Pentification de la courbe des taux 10-30 ans US : inflation ou solvabilité ?

Liquidités à foison, dérapage des comptes publics, ténacité de la pandémie, risques sociaux, politiques, protectionnistes… La liste est longue des questionnements sur les conséquences de long terme de la crise sanitaire. Certains y voient un cocktail inflationniste qui finira forcément par faire remonter les taux d’intérêt dans un avenir plus ou moins lointain ; d’autres, la multiplication des risques de défaut, aux conséquences in fine comparables sur le coût du capital, sur fond néanmoins d’importantes distorsions selon les agents, les pays, les périodes. Quelques-uns, enfin, voient dans cette crise une source d’amplification des déviations sociétales d’économies comme jamais financiarisées, tenues à bout de bras par une inépuisable inventivité des banques centrales dont les pratiques aboutissent à une économie de rente, susceptible d’étouffer tout risque d’inflation pendant bien longtemps encore.

Face à ces incertitudes, le réflexe est souvent d’aller chercher des pistes de réponses sur ce que nous renvoient les anticipations des marchés financiers, en particulier les actifs les plus longs, moins soumis à l’interventionnisme monétaire et réputés plus efficients. Or, il se passe des choses sur ces derniers.

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Septembre s’est bien terminé, ce qui suit prend l’allure d’un mois d’octobre…

Les indicateurs économiques ont été de bonne facture ces derniers jours. En Chine, les PMI nationaux ont été plus rassurants que ceux de Markit à la veille de la « Golden week » qui devrait être bienvenue pour les entreprises locales. En Europe, les enquêtes mensuelles de la Commission européenne ont agréablement surpris, de même que les données de consommation du mois d’août. Enfin, les indicateurs américains ont, dans l’ensemble, bien résisté, souvent aussi plus robustes qu’attendu. Le troisième trimestre se termine donc sur une note encourageante dont on commence à voir les effets sur la dynamique des échanges mondiaux. Difficile malgré tout de faire abstraction des inquiétudes suscitées par le regain d’épidémie de Covid. L’économie mondiale, encore convalescente, semble bien mal lotie, en effet, pour faire face au durcissement généralisé des mesures de précaution sanitaire. Malgré les bonnes nouvelles économiques récentes, les marchés doutent et l’optimisme des investisseurs qui avait jusqu’alors résisté aux tumultes de l’été est assurément malmené. Sauf nouvelles actions d’envergure, peu probable, des politiques économiques, le risque d’une nouvelle vague de doutes, synonyme de regain de volatilité sur les marchés financiers, est élevé.

 

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Xi Jinping est-il en train d’ouvrir une nouvelle page pour la Chine ?

Augmentation des réserves stratégiques de matières premières, neutralité carbone à horizon 2060, appréciation du yuan vis-à-vis du billet vert… Il se passe des choses en Chine qui, a priori, n’ont pas grand-chose à voir l’une avec l’autre et dont on peine à apprécier l’importance dans le climat actuel de tensions géostratégiques, sur fond de guerre commerciale de plus en plus intense avec les Etats-Unis à la veille de la présidentielle. Entre les déclarations d’intention sur l’environnement, loin d’être suffisamment précises pour convaincre de la véracité d’un changement de cap de la politique climatique chinoise, et une annonce de stockage de matières premières que l’on pourrait interpréter comme une simple réplique aux mesures protectionnistes de D. Trump, difficile, en effet, d’apprécier l’importance de ces changements. À y regarder de plus près, pourtant, ces évolutions semblent très cohérentes, en particulier par la pertinence des réponses qu’elles apportent aux limites constatées du modèle chinois ces dernières années. Elles deviennent ainsi nettement plus convaincantes et suggèrent bel et bien de profonds changements possibles et, à vrai dire, indispensables pour l’Empire du Milieu…

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Scénario trimestriel : Crises masquées, reprise à cloche-pied

L’économie mondiale traverse une crise sans précédent sans en afficher les symptômes, tant la mobilisation inédite des banques centrales et des gouvernements face au choc sanitaire a été efficace. Les stigmates des crises sous-jacentes ont pourtant tout lieu de réapparaître au fil de la reprise à venir. Qu’en attendre ? Principales conclusions de la mise à jour de notre scénario :

