Les tendances s’accélèrent sur les marchés financiers ces derniers jours. Après avoir quelque peu hésité en tout début d’année, les investisseurs ont fini par se rendre à ce qui leur paraît de plus en plus évident : la reflation serait au coin de la rue. Croissance généralisée, envolée des cours du pétrole, premiers effets positifs de la réforme de D. Trump avec les promesses de rapatriement des bénéfices étrangers des géants américains, investissements et emplois à la clé… Difficile de ne pas voir dans cette configuration de quoi mettre un terme à la période de déflation larvée de ces dernières années et à l’attente d’une normalisation de l’inflation qui a jalonné 2017 de ses premiers à ses derniers jours. Les seuls effets mécaniques de l’envolée des cours du pétrole pourraient bien changer la donne, en effet, à en juger par la sensibilité de l’inflation aux évolutions de ce dernier. À supposer que les prix du baril se stabilisent à 70 $ d’ici à l’été, l’inflation pourrait gagner plus d’un demi-point dans le monde industrialisé ; elle se redresserait ainsi bien au-delà de l’objectif de 2 % qu’elle n’a que très brièvement connu en février 2017. Dès lors, quelles pourraient être les raisons susceptibles d’empêcher une remontée sensible des taux d’intérêt ? De fait, la tentation est grande de voir 2018 sous un jour nouveau. Comment l’environnement de taux risque-t-il d’évoluer ?
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La croissance résiste en Chine, c’est officiel….
En 2017, la croissance chinoise est ressortie à 6.9 %, après 6,7 %, sa première hausse après six ans de décélération/stagnation. La bonne nouvelle pourrait perdre un peu de son lustre face à la multiplication récente des révélations de ‘Fake economic data‘, sur le trucage des chiffres de croissance régionaux. Toutefois, davantage que les niveaux absolus de croissance de l’économie chinoise, au sujet desquels chacun s’est fait sa religion, c’est le momentum que les marchés suivront. Or, celui-ci, est plutôt meilleur qu’attendu.
Les ménages américains redeviennent-ils fourmis?
Depuis le mois de novembre, la consommation des ménages américains déçoit : en progression de 3,3 % en rythme annualisé, elle ressort nettement en retrait de ce que laissait attendre le rebond de 7,7 % r.a. de leur pouvoir d’achat. C’est, en effet, à leur bas de laine qu’est allée la préférence des ménages, avec une remontée de plus d’un point de leur taux d’épargne au cours de la période. Un tel mouvement est peu coutumier des Américains, surtout en période de regain de leur confiance, et n’était guère attendu par les économistes. En d’autres termes, les gains de pouvoir d’achat escomptés de l’amélioration du marché de l’emploi et de la chute des prix du pétrole ont été généreusement alloués aux dépenses de consommation dans les prévisions pour 2015. Était-ce une erreur ?
Les arguments en faveur d’une hausse du taux d’épargne des Américains ne manquent pas : surendettement, appauvrissement, moindre accès au crédit, inquiétudes croissantes à l’égard de leurs retraites ou, tout simplement, correction d’une anomalie. Aucun de ceux-là n’est toutefois nouveau et faute d’en avoir vu les conséquences effectives sur le comportement des ménages, peut-être avons-nous sous-estimé l’éventualité que la manne pétrolière soit l’occasion de satisfaire ce besoin. Si tel était le cas, ce changement de paradigme fragiliserait assurément les perspectives de croissance. Nous revenons sur ce sujet-clé que nous avons peut-être mésestimé lors de l’élaboration de notre scénario 2015 début janvier.