L’aubaine pétrolière, le meilleur cap à la hausse des taux… avec l’emploi américain, bien sûr !

La perspective d’une baisse trop précoce des taux directeurs américains nous faisait redouter il y a peu une embardée des prix du pétrole et des matières premières à même de ranimer sans délai les tensions inflationnistes. La volte-face finalement imposée à J. Powell, contraint d’admettre le caractère inapproprié d’éventuelles baisses des taux directeurs en l’absence de meilleures garanties sur la trajectoire de l’inflation future, n’a pas tardé à faire son travail et à interrompre le mouvement de hausses des cours qui s’était enclenché entre février et mars sur la plupart des segments du marché mondial des matières premières.
C’est néanmoins du côté pétrolier que les ajustements ont été les plus importants avec un reflux des cours mondiaux de 8 % à 9 % en à peine un mois, à l’origine d’un retour de ceux du Brent de Mer du Nord aux environs de 83$-84$ début mai. Il s’agit d’une bonne chose, en l’occurrence l’une des meilleures nouvelles pour rassurer les marchés et banquiers centraux sur les tendances de l’inflation, susceptible d’imposer, par là-même, une limite à la hausse des taux futurs qui commençait à sérieusement questionner.
Bien qu’en apparence dangereusement simpliste, la relation entre l’évolution des cours du brut et celle des taux d’intérêt américains n’en reste pas moins très solide. Dès lors, de deux choses l’une :
– soit les cours du pétrole retrouvent sans tarder leurs niveaux, voire leur tendance ascendante du mois de mars, et les taux d’intérêt américains resteront tendus, voire monteront davantage ;
– soit les prix du baril s’installent durablement sur leurs niveaux présents, voire inférieurs, et le point haut des taux pourra, dans ce cas, être considéré comme dépassé.

Dans un contexte aussi incertain que l’actuel sur l’évolution à venir des taux d’intérêt, le défrichage de ce qui se passe sur le marché du pétrole semble, quoi qu’il en soit, incontournable.

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Mme Lagarde : « we are holding »

Le ton du communiqué de la BCE a préparé le terrain avant la conférence de sa présidente: ne laisser transparaître aucun élément susceptible de laisser place à la formation d’anticipations d’un possible assouplissement de la politique monétaire à venir. Cet objectif implique une posture bien calculée. Ainsi, au lieu de se satisfaire des résultats sur l’inflation, en forte baisse et amenée à suivre sa tendance des mots même de Mme Lagarde, cette dernière choisit d’insister sur son niveau encore trop élevé et sur la ferme intention de la BCE de la ramener à 2 %. Par ailleurs, plutôt que de souligner de quelconques préoccupations sur la croissance, dont elle reconnait, là encore, que la transmission monétaire jouant pleinement son rôle, les perspectives se détériorent, la présidente de la BCE préfère souligner l’effet supposé salvateur à venir de la baisse de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages…

Jusque là, le discours est assez aisé. Le degré de confort baisse, cependant, assez notablement lorsque Mme Lagarde commente les résultats de l’enquête BLS auprès des banques et le durcissement des conditions de crédit qui en ressort. Interrogée sur ce point, elle insiste : la transmission de la politique de la BCE est forte, en particulier dans le secteur bancaire, ce qui affecte le crédit, pas seulement du fait d’une réduction de la demande, mais parce que les banques referment le robinet. Les entreprises s’en ressentent et l’immobilier aussi.

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La BCE ouvre grand la porte à une pause, les cours du pétrole saluent la nouvelle !

