Récession ou non ? Dans la balance des arguments, le non pèse encore, mais…

Les menaces de récession ne sont pas nouvelles aux États-Unis et les craintes associées souvent justifiées à l’égard d’une économie trop longtemps tenue à bout de bras par une surabondance de liquidités, des dépenses budgétaires inconsidérées et des effets richesse immobiliers et financiers menaçant de s’évaporer. Si les risques sont indéniables, exacerbés par des taux directeurs réels à leur plus haut niveau depuis dix-sept, l’éventualité d’une telle issue reste, pourtant, discutable.

Sauf lorsqu’ils sont provoqués par des chocs externes, typiquement le Covid ou des crises financières, les épisodes récessifs correspondent habituellement à une phase de correction d’excès conjoncturels : trop d’emplois, associés à des pertes de productivité et des baisses de profits, trop d’investissements que les entreprises peinent à rentabiliser, surstockage appelant à un ajustement de la production, surendettement des ménages ou des entreprises… aujourd’hui difficiles à illustrer.

C’est donc ailleurs qu’il faut chercher les sources de correction. Celles-ci se situent principalement sur trois fronts : l’immobilier aujourd’hui très mal en point, la politique budgétaire, en partie soumise au résultat de l’élection présidentielle, et les bourses. De tous ces éléments, le dernier est certainement le plus menaçant, susceptible tout à la fois de grandement fragiliser la situation financière des ménages et celle, plus encore, des entreprises. C’est ce risque que tentera, selon toute vraisemblance, de prévenir la Fed, sous couvert de protéger le marché de l’emploi, en dépit des données du mois d’août, qui bien que meilleures que prévu pour ce qui est du secteur privé, ne changent pas fondamentalement la donne pour la Fed.

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Profit warning en zone euro

L’enclenchement d’une dynamique salariale est largement perçue comme la clé du succès des politiques monétaires, le préalable nécessaire à une convergence de l’inflation vers l’objectif de 2 % censé ouvrir, à terme, la voie d’une normalisation des taux d’intérêt. Voilà quelques trimestres que la dynamique salariale a commencé à prendre forme en zone euro. Ce changement, régulièrement souligné par la BCE comme le garant de la solidité de ses hypothèses de croissance et d’inflation, a jusqu’alors été superbement ignoré par les anticipations des marchés. L’inflation 5 ans dans 5 ans n’est, ainsi, pas plus élevée aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2014 ou 2015, au creux des évolutions salariales, et les taux futurs sont plus bas encore. Comment expliquer ces anomalies apparentes ? Les marchés se trompent ils et risquent-ils, par conséquent, de corriger leurs anticipations à la hausse ? C’est pour une large part dans la capacité des entreprises à absorber les hausses de salaires que les conditions du marché du travail leur imposent que se trouve la réponse. À en juger par les évolutions du mixte salaire/productivité/prix, les marchés sont probablement dans le vrai.

 

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D. Trump, président de l’investissement, vraiment ?

C’est généralement comme cela qu’est appréciée l’action de D. Trump : président de l’investissement et, de facto, de la productivité qui devrait s’ensuivre. Cette perspective nourrit non seulement celles de la rentabilité future des entreprises américaines et les valorisations qui vont avec, mais également les anticipations de normalisation des taux d’intérêt qu’une économie plus robuste, parce que plus productive, est censée pouvoir mieux supporter. C’est de ces perspectives réunies que le dollar peut encore échapper à un vent de défiance trop violent que serait à même de provoquer une réforme fiscale par trop coûteuse si elle était jugée inapte à gagner ce pari de la productivité…

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Le pari de la productivité, des salaires et de la normalisation des taux de Jay Powell

Jérôme Powell, s’est montré autrement plus confiant devant le Congrès américain qu’il ne l’était apparu jusqu’à présent, s’agissant en particulier de l’impact de la réforme fiscale. Perçue comme très favorable à l’investissement, le nouveau président de la FED semble assuré de la capacité de cette réforme à stimuler les gains de productivité et à accroître les créations d’emplois et les salaires. Il envisage donc logiquement que la Fed puisse être amenée à relever le niveau des taux directeurs plus rapidement que prévu. Les chances que Jay Powell soit amené à moduler ses propos, paraissent encore relativement élevées, ceci d’autant plus que la sensibilité des marchés aux perspectives de taux est telle, qu’ils pourraient, sans conteste, l’y aider….

