La FED, le Saint Pivot et le dieu Tirésias

Pivotera, pivotera pas… L’idée d’un « pivot » de la FED, a commencé à germer cet été et a progressivement pris de plus en plus d’importance sur les marchés, rythmant les phases successives de regain d’appétit pour le risque et de stress plus ou moins profond des marchés de taux, de changes, d’actions et des matières premières. L’idée aurait pu être ensevelie sous la déferlante de nouvelles toutes aussi contrariantes les unes que les autres mais elle a résisté et, aujourd’hui, tellement entretenue par les avertissements sur les risques à poursuivre la cadence des hausses de taux de cet été qu’il en devient difficile d’imaginer que la FED ne s’y plie… du moins que les marchés aient une autre lecture de ses décisions de ce mercredi. Si la FED relève ses taux de ¾ de points, ils y verront sans doute l’évidence que ce sera le dernier mouvement de cette ampleur. Si elle ne procède qu’à ½ point de hausse, ce sera le pivot avant l’heure… Ainsi, sauf, un changement radical de ses perspectives pour 2023 que contiendraient les ‘dots’, les chances que les marchés continuent à voir midi à leur porte semblent assez importantes. La FED les prendra-t-elle à revers ? Réponse demain mais à trop se focaliser sur la perspective d’un pivot immédiat, on risque d’oublier l’essentiel : l’inflation et ce que pourrait provoquer un ralentissement effectif des hausses de taux sur les marchés financiers. Or, il semble de plus en plus évident qu’il y ait là une bonne partie de l’équation inflationniste en présence.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Les Fed Funds à 7 % ?

Un brin en avance sur le consensus à la mi-septembre, notre prévision d’un point haut conjoncturel des Fed Fund a 4.5 % d’ici décembre est aujourd’hui dépassée. La Fed, c’est presque sûr, devrait aller plus loin. Jusque 5 % ? Une erreur d’un demi-point ne nécessiterait pas que l’on s’y attarde davantage, compte-tenu du degré d’incertitudes en présence. Non, le risque est autrement plus important. À supposer, par exemple, que la Fed conserve sa posture actuelle au cours des cinq prochains FOMC : novembre et décembre, ce qui est déjà presque acté, puis janvier, mars et début mai, les taux augmenteraient de 375 pb et seraient de facto portés à 7 %. Certes, on pourrait imaginer qu’elle ralentisse la cadence en début d’année prochaine, pour autant ni la conjoncture récente ni nos estimations d’inflation sous-jacente ne le suggèrent, tandis, qu’à l’inverse, sauf cassures financières ou économiques majeures, la probabilité qu’elle prolonge le supplice un peu plus longtemps est loin d’être négligeable. Comment se fait-il, dès lors, qu’aussi peu d’économistes envisagent une telle issue malgré la détermination affichée par la Fed ?Il y a potentiellement plusieurs raisons à cette apparente inertie, que certains observent, peut-être, comme une preuve d’incompétence, et de vraies questions sur le fait d’envisager un resserrement monétaire nettement plus conséquent dans un délai aussi court. Même face à l’évidence, l’exercice prévisionnel n’est pas aussi simple…

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

L’emploi américain, la fonction de réaction de la FED et les récessions

Rares sont les économistes et acteurs financiers qui ratent le rendez-vous de la publication du rapport sur l’emploi américain du premier vendredi du mois, tant sa résonance est importante sur les marchés. À travers ces chiffres se décryptent les tendances de revenus et de consommation de la première économie mondiale et, par là-même, de ses perspectives ainsi, pour une bonne part, de celles de nombre de ses fournisseurs dont elle est tant dépendante. Des créations de postes vigoureuses sont perçues comme un signe de bonne santé difficilement contestable : si les entreprises embauchent c’est, effectivement, qu’elles ont des besoins pour produire, a priori, davantage… La réalité est plus complexe, inhérente notamment à des possibles phénomènes de substitution capital-travail ou à ceux de rattrapages après des blocages plus ou moins durables, comme récemment. Powell a souvent fait référence à la vigueur des créations d’emplois pour défendre l’idée que l’économie américaine était robuste et avait la capacité de faire face au resserrement monétaire qu’il opérait, faisant fi du processus de rattrapage post-covid en cours, et la plupart des spécialistes savent que la FED n’arrêtera pas le relèvement de ses taux d’intérêt tant que les créations d’emplois resteront suffisantes pour maintenir le taux de chômage à son bas niveau présent. Car c’est, in fine, plus que l’inflation immédiate, ce dernier indicateur que vise la FED, dont le niveau actuel est perçu comme un facteur d’inflation salariale contre lequel elle doit se prémunir. Problème, quand le taux de chômage commence effectivement à se redresser, c’est en général que l’économie est déjà en récession et que les chances d’opérer un ajustement en douceur ont déjà disparu. Ainsi, plus la FED va vite en besogne, plus la probabilité que le taux de chômage remonte se rapproche. Elle pourra alors, lever le pied, dans des proportions plus ou moins importantes selon l’ampleur des dégâts occasionnés par le resserrement monétaire. À quelle distance sommes-nous de ce moment ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Pas de récession franche aux Etats-Unis mais, bien, 5 trimestres de stagnation…

