L’Asie se disloque. Parviendra-t-elle à se relever ?

Crise sanitaire, érosion des débouchés à l’exportation, tensions géopolitiques et commerciales, dérive autocratique de la Chine et guerre des monnaies ; l’Asie va mal. À quel point et se pourrait-il qu’elle ne se remette pas des chocs en présence ? Si l’espoir d’un pivot de la FED suggère un apaisement des tensions extrêmes actuellement en présence, les maux dont souffre la région semblent beaucoup plus profonds et interrogent sur sa capacité à rebondir et à honorer les anticipations de croissance structurelle qu’elle continue à inspirer. Selon le FMI, l’Asie émergente devrait croître à un rythme encore légèrement supérieur à 5 % l’an en moyenne entre 2022 et 2027, presque deux fois plus rapide que le monde dans sa globalité. La région conserverait, ainsi, une place d’exception à même de rayonner et d’irriguer le reste du monde, même avec un rythme de croissance inférieur d’un tiers à ce qu’il a été au cours des deux dernières décennies ; une vision, toutefois, largement mise à mal par les développements récents.

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Les Fed Funds à 7 % ?

Un brin en avance sur le consensus à la mi-septembre, notre prévision d’un point haut conjoncturel des Fed Fund a 4.5 % d’ici décembre est aujourd’hui dépassée. La Fed, c’est presque sûr, devrait aller plus loin. Jusque 5 % ? Une erreur d’un demi-point ne nécessiterait pas que l’on s’y attarde davantage, compte-tenu du degré d’incertitudes en présence. Non, le risque est autrement plus important. À supposer, par exemple, que la Fed conserve sa posture actuelle au cours des cinq prochains FOMC : novembre et décembre, ce qui est déjà presque acté, puis janvier, mars et début mai, les taux augmenteraient de 375 pb et seraient de facto portés à 7 %. Certes, on pourrait imaginer qu’elle ralentisse la cadence en début d’année prochaine, pour autant ni la conjoncture récente ni nos estimations d’inflation sous-jacente ne le suggèrent, tandis, qu’à l’inverse, sauf cassures financières ou économiques majeures, la probabilité qu’elle prolonge le supplice un peu plus longtemps est loin d’être négligeable. Comment se fait-il, dès lors, qu’aussi peu d’économistes envisagent une telle issue malgré la détermination affichée par la Fed ?Il y a potentiellement plusieurs raisons à cette apparente inertie, que certains observent, peut-être, comme une preuve d’incompétence, et de vraies questions sur le fait d’envisager un resserrement monétaire nettement plus conséquent dans un délai aussi court. Même face à l’évidence, l’exercice prévisionnel n’est pas aussi simple…

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L’envolée du $, simple reflet des écarts de taux ou redoutable arme stratégique américaine ?

