Normalisation des PMI

Faiblesse du dollar, tassement des ventes automobiles et mollesse des échanges mondiaux finissent par rattraper les PMI européens et japonais. Le dollar et l’activité pétrolière préservent le secteur aux Etats-Unis.

Après un second semestre particulièrement encourageant, les indicateurs PMI du climat des affaires se tassent depuis le début de l’année, marquant en février un repli significatif au Japon comme en France et en Allemagne. Lire la suite…

Risque dollar, un enchevêtrement d’effets en cascade

La tournure prise par l’évolution du taux de change du dollar ces dernières semaines inquiète. Après avoir déjà perdu près de 15 % de sa valeur depuis son point haut de la fin de l’année 2016 où l’élection de D. Trump l’avait propulsé, le dollar menace aujourd’hui de retomber vers les niveaux qui étaient les siens entre 2011 et l’été 2014, 10 % à 15 % plus bas qu’aujourd’hui.
La défiance grandissante à l’égard de l’administration américaine est en grande partie responsable de cette situation quand, par ailleurs, les doutes s’accumulent au sujet de la latitude du futur président de la FED, Jay Powell, pour mener à bien son mandat, sous la double coupe d’un pouvoir politique par trop invasif et de valorisations financières de plus en plus contraignantes. Le risque d’un krach du dollar, qui consisterait en une chute significative généralisée de sa valeur, existe donc bel et bien.

À quel type d’impacts faudrait-il se préparer dans un tel cas de figure ?

Les conséquences d’une éventuelle chute prononcée du dollar sont particulièrement complexes à analyser tant la monnaie américaine occupe une place importante dans les rouages économiques, monétaires et financiers internationaux ; en tant que première monnaie de réserves, de règlement, de financement bancaire et non bancaire mondial, et d’ancrages monétaires (plus de soixante-dix pays).

Fruit de la puissance de l’économie américaine mais également de l’accumulation de ses déficits à l’égard du reste du monde, l’abondance de dollars à l’extérieur des États-Unis a contribué à lui donner cette suprématie que ni l’euro ni le yuan ne sont en mesure de supplanter. Fin 2017, la position extérieure nette de l’économie américaine faisait état d’une dette de quasiment 8 000 milliards, financée à hauteur de 6 400 milliards par la détention de bons du Trésor des non-résidents du monde entier.

Cette présence du dollar dans tous les recoins de l’économie mondiale ne facilite pas l’expertise. Quels seraient, par exemple, les effets nets d’une chute du dollar sur l’économie chinoise dès lors que ses entreprises perdraient en compétitivité mais gagneraient à l’allègement de leur dette, abondamment contractée en dollars ces dernières années, et que le trésor de guerre du pays, ses réserves de changes de 3 100 milliards de dollars, pour moitié investies en bons du Trésor américain, serait menacé d’érosion accélérée… Lire la suite…

Où sont passés les bénéfices de la baisse de l’euro ?

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L’initiation d’une politique de quantitative easing par la BCE début 2015 a largement été plébiscitée par les marchés financiers, justifiant dans une large mesure le rebond des indices boursiers européens en début d’année dernière. Outre l’évacuation du risque souverain que représentait ce passage à l’acte, on escomptait surtout de cette initiative les retombées positives du regain de compétitivité que procurerait la chute de l’euro qu’elle suggérait. De fait, entre le mois de décembre 2014, lorsque la garantie fut donnée que telle serait la direction de la BCE, et la mi-mars, la devise européenne a enregistré une chute de presque 16 % contre le billet vert, s’échangeant ponctuellement à 1,05 USD, son plus bas niveau depuis plus de dix ans. Le taux de change de l’euro n’a pas significativement bougé depuis. Si le changement d’anticipations sur la politique de la Fed a fragilisé le dollar, l’euro a conservé jusqu’à présent, aux environs de 1,11-1,13 USD, une parité nettement inférieure à ce qu’elle a été au cours des dix dernières années.

Comment se fait-il, dès lors, qu’un tel ajustement n’offre pas de résultats plus tangibles sur l’activité et les marges des entreprises européennes et que les parts de marchés s’étiolent ?

L’appréciation de l’euro ou le piège des politiques compétitives

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C’était écrit, l’euro ne baisserait pas vis-à-vis du dollar mais risquait bel et bien de s’apprécier. Nous y voilà. Dans la journée d’hier le cours de l’euro flirtait avec les 1,40 USD, enregistrant ainsi, après une hausse de plus de 7 % durant l’année écoulée, son plus haut niveau depuis octobre 2011. Cette évolution est préoccupante, à plus d’un titre, risquant en particulier de confisquer la quasi-intégralité du soutien escompté à l’exportation de l’amélioration des conditions internationales.

