Que les arguments mis en avant pour justifier l’envolée des cours de l’or et envisager que le mouvement se poursuive ne manquent pas, ne suffit pas à appréhender ce marché en toute limpidité. Si nous avons régulièrement mis en avant les qualités du métal précieux depuis la crise de 2008 et, plus encore, avec la généralisation des pratiques quantitatives des banques centrales, les déconvenues n’ont pas manqué. Les relations, à première vue les plus solides, sur lesquelles s’appuyaient ces analyses ont, en effet, souvent été mises en défaut. Parmi celles-ci, la corrélation entre le métal précieux et l’inverse des taux d’intérêt réels américains a, notamment, volé en éclat et, avec elle, la capacité de justifier les évolutions du cours de l’once observées depuis 2022. Cette faille n’a pas découragé les stratégies convaincues du potentiel de hausse des cours, du reste, largement validées depuis. Elle n’en reste pas moins un sujet que l’analyste ne peut passer sous silence au moment où le métal jaune bât records sur records. Avec une envolée de 27 % depuis le début de l’année, l’once d’or est de très loin l’actif le plus performant jusqu’à présent cette année. Jusqu’où peut encore aller ce mouvement et quels messages en retirer ? Les réponses ne sont pas aussi simples qu’on pourrait le penser.
L’once d’or à prix constants, corrigée des prix PCE américains, a battu en mars son précédent sommet historique de janvier 1980 et semble bien partie pour établir un nouveau record absolu en avril. Tel n’est pas encore le cas, toutefois, pour ce qui concerne son prix réel exprimé en dollars de 1980-1982, base de l’indice CPI des prix à la consommation aux Etats-Unis et seule information disponible sur très longue période. Quand bien même la Reserve Fédérale américaine privilégie le PCE au CPI parmi les critères d’inflation, sans doute faudra-t-il attendre la validation du franchissement du précédent record des prix réels sur la base du CPI avant de pouvoir confirmer le caractère inédit de la situation actuelle. À partir de là, se posera avec plus d’acuité la question de ce que représente ce nouveau paradigme en termes de potentiel de hausse additionnelle des cours de l’or et des critères d’appréciation sur lesquels s’appuyer.
Le point d’arrivée pourrait-il, par exemple, être celui de la normalisation des cours de l’or relativement à l’indice S&P500, auquel il est souvent comparé, vers sa moyenne de long terme, soit potentiellement deux fois son niveau présent ? Force est de reconnaître que nous n’avons pas la réponse et que l’absence de repère inhérente à une situation inédite actuelle nuit, en retour, à la crédibilité de l’hypothèse et à l’importance à donner aux conclusions, à certains égards, par trop subjectives.
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Quand les Américains se ruent sur les voitures d’occasion, l’inflation flambe
L’inflation américaine s’est envolée à 4,2 % l’an en avril, après 2,6 % en mars ; un plus haut depuis septembre 2008, sous le coup d’une hausse mensuelle des prix de 0,8 % et de puissants effets de base. Mauvaise surprise, l’inflation sous-jacente, s’est également emballée à 3 %, contre 1,6 % en mars. À première vue, ces résultats ne sont pas bons et certains ne manqueront pas d’y voir la concrétisation d’un environnement définitivement plus inflationniste. Les détails du rapport ne valident pas ce diagnostic, tout du moins, pas à ce stade. Au-delà de l’impact des effets de base, l’accélération de l’inflation tient, en effet, à quasiment un seul phénomène : l’envolée des prix des véhicules d’occasion de 10 % entre mars et avril, qui explique à elle seule le tiers de la hausse de l’inflation du mois d’avril.
