembler les perspectives 2025 et 2026 ?

Lire la suite…

Tensions sur les matières premières : l’inflation à nouveau en ligne de mire

Ça bouge ces derniers temps sur les marchés des matières premières mais, ni dans le sens escompté, ni dans la meilleure direction. Après la relative accalmie de ces deux dernières années, les tensions refont surface peu à peu et s’accentuent à quelques jours de l’investiture de D. Trump. Le consensus qui anticipait, plutôt, une baisse des cours, conformément à la promesse de baisse des prix de l’énergie du futur président américain et à son effet dépressif induit sur la grande majorité des matières premières industrielles et agricoles, est pris de cours.
L’environnement est manifestement plus compliqué que prévu.
• Toujours tendu, l’environnement au Moyen Orient entretient des tensions récurrentes sur le pétrole, tandis que les développements sur le front russo-ukrainien ont ranimé celles des cours du gaz, en hausse de 25 % depuis trois mois et de quasiment 100 % par rapport au point bas de février 2024.
• La perspective de conflits commerciaux que pourrait déclencher D. Trump n’est pas des plus propices à une fluidité des marchés des matières premières, qui semblent commencer à se préoccuper des potentiels effets en cascade de sa prise de fonction sur les rouages des échanges mondiaux.
• Le consensus économique, plutôt rassurant sur la croissance 2025, suggère une reprise de la demande, plus favorable à des hausses de prix que l’inverse.
• Enfin, les menaces climatiques font rage. En trame de fond des perspectives et bien difficiles à anticiper, elles entretiennent en sous-main un environnement propice aux tensions, en particulier, dans le domaine agricole.
Le contexte pourrait, de fait, redevenir plus critique et nourrir, sans délai, un les craintes d’un scénario de remontée de l’inflation et des taux d’intérêt.
Parmi les scénarios assortis aux perspectives 2025 que nous avons présentées ce jeudi, cette hypothèse occupe une place de choix que les tendances récentes incitent plutôt à considérer comme un risque imminent.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Ceinture et bretelles pour 2025 : une lecture critique du « consensus » de marché

À en juger par le consensus des analystes des grandes banques internationales, 2025 serait une année des plus prometteuses au cours de laquelle les éléments les plus favorables aux bourses mondiales, américaines en premier lieu, seraient de nouveau au rendez-vous. Sans doute le sentiment des consommateurs américains n’est-il pas totalement étranger à cette vague d’optimisme. Ces derniers n’ont jamais été aussi confiants qu’aujourd’hui sur les perspectives boursières. Selon le Conference Board, plus de 57 % d’entre eux s’attendaient à une hausse des indices pour l’année à venir en novembre, mois de la réélection de D. Trump, soit vingt points de plus que la moyenne de 36 % observée depuis près de 40 ans. Ils étaient encore plus de 52 % à le penser en décembre.

De là à entretenir le discours ambiant, il n’y a qu’un pas que nombreux franchissent sans mollir, quitte, parfois, à tirer les scénarios par les cheveux. Selon le FT, les analystes « sell side » sont très majoritairement « bearish » au sujet des cours du pétrole, donc « bullish » s’agissant des perspectives de taux d’intérêt et, performance de l’an passé oblige, sur celles l’or. Ils sont, par voie de conséquence, plutôt confiants sur les bourses européennes et quasi-unanimement « bullish » sur les actions américaines.
Si le calendrier avance, rien ne semble changer du côté du consensus. Malgré le lapin posé par le rallye de Noël, la confiance est résolument au RDV et, avec elle, un degré d’aveuglement qui laisse pantois. Il y a bien des raisons de penser, en effet, que les choses ne se dérouleront pas comme anticipé et que dans les conditions en présence, mieux vaudra être bien harnaché pour aborder cette nouvelle année.
Si, parmi les nombreuses occasions d’instabilité, de mauvaises surprises ou de coups durs, les chances qu’aucune ne vienne entraver le scénario escompté ne peuvent être considérées comme nulles, reconnaissons que tel n’est pas, a priori, le plus probable. Face à l’excès d’optimisme en présence, le contrecoup pourrait être d’autant plus dur. Sur quels points se tenir sur ses gardes ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Quasi-clap de fin de la baisse des taux de la Fed : un brutal retour à la réalité

