Quelques minutes après la révision à la hausse d’un PMI manufacturier déjà en zone d’expansion, à 51,3 contre 50 points en avril, l’ISM manufacturier a été publié en repli de 5 dixièmes, à 48,7. Quand bien même l’écart entre ces deux indicateurs est faible, les directions suggèrent deux tendances contraires de la conjoncture manufacturière américaine : le PMI serait conforme à une réaccélération de la croissance, tandis que l’ISM pointe vers une détérioration accentuée.
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Ouf, le repli des PMI américains contrecarre les « bonnes nouvelles » d’ailleurs !
Les données d’enquêtes auprès des directeurs d’achat du mois d’avril publiées ce matin ont été globalement dans le même sens pour le monde développé : l’indicateur composite japonais a regagné presque un point, à 52,6, le britannique a fait mieux, à 54 (+1,2 point) et l’Allemagne est revenue en zone d’expansion pour la première fois depuis juin 2023, avec une hausse de 2,8 points à 50,5. La France n’y est pas encore mais s’en approche, à 49,9, avec une progression de plus de 5 points en trois mois. Malgré des détails moins encourageants sur le front industriel, ces enquêtes ont été saluées par les bourses qui y voient des signes positifs pour la croissance. Cela n’a pas été le cas des obligations d’Etat, sur le qui vive après l’envolée des taux de la semaine dernière, d’autant que les retours de ces enquêtes en matière d’inflation n’étaient pas forcément de meilleur augure. Fort heureusement, les publications américaines sont venues calmer le jeu, avec un PMI composite en repli de plus d’un point à 50,9. Après les données immobilières de la semaine dernière et malgré la hausse des ventes de maisons neuves en mars, ces enquêtes confortent le diagnostic d’un ralentissement conjoncturel assurément bienvenu face aux tensions en présence sur les taux d’intérêt. Les taux à 2 ans américains sont en l’occurrence retombés à 4,94 % et les 10 ans à 4,59 %, au bénéfice d’un regain de viguer de l’euro-dollar. De quoi, redonner espoir sur l’éventualité d’ une possible baisse des taux de la BCE en juin…
Face aux messages divergents des ISM et PMI, on attendra le Beige Book
Les principales statistiques de la semaine publiées cet après-midi ne permettent guère d’y voir beaucoup plus clair. PMI et ISM des services américains divergent notablement, en effet, et quand bien même le second a nettement plus d’échos sur les marchés, mieux vaut attendre la validation par le Beige Book de ce soir avant de tirer des conclusions hâtives, potentiellement ravageuses. Les détails de l’ISM non-manufacturier ne plaident guère, en effet, en faveur d’un statu quo, très largement anticipé, du FOMC à la fin du mois : les taux à deux ans ont, illico, profité pour repasser la barre des 5 % et les 10 ans pour se rapprocher de leur plus haut de la mi-août, à 4,30 % et, en dépit, des commandes allemandes déplorables de ce matin, le mouvement est allègrement suivi en Europe. Mieux vaudrait que le Beige Book invalide ces conclusions au vu de l’importante mise des marchés sur une stabilisation des Fed Funds.
L’industrie mondiale trébuche à nouveau malgré du mieux général dans les services
Nouvelle hausse des PMI composites en février, dorénavant en zone d’expansion dans la plupart des pays industrialisés. Vu sous cet angle, la livraison des PMI est plutôt de bon augure, confirmant l’amélioration du contexte conjoncturel international au fur et à mesure de la dissipation des craintes extrêmes et du repli des pressions inflationnistes. Reste que les PMI manufacturiers s’enfoncent ou stagnent pour la plupart en territoire récessif, à 47,4 au Japon et 46,5 en Allemagne, 47,9 en France et 47,8 aux Etats-Unis, malgré une légère amélioration dans ce dernier cas. La demande industrielle est donc loin de se normaliser et les effets de la reprise chinoise sur l’activité mondiale se font clairement attendre. Difficile dans de telles conditions de voir dans ces indicateurs des signes particulièrement encourageants, quand bien même l’embellie dans les services portera la croissance immédiate et autorisera davantage de hausses des taux d’intérêt.
Les climats des affaires en zone euro ne rebaissent pas, c’est la seule satisfaction
Toujours pas de dégradation des enquêtes conjoncturelles suffisante pour mettre en exergue une récession sur le vieux continent. Au contraire, soit les indicateurs stagnent, comme en France, soit ils s’améliorent encore légèrement, comme en Allemagne, où le PMI composite retrouve en janvier son point le plus haut depuis juin 2022. Pour la zone euro, ce même indice revient même en zone d’expansion, à 50,2, pour la première fois depuis la fin du premier semestre 2022.
C’est là le seul aspect quelque peu rassurant de ces enquêtes, au moment d’aborder une année pleine d’inconnues. En effet, la situation internationale reste tendue et l’apaisement n’est que partiel sur le front des prix. La politique monétaire, de son côté, refroidit, effectivement, l’activité. Notre scénario d’une croissance languissante, progressivement de plus en plus faible au second semestre n’est pas contredit par les données du jour, au contraire.
Après les PMI, la remontée de l’IFO redonne des marges de manœuvre à la BCE
L’indice IFO de décembre se situe dans la lignée des PMI, avec une deuxième hausse en deux mois, de 2 points à 88,6 pour l’indicateur synthétique. Mieux encore, cette progression, principalement permise par les perspectives, est également portée par une remontée de sa composante sur les conditions courantes, pour la première fois depuis mai, de 93,2 à 94,4. Le même schéma se retrouve dans les services, le commerce et l’industrie manufacturière mais pas dans la construction. L’opinion sur la situation actuelle, bien qu’inférieure à sa moyenne de long terme, reste au total très supérieure aux creux constatés lors des derniers épisodes de récession ; une bonne nouvelle, donc, pour l’économie allemande qui jure avec le sentiment en présence malgré le coût particulièrement élevé pour les finances publiques du pays.
Les marchés plébiscitent la récession à la normalisation monétaire
C’est bien le message de ces derniers jours qui justifie notamment les réactions positives à la mauvaise moisson des PMI du mois d’octobre et à l’annonce de l’arrivée de Rishi Sunak au 10, Downing Street à Londres, aujourd’hui, pressé d’effectuer un tournant en faveur de la rigueur budgétaire. L’enthousiasme ne durera sans doute qu’un temps, celui nécessaire pour avoir une idée plus précise de la récession qui menace et de ses effets sur les résultats des entreprises. Peut-être ne passera-t-il même pas la semaine avec une BCE attendue des plus « hawkish » mais la réaction des marchés pointe clairement le dilemme de la situation en présence qui ne souffrira pas longtemps les contradictions d’un policy-mix dans lequel s’entrechoquent les objectifs budgétaires et monétaires .
PMI : l’Europe et le Japon vacillent, les Etats-Unis décrochent encore
Après une croissance sauvée des eaux en Europe et au Japon au deuxième trimestre, les PMI d’août constituent une bien mauvaise récolte. Celle-ci est symbolisée par une nouvelle baisse significative des indicateurs synthétiques dans la plupart des économies, en territoire de contraction, à l’exception du Royaume-Uni. Le composite français perd encore 2 points et s’établit à 49,8, l’allemand s’affaisse à 47,6, le Japon tombe à 48… Aux Etats-Unis, les données sont plus dégradées encore : alors que le premier semestre était déjà caractérisé par une baisse des PIB, le PMI synthétique continue de s’enfoncer, à 45 après 47,7. Des chiffres à ce point mauvais que l’euro retrouve la parité contre le dollar.