And the Winner is… L’euro-dollar !

A la veille des comités de politique monétaire de cette semaine, le schéma semblait simple : l’écart de posture entre la FED et la BCE donnerait un coup d’accélérateur à l’appréciation du dollar au détriment, en tout premier lieu, de l’euro. Au lendemain de ces réunions qu’en est-il ? La FED a, effectivement, durci le ton à l’égard de l’inflation ; ses membres envisagent trois hausses d’un quart de point des Fed Funds en 2022, la première possiblement dès mars prochain. La BCE, à l’inverse, campe sur ses positions. Elle rallonge son programme d’achats d’actifs (APP) pour atténuer l’impact de l’arrivée à terme du plan d’urgence pandémie (PEPP) et prolonge la période de réinvestissement de ce dernier jusqu’à la fin 2024, au moins. Si elle entrouvre, pour la première fois depuis longtemps, la porte à une hypothétique hausse de ses taux directeurs à partir d’octobre 2022, les apports programmés de liquidités en réduisent la probabilité par rapport aux anticipations des marchés de ces dernières semaines. Au total, si la FED court derrière l’inflation et se révèle un cran plus agressive qu’escompté, la BCE prend son temps et se montre un brin plus accommodante qu’attendu. Tout est donc bien en place, a priori, pour que le dollar profite de la situation, à ceci près que l’inverse se produit depuis mercredi soir et, plus encore, depuis la conférence de presse de Mme Lagarde. Comment l’expliquer et qu’en déduire pour la suite ?

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D’une réouverture à l’autre, un sacré distinguo. Les perspectives américaines en question

L’exercice prévisionnel pour 2021 a été relativement aisé jusqu’à présent. Les vaccinations garantissaient une réouverture avant la fin du premier semestre, dont la plupart des économistes, riches de l’expérience de 2020, pensaient pouvoir anticiper les effets calqués sur ceux de l’été dernier. Rattrapage rapide de la demande et boom des services sur lesquels les consommateurs frustrés se rueraient, constituaient le lot commun de la plupart des prévisions. Si les perspectives un peu plus lointaines étaient plus incertaines, l’idée dominante était néanmoins que l’ampleur des pertes occasionnées par la crise sanitaire et l’impact des initiatives de relance déboucheraient « forcément » sur un nouveau cycle de croissance riche en investissements, productivité et emplois ; des perspectives presque idylliques que certains n’hésitaient pas à comparer aux années 20 du siècle passé. La première jambe du scénario se vérifie : les économies réouvrent, bien que sans certitude d’avoir verrouillé la porte à une nouvelle vague de Covid. Mais c’est à peu près tout. Autant le rattrapage de l’année dernière avait été marqué, autant celui de cette année se fait attendre et les résultats déçoivent, au point que le doute s’installe.

 

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Surpris par la chute de l’ISM manufacturier américain, vraiment ?

S’il est vrai que le chiffre est tombé bien en-dessous des attentes, c’est que ces dernières étaient une nouvelle fois bien conciliantes. On se demande bien par quel miracle, en effet, la statistique aurait pu éviter une nouvelle correction dans le contexte en présence, simultanément marqué par :

  • une récession industrielle mondiale ;
  • une hausse du dollar ;
  • une faiblesse persistante de la croissance de la demande américaine, que ce soit en provenance des entreprises (investissement) ou des ménages ;
  • un degré d’incertitude que les tweets de D. Trump et l’escalade dans la guerre commerciale poussent à son paroxysme….

Non, la politique de D. Trump n’est pas en mesure de protéger l’industrie américaine des dégâts qu’elle occasionne dans le reste du monde ni ses consommateurs, qui ne seront pas mieux armés pour faire face à la remontée des tarifs, avec ou sans repli des taux d’intérêt.

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L’Asie sombre, cela devrait caper la hausse des taux américains

La détérioration des indicateurs économiques en provenance d’Asie s’est singulièrement accélérée ces derniers mois. Ce constat est inquiétant à plus d’un titre. Tout d’abord pour la situation asiatique elle-même. Au vu des derniers indicateurs, plusieurs pays pourraient, en effet, faire face à un risque de récession. Ensuite, pour ce qu’elle nous susurre des tendances de la conjoncture internationale : par leur importance dans le commerce, les économies d’Asie du sud offrent traditionnellement des indications très fiables de l’évolution de la demande mondiale ; la chute des PMI composites singapourien et hong-kongais en septembre, deux des premières plateformes du commerce intra régional asiatique est, à ce titre, préoccupante. Par ailleurs, le fait que cette dégradation intervienne précisément au moment où l’économie américaine, de son côté, donne de plus en plus de signes d’emballement, pose bien des questions. Rares ont été par le passé les occasions de constater de tels écarts de tendance entre les deux blocs.

En l’absence de resynchronisation rapide, il fait peu de doutes que les économies asiatiques seront d’autant plus exposées à la remontée des taux d’intérêt américains. Cette situation pourrait, par ricochet, soit considérablement réduire le potentiel de hausse de ses derniers, soit considérablement fragiliser l’environnement financier international… Ce qui in fine aboutirait au même effet, à savoir caper la hausse des taux d’intérêt.

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Anecdotes et perspectives américaines, la partie n’est pas gagnée

Rares ont été les périodes passées au cours desquelles la lecture des tendances de l’économie américaine a donné lieu a autant de divergences et d’incertitudes qu’aujourd’hui. Il faut dire qu’entre les stigmates d’une économie en fin de cycle, les conséquences des ouragans sur l’activité de ces derniers mois, les effets présumés à venir de la réforme fiscale, ceux encore incertains de la chute du dollar et les gesticulations sans fin de l’administration… il y a de quoi perdre son latin. Mieux vaut dans de telles circonstances faire preuve de modestie et prendre un peu de recul, sans toutefois négliger ce qui, en apparence du ressort de l’anecdote, pourrait nous mettre sur la piste de tendances plus fondamentales.

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Pauvre Janet !

Décidément pas chanceuse la Présidente de la Fed, en permanence prise à revers. Avec 38 000 créations d’emplois en mai, ce n’est pas seulement la possibilité de relever le niveau de ses taux directeurs en juin qui disparaît mais probablement toute opportunité de hausse des Fed Funds d’ici la fin de l’année. Lire la suite…