La crise politique italienne -ou nouvelle manifestation de la crise de la dette- fait partie de ces épisodes susceptibles d’ébranler les confiances en un rien de temps et de transformer en une crise existentielle de la monnaie unique une mauvaise donne politique chez un de ses partenaires, qui plus est parmi les pionniers de la construction européenne.
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Les marchés saluent les succès diplomatiques de D. Trump ! À moins que ce ne soit le rétropédalage des banquiers centraux…
C’est sans doute le propre d’un environnement dans lequel continuent à abonder les liquidités, les marchés sont résilients !
En dépit des déceptions économiques, mondiales, des menaces sur les perspectives de croissance provoquées par l’envolée des cours du pétrole et de la montée des risques géopolitiques sur la scène internationale, les marchés d’actions mondiaux ont repris des couleurs depuis le début du mois, avec, au cours des huit derniers jours, une progression de 3,5 % du S&P 500 américain, de 2,4 % pour l’indice MSCI monde et une poursuite sur leur lancée du CAC et du Footsie. Le contexte voudrait que l’on observe ce mouvement avec la plus grande circonspection mais le bon sens n’est pas toujours le meilleur conseiller en matière boursière, notamment en régime de QE. Lire la suite…
L’inflation core chute à 0,7 % en zone euro en avril, une déception que la BCE ne pourra pas ignorer le 14 juin
A 0,7% l’an en avril, l’inflation sous-jacente en zone euro est compatible avec un risque élevé de déflation selon les dires de M. Draghi il y a quelques temps. Difficile, dès lors, d’imaginer que la BCE soit en mesure d’annoncer la fin de ses opérations d’achats d’actifs ou un quelconque « tapering » de son QE au terme de son prochain Comité de politique monétaire, du 14 juin.
M. Draghi, La réponse qui dit tout… ou rien
La BCE juge les signes de ralentissement conjoncturel suffisamment sérieux pour ne pas avoir abordé la question de ce qui suivrait le mois de septembre…
Comme souvent, c’est des réponses de Mario Draghi aux questions des journalistes que proviennent les éléments de détails permettant de mieux appréhender le sens des échanges qui ont animé le conseil de politique monétaire. Une réponse plus que toute autre nous semble importante, à ce titre. Lire la suite…
La menace pétrolière
La montée des tensions autour de la Syrie a fait s’envoler les cours du pétrole au-delà de 72 $ le baril cette semaine, suggérant aujourd’hui un risque significatif d’escalade à la hausse susceptible de propulser, au moins temporairement, les prix bien au-dessus de leur niveau actuel ; un scénario, à bien des égards, préoccupant.
Les variations des cours du pétrole ont fait la pluie et le beau temps sur l’économie mondiale et les marchés financiers depuis quatre ans, venant le plus souvent exacerber les fragilités en place. Leur effondrement en 2014 est en large partie responsable de l’amplification des pressions déflationnistes et des répliques monétaires de la BCE et de la BOJ qui s’en sont suivies. Leur redressement depuis leur point bas de janvier 2016 est, ensuite, venu confisquer le peu de pouvoir d’achat qu’avaient récupéré les consommateurs en 2015, sans que la remontée des cours soit en mesure d’impulser une réelle amélioration de la situation des exportateurs du monde émergent, par ailleurs, de plus en plus concurrencés par les Américains. L’embardée des prix de ces derniers jours pourrait être, à ce titre, plus efficace… A moins qu’elle ne vienne, au contraire, mettre le feu aux poudres, risquant tout à la fois de pénaliser davantage les consommateurs et de déclencher une évolution trop radicale des taux d’intérêt, que l’impatience mal dissimulée des banquiers centraux à sortir de la situation de très bas taux d’intérêt pourrait attiser à brève échéance. L’ensemble n’est assurément pas de bon augure, susceptible de se transformer rapidement en une menace de taille pour la croissance mondiale et les marchés financiers.
A la tête de la BCE, les colombes conservent la main et ne concèdent que des ajustements cosmétiques
La question était : la BCE supprimera-t-elle de son communiqué son biais accommodant exprimé dans la formulation introduite en 2016 selon laquelle « si les perspectives deviennent moins favorables, ou si les conditions financières ne permettent plus de nouvelles avancées vers un ajustement durable de l’évolution de l’inflation, nous sommes prêts à accroître le volume et/ou à allonger la durée du programme d’achats d’actifs (asset purchase programme, APP) » au-delà du mois de septembre.
La BCE contrainte une nouvelle fois de passer son tour
Les déclarations s’étaient multipliées après le dernier comité de politique monétaire du 25 janvier, suggérant un inconfort croissant à l’égard du statu quo alors privilégié par Mario Draghi et son économiste en chef Peter Praet. À analyser les différentes interventions, l’optimisme de Benoît Cœuré en particulier, la BCE ne tarderait pas à modifier le cap de sa politique en faveur d’une réduction de son soutien à l’économie. Son programme d’achat d’actifs étant programmé pour s’étendre jusqu’à la fin du mois de septembre, nombreux s’attendaient à ce que la BCE précise dès le printemps son intention d’y mettre définitivement fin, certains envisageant même qu’elle évoque un possible agenda de remontée de ses taux directeurs pour 2019. Les taux futurs pouvaient donc se redresser, la courbe des taux se pentifier, le secteur bancaire célébrer l’approche de jours meilleurs et l’euro poursuivre sa course à la hausse…
Entre inégalités et bulles financières, le dilemme des banquiers centraux
Le sujet des inégalités ne fait guère partie de la panoplie traditionnelle des politiques monétaires dont la mission, même lorsqu’elle vise directement un objectif de plein emploi, s’est généralement contentée d’une approche macro-économique offerte par les statistiques agrégées de croissance, d’inflation, taux de chômage ou taux de salaire moyens. Force est de constater que ce sujet s’est pourtant imposé à l’agenda d’un nombre croissant de banquiers centraux ces dernières années.
Impulsé par Janet Yellen, ce changement semble avoir convaincu un certain nombre d’autres acteurs de la gestion monétaire. Outre-Atlantique, Nell Kashkari, gouverneur de la FED de Minneapolis, a largement relayé cette approche, allant jusqu’à inaugurer en janvier 2017, avec le soutien de l’ex-présidente de la FED, un centre de recherche du nom de «Opportunity and Inclusive Growth Institute» dont la mission est de promouvoir la recherche destinée à favoriser une croissance plus « inclusive pour tous les Américains et de contribuer, ainsi, à un meilleur accomplissement du mandat de la FED en faveur du plein emploi ».
En Europe, Mario Draghi, a fait de ce même thème un élément important du dosage de sa politique monétaire ces deux dernières années. Comme l’avait initié Janet Yellen à partir de janvier 2014 en développant une série d’indicateurs complémentaires au taux de chômage, le président de la BCE a régulièrement fait référence aux insuffisances du marché de l’emploi (« labour market slack ») pour se prémunir des risques de mésinterprétation d’une statistique, le taux de chômage, de moins en moins représentative de la réalité économique : sous-emploi, emploi partiel contraint, multi-salariat… sont ainsi régulièrement mentionnés par le Président de la BCE pour justifier la poursuite d’une politique hyper-accommodante en dépit de conditions économiques nettement meilleures en zone euro depuis le début de l’année dernière.