Le Bharat sur un plateau… Quelles perspectives pour l’économie indienne ?

Il plane sur la scène politique internationale un regain d’intérêt certain à l’égard de l’Inde ces derniers temps et, sur les marchés, une brise de confiance au sujet de l’économie indienne qui s’est soldée, en moins de trois semaines, par une ascension de 3,7 % de l’indice de la bourse de Bombay.

Le premier ministre, Narendra Modi, est devenu une pièce maîtresse de la diplomatie internationale depuis l’éclatement de la guerre russo-ukrainienne. Dirigeant d’une puissance incontournable, il s’est positionné comme le seul capable de faire contrepoids à l’influence croissante de la Chine à l’extérieur de ses frontières et le seul à pouvoir faire pression sur la Russie, sans l’aide, à reculons et embarrassante, de Xi-Jinping. Leader auto-proclamé du « Sud global », N. Modi n’a jamais été aussi courtisé, en particulier par l’Occident ces derniers temps. Il en retire une notoriété nouvelle, renforcée par son influence dans le club élargi des BRICS, que le G20 de New-Dehli de ce week-end ne manquera pas de consolider.

Modi, qui avait assez largement échoué dans sa stratégie économique d’ouverture et de captation des investissements directs étrangers, tient-il dans ces développements la clé de son succès et de ceux de l’économie indienne ? L’Occident y a, certainement, plus intérêt que jusqu’alors, ce qui est un atout inestimable qui, déjà, porte ses fruits avec une multiplication de contrats et un certain nombre de délocalisations retentissantes de sites industriels étrangers de la Chine vers le territoire indien. Mais, ne grillons pas les étapes, car la route pour que cette puissance démographique parvienne à assurer un décollage un tant soit peu comparable à celui de la Chine de ces dernières décennies est loin d’être tracée.

La popularité renforcée de N. Modi ne l’a pas incité à gommer son penchant nationaliste, tout au contraire : l’Inde s’est posée sur la Lune et vise, maintenant, le Soleil, dont acte. Elle pourrait aussi, sous peu, changer d’appellation, à la faveur de son nom hindi : Bharat. Saura-t-elle aller beaucoup plus loin et faire, notamment, évoluer sa méthode de gouvernance et ses structures économiques et lutter contre le fléau du réchauffement climatique dont elle est une des plus grandes victimes annoncées ?

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Déflation chinoise versus inflation mondiale

Deuxième économie mondiale et premier exportateur de produits manufacturés auprès duquel s’approvisionne le reste du monde dans sa globalité, la Chine finira-t-elle par imprimer sa marque sur l’évolution des prix mondiaux et sa déflation par chasser l’inflation du reste du monde ? Certains analystes semblent, assez légitiment, le penser et voient dans la dépression chinoise un facteur d’apaisement bienvenu des tensions inflationnistes internationales. La question pourrait être éminemment plus complexe.

Les mécanismes déflationnistes dont souffre l’économie chinoise sont profonds, entretenus par une crise de surendettement aux conséquences d’autant plus dommageables que la population vieillit vite. Un tel contexte n’est, en outre, guère compatible avec l’effort d’investissement nécessaire pour faire évoluer le tissu productif du pays vers une forme moins carbonée sans laquelle la Chine continuera à perdre des parts de marché dans un monde, par ailleurs, de moins en moins ouvert, que les orientations stratégiques de l’Empire du Milieu promettent de fragmenter davantage.

Trois décennies de globalisation et d’essor de l’offre industrielle mondiale ont chassé l’inflation de la sphère économique qu’un environnement plus fractionné a mis bien peu de temps à ranimer. C’est, parmi d’autres, l’un des enjeux de l’élargissement du club des BRICS décidé cette semaine qui, loin de contrer le processus de démondialisation en cours, comme ses acteurs aiment à le dire, menace d’accentuer la guerre des ressources et de rendre, de facto, le monde plus sujet aux chocs de prix. Sauf évolution de la crise immobilière chinoise vers une crise financière majeure susceptible d’irradier l’occident, la déflation en Chine, en poussant le gouvernement de Xi Jinping, aux abois, dans ses retranchements, porte en elle les germes d’une instabilité chronique du niveau général des prix plutôt que ceux d’une désinflation ordonnée.

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Le bilan économique turc, garant du rôle stratégique du pays quelque soit l’issue du scrutin

Si l’hyper inflation, l’effondrement de la devise et les orientations bien peu conventionnelles de la Banque centrale donnent l’image d’une fuite en avant assez peu contestable de la gestion du pays, le bilan économique de l’ère Erdogan est autrement plus décent et compte, certainement, pour une bonne part dans l’adhésion de la population au pouvoir en place. Avec un taux de croissance annuel moyen de 5 % depuis l’accession à la présidence de Recep Tayyip Erdogan, mi 2014, porté à 5,5 % si l’on inclut les onze années durant lesquelles il exerçait en tant que premier ministre, le produit intérieur brut par habitant de la Turquie a doublé en vingt ans. A plus de 31 000 dollars en parité de pouvoir d’achat en 2021, le revenu moyen approchait celui du Portugal ou de la Pologne, dont la Turquie a suivi l’ascension sans discontinuer ces dernières années, laissant loin derrière le Brésil, l’Afrique du Sud ou encore le Mexique dont le niveau de vie la dépassait jusqu’en 2005.