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Productivité, la partie n’est pas gagnée, au contraire des anticipations

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La faible croissance de la productivité qui caractérise les années récentes finira-t-elle par laisser place à un rebond structurel, à même de prolonger le cycle présent et d’alimenter la croissance des prochaines années ? C’est bel et bien ce que prédit le consensus, à grand renfort des scénarios de moyen-long termes développés par l’OCDE, le FMI ou autres organismes, tous prometteurs d’un essor considérable de la productivité de l’économie mondiale. Les arguments à l’origine de ces prévisions sont bien connus : abondance des profits des sociétés, révolution scientifique et technologique et gisements de croissance des pays émergents en constituent le fer de lance. L’ensemble permet d’entretenir des anticipations de croissance plus qu’honorables pour l’économie mondiale à horizon 2025 et au-delà et alimente les anticipations sur lesquelles se fondent, pour une large part, la valorisation actuelle des marchés d’actions.

Qu’en est-il au juste ?

Moniteur de l’investissement mondial : toujours décevant

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L’amélioration du climat économique mondial depuis la fin de l’année dernière n’offre pas les résultats escomptés sur le font de l’investissement. Si la reprise européenne redonne quelques signes d’espoir, la lecture transversale des tendances de l’investissement mondial reste décevante :

  • Aux États-Unis, où ni les résultats récents ni les indicateurs avancés ne sont à la hauteur des attentes,
  • Au Japon, où le regain de 2013 est très largement conditionné par la performance à l’exportation des entreprises, aujourd’hui plus aléatoire,
  • Dans le monde émergent, où de nombreux pays d’Asie sont confrontés à des excès de capacités, quand la plupart des autres grandes nations sont rattrapées par leurs défaillances structurelles,
  • L’Europe, seule région au monde où les indicateurs avancés sont véritablement encourageants, pourrait-t-elle relever ce défi ? Un tel scénario est bien évidemment illusoire.

L’absence prolongée d’amélioration des perspectives d’investissement constitue la contrainte la plus préoccupante des développements économiques à venir. Nous abordons ce sujet plus en détail dans « Inertie de l’investissement : les enjeux ».

L’Espagne, stratégie gagnante ?

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La révision à la hausse de la note souveraine de l’Espagne par l’agence Moody’s la semaine dernière est un signe supplémentaire du regain de confiance à l’égard de la péninsule ibérique, dont les progrès sont souvent cités en exemple en matière de gestion de crise. Essentiellement assise sur une baisse des coûts du travail, la stratégie du gouvernement Rajoy était destinée à améliorer la compétitivité du pays pour lui permettre de trouver la voie d’une sortie de crise par les exportations. Face à une économie exsangue, sous le coup d’un processus de désendettement dont les effets ne peuvent être que durablement pénalisants pour la demande domestique, cette stratégie est souvent apparue comme la seule susceptible de remettre l’économie sur le chemin d’une croissance équilibrée, malgré un coût social immédiat très lourd.

Qu’en est-il au juste, les résultats de l’économie espagnole de ces derniers mois sont-ils à la hauteur et effectivement capables d’assurer le retour d’une croissance pérenne à la péninsule ibérique ? 

Etats-Unis, ne nous emballons pas !

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Après un début d’année marqué par un regain d’incertitude, un vent d’optimisme souffle à nouveau sur les perspectives américaines. Celui-ci est assez légitime au regard de la bonne résistance de la croissance au durcissement de la politique budgétaire et fiscale, de la poursuite de la reprise immobilière et du caractère toujours très accommodant de la politique monétaire de la Fed. Mais ne nous emballons pas ! Les données économiques récentes ne sont pas plus encourageantes qu’elles ne l’étaient à la fin de l’année derniere. Le ralentissement des gains de productivité et ce qu’il augure en matière de croissance des profits, d’investissement et d’emploi pour les prochains trimestres pourrait, en particulier, se traduire par un nouveau coup de mou de la croissance au second semestre. Avec un policy-mix dorénavant moins accommodant, les conditions pour une impulsion digne d’une véritable reprise ne sont toujours pas en place. Ceci a plusieurs conséquences sur notre sentiment :

  • une certaine réserve quant aux perspectives de changement imminent de politique monétaire, associée à la crainte d’un retrait trop rapide du soutien de la Fed,
  • un faible degré d’inquiétude sur l’évolution du marché obligataire américain et le cours de l’euro mais une relative prudence quant aux développements des marchés d’actions, susceptibles d’être plus vulnérables à des déceptions sur la croissance,
  • une confiance très faible dans la capacité de l’économie américaine à retrouver son rôle de locomotive à l’échelle mondiale d’ici la fin de l’année.