Lors de sa conférence de presse, le président de la FED est, dans l’ensemble, apparu bien moins convaincu sur les perspectives qu’au mois de décembre. Son diagnostic est, notamment, plus incertain qu’en fin d’année dernière sur les conséquences potentiellement durables de l’épidémie sur la croissance et l’inflation. Sur ce dernier point, la FED continue à privilégier un scénario de détente, une fois les dérèglements liés à la situation sanitaire résorbés, mais ne sait pas dire combien de temps cela prendra, assurant néanmoins qu’elle fera ce qu’il faut pour empêcher que l’inflation ne s’installe et pour la ramener vers son objectif de 2 %. C’est cette partie qu’ont retenue les marchés et qui donne un caractère indiscutablement « hawkish » à son intervention. J. Powell n’avait, dès lors, pas besoin d’être très précis sur les actions envisagées pour déclencher les réactions en chaîne.
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Les PMI, fonction de réaction des banques centrales ?
Markit ne semble pas loin de le penser vu certains de ses commentaires. Il est vrai que Mme Lagarde a souvent mentionné les PMI lors de ses interventions. Curieuse fascination à l’égard de ces indicateurs, qui, s’il sont devenus fétiches pour les marchés, n’ont jamais été aussi peu utiles pour ce qui est d’aider à anticiper la conjoncture. Considérablement biaisés par les effets de base qui font que toute comparaison avec l’année dernière est, en effet, très favorable, les PMI ont été particulièrement robustes cette année et le restent. Étonnant ? Pas vraiment si l’on sait que ces enquêtes sont menées auprès de directeurs d’achats dont la référence n’est pas le mois précédent mais le même mois des années passées ; on se rappelle quelles étaient encore les conditions en novembre 2020, ne serait-ce qu’en termes de mobilité. Les PMI vivent donc leur vie et l’économie vit la sienne comme illustré ci-dessous dans le cas américain, non éloigné de l’européen. Alors peu importent les PMI ? Pas si sûr si les banques centrales tombent dans le panneau, ce qui pourrait effectivement changer la donne, compte-tenu des retours de ces mêmes enquêtes au sujet de l’inflation.
Inflation américaine, fini de jouer !
Voilà qui tombe mal quelques jours après le discours rassurant de J. Powell au sujet du risque d’inflation. En octobre, l’indice des prix à la consommation, bien supérieur aux anticipations, a augmenté de 6,2 % au cours des douze derniers mois, à raison d’une hausse mensuelle (corrigée des variations saisonnières) de presque 1 %, la plus forte depuis la fin des années 2000. De fait, les explications qui prévalaient jusqu’ici, et permettaient à la Fed de garder une posture rassurante, sont de moins en moins recevables. La composante énergétique explique, certes, toujours une part importante de l’inflation mais les éléments considérés comme temporaires, tels les prix des véhicules d’occasion, persistent, tandis que de plus en plus de secteurs, jusqu’ici plutôt à l’écart, participent maintenant du mouvement général de hausse des prix. Ces éléments cumulés poussent l’inflation vers des niveaux qui appelleront vraisemblablement une réponse plus agressive que celle envisagée jusqu’ici par J. Powell avec pour conséquence d’aplatir un peu plus les courbes de taux d’intérêt et de donner un peu plus de soutien aux cours de l’or.
La Banque d’Angleterre peut attendre décembre pour franchir le Rubicon
En septembre, les prix à la consommation au Royaume-Uni ont augmenté de 3,1 % sur un an, un dixième de point de moins qu’en août. Cette décélération, principalement due aux effets de base dans la restauration dans la foulée des baisses de taxes d’août 2020, est peu significative mais, apparemment, suffisante, à en juger par le repli des taux d’intérêt à terme et de la livre Sterling, pour apaiser les craintes d’une remontée imminente des taux directeurs de la Banque d’Angleterre. Le répit a pourtant tout lieu d’être de courte durée. En effet, la hausse des tarifs de gaz et d’électricité est intervenue en octobre et jouera donc pleinement sur les données du même mois, au cours duquel la composante pétrolière sera également en nette hausse sur un an. L’inflation est donc amenée à rebondir vivement à très brève échéance, comme l’attend, du reste, la Banque centrale qui a d’ores et déjà prévenu qu’elle devrait « agir » face à ce risque. Vu sous cet angle, le léger recul de l’inflation de septembre ne devrait pas modifier grand-chose à ses intentions. Sauf que l’environnement étant ce qu’il est, remonter ses taux directeurs pourrait paraître, à bien des titres, inapproprié. Alors que ces données lui offrent la possibilité d’attendre un peu avant de se jeter à l’eau, on comprendrait qu’elle opte pour cette option : reculer pour mieux sauter le Rubicon.