  • Le rattrapage post-confinement marque le pas en fin de trimestre : en l’absence de reprise des échanges, la remise à niveau industrielle est partielle tandis que la persistance de l’épidémie entrave encore de nombreux pans des activités de services.
  • Les freins à la croissance qui couvaient ces dernières années ont été exacerbés par la crise sanitaire :
    • le surendettement pèse sur les perspectives d’investissement, lesquelles ne sont que partiellement soutenues par les plans de relance, aux effets trop dilués.
    • La démondialisation s’accélère, ce qui sanctionne la Chine et les grands exportateurs, en particulier les émergents.
    • L’une et l’autre de ces conditions ferment la porte au scénario de reflation plébiscité par les marchés.
  • Déception sur la croissance, absence d’inflation cyclique et vigilance des banques centrales maintiennent de très bas niveaux de taux d’intérêt, malgré une volatilité possiblement plus élevée, en partie du fait du risque politique.
  • L’exubérance des valeurs technologiques est de plus en plus menaçante. La probabilité que les bourses flanchent à brève échéance s’accroit dans la perspective de résultats décevants et d’une remise en question du scénario de reflation. 2021 devrait être plus favorable à un retour de l’appétit pour le risque sous réserve que les valeurs technologiques ne craquent pas.

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Géopolitique : la limite de l’exercice de la prévision macroéconomique

La parenthèse chinoise se referme. Non pas à cause du Coronavirus, le mouvement a été enclenché il y a bien plus longtemps, après que la Chine a, elle-même, dû mettre un terme à sa frénésie de crédit des années 2009 à 2012. Depuis, l’économie mondiale vit au ralenti. Les pays les plus dépendants de leurs débouchés sur le vaste marché chinois ont vu leurs ressources à l’exportation confisquées du jour au lendemain. Dès lors, fini le rattrapage de l’économie brésilienne et de sa classe moyenne des années fastes au cours desquelles le pays déversait en Chine d’abondantes quantités de produits de base. Fini celui de la plupart des producteurs de matières premières, victimes tout à la fois de l’inertie des volumes exportés et des pressions baissières sur les prix. Finis les succès des grands pourvoyeurs de biens ; l’Allemagne, le Japon et feu-tigres et dragons d’Asie du sud. Non seulement la croissance de leurs débouchés chinois a été cassée mais celle des pays dont la santé dépendait crucialement de l’appétit de l’Empire du Milieu a subi le même sort.

On aurait tort de voir en D. Trump le principal responsable des ruptures commerciales aujourd’hui à l’œuvre mais celui-ci est arrivé à point pour donner un coup d’accélérateur à ce que l’on ne peut plus nier : la démondialisation, en d’autres termes, la fin de l’impulsion asiatique puis chinoise à la croissance mondiale et le retour de la tentation protectionniste.

Car si l’ouverture des frontières n’est plus une source de croissance à laquelle il faut impérativement se raccrocher, comme elle le fût entre 1990 et 2012, à quoi bon se plier à ses règles et contraintes ? Le protectionnisme prôné par le président américain n’a, de fait, guère de mal à séduire au-delà des Etats-Unis et la Chine, que le reste du monde a portée là où elle est tant qu’elle incarnait des espoirs démesurés, à devenir l’ennemi public numéro 1. De là à une dislocation accélérée des relations internationales, il ne fallait qu’une étincelle, en comparaison de laquelle l’épidémie de Covid-19 est comparable à un feu de forêt.

Qu’à cela ne tienne diront certains : le système est à bout de souffle et les contraintes environnementales n’autorisent plus la frénésie de croissance et d’échanges mondiaux des trente dernières années. Dont acte. Les grands pays industrialisés commencent à intégrer l’idée d’un rapprochement nécessaire de la production des consommateurs et d’une croissance plus endogène. Les partisans de la décroissance, de leur côté, ne voient pas d’un mauvais œil ces développements qu’ils ont de longue date appelés de leurs vœux, sans doute à juste titre d’ailleurs. Reste néanmoins les laissés pour compte et l’insupportable perspective de la confiscation de l’espoir que « demain sera meilleur ». C’est à partir de là que la chose économique change de nature et devient éminemment sociale, politique et, de facto, géostratégique. C’est là que s’impose au prévisionniste la dimension de l’incertitude politique et géopolitique et des risques qui vont avec. C’est là que l’économiste perd pied et que sa capacité à anticiper l’avenir s’en ressent. Au fait, comment ces risques sont-ils pris en compte et comment pourraient-ils se manifester dans le scénario 2021 et 2022 ?

