L’emploi américain, la fonction de réaction de la FED et les récessions

Rares sont les économistes et acteurs financiers qui ratent le rendez-vous de la publication du rapport sur l’emploi américain du premier vendredi du mois, tant sa résonance est importante sur les marchés. À travers ces chiffres se décryptent les tendances de revenus et de consommation de la première économie mondiale et, par là-même, de ses perspectives ainsi, pour une bonne part, de celles de nombre de ses fournisseurs dont elle est tant dépendante. Des créations de postes vigoureuses sont perçues comme un signe de bonne santé difficilement contestable : si les entreprises embauchent c’est, effectivement, qu’elles ont des besoins pour produire, a priori, davantage… La réalité est plus complexe, inhérente notamment à des possibles phénomènes de substitution capital-travail ou à ceux de rattrapages après des blocages plus ou moins durables, comme récemment. Powell a souvent fait référence à la vigueur des créations d’emplois pour défendre l’idée que l’économie américaine était robuste et avait la capacité de faire face au resserrement monétaire qu’il opérait, faisant fi du processus de rattrapage post-covid en cours, et la plupart des spécialistes savent que la FED n’arrêtera pas le relèvement de ses taux d’intérêt tant que les créations d’emplois resteront suffisantes pour maintenir le taux de chômage à son bas niveau présent. Car c’est, in fine, plus que l’inflation immédiate, ce dernier indicateur que vise la FED, dont le niveau actuel est perçu comme un facteur d’inflation salariale contre lequel elle doit se prémunir. Problème, quand le taux de chômage commence effectivement à se redresser, c’est en général que l’économie est déjà en récession et que les chances d’opérer un ajustement en douceur ont déjà disparu. Ainsi, plus la FED va vite en besogne, plus la probabilité que le taux de chômage remonte se rapproche. Elle pourra alors, lever le pied, dans des proportions plus ou moins importantes selon l’ampleur des dégâts occasionnés par le resserrement monétaire. À quelle distance sommes-nous de ce moment ?

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La fin de la parenthèse d’un « Bear-Market Rallye » d’exception ?

Après un premier semestre calamiteux, au cours duquel de nombreux actifs ont enregistré leurs pires performances historiques, la récupération de cet été a souvent été spectaculaire sur les marchés. Il y a principalement trois explications à ce rallye.

  • Une conjoncture plus résistante que prévu, notamment portée par le rebond des activités tertiaires consécutif à la levée des contraintes sanitaires.
  • Une relative résilience concomitante des résultats des entreprises, également enflés par l’évolution des prix de vente au 2ème
  • L’anticipation, surtout, d’un pic d’inflation imminent supposé inciter les banques centrales à temporiser le resserrement monétaire en cours, qui, sur fond de liquidités toujours surabondantes, a conduit à transformer toute mauvaise nouvelle – elles n’ont pas manqué !- en un repli porteur des anticipations de hausse des taux directeurs et des taux d’intérêt à long terme.

Anticipée dans notre allocation tactique du mois de juin, la mécanique a fonctionné à merveille sur la plupart des actifs à risque. Elle n’était cependant pas censée se prolonger, les tendances fondamentales étant amenées à reprendre le dessus dès lors qu’il deviendrait évident que les banques centrales, sauf risque majeur de récession, ne lâcheraient pas l’affaire avant d’avoir gain de cause sur l’inflation.

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Les rendez-vous de la rentrée 2022

Dans un monde en vrac, dans lequel règne une incertitude quasi-absolue, l’analyse de la conjoncture peut paraître bien dérisoire, voire, à certains égards, indécente. C’est pourtant des développements immédiats que dépendront dans une large mesure les tendances de plus long terme : le réveil des Américains sur le climat, la stratégie des États face aux enjeux sociétaux et géopolitiques, celle des banques centrales à l’égard de l’inflation, la survenance au non d’un krach financier et/ou d’une récession plus ou moins profonde… Cette rentrée 2022, même entachée d’un degré d’incertitude sans pareil, de questionnements quasi-existentiels et de risques tous azimuts, tous aussi improbables les uns que les autres, ne sera finalement guère différente des précédentes, avec ses rendez-vous incontournables : croissance, inflation, banques centrales, marchés financiers, élections italiennes, crise énergétique… sur lesquels nous tentons, modestement, de faire le point.

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Taux d’intérêt : l’énigme s’épaissit

Ces deux dernières semaines, les banques centrales de nombreux pays ont procédé à des relèvements de leurs taux directeurs : Canada, Colombie, Chili, Pérou, Australie, Nouvelle Zélande, Corée, Philippines, zone euro, Danemark, Pologne, Hongrie, Roumanie, Afrique du Sud, Israël… le plus souvent dans des proportions supérieures aux attentes ou aux pratiques habituelles, parfois de 200 points de base quand, comme en Hongrie, les devises font les frais de pressions trop intenses. La semaine prochaine, la Fed prendra le relai avec une probable nouvelle hausse de ¾ de points des Fed Funds, histoire de couper l’herbe sous le pied de l’inflation, et d’autres lui emboiteront le pas.

