Conformément aux messages envoyés par l’Université du Michigan, l’inflation américaine est en train de balayer les espoirs de reprise de la consommation escomptés de l’amélioration du contexte sanitaire aux Etats-Unis. De fait, sinon enregistrer les hausses des prix, les ventes de détail, n’ont pas fait grand-chose en février. Leur progression n’a pas dépassé 0,3 % sur le mois ce qui, corrigé de la hausse de 0,8 % de l’indice des prix à la consommation sur la même période, correspondrait à une contraction de 0,5 % en termes réels. Hors essence et achats automobiles, leur variation nominale est d’ailleurs de -0,4 %. Certes, les données de janvier avaient été bien meilleures et ont, de plus, été révisées à la hausse, mais décembre avait été médiocre de sorte qu’en moyenne au cours des trois derniers mois, la hausse des ventes en volume n’aurait pas excédé 0,5 % en rythme annualisé. Alors que les dépenses de consommation ont bien peu de chances de rebondir en mars, au contraire de ce que feront sans doute les prix, la consommation trimestrielle semble bien partie pour afficher une croissance zéro au premier trimestre de l’année, avant même les effets à venir de l’impact du conflit ukrainien et des hausses des taux d’intérêt sur la croissance…
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Il souffle comme un vent de récession outre Atlantique…
Poser la question de savoir si le choc de la crise sanitaire constituait l’équivalent d’une récession classique qui serait forcément suivie d’un nouveau cycle de croissance est souvent paru incongru ces derniers temps. Comment imaginer qu’une telle chute d’activité en 2020 ne crée pas les conditions d’un rattrapage digne de ceux qui ont suivi les récessions passées ? Effet élastique oblige, l’idée dominante était plutôt que, plus la crise serait profonde plus le rebond se devait d’être important, d’autant plus que les politiques économiques n’avaient pas lésiné pour parer aux dégâts majeurs.
Et pourtant, le doute s’instille. Comment se fait-il que les marchés de taux d’intérêt nous renvoient des signaux aussi persistants de fin de cycle alors que la FED n’a pas encore entamé le début de la remontée de ses taux et que même la promesse de réduction de son bilan ne provoque qu’un ajustement mineur, de 30 points de base sur les taux à 10 ans depuis octobre ? Que font les ménages du stock d’épargne qu’ils ont accumulé durant les privations imposées par le contexte sanitaire et pourquoi leur moral est aussi bas alors que leur richesse n’a jamais autant progressé depuis deux ans, ou comment expliquer que leurs perspectives d’achat automobiles ne retrouvent pas les couleurs qu’elles devraient avoir après trois années de vaches maigres ?
Et si il y avait erreur de casting ? Qu’au lieu d’une reprise cyclique, l’économie américaine, et les autres, aient tout simplement, après une année blanche, renoué avec la position qui était la leur à la fin 2019 ; celle d’un cycle déjà trop avancé pour supporter des chocs en cascade et un relèvement, même mineur, des taux d’intérêt ? La question devient moins incongrue au fur et à mesure des développements récents et de la perspective d’un durcissement accéléré de la politique monétaire américaine, surtout si les chiffres d’emplois, meilleurs que prévu en janvier, venaient à donner des ailes à J. Powell…
BMG janvier 2022 – La consommation dévisse
L’inflation en Europe de l’Est, expression des limites de la politique structurelle de l’UE ?
Avec le changement de cap effectué par la FED se profile une période de modifications en cascade des politiques monétaires à travers le monde qui n’épargneront pas l’Europe. Une proportion croissante d’économistes envisagent aujourd’hui une remontée des taux directeurs de la BCE fin 2022, à l’instar de ce qui figure dans notre propre scénario. Au-delà, néanmoins, c’est dans la partie Est de l’Europe que semblent devoir se concrétiser les ruptures de politiques monétaires les plus importantes par rapport à ces dernières années. Le dérapage de l’inflation y est, en effet, nettement plus marqué et plus profond que dans la plupart des autres économies de la région. Si l’origine de cette situation n’est pas cristalline, les plans de relance et programmes de soutiens structurels dont bénéficient ces pays dans le cadre du budget européen semblent bel et bien constituer un facteur aggravant. Alors que les politiques structurelles de l’UE ont jusqu’alors principalement opéré dans un contexte d’absence d’inflation, ce constat pose une question qui dépasse largement le champ des politiques monétaires à venir et interroge sur les limites de la stratégie de l’UE.
