Jusqu’où ira l’hypocrisie de la lutte présumée contre l’inflation des banques centrales ?

Les banques centrales occidentales ont beau avoir procédé aux relèvements de taux d’intérêt les plus importants depuis quatre décennies au cours de l’année écoulée, le resserrement opéré n’a toujours pas permis d’assurer une quelconque maîtrise de l’inflation. Conséquence de cet échec et conformément à l’approche monétaire dominante selon laquelle la maitrise de l’inflation passe par un ajustement à la baisse de la demande, marchés et économistes envisagent un nouveau round de hausses des taux directeurs dont tous redoutent les conséquences économiques délétères. Les banques centrales auraient donc la responsabilité de propulser les économies occidentales en récession en pleine guerre économique et militaire dans le seul but de respecter leur mandat. La perspective, reconnaissons-le, est de moins en moins plausible.

Si les banques centrales avaient véritablement voulu court-circuiter les rouages inflationnistes c’est, en priorité, sur leur bilan qu’elles auraient agi. Par là-même, elles auraient provoqué une remontée beaucoup plus importante des taux de moyen et long terme auxquels se financent les agents économiques, y compris les Etats dont les largesses de ces derniers trimestres ont largement relayé la transmission des chocs de prix. Si elles ne l’ont pas fait, en dépit des évidences, c’est manifestement pour plusieurs raisons parmi lesquelles, non des moindres, les enjeux stratégiques en présence. Alors, bon ou mauvais rapport sur l’emploi américain, la question est probablement plus marginale que généralement considéré, en comparaison de celle de la capacité des banques centrales à jouer à l’encontre de la stratégie des Etats qu’elles représentent.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

La FED, le Saint Pivot et le dieu Tirésias

Pivotera, pivotera pas… L’idée d’un « pivot » de la FED, a commencé à germer cet été et a progressivement pris de plus en plus d’importance sur les marchés, rythmant les phases successives de regain d’appétit pour le risque et de stress plus ou moins profond des marchés de taux, de changes, d’actions et des matières premières. L’idée aurait pu être ensevelie sous la déferlante de nouvelles toutes aussi contrariantes les unes que les autres mais elle a résisté et, aujourd’hui, tellement entretenue par les avertissements sur les risques à poursuivre la cadence des hausses de taux de cet été qu’il en devient difficile d’imaginer que la FED ne s’y plie… du moins que les marchés aient une autre lecture de ses décisions de ce mercredi. Si la FED relève ses taux de ¾ de points, ils y verront sans doute l’évidence que ce sera le dernier mouvement de cette ampleur. Si elle ne procède qu’à ½ point de hausse, ce sera le pivot avant l’heure… Ainsi, sauf, un changement radical de ses perspectives pour 2023 que contiendraient les ‘dots’, les chances que les marchés continuent à voir midi à leur porte semblent assez importantes. La FED les prendra-t-elle à revers ? Réponse demain mais à trop se focaliser sur la perspective d’un pivot immédiat, on risque d’oublier l’essentiel : l’inflation et ce que pourrait provoquer un ralentissement effectif des hausses de taux sur les marchés financiers. Or, il semble de plus en plus évident qu’il y ait là une bonne partie de l’équation inflationniste en présence.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Les minutes dépassées, déjà ‘dovish’, du FOMC d’avant la guerre commerciale…

Impatients de connaître les détails du dernier FOMC des 30 avril et 1er mai derniers, les marchés semblent avoir oublié à quel point le durcissement du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine modifie la donne. Qu’à cela ne tienne, si Jérôme Powell avait surpris lors de sa conférence de presse, apparaissant un brin moins préoccupé par l’environnement économique et relativement confiant dans l’idée d’une baisse seulement passagère de l’inflation, les minutes rectifient le tir. La patience est de mise pour un certain temps et la hausse des taux n’est pas en vue. Quant au rééquilibrage des actifs à son bilan, la FED l’aborde sur la pointe des pieds, avec tellement de précaution qu’au regard de la situation actuelle, l’ensemble semble plus ‘dovish’ encore… Difficile de trouver là de quoi alimenter les hausses tant attendues des taux futurs ou du dollar…

Lire la suite…

Les chausse-trappes des minutes d’un FOMC au contenu bien éloigné de la version livrée le 15 mars

Alors que le communiqué post-FOMC du 15 mars avait surpris par la prudence de la FED à l’égard des perspectives économiques américaines et la conservation d’un scénario très timoré de seulement trois hausses de taux cette année, les minutes de ce même FOMC publiées aujourd’hui livrent une version assez distante de ce qui était ressorti de cette première version. Deux points saillants ressortent de ce compte-rendu détaillé :

  1. Passés sous silence le 15 mars, les échanges relatifs à un possible changement dans la politique de réinvestissement des actifs du bilan de la FED dès la fin de cette année constituent sans conteste la surprise la plus importante. La FED avait jusqu’alors communiqué sur une réduction possible du bilan une fois les hausses de taux bien engagées et le consensus n’envisageait pas de changement avant la mi-2018.
  2. L’analyse de la conjoncture économique apparaît quant à elle sous un jour bien différent des descriptifs très réservés jusqu’alors émis, en particulier par la présidente de la FED Janet Yellen. Contrastant avec les derniers rapports, le ton de ces minutes est résolument confiant, les points de déception sur la conjoncture (consommation, production industrielle, stocks et croissance du premier trimestre), étant systématiquement présentés comme des transitoires.

Lire la suite…