Comme envisagé, la remontée de 25 points de base des taux de la BCE, à 4,5 %, se présente comme le point final du cycle de hausses des taux. C’est, en tout cas, ce que signale, de manière on ne peut plus claire, le communiqué officiel avec, comme point d’orgue cet extrait : «les taux d’intérêt directeurs de la BCE ont atteint des niveaux qui, maintenus pendant une durée suffisamment longue, contribueront fortement au retour au plus tôt de l’inflation au niveau de l’objectif ». Les bourses saluent la nouvelle comme il se doit, avec une hausse de 1,4 % de l’Eurostoxx. Le résultat est plus mitigé sur les taux, rattrapés par des données américaines moins conformes aux attentes de statu quo de la FED. L’indice des prix à la production est, en l’occurrence, ressorti en hausse mensuelle de 0,7 % en août. Comme pour le CPI, l’effet énergie est le grand responsable : hors alimentation et énergie, la hausse est de 0,3 %, comme en juillet, et en repli à 2,2 % sur un an. Il n’y a probablement pas de quoi retenir la FED de marquer une pause la semaine prochaine mais une vraie source d’incertitude pour la suite.

Comme redouté, les matières premières saluent, en effet, la perspective d’un arrêt du resserrement monétaire, avec pour conséquence une nouvelle embardée des cours du pétrole, à 93,6$ le baril de Brent, suivie par la plupart des matières premières industrielles. De quoi réduire à bien peu de choses les chances que la pause des banques centrales se transforme en détente des taux directeurs si la tendance venait à se confirmer.

Début ou fin de cycle économique ? L’aplatissement de la courbe des taux force la question.

L’ère industrielle s’est caractérisée depuis ses débuts par une succession de cycles au cours desquels les phases de croissance ont alterné avec des récessions plus ou moins profondes mais toujours suivies de reprise et de plusieurs années d’expansion. La recherche des raisons de cette instabilité a occupé des générations d’économistes qui, souvent, l’ont expliquée par le cycle d’investissement de capacités. À la fin des années quatre-vingt est apparue l’idée que l’essor des activités de services, dont le parcours est beaucoup moins heurté, pourrait avoir un effet régulateur sur la conjoncture et réduire la fréquence des récessions. Puis, les banques centrales ont gagné leur indépendance et ont pris la main sur ces questions, faisant des cycles une affaire principalement monétaire : l’ajustement des taux d’intérêt au fur et à mesure de l’avancée de la croissance préviendrait les risques de résurgence de l’inflation et l’occurrence des crises de conjoncture. De fait, les effets dépressifs des durcissements monétaires réduisaient les tensions sur les capacités et offraient, en retour, la possibilité de desserrer la contrainte monétaire et de réamorcer une nouvelle phase d’expansion. Les récessions devenaient des respirations nécessaires à la stabilité de long terme et les économistes ne se sont plus guère souciés d’autres déterminants des cycles.

La crise de 2020, malgré ses particularités, a produit des effets comparables : profonde récession et ajustements monétaires radicaux en ont résulté. Il était, dès lors, tentant de conclure qu’il suffirait que l’épidémie libère le terrain pour que débute un nouveau cycle de croissance, d’autant plus vigoureux que les privations avaient été nombreuses durant la crise sanitaire et que les promesses d’investissement semblaient au rendez-vous. Cohérente avec cette vision, la courbe des taux d’intérêt s’est pentifiée, comme elle le fait traditionnellement dans les premiers temps d’une reprise cyclique… Jusqu’au moment où l’anticipation d’une hausse du loyer de l’argent, pourtant, à ce point, normale, vienne casser ce mouvement. Dès lors plus rien ne semble cadrer avec le schéma de reprise privilégié. Qu’a-t-on raté et qu’en déduire ?

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Quand les Américains se ruent sur les voitures d’occasion, l’inflation flambe

L’inflation américaine s’est envolée à 4,2 % l’an en avril, après 2,6 % en mars ; un plus haut depuis septembre 2008, sous le coup d’une hausse mensuelle des prix de 0,8 % et de puissants effets de base. Mauvaise surprise, l’inflation sous-jacente, s’est également emballée à 3 %, contre 1,6 % en mars. À première vue, ces résultats ne sont pas bons et certains ne manqueront pas d’y voir la concrétisation d’un environnement définitivement plus inflationniste. Les détails du rapport ne valident pas ce diagnostic, tout du moins, pas à ce stade. Au-delà de l’impact des effets de base, l’accélération de l’inflation tient, en effet, à quasiment un seul phénomène : l’envolée des prix des véhicules d’occasion de 10 % entre mars et avril, qui explique à elle seule le tiers de la hausse de l’inflation du mois d’avril.