Sauf en Allemagne, la croissance a bien résisté en fin d’année dernière
Au quatrième trimestre, la France affiche une hausse de son PIB de 0,7 % qui, combinée aux révisions d’un dixième des trimestres précédents, porte la croissance sur l’ensemble de 2021 à 7 %. L’Espagne fait mieux sur les trois derniers mois de l’année, avec une hausse de 2 % de son PIB. La forte révision du troisième trimestre permet là aussi une croissance annuelle un peu meilleure que prévu, de 5 %. Quant à l’Allemagne, la hausse de 2,8 % sur l’ensemble de 2021 cache une baisse de 0,7 % en fin d’année, sous l’effet, notamment, d’une plus faible mobilité. En termes de rattrapage, la France garde donc largement une position de tête par rapport à ses deux voisins : le PIB hexagonal est supérieur de 0,8 % à celui d’avant crise, alors qu’il est en retard de plus de 4 % en Espagne et de 1,5 % en Allemagne.
L’amélioration des perspectives fait frémir l’IFO allemand
Les PMI publiés hier étant suspectés d’être biaisés par des effets de base, la publication de l’IFO nous en apprend un peu plus sur la conjoncture allemande. En janvier, le climat des affaires composite s’améliore d’un petit point, grâce à une remontée significative des perspectives. L’indicateur marque ainsi sa première hausse depuis juin mais reste, à 96 points, en-dessous de son niveau de novembre. L’opinion sur les conditions courantes continue de se dégrader du fait de l’influence négative des services. En revanche, l’industrie enregistre un léger mieux, tandis que les soldes d’opinions du commerce de détail et de la construction évoluent peu. Au total, l’enquête confirme que le pire est dépassé mais n’indique pas encore de reprise : si l’indicateur de retournement cyclique reprend des couleurs, il reste en territoire de contraction.
Les PMI américains au plus bas depuis juillet 2020
Les climats des affaires américains se replient très franchement en janvier selon Markit, avec un composite qui passe de 57 à 50,8 soit son plus bas niveau depuis la sortie de la première vague. Bien plus significative que les variations européennes, cette baisse est, qui plus est, causée à la fois par le secteur tertiaire et par le secteur manufacturier, tous deux confrontés à des problématiques d’offre. Celles-ci concernent, par ailleurs, à la fois les intrants et la main d’œuvre, pénalisés par les difficultés d’approvisionnement et la propagation d’Omicron. Les seules bonnes nouvelles concernent, selon le compte rendu de Markit, les prix, notamment des intrants, dont les indicateurs ralentissent. Autrement dit, un déblocage rapide de la situation sanitaire pourrait alléger les pressions sur l’économie américaine. Pour l’heure, cependant, l’année commence franchement mal.
Selon l’INSEE, Omicron pèse sur les services mais la confiance industrielle tient le coup
Surprises minimales quant aux résultats de l’enquête mensuelle de l’INSEE publiés ce matin. Omicron fait, on s’en doutait, des ravages dans l’hôtellerie et la restauration et marque de son empreinte le secteur des transports mais n’a pas ou peu d’impact sur la confiance dans les autres pans des activités tertiaires. Ceci suffit, néanmoins, à faire dévisser de deux points le climat des affaires dans les services et, par là même, l’indicateur composite de confiance, de 109 à 107, qui retombe six points en dessous de son niveau de novembre. Sauf l’hôtellerie et la restauration, la confiance reste le plus souvent supérieure à sa moyenne de long terme, voire s’améliore. C’est notamment le cas dans l’automobile et des autres matériels de transport, ce qui permet à l’indice manufacturier de gagner deux points, à 112, un plus haut depuis janvier 2018.