Le verdict semblait, pourtant, acquis : dans une position intenable depuis le FOMC du 18 septembre, la Fed accompagnerait l’annonce d’une baisse d’un quart de point des Fed Funds, que les derniers chiffres d’inflation lui permettaient de sauver, d’une révision significative de ses perspectives. C’est ce qu’elle a fait en réduisant de moitié l’ampleur de l’assouplissement monétaire pour 2025, de 100 points de base comme elle l’avait malencontreusement prévu en septembre, à 50 points. A écouter J. Powell, la Fed aurait, d’ailleurs, pu aller plus loin. L’unanimité des votes n’a pas été recueillie, en effet, pour la baisse de ce 18 décembre et certains membres considèrent bel et bien que celle-ci pourrait être la dernière. En cause, un changement majeur de perception sur les perspectives d’inflation que les membres du FOMC prévoient en hausse l’an prochain, de 2,4 % en décembre 2024 pour le PCE, à 2,5 %, au lieu des 2,1 % prévus en septembre. C’est ce changement qui semble avoir provoqué la susceptibilité des marchés, qui ont violemment réagi à la publication de ces projections et, plus encore, aux réserves exprimées par J. Powell au fur et à mesure de sa conférence de presse. Résultat, les indices boursiers américains ont perdu pieds, le Nasdaq en chute de 3,6 % et le S&P 500 de 2,95 %, tandis que le rendement des T-Notes s’est envolé de plus de 13 pb, à 4,52 % à deux doigts de son plus haut d’avril, 4,66 %. Le dollar s’est quant à lui adjugé une progression de 1,2 %, provoquant des réactions en chaîne sur les marchés des changes dont le plus remarquées sont la chute l’euro à 1,035$, celle du yuan à un plus bas depuis fin 2007, à 7,325CNY pour un dollar et celles des crypto-monnaies.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Élections américaines, toutes les hypothèses sont ouvertes

C’est une cause entendue, la course à la Maison Blanche est serrée et aucun des principaux prévisionnistes -sérieux- n’a jamais donné à l’un ou à l’autre des candidats beaucoup plus que 60 % de chances de l’emporter, pour finalement s’accorder sur un 50/50 quasi-parfait. A titre de comparaison, les chances d’Hillary Clinton en 2016 étaient, au pire, supérieures à 70 %, voire dépassaient allègrement les 90 %, pour le résultat final que l’on sait. Bref, on ne peut faire plus incertain et une telle situation devrait inciter, de toutes façons, à la retenue.
Tel n’est guère ce qui caractérise, néanmoins, les marchés financiers. Sans surprise, ces derniers ont misé sur une victoire de D. Trump, sans vraiment, d’ailleurs, s’intéresser aux implications économiques et, encore moins, socio-politiques, de son programme (cf D. Trump : 2016-2024, ou l’inquiétante anesthésie d’un monde en perdition) et de son éventuelle réélection. Au fur et à mesure de sondages un peu plus favorables au candidat républicain, le mouvement s’est amplifié, entrainant dans son sillage de profonds ajustements sur les marchés, notamment marqués par l’envolée des anticipations d’inflation, des taux d’intérêt et des cryptomonnaies (+18 % pour le Bitcoin en un trimestre).

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Marchés obligataires, le scénario idyllique a du plomb dans l’aile. A quoi s’attendre ?

