L’inflation américaine : quelques repères avant des chiffres très suivis

L’inflation américaine a affiché un plus haut de plus de deux ans au mois de mars, à +2,6 %. Elle devrait s’envoler entre 3 % et 4 % en avril, selon les données attendues demain. Une bonne part de cette hausse est « déjà faite », liée aux effets de base, énergétiques et sous-jacents. Reste donc les inconnues susceptibles de surprendre qui permettront de porter un diagnostic. Celles-ci concernent principalement deux points :

L’évolution des prix industriels hors énergie, avec une question-clé : les entreprises parviennent-elles à répercuter la hausse de leurs coûts de production sur leurs prix de vente, signe d’une préservation de leurs marges et d’une faible sensibilité de la demande, ou l’inverse ?

L’effet de la réouverture de l’économie sur les prix des services, lesquels s’ils évoluaient beaucoup plus fortement que lors des conditions semblables de l’été dernier ou du mois de janvier, attiseraient des craintes d’un dérapage possiblement durable de l’inflation.

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Powell peine à faire entendre les raisons du statu quo de la FED

Stand-by. C’est implicitement le maître mot du communiqué de la FED et de celui des propos de J. Powell. Mais au fait, pour quelles bonnes raisons ? Affirmer que les tensions inflationnistes n’ont pas lieu de durer au-delà des effets de base et de l’impact des goulets d’étranglement ne suffit apparemment plus à justifier le statu quo de la FED. J. Powell a ainsi dû répondre à de multiples questions du type : mais que vous faut-il de plus, quelles conditions permettraient d’atteindre la zone de confort à partir de laquelle la FED pourrait envisager de changer de stratégie ? Quels sont les fragilités justifiant le maintien de telles béquilles monétaires ? Pourquoi continuer à acheter des titres adossés au marché immobilier alors que celui-ci se porte en apparence si bien, ces pratiques ne risquent-elles pas de participer à la surenchère en place et de peser, par ricochet, sur le pouvoir d’achat des ménages ? Enfin : la FED est-elle effrayée par le risque de « taper tantrum » ?… C’est peu de dire que les journalistes sont apparus dubitatifs et ils ne sont sans doute pas les seuls. Car la question n’est pas tant de ne rien changer que de maintenir des conditions de soutien monétaire exceptionnel quand les perspectives s’améliorent comme elles le font aujourd’hui.

 

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Quand faut y aller, faut y aller ! Il serait, bien sûr, décent que la FED fasse un premier pas

La spéculation va bon train sur ce que pourrait annoncer la FED mercredi soir, au terme de la réunion du FOMC. Il y a quelques jours à peine, nombreux considéraient qu’elle ne changerait rien à son discours selon lequel la politique actuelle est appropriée et susceptible d’être durablement maintenue en l’état. Le vent semble avoir tourné dans la foulée de la décision de la Banque du Canada de réduire le montant de ses achats d’actifs et, plus récemment, avec l’annonce de la signature imminente d’un décret de J. Biden instituant une augmentation du salaire horaire des travailleurs contractuels du gouvernement fédéral de 10,95$ à 15$ dès 2022.

J. Powell peut-il une nouvelle fois se défausser ? Cela semble difficile au vu des résultats économiques récents et du rattrapage promis par la levée des contraintes sanitaires. Pour autant, le cas de figure est très loin d’être anticipé par les marchés ; tellement loin que la FED évitera sans doute de prendre trop de risques, surtout au vu de la fermeté récente de ses positions. J. Powell devrait donc évoluer sur la pointe des pieds et se contenter d’entre-ouvrir la porte à un possible ajustement de sa politique qui resterait à valider en juin. La piste n’en est pas moins périlleuse, d’autant plus glissante que le président de la FED n’a pas osé l’amorcer en mars.

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R. A. S. en provenance des minutes de la FED

Inutile de chercher des signes de préoccupation sur la santé économique des Etats-Unis dans les minutes du dernier FOMC, il n’y en a pas. La FED est confiante dans la capacité de l’économie américaine à se remettre de la crise du Covid et constate comme tout un chacun une relative résilience des consommateurs et de l’activité en général à la situation sanitaire en présence. Aucun signe, non plus, de quelconques préoccupations sur l’inflation : si cette dernière est amenée à s’accélérer un temps elle a toute chance de retomber ensuite, de l’avis de la plupart des membres du FOMC. Dans de telles conditions, ces derniers voient dans la remontée des anticipations d’inflation, l’expression d’une amélioration des perspectives économiques et dans la remontée des taux d’intérêt réels celle, possible, des perspectives d’augmentation des besoins de financement. Les conséquences du Covid sur les secteurs et populations les plus exposées sont importantes et potentiellement durables, malgré la reprise escomptée de la croissance. Celles-ci justifient le maintien de conditions monétaires très accommodantes que la FED ne compte pas modifier avant un retour au plein emploi et une inflation suffisamment ancrée au-dessus de l’objectif de 2 %.

