La première estimation de la croissance du PIB américain du premier trimestre est ressortie assez significativement au-dessus des attentes, à 3,2 % en rythme annualisé par rapport au précédent. Malgré ce bon chiffre apparent, les détails de la croissance n’ont pas convaincu. Les déceptions en provenance de la consommation des ménages et la très faible hausse du déflateur du PIB l’ont emporté sur le sentiment des marchés provoquant, dans le sillage de la publication, une nouvelle décrue des taux d’intérêt futurs et l’arrêt du mouvement de hausse du dollar des jour précédents. Qu’en penser ?
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Encore un peu de travail avant de revoir de l’inflation salariale aux Etats-Unis…
Le rapport sur l’emploi américain du mois de mars risque de ne pas suffire à lever les incertitudes sur les développements conjoncturels aux États-Unis. Légèrement supérieures aux attentes pour ce qui concerne le seul mois de mars, les 196 000 créations de postes annoncées ne compensent pas le manque à gagner du mois précédent qui, même révisé, reste très faible, à 33 K. Entre février et mars, l’emploi américain a ainsi progressé de 114,5 K par mois en moyenne, son plus faible niveau depuis septembre 2017 (post ouragans). Si le bon chiffre de janvier permet encore de sauver la mise trimestrielle, ce résultat a tout lieu de semer le doute sur la vigueur de l’économie américaine. Autre source de déception, la croissance des salaires piétine et se replie à 3,2 % l’an en mars, après avoir plafonné à 3,5 % ces derniers mois. Ce constat n’est guère satisfaisant pour une banque centrale dont l’objectif premier est aujourd’hui de restaurer des sous-jacents d’inflation plus solides. Il pourrait y avoir là de quoi préparer le terrain à un affaissement supplémentaire de la courbe des taux…
L’inflation américaine s’éloigne, un peu plus, de l’objectif de la FED…
L’inflation américaine de février déçoit, avec un nouveau repli des données « headline » et sous-jacentes à respectivement 1,5 % et 2,1 %, après 1,6 % et 2,2 % en janvier. Les détails du rapport sont médiocres, à même de peser sur les perspectives d’inflation, tant du consensus que de la FED, comme souligné par la forte réaction à la baisse des taux futurs américains.
Vous avez dit « guidances » M. Powell ?
Article publié sur le site de Boursorama
Lorsqu’au printemps de l’année dernière, la FED a décidé d’accroître la cadence de sa communication, à raison d’une conférence de presse toutes les six semaines après chaque FOMC, plutôt qu’une fois sur deux, l’idée était d’assurer une plus grande transparence sur ses intentions. Sans doute avait-elle en tête à ce moment-là, comme elle avait commencé à en instiller l’idée, qu’elle pourrait être amenée à accélérer le rythme de ses hausses de taux en 2019 et qu’un accompagnement plus serré de ce changement serait le bienvenu. L’histoire ne dira pas si tel aurait été le cas car, entre le printemps de l’année dernière et aujourd’hui, le contexte a bien évolué. En l’occurrence, au lieu d’un resserrement accéléré, c’est un exercice de patience prolongée qu’a entamé Jérôme Powell en janvier, lequel devrait conduire à un statu quo de la politique monétaire tout au long des douze prochains mois, selon les anticipations de marchés. Il y a potentiellement deux risques à de une telle situation. Le premier, de moindre importance, est que l’exercice de communications trop fréquentes se transforme en un véritable pensum pour le président de la FED, lequel pourrait avoir du mal à meubler l’espace, dès lors qu’il a jeté les dés de sa politique comme il l’a fait en janvier. Le second, nettement plus ennuyeux, serait que ces exercices de communication se révèlent, au contraire, l’occasion de va-et-vient incessants qui finiraient par installer un climat d’instabilité accrue sur les marchés financiers, les taux d’intérêt et le change, notamment. La versatilité dont a fait preuve Jérôme Powell ces derniers mois semble plutôt nous suggérer cette dernière piste comme la plus probable.
Que le président de la FED évolue dans un cadre particulièrement périlleux, par ailleurs, compliqué par l’encombrement d’un D. Trump trop invasif, est un fait. Qu’il navigue d’un extrême à l’autre comme il l’a fait ces derniers temps en est un autre, qui ne manque pas d’interpeller. Au deuxième semestre de l’an dernier son inflexibilité a largement contribué à l’instabilité des marchés financiers internationaux. Après avoir défendu en décembre le cap de hausses graduelles persistantes de ses taux directeurs malgré les risques financiers en présence, son changement de posture est apparu comme un véritable coup de théâtre au terme du FOMC du 30 janvier, lorsqu’il a privilégié la patience avec une telle insistance qu’il est parvenu à, non seulement, évacuer l’éventualité de nouvelles hausses de ses taux d’intérêt à horizon prévisible mais, également, à laisser se développer les anticipations d’une future baisse de ses taux directeurs fin 2019, dont la probabilité implicite est aujourd’hui de 20 %. C’est pourtant un parti beaucoup moins clair qu’a révélé le compte-rendu de ce même FOMC ce mercredi, dans lequel la patience incontestablement privilégiée par l’ensemble du board est moins marquante que l’incertitude exprimée par ses différents membres sur les perspectives de taux d’intérêt. Le message qui ressort de ces minutes est somme toute assez éloigné, en effet, de l’interprétation qui en avait été faite par le président Jérôme Powell lors de sa conférence de presse.