Deux raisons expliquent que, contrairement au consensus de marché, nos prévisions ne se soient jamais éloignées de l’objectif de 1,40 USD/euro ces deux dernières années :

  • la première vient de notre scepticisme à l’égard du consensus sur la bonne santé présumée de l’économie américaine et des anticipations d’une normalisation à venir de la politique de la Fed qui en découlent,
  • la seconde vient de l’effet pervers des politiques de déflation compétitive menées par les pays de l’UEM. La réduction de l’écart d’inflation entre la zone euro et le reste du monde qui en découle ayant pour effet de protéger le pouvoir d’achat de la monnaie, ces politiques constituent un soutien à l’euro, notamment à l’égard du billet vert dont la valeur est mécaniquement diluée par l’utilisation massive de la planche à billet ces dernières années.

Il n’est donc guère surprenant que les déceptions récentes sur la croissance américaine poussent le cours de l’euro à la hausse, ceci d’autant plus que la BCE a douché les espoirs d’assouplissement supplémentaire de sa politique monétaire la semaine dernière. Le mouvement n’en reste pas moins préoccupant, pour trois raison au moins.

 

L’Espagne, stratégie gagnante ?

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La révision à la hausse de la note souveraine de l’Espagne par l’agence Moody’s la semaine dernière est un signe supplémentaire du regain de confiance à l’égard de la péninsule ibérique, dont les progrès sont souvent cités en exemple en matière de gestion de crise. Essentiellement assise sur une baisse des coûts du travail, la stratégie du gouvernement Rajoy était destinée à améliorer la compétitivité du pays pour lui permettre de trouver la voie d’une sortie de crise par les exportations. Face à une économie exsangue, sous le coup d’un processus de désendettement dont les effets ne peuvent être que durablement pénalisants pour la demande domestique, cette stratégie est souvent apparue comme la seule susceptible de remettre l’économie sur le chemin d’une croissance équilibrée, malgré un coût social immédiat très lourd.

Qu’en est-il au juste, les résultats de l’économie espagnole de ces derniers mois sont-ils à la hauteur et effectivement capables d’assurer le retour d’une croissance pérenne à la péninsule ibérique ? 

Salaire minimum allemand: une nouvelle donne, mais laquelle ?

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Parvenir à se faire une juste idée des implications de l’introduction d’un salaire minimum en Allemagne est loin d’être simple. A la bonne nouvelle que constitue la promesse d’une augmentation du pouvoir d’achat des ménages et celle, simultanée, d’une meilleure contribution de l’Allemagne au rééquilibrage de la zone euro succèdent immédiatement les inquiétudes que la hausse des salaires qui en découlera intervienne au pire moment pour une industrie allemande déjà confrontée à des difficultés croissantes à l’exportation. Sous réserve que l’accord de coalition soit validé par les militants et sympathisants du SPD le 17 décembre, deux éléments permettront de faire la part des choses et d’être fixés sur les implications d’une telle décision :

  • La diffusion plus ou moins importante des hausses de salaires à l’industrie exportatrice, dont les niveaux de rémunération sont d’ores et déjà largement au-dessus du minimum consenti,
  • La reprise ou non de la demande internationale de biens d’équipement sans laquelle l’Allemagne perdra quoiqu’il en soit son assise à l’exportation et la zone euro son éventuelle locomotive régionale.

Dans un cas comme dans l’autre, l’introduction d’un salaire minimum constituerait un changement radical pour l’Allemagne et la zone euro dans son ensemble, par rapport à la situation qui prévaut depuis l’introduction de l’euro.

« Kartoffeln Für Alle », ou, un Plaza pour l’euro

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Prétendre pouvoir compenser les effets dévastateurs de la surévaluation de l’euro par l’application des recettes allemandes des années 2000 est un leurre.

Un retour sur les conditions du succès de l’ajustement compétitif de l’économie allemande rappelle à quel point cette transition a été aidée par des conditions exceptionnelles. Le contexte international des années 2000 a non seulement servi de puissant levier au redressement industriel de l’Allemagne mais a également permis que cette transition se fasse à moindre coût pour les consommateurs d’outre-Rhin.

Aucun des pays de la zone euro ne dispose aujourd’hui d’atouts industriels comparables à ceux de l’Allemagne ni des moyens d’atténuer le coût social des réformes susceptibles d’être nécessaires au rétablissement compétitif de la zone euro. Appliquer les recettes allemandes, sans prendre en considération la réalité des conditions qui ont conduit à leur succès, est sans doute le plus grand danger que les responsables européens font encourir à l’union monétaire dans le contexte présent.

Face à une telle situation, force est de constater qu’il n’existe qu’une seule réponse : celle d’une dépréciation orchestrée de l’euro, à l’instar de ce qui fut décidé en 1985 par les accords du Plaza pour soulager l’économie mondiale des méfaits de la surévaluation du dollar. Espérons que la menace que constitue l’enlisement de la zone euro finira par convaincre de cette nécessité, car là réside probablement l’ultime chance de sauvetage de l’union monétaire.