Le PIB réel américain a reculé de 0,9 % en rythme annualisé au deuxième trimestre, (soit environ 0,2 % en pourcentage simple), après une baisse de 1,6 % au premier trimestre. Voilà qui tombe mal pour le président de la FED, qui avait assuré hier qu’il n’y aurait pas de récession en 2022, quoiqu’il puisse encore s’appuyer comme il l’a laissé entendre, sur un acquis de croissance solide, de 1,4 % à la fin du second trimestre, ainsi que sur le fait que cette baisse est majoritairement due aux variations de stocks. Ces derniers ont poursuivi leur normalisation et expliquent, en effet, deux points du repli annualisé du PIB, ce qui laisse une contribution positive pour la somme des autres postes, grâce au rebond post-covid de la consommation de services et à celui des exportations, notamment énergétiques. S’il est donc possible de nuancer le recul du PIB au deuxième trimestre, le constat n’en reste pas moins celui d’une stagnation hors stocks de l’économie américaine depuis cinq trimestres maintenant et de tendances à venir beaucoup plus compliquées au vu des premiers résultats déjà disponibles.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

J. Powell sans état d’âme, persiste et signe

 

Deuxième hausse de ¾ de points de Fed Funds en six semaines, à 2,25 %-2,50 % aujourd’hui. La FED est en mode cavalerie contre l’inflation et n’envisage pas de s’arrêter en si bon chemin. Si le niveau des taux atteint à présent son objectif de neutralité de long terme, J. Powell nous dit sans mollir que ce ne sera pas suffisant : les membres du FOMC jugent nécessaire de passer en mode restrictif avec pour objectif de ralentir la croissance de la demande face aux contraintes persistantes sur le front de l’offre. Il réitère ainsi la possibilité que Fed Funds atteignent 3,5 % d’ici décembre. Le discours, un brin dans le déni sur les risques de récession, ne surprend pas tant que la réaction des marchés.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Après les PMI, la croissance et la FED sur le grill

Les indices d’une récession globale se multiplient, avec, après le PMI allemand de ce matin, l’américain de cet après-midi recule encore plus lourdement avec une chute de 5 points dans les services qui entraine le composite dans son sillage, à respectivement 47 et 47,5 points, des niveaux jusqu’à présent synonymes de récession, malgré la bonne tenue relative de l’indicateur manufacturier.

Les pertes de pouvoir d’achat finissent aux Etats-Unis, comme partout, à impacter la demande de services. Les probabilités de récession, déjà largement soulignées par les estimations de la FED d’Atlanta, les tendances immobilières et la chute de la confiance des ménages, s’en voient d’autant accrues, emportant dans leur sillage les espoirs de reprise post Covid au cœur des perspectives 2022. La FED s’en trouve sur le grill et ne pourra pas longtemps dévier son regard de la réalité. RDV fin août pour cela, après un vraisemblable dernier tir la semaine prochaine.

 

 

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Jusqu’où la FED peut-elle pousser le bouchon face à l’empilement des risques ?

A un moment donné, les banques centrales seront rattrapées par l’accumulation des risques économiques et financiers que provoque le resserrement généralisé des conditions monétaires. Elles cesseront alors les hausses de leurs taux directeurs ou en réduiront la cadence, voire feront marche arrière si, par mégarde, elles venaient à sous-estimer les effets de leur action. A priori, après seulement deux hausses des Fed Funds, dont la première d’un quart de point seulement, ce moment devrait être assez éloigné. Les cycles de resserrement monétaire, même en période de désinflation chronique, ne se sont jamais limités à deux, trois ou cinq hausses des taux directeurs. Entre 2004 et 2006 il y en eut 17 d’un quart de point chacune, sur une période de 15 mois durant laquelle l’inflation ne dépassait pas 3,4 % en moyenne ; elle approche 10 % aujourd’hui ! Il y a pourtant peu de chances que la FED puisse s’offrir une telle expérience. À peine a-t-elle relevé ses taux directeurs de 75 points de base que les marchés sont disloqués et les risques de récession de jour en jour plus élevés, au point que nul ne sait dire si les deux hausses prévues d’ici la fin juillet pourront être digérées sans dégâts majeurs. Comment la FED s’apprête-t-elle à gérer cette situation ? C’est principalement la réponse à cette question qui est attendue du FOMC et de la conférence de presse de J. Powell mercredi soir.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Inflation américaine, fini de jouer !

Voilà qui tombe mal quelques jours après le discours rassurant de J. Powell au sujet du risque d’inflation. En octobre, l’indice des prix à la consommation, bien supérieur aux anticipations, a augmenté de 6,2 % au cours des douze derniers mois, à raison d’une hausse mensuelle (corrigée des variations saisonnières) de presque 1 %, la plus forte depuis la fin des années 2000. De fait, les explications qui prévalaient jusqu’ici, et permettaient à la Fed de garder une posture rassurante, sont de moins en moins recevables. La composante énergétique explique, certes, toujours une part importante de l’inflation mais les éléments considérés comme temporaires, tels les prix des véhicules d’occasion, persistent, tandis que de plus en plus de secteurs, jusqu’ici plutôt à l’écart, participent maintenant du mouvement général de hausse des prix. Ces éléments cumulés poussent l’inflation vers des niveaux qui appelleront vraisemblablement une réponse plus agressive que celle envisagée jusqu’ici par J. Powell avec pour conséquence d’aplatir un peu plus les courbes de taux d’intérêt et de donner un peu plus de soutien aux cours de l’or.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre