Alors qu’environ la moitié des grands secteurs américains a retrouvé des niveaux de consommation similaires à ceux de l’an dernier, l’après rattrapage semble bien difficile, avec un recul un peu partout, pour des dépenses totales en baisse de 0,6 % en termes réels en décembre. Si cette information ne modifie à priori pas les estimations de PIB publiées hier, ce recul, le deuxième consécutif, n’est pas de meilleur augure pour démarrer l’année 2021. Surtout, certains secteurs s’enfoncent encore un peu plus dans la crise, à l’exemple de l’hôtellerie, avec un niveau de consommation inférieur de plus de moitié à celui de décembre 2019.
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Les indicateurs américains sont meilleurs que prévu mais n’informent pas sur la suite
Meilleures que généralement attendu, les statistiques américaines publiées aujourd’hui tombent à pic pour offrir aux marchés le coup de pouce dont ils avaient besoin pour se remettre des turbulences de la fin de la semaine dernière. Ventes au détail, production industrielle, indice NAHB de confiance des constructeurs, ont tous marqué une nette amélioration par rapport au mois d’avril. Tout comme les effets du confinement étaient très difficiles à anticiper, ceux de sa fin créent une volatilité telle qu’il est difficile d’en tirer beaucoup de conclusions sur ce que ces indicateurs nous enseignent au-delà du seul constat que la situation s’améliore. On retiendra néanmoins de ces données :
Qu’elles devraient autoriser une révision à la hausse des estimations du PIB du deuxième trimestre, que les derniers chiffrages de la FED d’Atlanta voyaient toujours en repli de 48,5 %…
Que les bonnes surprises viennent avant tout des ventes de détail, lesquelles affichent une progression de 17,7 % mensuelle en mai, proportionnelle à leurs chutes passées.
Que rien dans ces données du mois de mai, ne nous indique quoi que ce soit sur le futur de l’économie américaine, à savoir : de quoi sera faite la reprise et combien de temps il faudra pour effacer les pertes occasionnées en début d’année par le coronavirus, sur l’emploi notamment.
Le message subliminal de la FED : un scénario en racine carrée et une perte in fine de 4 % de PIB
L’exercice était délicat pour J. Powell; la FED a déjà tellement fait qu’il ne pouvait guère jouer sur les effets d’annonce. La perception de son message tiendrait exclusivement au ton employé et au contenu des projections. L’exercice a-t-il réussi ? Ce n’est pas certain. La FED, c’est sûr, apparaît dovish : elle prolongera ses achats de bons du Trésor au rythme présent et n’envisage aucun mouvement de hausse de ses taux directeurs, lesquels resteraient à leur niveau actuel au cours des trente prochains mois. Elle se montre, par ailleurs, plutôt confiante dans la capacité de rebond de la croissance, avec une prévision à -6,5 % cette année, suivie d’une récupération de 5 % en 2021 puis 3,5 % en 2022. L’ensemble aurait donc pu fonctionner, au détail près que derrière ces données, ce n’est pas un scénario en V qu’elle semble privilégier mais celui d’une racine carrée avec, en fin de parcours, un écart de 4 % entre sa prévision de décembre et l’actuelle. Cela ne semble pas avoir échappé aux marchés…
Les estimations de la FED d’Atlanta en léger mieux pour le PIB du T2… à -40 % !
La croissance américaine pourrait avoir dépassé son point bas selon les chiffrages de la FED d’Atlanta. Après être tombée à un plus bas de -42,8 % le 15 mai, l’estimation de la croissance du PIB du deuxième trimestre s’est en effet stabilisée ces deux dernières semaines avant de remonter à -40,4 % dans la foulée des commandes de biens durables publiées jeudi. Malgré une nouvelle chute de 17 % du total des ordres en avril, peu ou prou équivalente à celle de mars, ce dernier rapport cachait une « bonne surprise » : une baisse de seulement 1,8 % des commandes de biens d’équipement qu’utilise le modèle d’Atlanta pour son estimation des dépenses d’investissement des entreprises.
On, l’aura compris, le retournement ne tient pas à grand-chose à ce stade mais a probablement de grandes chances d’être confirmé au fur et à mesure du retour progressif à la normale des conditions de vie. Reste à ne pas oublier l’essentiel : au-delà de passer le point bas c’est bien une contraction de 40 % du PIB encore à venir, que la Fed d’Atlanta nous prédit !
-4,8 % pour le PIB américain c’est commun ; -7,5 % pour les seuls services c’est inédit
À première vue, une chute de 4,8 % r.a. du produit intérieur brut n’est pas outre mesure effrayante. Après tout, c’est nettement moins que celle de 8,4 % enregistrée à l’occasion de la crise financière, au quatrième trimestre 2008, et assez conforme à ce qu’a connu l’économie américaine à l’occasion des récessions passées. Dans le détail, les choses paraissent pourtant un peu plus ardues. Selon les premières estimations, les dépenses des ménages américains (70 % du PIB) se seraient contractées de 7,5 % en moyenne au premier trimestre, un record de baisse depuis la récession de 1980, pour deux semaines maximum de confinement non généralisé…
Les données américaines de mars préfigurent un mois d’avril calamiteux
Les données américaines du mois de mars commencent à nous parvenir et sont, sans surprise, mauvaises, malgré des mesures de distanciation moins sévères, adoptées de manière plus graduelle et plus tardivement que dans bien d’autres pays. C’est essentiellement la dernière semaine du mois, en effet, que se sont durcies les règles de confinement aux États-Unis et c’est à la lueur de ce calendrier que doivent être observées les données aujourd’hui publiées, avec pour conséquence un résultat alarmant pour avril, comme nous le suggère déjà l’effondrement de l’indicateur du climat des affaires de New-York, l’Empire manufacturing, en chute de plus de 50 points supplémentaires après sa baisse de plus de 33 points en mars, à -78,2.
L’économie américaine engloutie
Le tableau que renvoie l’économie américaine est chaque jour un peu plus apocalyptique. Alors que l’épidémie de coronavirus poursuit sa course folle, les indicateurs économiques tombent tour à tour comme des pierres, FED et Administration adoptent quasi-quotidiennement de nouvelles mesures de sauvetage dont nul ne sait plus dire à quoi elles mèneront, si elles peuvent être d’une quelconque efficacité ou risquent de se révéler contre-productives tandis que, sur les marchés financiers, se succèdent les ondes de choc : bourse, pétrole, banques, obligations d’entreprises, bons du trésor, marché hypothécaire… Emporté par la maladie, le château de cartes de la première économie mondiale n’a pas eu le temps de vaciller qu’il semble déjà sur le point d’être englouti.
Un quatrième trimestre bien peu inspirant aux États-Unis
Sans surprise, la croissance américaine est ressortie à 2,1 % en rythme annualisé au dernier trimestre de l’année dernière, un chiffre conforme aux attentes et quasiment identique à ceux des deux précédents. Sur le détail peu à dire : consommation de biens ramollie, dépenses de services un peu plus solides, frémissement de l’investissement immobilier mais nouvelle contraction de l’investissement productif, l’ensemble compensé par une chute des importations de 8,7 % r.a. qui permet aux exportations nettes de compenser l’impact négatif de la baisse des stocks… Bref, il ne se passe pas grand-chose de palpitant dans la première économie mondiale où, un peu comme dans un jeu de chasse-taupe, les soutiens à la croissance vont et viennent au fil des trimestres parvenant à maintenir un équilibre fragile autour d’une moyenne de 2 % sans qu’aucune tendance ne se profile véritablement.