Le retour de l’inflation s’accompagne d’un regain de désordres monétaires comme il ne s’en était pas produit depuis bien longtemps, notamment illustré par l’envolée du dollar à l’égard de la plupart des autres devises. L’indice ICE, le plus suivi sur les marchés financiers, s’est ainsi apprécié de plus de 22 % au cours de l’année écoulée, retrouvant son plus haut niveau depuis 2002. Une mesure plus large de la FED, qui intègre également les devises émergentes, indique une hausse moitié moindre, néanmoins, suffisante pour que le billet vert trône sur un record absolu depuis 1973. Ce n’est pas de la bonne santé de l’économie américaine que le dollar tire son avantage. A plus de 1.000 milliards de dollars, son déficit courant n’a jamais été aussi important, en effet. Quant à la croissance économique elle est anémique depuis le début de l’année et plutôt inférieure à celle de nombreux pays concurrents. C’est donc exclusivement de son statut de monnaie refuge et du resserrement tambour battant de la politique monétaire de la FED contre l’inflation que le billet vert tire son succès. De fait, la hausse du dollar ne devrait guère lui déplaire : elle limite l’inflation importée et est censée affaiblir l’économie par les pertes de compétitivité. Il s’agirait donc, en théorie, d’un parfait instrument au service de la lutte contre l’inflation.  Malgré tout, l’économie américaine n’est pas particulièrement ouverte à l’exportation. La croissance de ces dernières n’a pas apporté plus de 0,3 point par an à celle du PIB depuis 2000, à comparer à 1,7 points en Allemagne et même 0,7 pt en France. Autant dire que le choc de change n’est guère significatif pour en espérer un effet notable sur l’activité. L’économie américaine étant très dépendante de ses importations de biens, c’est davantage par ses effets sur le prix de ces dernières que l’envolée du dollar peut avoir un impact apprécié par la FED. Mais, là encore, la conclusion ne coule pas de source. Non seulement, en effet, l’inflation américaine est de plus en plus endogène mais, dès lors que la hausse du dollar revient à exporter l’inflation que l’Amérique réimportera en large partie, l’idée que son impact soit durablement désinflationniste est discutable.  L’envolée du dollar a-t-elle donc un quelconque avantage ? Dit autrement, doit-elle être considérée comme une nuisance collatérale malheureuse de la politique monétaire de la FED qui aurait surtout des effets ravageurs sur le reste du monde ou sert-elle d’autres ambitions qui pourraient justifier de l’assimiler à une guerre des changes ? La question, dans le contexte particulier actuel, se pose indiscutablement.

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Les créations d’emplois n’autorisent pas de pivot de la FED et ça change la donne

L’économie américaine a créé bien trop d’emplois pour satisfaire aux exigences affichées par le président de la FED lors de son dernier comité de politique monétaire, qui affirmait que ramener l’inflation à son objectif de 2 %, nécessiterait une remontée du taux de chômage à 4,4 % en 2023 et une économie en sous régime de croissance pendant plusieurs années. Au lieu de cela les créations d’emplois privés ont atteint 288 K en septembre après 275 K en août et le taux de chômage, mesure privilégiée dans la fonction de réaction de la FED pour jauger des risques de tensions sur le marché de l’emploi est, lui, retombé de deux dixièmes, à 3,5 %.

La Fed peut dès lors difficilement se renier, du moins pas avant de disposer d’arguments plus convaincants en matière d’atténuation des risques d’inflation. Or, ces derniers sont assurément ténus qu’il s’agisse de l’évolution du déflateur de la consommation privée (PCE) publié vendredi dernier ou de la remontée toute récente des cours du pétrole suite à l’accord de l’OPEP+ en faveur d’une réduction de la production. Quant à la croissance économique, les dernières nouvelles sont plutôt meilleures que prévu grâce notamment au gain de pouvoir d’achat occasionné par le reflux des prix de l’essence depuis le début de l’été…

Les perspectives d’un possible pivot de la politique monétaire américaine, supposée devoir passer en mode moins agressif dans un futur proche, s’évaporent : de retour à 4,30 % au moment où nous écrivons, les taux à deux ans ont quasiment retrouvé leurs plus hauts du 26 septembre (4,35 %) et c’est la planète financière qui tremble. À ce stade de la correction des marchés, la perspective de hausses persistantes des taux d’intérêt américains menace, en effet, de faire beaucoup plus mal que jusqu’alors.

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Qui a encore peur de la politique italienne ?

C’est reparti pour un tour ? La quasi-certitude de l’arrivée d’une coalition populiste au pouvoir en Italie a l’issue des élections de ce dimanche aurait pu, comme en 2018, faire vaciller les marchés, décoller les spreads et, ce faisant, créer les conditions d’une nouvelle crise souveraine en zone euro. Au lieu de cela, l’image policée que s’est offerte G. Melloni et son parti, Fratelli d’Italia, en tête des intentions de vote, semble rassurer. L’euroscepticisme ne fait plus recette et le programme économique de la coalition sera relativement consensuel pour ses voisins européens, très conservateur mais épuré de ses racines extrémistes. Si l’Italie est menacée d’être prise en étau par la crise énergétique et une inflation hors norme, cela ne fait pas de son cas une exception. Noyée dans la masse d’une Europe en crise, elle semble perdre son statut particulier, ce qui pourrait expliquer la relative passivité des marchés à l’approche des élections.  Ceci ne retire rien aux risques structurels auxquels le pays pourrait être confronté à terme, notamment dans un environnement d’envolée des taux d’intérêt. Mais là encore, sous réserve de la protection rapprochée de la BCE, l’Italie se distingue beaucoup moins de ses partenaires régionaux qu’il y a quelques années.  La tentation est grande, dès lors, de relativiser l’enjeu de ces élections, jusqu’à risquer d’oublier que l’Europe n’est pas qu’une union économique et monétaire mais, avant tout, un projet politique, né en réaction aux idées dont s’inspire précisément Fratelli d’Italia aujourd’hui.