L’or remonte après l’accord USA-Chine…
Dubitatifs, est sans aucun doute le qualificatif le plus approprié à la réaction des marchés à la signature de la phase I de l’accord commercial entre les États-Unis et la Chine. Si les indices boursiers américains donnent le sentiment de continuer à « acheter » la bonne nouvelle supposée, les marchés de taux et de matières premières semblent avoir fait plus de cas des faibles chiffres des prix à la production américains qu’à cette nouvelle du jour. Contrairement au scénario de reflation privilégié il y a quelques semaines à la perspective de cette trêve entre les deux premières économies mondiales, c’est un repli des taux futurs et des cours du pétrole qui ont simultanément marqué la séance de ce mercredi, qui plus est, couronnée par une remontée des cours de l’or de 0,8 %, à 1556,6 USD, à deux doigts de ses plus hauts récents de la semaine dernière.
Pas de panique, l’inflation américaine n’est pas plus menaçante aujourd’hui qu’hier
Les marchés sont particulièrement irritables à la veille d’un assouplissement anticipé de la politique monétaire américaine souvent considéré comme un brin précoce (voir à ce sujet Erreur de casting de J. Powell ?). La publication d’une remontée de 0,3 % de l’indice sous-jacent d’inflation en juin n’a, de fait, pas tardé à titiller les taux d’intérêt futurs, déjà sur le qui-vive après du président de la FED. L’analyse détaillée des données d’inflation du mois de juin ne donne pourtant rien de bien convaincant : outre une remontée des prix des véhicules d’occasion et de l’habillement, plutôt pressurisés ces derniers temps, c’est encore une fois des loyers que provient l’essentiel de la hausse de l’inflation sous-jacente. L’inflation sous-jacente hors loyers n’est d’ailleurs pas plus élevée que 1,1 %. Par ailleurs, les évidences d’une sensibilité croissante de la demande aux variations des prix se multiplient et semblent largement limiter les risques d’inflation.
L’inflation reflanche en mai dans la zone euro
Comme attendu, le rebond d’inflation d’avril n’a pas fait long feu en zone euro ; les chiffres nationaux du mois de mai ont retrouvé un peu partout leurs niveaux d’avant la période de Pâques. Après avoir fortement accéléré en avril, l’inflation des services est retombée sous la pression des transports et des loisirs. Selon toute vraisemblance, l’inflation sous-jacente devrait ainsi avoir lourdement rechuté en mai. Les données préliminaires pour l’ensemble de la zone euro attendues demain mettrons la banque centrale un peu plus en porte-à-faux.
La menace pétrolière de retour
En l’absence de croissance économique et de sous-jacents d’inflation suffisamment solides, tout choc de prix extérieur constitue une menace pour la croissance. La remontée des cours du pétrole mettra longtemps à transparaître sur la mesure de l’inflation, compte-tenu du rôle d’amortisseur joué par les effets de base, mais le renchérissement de la facture pétrolière a toutes les chances de mordre sans tarder sur le pouvoir d’achat des consommateurs et sur les résultats des entreprises. à en juger par la faiblesse des indicateurs du climat des affaires et par les difficultés persistantes de l’industrie mondiale, les développements récents sur le marché pétrolier constituent un risque significatif pour la conjoncture internationale.
Preview inflation US – Facture pétrolière, une digestion de plus en plus lourde
A plus de 70 dollars, les cours du pétrole menacent une nouvelle fois l’équilibre économique, à ceci près, qu’au contraire de ce qui s’est passé en 2017-2018, la remontée des cours du brut ne fait même plus vibrer le niveau des taux d’intérêt. De fait, ni marchés ni banquiers centraux ne semblent plus envisager que la hausse des prix de l’énergie puisse réveiller l’inflation. C’est en l’occurrence tout l’inverse que risquent d’illustrer les données américaines de cette semaine…
Hausse de l’inflation alimentaire et énergétique, un mauvais casting pour les ménages français…
En février, l’indice des prix à la consommation est resté stable sur le mois, après un repli de 0,4 % en janvier. Au cours des douze derniers mois, l’inflation remonte légèrement, de 1,2 % à 1,3 %, alors que l’inflation sous-jacente reste inchangée à 0,7 %. La différence entre les deux mesures s’explique par une accélération des prix de l’énergie et de l’alimentation, de plus de 3 % l’an pour chacun des deux postes. Ces tendances pourraient expliquer la décélération, ou faiblesse persistante, des prix des services…