Nombreux de ceux qui nous promettaient le ciel pour les actifs les plus à risque se révèlent les pires cassandres ces derniers jours. Est-ce la bérézina des valeurs technologiques et des cryptomonnaies ou une stratégie d’épouvantail à destination des politiques monétaires ? Toujours est-il que les enchères vont bon train. 50 % de baisse des indices actions nous promet-on, au mieux. L’estimation n’a, en réalité, rien d’extravagant. Elle correspond au retour des indices mondiaux dans leur tendance de long terme, pas en haut de cette borne, mais en bas. Elle est, de même, cohérente avec ce que suggèrerait une normalisation de la plupart des indicateurs de valorisation fondamentaux, Q de Tobin, ou autre Hussman ou Buffet, dans un environnement monétaire moins porteur…
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Marché de l’emploi américain en plein boom : le guet-apens
Avec 312 000 nouveaux emplois salariés créés en décembre, l’économie américaine a bougrement surpris. Les prévisions tablaient sur 175 000 nouveaux postes, soit un chiffre conforme aux résultats moyens de ces trois derniers mois ; la publication est quasiment deux fois plus forte ! Bonne nouvelle s’il en est pour les Américains, cette surprise pourrait ne pas avoir la même saveur pour les marchés financiers en pleine déconfiture depuis trois mois. Alors que les signes de ralentissement de l’activité n’ont cessé de se multiplier ces dernières semaines, ce rapport n’est pas de meilleur augure quant à l’évolution de la productivité et, par là-même, des marges des entreprises, surtout si, comme cela semble se confirmer, l’accélération des salaires se généralise. Ces résultats devraient, toutes choses égales par ailleurs, rendre les membres de la FED beaucoup plus réticents quant à l’éventualité d’une pause dans le resserrement de leur politique monétaire (notre scénario). Manque de chance, c’est précisément aujourd’hui que Jay Powell avait prévu d’infléchir le ton sur sa politique monétaire ! Alors, si, comme nous le susurre avec insistance D. Trump ces derniers jours, Chine et États-Unis s’apprêtent à signer un accord commercial en début de semaine prochaine, c’est un sérieux retour de bâton que pourrait signifier l’ensemble de ces développements pour les marchés de taux et les cours du pétrole. Les actions y résisteraient-elles ?
Le marché de l’emploi américain, comme on l’aime !
Le scénario de reflation tel qu’espéré par les marchés depuis la mi-décembre est hautement susceptible. Il lui faut suffisamment de croissance mais pas trop d’inflation afin d’échapper au risque d’un changement de cap monétaire précipité que le haut niveau de valorisation des actions et obligations mondiales rendrait probablement insupportable. Le rapport sur l’emploi du mois dernier était à ce titre plutôt négatif, avec un rythme de créations d’emplois relativement médiocre accompagné d’une accélération des salaires qui, bien que modeste, avait convaincu bon nombre d’observateurs d’un risque accru de remontée plus rapide des taux d’intérêt de la FED (voir à ce sujet Un peu plus d’emplois et de salaires, beaucoup plus de risque obligataire, du 2 février).
Celui d’aujourd’hui est autrement meilleur, potentiellement à même de suggérer l’amorce d’une nouvelle donne plus vertueuse du cycle américain.
Sale temps pour le scénario de reflation
Au scénario de reflation que les marchés continuent de plébisciter malgré l’avertissement de ce début de mois, les données du jour ont mis du plomb dans l’aile. Comme nous l’avions envisagé la semaine dernière (voir à ce sujet «Normalisation des PMI»), l’indice PMI du climat des affaires manufacturier chinois s’est fortement replié ce matin. Cette détérioration semble bel et bien résulter de l’inflexion du momentum manufacturier mondial que reflètent, tout à la fois, les données de production et de commerce depuis la fin de l’année dernière. À cela s’ajoutent, sans doute, les effets dépressifs de la forte appréciation de yuan jusqu’en début de mois.
Vague V de la Vème vague : prolongations et tir au but
Dernière d’un cycle de hausse des marchés, se décomposant elle-même en cinq temps, la Vème vague se caractérise, selon les « Elliottistes », par une imprévisibilité et une exubérance hors normes. Au cours de ces périodes, la reflation financière finit par l’emporter sur les résistances économiques structurelles à travers de puissants effets richesse, de sorte que les économistes, eux-mêmes, peinent pour la plupart à discerner la rationalité de son contraire ; les autres, considérés comme rabat-joie, devenant de moins en moins audibles. Marchés obligataires et banquiers centraux finissent, en général, par y perdre également leur latin ; c’est alors que sonne le plus souvent le début de la fin de la partie…