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Dans la jungle des plans de relance, la France se disperse quand l’Allemagne s’organise

Les dispositifs anti-crise se succèdent et finissent par donner le tournis. Revenons sur les réflexions qu’évoquent les annonces du gouvernement français. Cent milliards, l’équivalent de 4 % du PIB français de la fin de l’année dernière, voilà qui est effectivement imposant, en plus des dispositifs de sauvetage mis en place ces derniers mois. Sauf que le rouleau compresseur du Covid-19 a détruit 382 milliards de création de richesse depuis le début de l’année et que les conséquences d’un tel choc, sans parler des ruptures économiques et sociétales que l’épidémie risque de provoquer, ont tout lieu d’être considérables et, sur de nombreux points, durables. Face à une telle situation, deux stratégies s’opposent. La première vise à tenter d’adresser l’urgence, c’est la stratégie allemande mise en place dès le début de l’été. La seconde tente de traiter la plupart des maux, immédiats, structurels ou stratégiques, au risque d’atténuer la force de frappe, d’un manque de visibilité et d’efficacité de la relance ; c’est le choix du gouvernement français. S’il est manifestement trop tôt pour tirer des conclusions hâtives sur ces stratégies différenciées, ces écarts ne manquent pas d’interpeller, tant en ce qui concerne leurs chances de réussite que leur manque de cohérence.

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Navigation dans un futur lointain à Jackson Hole, le grand exercice de diversion de la FED

Curieuse préoccupation des autorités monétaires américaines que de se concentrer sur la manière dont la FED devra gérer le retour du taux de chômage à son niveau de plein emploi quand ce dernier a bondi à plus de 10 % depuis mars, potentiellement deux fois plus si l’on considère les emplois maintenus à flot par les aides publiques et plus encore si l’on réintègre les salariés disparus des statistiques que révèle la chute du taux de participation de la population en âge de travailler. Contrairement à ce que toute personne censée imaginerait, ce n’est donc pas la menace d’un chômage de masse susceptible de toucher près d’un actif sur quatre aux Etats-Unis qui préoccupe les autorités monétaires mais la manière dont elles devront aborder la situation lorsque le taux de chômage sera retombé si bas qu’il pourrait menacer de faire remonter l’inflation, aujourd’hui d’à peine 1 % ! Cette posture inspire plusieurs réflexions, pas toujours des plus flatteuses pour la FED mais tellement révélatrices du fossé grandissant entre les acteurs financiers, auxquels elle s’adresse, et la vie économique réelle.

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Plafonds de verre

Les tentatives de franchissement des résistances à la hausse des indices mondiaux ont échoué depuis le début de l’été. Sauf le S&P500, porté par les valeurs technologiques de plus en plus influentes sur la performance indicielle, les bourses du monde développé ont essentiellement fait du sur place après leur rallye avorté de début juin. Les indices émergents, qui ont profité d’un dollar affaibli et de ses effets d’entrainement sur les cours des matières premières, n’ont pas davantage réussi à ouvrir la voie à une hausse durable et le scénario de reflation, sans cesse réarmé par la spéculation, n’est pas non plus parvenu à s’imposer, au grand dam des bancaires. En somme, hors les valeurs technologiques, les marchés d’actions n’ont pas fait grand-chose durant la période estivale.

Il faut dire que les nouvelles n’aident guère.

  • Sur le front sanitaire, la persistance de l’épidémie a fini par avoir raison des espoirs d’une reprise en V. Le scénario en « UL » que nous privilégions, plus joliment dénommé en « aile d’oiseau » par le gouverneur de la Banque de France, menace déjà de flancher avant même d’avoir pris son élan, comme le confirment, après plusieurs signaux avant-coureurs, les premiers PMI du mois d’août.
  • Sur le front commercial, le conflit sino-américain a repris de plus belle tandis que D. Trump remet au goût du jour ses fétiches les plus populistes en préparation d’une présidentielle sous haute tension menaçant d’improbables surprises.
  • Les uns après les autres, les dossiers chauds de ces dernières années reviennent sur le devant de la scène. L’Europe politique, de plus en plus contrainte d’exister sur le front intérieur et international, peine à se définir, la renaissance du couple franco-allemand approchant vite ses limites quand il s’agit de géostratégie. L’épopée britannique promet, quant à elle, de nouveaux rebondissements, quand bien même, pour le coup, possiblement apaisants, tant B. Johnson est dans l’impasse.

La rentrée s’ouvre décidément sous le signe d’une incertitude sans égale. Entre traumas économique, sanitaire et climatique et banques centrales de plus en plus convaincues de l’insuffisance de leur action, les plafonds de verre semblent de jour en jour plus épais.

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