Difficile, au total, d’y voir clair dans les intentions de la FED. Les risques financiers maintenant moins prégnants, après une envolée des indices boursiers américains en large partie provoquée par sa communication de fin janvier, de quel côté penchera Jérôme Powell lors du prochain FOMC, dans trois semaines : longue patience ou marche arrière ? La question se posera assez vite si les données économiques continuent à décrire une certaine robustesse de la situation conjoncturelle, en particulier du marché de l’emploi. Jérôme Powell a, en effet, tellement promis aux marchés qu’il s’expose à les décevoir dans un futur plus ou moins proche si le cycle se prolonge, comme l’envisage encore la grande majorité des économistes et la FED elle-même.
C’est tout l’art du « fine tuning » que de lâcher du lest tout en gardant la main, auquel l’actuel président de la FED ne semble pas encore tout à fait rodé. Cela suggère une certaine instabilité des marchés de taux d’intérêt et de changes pour les mois à venir.
Salaires, shutdown, intempéries… L’inflation américaine baissera-t-elle autant que prévu ?
US inflation in January will be released today. In this period of information shortage, linked to the disruption of the shutdown, and after the change of strategy of the FED, this statistic will be particularly scrutinized. The risks of surprise are relatively high compared to the consensus. According to our estimates, total inflation should continue to decline from 1.9% in December to 1.7% in January, a result, however, two tenths higher than consensus expectations (1.5%). Core inflation, on the other hand, would stabilize at 2.2%, instead of falling back to 2.1% as expected by the market.
Jérôme_Powell dans la démesure
Nous attendions de la FED qu’elle infléchisse son discours et prépare les marchés à un statu quo lors de son prochain FOMC de mars mais qu’elle garde, néanmoins, la main en vue d’éventuelles remontées de ses taux directeurs plus tard, courant 2019, quand bien même notre scénario n’envisage pas qu’elle en ait l’occasion avant, peut-être, la toute fin d’année. La FED est allée plus loin encore. Par ses commentaires sur le fait que le niveau des fed funds était approprié, globalement neutre, et en l’absence de référence à un quelconque risque inflationniste futur, le message envoyé par Jérôme Powell apparaît incontestablement conciliant. Un tel revirement est pour le moins troublant à ce stade du cycle et compte-tenu de la confiance, par ailleurs, affichée sur les perspectives macro-économiques américaines.
Preview FED – Première d’une trop longue série de conférences de presse pour J._Powell
Lorsqu’au printemps dernier, la FED a fait part de sa décision de tenir à partir de janvier 2019 une conférence de presse après chaque FOMC, toutes les six semaines, nombreux ont vu dans ce message la perspective d’une possible accélération du tempo de hausse de ses taux directeurs. Après tout, la FED avait, à de nombreuses reprises par le passé, pratiqué des ajustements de ses taux beaucoup plus rapprochés que ces derniers temps, pouvant aller jusqu’à des relèvements d’affilée de 50 points de base à six semaines d’intervalle. Dans un contexte de croissance économique soutenue, de remontée des anticipations d’inflation et d’une certaine exubérance des marchés financiers, l’hypothèse d’une accélération du rythme des hausses de taux était défendable et, avec elle, la tenue de conférences de presse plus rapprochées, destinées à garantir une meilleure communication. Cette décision semble pourtant bien mal tomber si, comme nous le pensons, la FED était amenée à maintenir le niveau des fed funds essentiellement inchangés cette année.
Un Noël en or
À défaut d’avoir autorisé un rallye des marchés, l’action du président de la Fed a, au moins, réussi une prouesse : rallumer les feux des cours de l’or ! Certes, les banques centrales n’ont pas pour mission de soutenir les marchés d’actions et, l’économie américaine étant aussi bien portante, il n’y a fondamentalement aucune raison de ne pas poursuivre l’exercice de normalisation monétaire. Mais nous savons à quel point les phénomènes de correction de marché sont difficiles à appréhender et à quel point toute erreur de diagnostic peut entrainer un risque disproportionné dans un contexte de survalorisation fondamentale des actifs et de haut degré de financiarisation de nos économies.