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Quel pouvoir de la FED face à un éventuel emballement des taux d’intérêt ?

La victoire des démocrates au Sénat américain a déclenché un mouvement de hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis qui n’a pas fini d’interroger sur son ampleur et sa rapidité futures. Après quasiment quatre décennies de repli de l’action publique, c’est un retour en force du rôle de l’État que promet le programme de J. Biden, lequel aura in fine : soit le mérite de redresser la productivité structurelle de l’économie américaine, soit la faiblesse de créer les conditions d’un retour de l’inflation. Les deux issues ne sont naturellement pas comparables en termes économiques mais, du point de vue de l’investisseur, le risque est clairement identifié : sauf impossibilité d’implémenter les réformes promises, pour des raisons politiques ou sanitaires, le niveau des taux d’intérêt est, à terme, amené à se redresser. Dans une telle perspective, le risque est grand que les marchés aillent plus vite que la musique, un schéma potentiellement destructeur face auquel la FED est généralement perçue comme un fiable garde-fou, capable de contrôler le niveau des taux d’intérêt, quoi qu’il en soit de l’évolution sous-jacente des anticipations d’inflation. Le postulat n’est certainement pas dénué de risque.

 

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J. Biden ou l’épreuve des taux d’intérêt

S’il est une incertitude dans le contexte actuel de changement de présidence aux Etats-Unis, c’est bien du côté des conséquences de l’élection de Joe Biden sur les taux d’intérêt qu’elle se trouve. Les marchés ne s’y sont pas trompés ces dernières heures à l’annonce d’une vraisemblable victoire des démocrates au Sénat qui, pour la première fois depuis le 19 mars dernier, a propulsé le rendement des T-Notes à 10 ans au-delà de 1 %. Bien que d’à peine 10 points de base, on aurait tort de considérer ce mouvement comme anecdotique à en juger par la configuration technique de la courbe des rendements ; le risque que la tendance s’accélère est bien réel au vu de la spéculation en place sur les marchés ces derniers temps. D’aucuns y verront sans doute un signal supplémentaire de reflation. Gare cependant à ne pas mettre la charrue devant les bœufs : une hausse des taux, un tant soit peu significative, pourrait faire d’immenses dégâts si elle n’était pas précédée d’une amélioration des conditions économiques, nécessaire pour y faire face…

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Le message subliminal de la FED : un scénario en racine carrée et une perte in fine de 4 % de PIB

L’exercice était délicat pour J. Powell; la FED a déjà tellement fait qu’il ne pouvait guère jouer sur les effets d’annonce. La perception de son message tiendrait exclusivement au ton employé et au contenu des projections. L’exercice a-t-il réussi ? Ce n’est pas certain. La FED, c’est sûr, apparaît dovish : elle prolongera ses achats de bons du Trésor au rythme présent et n’envisage aucun mouvement de hausse de ses taux directeurs, lesquels resteraient à leur niveau actuel au cours des trente prochains mois. Elle se montre, par ailleurs, plutôt confiante dans la capacité de rebond de la croissance, avec une prévision à -6,5 % cette année, suivie d’une récupération de 5 % en 2021 puis 3,5 % en 2022. L’ensemble aurait donc pu fonctionner, au détail près que derrière ces données, ce n’est pas un scénario en V qu’elle semble privilégier mais celui d’une racine carrée avec, en fin de parcours, un écart de 4 % entre sa prévision de décembre et l’actuelle. Cela ne semble pas avoir échappé aux marchés…

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