Quoi qu’il en soit, néanmoins, les taux d’intérêt resteront à des lustres d’où, toutes choses égales par ailleurs, ils devraient être, c’est-à-dire aux environs de la croissance nominale du produit intérieur brut pour les taux longs, comme les deux variables finissent toujours par converger avec plus ou moins de délai. Or, cette situation ne semble pas sur le point de se normaliser.

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La BCE, l’inflation, le gaz russe, la chute de l’euro, la FED et M. Draghi…

La Banque centrale européenne n’est pas la seule à faire face à un arbitrage complexe entre inflation et croissance. C’est le cas dans la plupart des pays développés où la détérioration rapide des perspectives économiques remet de jour en jour davantage en cause la capacité des politiques monétaires à aller au bout du cycle de normalisation. La tâche de la BCE est néanmoins plus complexe encore, aggravée par les conséquences de la guerre sur la conjoncture locale, les menaces grandissantes de coupure des approvisionnements de gaz russe, les distorsions souveraines et le risque que fait encourir la crise politique en Italie et la chute de l’euro.

Quoi qu’elle propose en matière d’outil anti-fragmentation, la cause semble entendue : Mme Lagarde a les mains liées et n’a guère les moyens de mener à bien la normalisation des conditions monétaires qu’appellerait, toute chose égale par ailleurs, l’inflation tout en protégeant les États les plus fragiles et sans accélérer la chute de l’activité donc, probablement, celle de l’euro… Difficile d’envisager une quelconque issue satisfaisante qui ne l’expose à plus de critiques ou de défiance.

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L’euro perd son statut de monnaie forte et c’est un sujet

Très tôt après sa création, l’euro a profité d’un statut de monnaie refuge et, au grand dam de la plupart des industriels régionaux, de celui de monnaie forte qui allait avec. Malgré les crises existentielles récurrentes, la confiance dans la monnaie unique a réussi à être préservée pour deux bonnes raisons :

  • une banque centrale européenne bâtie sur le modèle de l’allemande Bundesbank, temple de la rigueur monétaire censé garantir une protection infaillible contre l’inflation, unique objet de sa responsabilité ;
  • des excédents courants structurellement élèves, fruits de la puissance industrielle de l’Allemagne, que le vieillissement démographique dont l’effet premier est de peser sur la demande domestique, semblait en mesure de pérenniser, a l’instar du Japon ou de la Suisse.

Deux années de crise sanitaire et l’invasion russe de l’Ukraine ont fait voler en éclat ces deux piliers de stabilité et il n’en a pas fallu davantage pour faire décrocher la monnaie unique, en particulier vis-à-vis du dollar américain contre lequel elle a perdu plus de 10 % depuis le début de l’année.

Après avoir pendant longtemps espéré une dépréciation de la monnaie unique pour contrer le dépérissement de l’industrie locale et mettre fin aux politiques compétitives endogènes éminemment déflationnistes, la chute de l’euro devrait réjouir. Tel est pourtant loin d’être le cas.

Non seulement sa baisse arrive au pire moment, celui où la région n’a jamais été aussi dépendante de ses approvisionnements étrangers en produits de première nécessité, l’énergie notamment, mais elle révèle avec fracas ses fragilités économiques fondamentales, en tout premier lieu celles de l’Allemagne, en même temps que l’effacement de l’Europe de la scène mondiale ; des sujets assurément préoccupants pour l’avenir qui supplantent largement les faibles avantages conjoncturels que l’on peut escompter de la dépréciation de l’euro dans un contexte d’inflation et de déprime probablement durable de la demande internationale.

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2023, 2025, 2030… Et si l’inflation faisait le job?

L’inflation en présence est le résultat d’une multitude de facteurs, pour la plupart assortis d’une grande incertitude quant à leur développement futur. Le choc immédiat est, bien sûr, lié à la guerre en Ukraine et à ses effets sur les prix des matières premières ainsi qu’aux conséquences aggravantes de l’épidémie de Covid en Chine, sur les difficultés d’approvisionnement industriel notamment. Ces éléments, aussi importants soient-ils, ne sont pas les seules explications au changement particulièrement abrupt de contexte inflationniste et des anticipations de moyen terme: politiques monétaires et budgétaires, changements climatiques, relocalisation industrielle, immobilier, salaires…font également partie de l’équation à des degrés divers.

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Le détricotage des certitudes s’accélère : le « bear market » entre parenthèses ?

La correction des anticipations de marché a pris une nouvelle tournure depuis la publication de notre Humeur du Vendredi de la semaine dernière. Après avoir subitement décroché vendredi dernier, les cours du pétrole ont poursuivi leur décrue ainsi que de nombreuses matières premières, y compris agricoles. Sans être en mesure d’éliminer les risques d’un possible rebond inhérents à un contexte international encore éminemment incertain, ce mouvement corrobore ce qui était le scénario le plus probable face au double choc de pouvoir d’achat et de resserrement des conditions monétaires internationales. Il est donc plutôt convaincant et assorti d’une probabilité significative de se poursuivre.

De ce constat découlent des effets en chaîne qui pourraient considérablement changer la donne du contexte financier, avec un détricotage rapide du scénario qui a prévalu depuis la fin mars, à savoir : inflation et hausse des anticipations de cette dernière, tensions sur les taux d’intérêt, accroissement du risque de crédit, refuge vers l’or et autres valeurs de rendement ou décotées. De quoi mettre la déprime du marché entre parenthèses ?

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