Autrement dit, pas de changement imminent de sa politique monétaire ni en matière d’accroissement de ses achats d’actifs ni en matière de taux d’intérêt. Le compte-rendu des minutes est rigoureusement en ligne avec la communication de J. Powell devant la presse immédiatement après le FOMC, presque plus explicite encore. La suite, donc, au prochain numéro, en fonction des développements sur le front conjoncturel, bien sûr, mais probablement plus encore sur celui de la politique budgétaire. Sur ce dernier point deux éléments pourraient s’opposer : l’avancée des négociations au sujet du programme d’infrastructure mais également sur le dossier fiscal. Ce dernier pouvant, le cas échéant, offrir plus de latitude à la FED pour prolonger le statu quo sur sa politique monétaire… A suivre.

 

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La FED garde la main sur les taux 2 ans et laisse libre cours à l’inflation anticipée…

… Le dollar trinque, l’or salue l’évacuation du risque de changement de cap monétaire et l’écrasement des taux réels à court terme qu’il provoque.

Pas de changement de posture, donc, de la part de la FED qui continue officiellement à voir dans la remontée des taux longs une réaction normale des marchés à l’amélioration des perspectives économiques, que ses projections confortent ; ses prévisions de croissance pour 2021 sont revues à 6,5 % l’an pour la fin de l’année contre 4,2 % en décembre. La pentification de la courbe des taux ne préjugerait en rien de la nécessité de changer de cap monétaire. À ce titre, J. Powell rappelle que le niveau des taux d’intérêt est resté très bas pendant l’essentiel du cycle passé, pourtant le plus long de l’histoire contemporaine. Le changement de policy-mix ne soucie pas davantage le président de la FED qui met en avant la nécessité d’une politique de soutien à l’investissement, qu’il se donne, manifestement, comme mission de faciliter par le maintien d’une politique durablement très accommodante.

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Powell, ou comment acter le nouveau mixte de politique économique américain ?

Assurément risqué l’exercice de communication de J. Powell de ce soir qui devra tenter de réconcilier ce qui semble de moins en moins réconciliable, sinon dès ce mois-ci, du moins sans tarder, c’est à dire : Des révisions substantielles à la hausse de son scénario de croissance et d’inflation par rapport à celui de décembre, avant l’adoption de la rallonge budgétaire de 900 Mds de $ et le nouveau plan Biden de 1.900 Mds de $. Une vraisemblable révision à la hausse des perspectives de moyen terme de taux d’intérêt de ses membres, les DOTS, dont l’ampleur pourrait sensiblement compliquer l’exercice du Président de la FED devant la presse. La prolongation, ou non, de l’exclusion des Treasuries et des réserves bancaires des calculs de ratios de leviers, mesure introduite en avril dernier censée prendre fin le 31 mars qui, si elle n’était pas étendue, pourrait accentuer les tensions sur les conditions de financement du Trésor. L’absence, a priori, de changement imminent de sa politique monétaire ni le désir de donner plus de précisions sur les modifications à venir, dans un contexte encore éminemment incertain sur les tendances de plus long terme de l’économie américaine. Le tout en évitant de souffler sur les braises des marchés de taux qui seraient peut-être plus facile à éteindre si la FED pouvait effectivement affirmer que le mixte de politique économique a changé et que sa politique monétaire doit en prendre acte, option néanmoins impossible tant elle ferait encourir un risque majeur sur des marchés financiers dopés depuis plus de dix ans aux liquidités.

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J. Powell ne panique pas ; les marchés, si. Qui sait, il finira peut-être par les suivre ?

Patatras ! J. Powell n’a pas répondu aux attentes des marchés à en juger par ses propos à l’occasion d’une conférence de presse. Il n’a pas l’intention d’intervenir pour contrer la pentification de la courbe des taux et n’est pas prêt à considérer une inflexion imminente de sa politique très accommodante pour contrer la hausse des anticipations d’inflation. S’il s’agissait de tester la sensibilité des marchés à l’approche du prochain FOMC des 16 et 17 mars, c’est chose faite. Ceux-ci sont, à l’évidence, dans l’attente d’action. Reste à savoir laquelle : plus de liquidités pour contrer la hausse des taux ou moins pour rassurer au sujet de sa vigilance à l’égard du risque d’inflation sur lequel les marchés focalisent ces dernières semaines ?

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L’incontournable tapering des politiques monétaires

L’exubérance des marchés financiers questionne de plus en plus la pertinence des pratiques monétaires. La Banque Populaire de Chine a mis les pieds dans le plat et initié un premier resserrement de ses conditions monétaires depuis le début de l’année. La Banque du Japon s’interroge et promet plus de souplesse à l’occasion de sa revue du mois de mars. Si les minutes des comités de politique monétaire de la FED et de la BCE décrivent encore une relative inflexibilité, leur position pourrait rapidement apparaître intenable. Les premiers mois de l’année seront marqués par une envolée des taux d’inflation qui, bien que principalement liée aux effets de base, pourrait être accentuée par le reflux de la pandémie. Dans le même temps devrait se concrétiser l’adoption du plan de soutien américain tandis qu’approchera l’échéance des premiers versements de fonds européens, prévue à partir de l’été. Difficile dès lors d’imaginer que les banques centrales échappent longtemps aux pressions qui devraient les pousser à acter la nécessité de changer le braquet de leur politique monétaire. Les gouvernements à la manœuvre, ces dernières devront s’estomper. Une bascule assurément « plus facile à dire qu’à faire !».

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