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La FED, le dollar et le reste du monde. Pas de Plaza en perspective…

La FED tiendra son FOMC la semaine prochaine et décidera selon toutes vraisemblance d’une nouvelle forte hausse de ses taux directeurs assortie d’une communication toujours aussi déterminée. Il semble de plus en plus vain, en effet, d’envisager que la FED stoppe la hausse de ses taux avant que l’économie ne soit effectivement en récession.

Paradoxalement, néanmoins, ce n’est pas aux Etats-Unis que la politique américaine pourrait faire le plus de ravages à court terme. Alors que chaque nouvelle hausse des taux de la FED pousse plus haut le cours du dollar, la situation s’est considérablement tendue sur les marchés des changes ces derniers temps, condamnant les banques centrales d’un nombre croissant d’autres pays à la suivre pour prévenir le risque d’un effondrement de leur devise, quelle que soit leur propre situation domestique. Le sujet a, sans nul doute, conditionné les décisions de la BCE la semaine passée. Elle est loin d’être isolée.

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Les taux d’intérêt réels pourraient remonter aussi vite qu’il se sont effondrés, sous peu

Dans le sillage de la disparition progressive de l’inflation, puis de la crise financière de 2008, les taux d’intérêt réels n’ont cessé de s’affaisser jusqu’à s’installer le plus souvent en territoire négatif à partir de 2015 et s’effondrer dans des proportions quasi-inédites à partir de l’an dernier, avec l’envolée des prix. Il a fallu un certain temps aux banquiers centraux pour commencer à s’attaquer à une inflation qu’ils ont trop longtemps considérée comme frictionnelle. Aux Etats-Unis, la hausse des prix à la consommation était déjà de 8 % l’an quand la FED a procédé à la première hausse de ses taux directeurs à 0,25 %-0,50 % le 17 mars, il y a moins de six mois ; les taux d’intérêt à 10 ans venaient à peine de franchir le niveau de 2 %, loin de signaler les bouleversements qui allaient suivre. Après des années de déflation larvée et de conviction partagée que l’inflation avait disparu de ce monde, se rendre à l’évidence d’un changement de paradigme n’est jamais facile. L’été semble avoir fait ce travail et la rentrée se présente sous un jour assurément nouveau en matière de politique monétaire. A tort ou à raison, la conscience d’un environnement de prix durablement sous tensions a gagné les esprits avec pour conséquence de conduire à un changement radical de posture des banquiers centraux. La FED promet ainsi de poursuivre la voie prise fin juin lorsque pour la première fois depuis 1994 elle relevait les Fed Funds de ¾ de points. Avec 225 pb en six mois, elle a déjà effectué le plus important resserrement monétaire depuis 1982 et ne semble pas sur le point de s’arrêter en si bon chemin. La BCE, bien que loin derrière, a également procédé à une action inédite en augmentant ses taux de 125 points de base en moins de trois mois et n’a pas, non plus, l’intention de lever le pied. Même avec une vraisemblable inversion de la courbe des taux, ces actions devraient avoir pour conséquence de faire remonter significativement les taux longs de sorte que, corrigés d’une inflation en fort repli, les taux réels remonteraient à peu près aussi vite qu’ils se sont effondrés au cours de l’année écoulée. Quelles pourraient en être les conséquences ?

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