Les structures économiques ont profondément évolué, profitant notamment ces dernières années d’un renouveau industriel que peu de pays ont connu et d’une percée de la recherche et développement qui occupe une part croissante de la population salariée dont la progression a, en particulier, été la plus vigoureuse des pays de niveau de revenus comparables, voire plus élevés.

Ses critères de développements sont, par ailleurs, solides, avec un taux d’investissement par habitant et un équilibre investissement-consommation plus favorable que dans bien d’autres cas. Condition, a priori, requise pour assurer son équilibre extérieur, c’est pourtant sur ce front que la Turquie trouve ses principales faiblesses. Sa dépendance aux importations d’hydrocarbures et sa forte exposition au marché européen, bien peu porteur ces dernières années, en sont les principales causes, sur fond de laxisme monétaire et de surendettement des entreprises qui ont largement empiré la situation.

Mais sauf, les effets délétères de ces dérives sur la devise et, par voie de conséquence, sur l’inflation, l’électorat n’est guère sensible à ces arguments, surtout si le gouvernement donne l’impression d’y remédier par des revalorisations spectaculaires des minima salariaux, quand bien même inférieures à la hausse des prix. Il est décidément bien difficile de trouver sur le terrain économique de solides raisons d’imaginer que le régime autocratique en présence soit sérieusement menacé quand bien même les élections de ce week-end se joueront sur bien d’autres fronts, en particulier sur les enjeux sociétaux, culturels, et, peut-être, géopolitiques. Quoi qu’il en soit, l’ascension économique de la Turquie depuis vingt ans, confère au pays une place stratégique centrale.

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Jusqu’où ira l’hypocrisie de la lutte présumée contre l’inflation des banques centrales ?

Les banques centrales occidentales ont beau avoir procédé aux relèvements de taux d’intérêt les plus importants depuis quatre décennies au cours de l’année écoulée, le resserrement opéré n’a toujours pas permis d’assurer une quelconque maîtrise de l’inflation. Conséquence de cet échec et conformément à l’approche monétaire dominante selon laquelle la maitrise de l’inflation passe par un ajustement à la baisse de la demande, marchés et économistes envisagent un nouveau round de hausses des taux directeurs dont tous redoutent les conséquences économiques délétères. Les banques centrales auraient donc la responsabilité de propulser les économies occidentales en récession en pleine guerre économique et militaire dans le seul but de respecter leur mandat. La perspective, reconnaissons-le, est de moins en moins plausible.

Si les banques centrales avaient véritablement voulu court-circuiter les rouages inflationnistes c’est, en priorité, sur leur bilan qu’elles auraient agi. Par là-même, elles auraient provoqué une remontée beaucoup plus importante des taux de moyen et long terme auxquels se financent les agents économiques, y compris les Etats dont les largesses de ces derniers trimestres ont largement relayé la transmission des chocs de prix. Si elles ne l’ont pas fait, en dépit des évidences, c’est manifestement pour plusieurs raisons parmi lesquelles, non des moindres, les enjeux stratégiques en présence. Alors, bon ou mauvais rapport sur l’emploi américain, la question est probablement plus marginale que généralement considéré, en comparaison de celle de la capacité des banques centrales à jouer à l’encontre de la stratégie des Etats qu’elles représentent.

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L’envolée du $, simple reflet des écarts de taux ou redoutable arme stratégique américaine ?