Le schéma était bien huilé : l’inflation, apparemment, maîtrisée, les banques centrales progresseraient dorénavant vers une normalisation graduelle de leur politique monétaire. La Fed, avec un point de départ plus élevé, bénéficierait de marges accrues de baisses de ses taux par rapport à la BCE, laquelle pourrait, néanmoins, s’appuyer sur la fragilité de la conjoncture européenne pour avancer à un rythme à peine moins cadencé.
J. Powell et C. Lagarde n’ont, d’ailleurs, pas contrarié le consensus, confortant, plus que l’inverse, les espoirs en place. Fin septembre, encouragés par les Dot Plots particulièrement conciliants du FOMC, les marchés anticipaient des taux à 2 ans à 3 % aux Etats-Unis et 2,2 % en Allemagne, d’ici septembre 2025 ; ni trop élevés, grâce au retour d’une inflation là où le souhaitent les banques centrales, ni trop bas, conformément au scénario d’atterrissage en douceur de l’économie américaine, qui avait supplanté les craintes de récession de l’été, et à celui d’une petite mais reprise quand même en zone euro.
En somme, le meilleur des cas de figure ; favorable à une repentification des courbes des taux, accueillie comme il se doit par les marchés, avec en sus, un vigoureux appel d’air pour les actifs du monde émergent, doublement soutenus par la perspective de baisses des taux et du dollar américains.
Seulement voilà, le scénario idyllique a du plomb dans l’aile. Non seulement, l’économie américaine se porte beaucoup mieux qu’envisagé par la Fed en septembre, triplement soutenue par le repli de l’inflation, la baisse des taux et une politique budgétaire toujours très active à la veille de la présidentielle, mais les sondages sur l’issue du scrutin ont viré de bord, pointant vers une probabilité élevée d’un retour de D. Trump aux commandes, avec dans sa hotte, un programme éminemment inflationniste.

Simultanément, le boulevard dont semblait pouvoir bénéficier la BCE après la chute de l’inflation du mois de septembre en zone euro, s’est réduit en un sentier escarpé avec la publication d’octobre, nettement moins favorable. Par ailleurs, là aussi, la conjoncture retrouve quelques couleurs, avec des consommateurs plus prompts à la dépense que jusqu’alors, notamment en Allemagne. L’urgence à baisser les taux se réduit, donc, de facto et le degré de liberté dont semblait pouvoir bénéficier la BCE par rapport à la Fed n’est plus que peau de chagrin, à la réappréciation près de l’euro, dont le regain de vigueur permettra, peut-être, à l’institution d’aller un cran plus loin, sur la pointe des pieds et sous réserve que les anticipations d’inflation ne suivent pas la direction empruntée ces dernières semaines du côté américain.
Le contexte, c’est peu de le dire, se complexifie avec, en prime, les mauvais chiffres d’emploi du mois d’octobre. Que peut-il, dès lors, se passer ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Inexorable ascension des bourses?

Si le nombre de records boursiers est un indicateur prémonitoire, alors 2024 se présente sous un jour des plus porteurs pour les bourses mondiales, y compris, in fine, pour bon nombre de pays émergents.
D’où pourraient venir les freins à cette ascension et, plus généralement à celle des prix des actifs à risque ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

2024, les perspectives désordonnées d’un monde polarisé

2023, année de tous les risques, se termine presque sans heurts : en dépit de hausses des taux d’intérêt très supérieures aux anticipations, la croissance a souvent été meilleure qu’attendu, sur fond de détente rapide de l’inflation. Finalement, la croissance du PIB mondial approchera 3,5 % cette année, celle des Etats-Unis dépassera 2,5 % et celle de la zone euro avoisinera 0,5 %. La récession redoutée il y a un an n’a pas eu lieu ; les bourses ont préservé l’essentiel de leurs gains du premier trimestre ; le crédit aux entreprises a profité de liquidités abondantes et de rendements plus attractifs que ceux des obligations d’Etat, l’euro a évité la chute. Fin 2023, alors que les banques centrales lèvent le pied, les marchés voient la vie en rose.
Que nous réserve 2024 ?
– Eclipse ou changement de donne inflationniste ?
– Perspectives américaines : La Fed pourrait créer la surprise et sauver la donne.
– Enlisement de la zone euro où le défi de la réindustrialisation se heurte à ceux de la productivité et de la déflation chinoise.
– Géopolitique – Xi Jinping, aux abois, finira-t-il par préférer l’apaisement ?
– Les marchés, entre espoirs de baisse des taux et manque de perspectives cycliques.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre