Après les NFP pas de visibilité sur la Fed mais le leitmotiv de récession technique réapparaît

Une nouvelle fois, les regards étaient braqués sur la publication du rapport sur l’emploi américain de vendredi dernier, censé être décisif pour la FED. Une nouvelle fois, il n’en est rien. J. Powell pourrait trouver dans les données de mars à peu près tous les arguments pour décider de poursuivre le cycle de resserrement monétaire ou, au contraire, de lever le pied.

L’économie américaine a créé 236 K nouveaux postes, ce qui reste une solide performance, toujours supérieure au rythme observé au cours des deux années d’avant covid (178 K). Certes, la lecture est nettement moins favorable si l’on se cantonne à ce qui se passe dans la seule sphère privée, avec seulement 189 K emplois créés, au lieu de 283 K en moyenne les trois mois précédents, mais cela reste, là aussi, un rythme supérieur à celui des deux, voire quatre, années d’avant covid, tandis que rien ne dit que l’emploi privé soit plus important que le total. En l’occurrence, le rattrapage en cours dans l’administration est une composante tout aussi influente sur le taux de chômage, lequel, retombé à 3,5 %, ne prend toujours pas la direction des 4 % que la FED semble s’être fixé comme objectif minimum.

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L’emploi américain, la fonction de réaction de la FED et les récessions

Rares sont les économistes et acteurs financiers qui ratent le rendez-vous de la publication du rapport sur l’emploi américain du premier vendredi du mois, tant sa résonance est importante sur les marchés. À travers ces chiffres se décryptent les tendances de revenus et de consommation de la première économie mondiale et, par là-même, de ses perspectives ainsi, pour une bonne part, de celles de nombre de ses fournisseurs dont elle est tant dépendante. Des créations de postes vigoureuses sont perçues comme un signe de bonne santé difficilement contestable : si les entreprises embauchent c’est, effectivement, qu’elles ont des besoins pour produire, a priori, davantage… La réalité est plus complexe, inhérente notamment à des possibles phénomènes de substitution capital-travail ou à ceux de rattrapages après des blocages plus ou moins durables, comme récemment. Powell a souvent fait référence à la vigueur des créations d’emplois pour défendre l’idée que l’économie américaine était robuste et avait la capacité de faire face au resserrement monétaire qu’il opérait, faisant fi du processus de rattrapage post-covid en cours, et la plupart des spécialistes savent que la FED n’arrêtera pas le relèvement de ses taux d’intérêt tant que les créations d’emplois resteront suffisantes pour maintenir le taux de chômage à son bas niveau présent. Car c’est, in fine, plus que l’inflation immédiate, ce dernier indicateur que vise la FED, dont le niveau actuel est perçu comme un facteur d’inflation salariale contre lequel elle doit se prémunir. Problème, quand le taux de chômage commence effectivement à se redresser, c’est en général que l’économie est déjà en récession et que les chances d’opérer un ajustement en douceur ont déjà disparu. Ainsi, plus la FED va vite en besogne, plus la probabilité que le taux de chômage remonte se rapproche. Elle pourra alors, lever le pied, dans des proportions plus ou moins importantes selon l’ampleur des dégâts occasionnés par le resserrement monétaire. À quelle distance sommes-nous de ce moment ?

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Pas de récession franche aux Etats-Unis mais, bien, 5 trimestres de stagnation…

Le PIB réel américain a reculé de 0,9 % en rythme annualisé au deuxième trimestre, (soit environ 0,2 % en pourcentage simple), après une baisse de 1,6 % au premier trimestre. Voilà qui tombe mal pour le président de la FED, qui avait assuré hier qu’il n’y aurait pas de récession en 2022, quoiqu’il puisse encore s’appuyer comme il l’a laissé entendre, sur un acquis de croissance solide, de 1,4 % à la fin du second trimestre, ainsi que sur le fait que cette baisse est majoritairement due aux variations de stocks. Ces derniers ont poursuivi leur normalisation et expliquent, en effet, deux points du repli annualisé du PIB, ce qui laisse une contribution positive pour la somme des autres postes, grâce au rebond post-covid de la consommation de services et à celui des exportations, notamment énergétiques. S’il est donc possible de nuancer le recul du PIB au deuxième trimestre, le constat n’en reste pas moins celui d’une stagnation hors stocks de l’économie américaine depuis cinq trimestres maintenant et de tendances à venir beaucoup plus compliquées au vu des premiers résultats déjà disponibles.

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J. Powell sans état d’âme, persiste et signe

 

Deuxième hausse de ¾ de points de Fed Funds en six semaines, à 2,25 %-2,50 % aujourd’hui. La FED est en mode cavalerie contre l’inflation et n’envisage pas de s’arrêter en si bon chemin. Si le niveau des taux atteint à présent son objectif de neutralité de long terme, J. Powell nous dit sans mollir que ce ne sera pas suffisant : les membres du FOMC jugent nécessaire de passer en mode restrictif avec pour objectif de ralentir la croissance de la demande face aux contraintes persistantes sur le front de l’offre. Il réitère ainsi la possibilité que Fed Funds atteignent 3,5 % d’ici décembre. Le discours, un brin dans le déni sur les risques de récession, ne surprend pas tant que la réaction des marchés.

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