Le retour de l’inflation s’accompagne d’un regain de désordres monétaires comme il ne s’en était pas produit depuis bien longtemps, notamment illustré par l’envolée du dollar à l’égard de la plupart des autres devises. L’indice ICE, le plus suivi sur les marchés financiers, s’est ainsi apprécié de plus de 22 % au cours de l’année écoulée, retrouvant son plus haut niveau depuis 2002. Une mesure plus large de la FED, qui intègre également les devises émergentes, indique une hausse moitié moindre, néanmoins, suffisante pour que le billet vert trône sur un record absolu depuis 1973. Ce n’est pas de la bonne santé de l’économie américaine que le dollar tire son avantage. A plus de 1.000 milliards de dollars, son déficit courant n’a jamais été aussi important, en effet. Quant à la croissance économique elle est anémique depuis le début de l’année et plutôt inférieure à celle de nombreux pays concurrents. C’est donc exclusivement de son statut de monnaie refuge et du resserrement tambour battant de la politique monétaire de la FED contre l’inflation que le billet vert tire son succès. De fait, la hausse du dollar ne devrait guère lui déplaire : elle limite l’inflation importée et est censée affaiblir l’économie par les pertes de compétitivité. Il s’agirait donc, en théorie, d’un parfait instrument au service de la lutte contre l’inflation.  Malgré tout, l’économie américaine n’est pas particulièrement ouverte à l’exportation. La croissance de ces dernières n’a pas apporté plus de 0,3 point par an à celle du PIB depuis 2000, à comparer à 1,7 points en Allemagne et même 0,7 pt en France. Autant dire que le choc de change n’est guère significatif pour en espérer un effet notable sur l’activité. L’économie américaine étant très dépendante de ses importations de biens, c’est davantage par ses effets sur le prix de ces dernières que l’envolée du dollar peut avoir un impact apprécié par la FED. Mais, là encore, la conclusion ne coule pas de source. Non seulement, en effet, l’inflation américaine est de plus en plus endogène mais, dès lors que la hausse du dollar revient à exporter l’inflation que l’Amérique réimportera en large partie, l’idée que son impact soit durablement désinflationniste est discutable.  L’envolée du dollar a-t-elle donc un quelconque avantage ? Dit autrement, doit-elle être considérée comme une nuisance collatérale malheureuse de la politique monétaire de la FED qui aurait surtout des effets ravageurs sur le reste du monde ou sert-elle d’autres ambitions qui pourraient justifier de l’assimiler à une guerre des changes ? La question, dans le contexte particulier actuel, se pose indiscutablement.

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Avec la crise russe, c’est l’ordre établi après la 2nde Guerre Mondiale qui bascule

L’ordre du monde élaboré par les alliés aux lendemains de la 2nde guerre mondiale s’est bâti sur l’organisation d’une coopération internationale dont les principes peuvent être grossièrement résumés par les deux points suivants : (1)Les pays ont intérêt au commerce, qui les enrichit. (2)Ils n’ont pas intérêt à la guerre, qui les appauvrit. On consacre, par là même, le primat de l’économie et du commerce sur le militaire et le politique, tout en épargnant des vies humaines et en permettant l’enrichissement des individus. Pour qui veut aller plus loin, cet enrichissement conduit à une démocratisation des régimes. Si, contrairement à ces préceptes, la notion de protectionnisme a déjà refait surface ces dernières années, celle d’expansionnisme territorial reste quasi-unanimement combattue. La réponse occidentale à l’invasion de l’Ukraine par la Russie de V. Poutine s’inscrit dans ce schéma : la Russie est, économiquement, un « petit » pays qui va payer très cher son non-respect des règles internationales. Là où le bât blesse, c’est que la différence de régime et de conception entre les démocraties libérales occidentales et la Russie risque de faire échouer cette approche comme cela a déjà été le cas après 2014. Mais, surtout, le retour de la guerre, « irrationnelle » d’un point de vue économique, marque, pour le meilleur ou pour le pire, celui du politique au premier plan de la compétition internationale.

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Accélérations de l’histoire et failles européennes

Pandémie, crise climatique, résurgence de l’inflation, guerre russo-ukrainienne… Les crises d’ampleur inédite s’enchaînent depuis deux ans et préfigurent les pourtours d’un monde de plus en plus instable face auquel on ne peut que constater le désarroi de populations tellement peu préparées à ces bouleversements que les consciences peinent à en accepter la réalité.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie propulse l’Europe dans une situation de crise qui met au grand jour les failles de sa construction, que nombreux observateurs se sont lassés de rappeler : dépendance énergétique, inexistence diplomatique et militaire, souveraineté défaillante… Si nul ne sait dire, à ce stade, quelle sera l’issue de la crise russo-ukrainienne, on peut sans grand risque de se tromper avancer qu’il s’agit d’une nouvelle et complexe épreuve pour l’Europe, en première ligne d’un conflit qu’elle ne maîtrise pas et dont on ne peut que redouter qu’elle ressorte très affaiblie

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Retour vers les sommets

Regain de confiance sur les marchés financiers, qui signent cette première semaine de rentrée d’une hausse exceptionnelle des indices après leur sursaut de la fin août.  Au menu économique, peu d’éléments pour justifier cet élan mais, dans un contexte de configurations techniques très incitatif, les observateurs ont préféré porter aux nues les quelques indications réconfortantes plutôt que de s’attarder sur les moins bonnes. Par ailleurs, du côté des banques centrales, les interventions ont plutôt rassuré  Mais, c’est plus encore des développements politiques internationaux qu’est venu le réconfort, finalement, le plus influent sur les marchés financiers. Reste maintenant le plus dur : la sortie effective par le haut de la conjoncture mondiale…

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