Avec près de 81 % de probabilité d’une nouvelle baisse des taux des Fed Funds le 30 octobre, les anticipations des marchés sont décidément bien ancrées. Brièvement impactées par l’annonce d’un nouveau repli du taux de chômage vendredi dernier, les chiffres d’inflation les ont déjà regonflées. Mais la Fed n’en veut pas et on peut la comprendre. Ses marges de manœuvre ne sont pas aussi confortables en effet qu’elle puisse en user autrement qu’avec une très grande parcimonie. Sauf échec des négociations avec la Chine suivi de secousses financières menaçantes, elle préférera privilégier le statu quo, comme l’a rappelé hier le président de la FED de Dallas, R. Kaplan.
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Un mauvais rapport sur l’emploi rassure les bourses ; vive la Fed ! Mais les T-notes doutent
Après les mauvaises nouvelles en provenance de l’économie américaine de ces derniers jours et le vif retour de volatilité qui s’en est suivi sur les bourses mondiales, d’aucuns auraient pu redouter qu’un mauvais rapport sur l’emploi crée plus d’inquiétude et attise les pressions baissières sur les marchés. Que nenni ! Le rapport est tellement mauvais qu’il rassure : la FED, c’est certain, viendra à la rescousse, semblent nous dirent les marchés d’actions. Contrairement à ce qu’avait indiqué J. Powell au sortir du dernier FOMC du 18 septembre, les anticipations d’une nouvelle baisse des taux des Fed Funds fin octobre se sont imposées ces derniers jours. Malgré le repli du taux de chômage de deux dixièmes à 3,5 % qui, en des temps plus anciens, aurait pu faire redouter une accentuation des tensions inflationnistes, la forte baisse du taux de croissance annuel des salaires à 2,9 % lui redonnerait la latitude que les tendances récentes de l’inflation lui avait confisquées…
La réaction des marchés obligataires n’est pas aussi enthousiaste, cependant. De fait, la chute du taux de chômage semble susciter plus de questions quant à la perspective d’une FED possiblement trop conciliante…
À voir les indicateurs récents, il sera difficile à J. Powell de stopper la baisse de ses taux
La communication de J. Powell et les prévisions de taux d’intérêt de la FED post-FOMC du 18 septembre suggéraient un arrêt de la baisse des taux des Fed Funds. Selon le président de la FED, le nécessaire aurait été fait pour satisfaire à l’ajustement de milieu de cycle requis par la situation en présence et le prochain mouvement était supposé être à la hausse, quand bien même à un terme assez éloigné. Les marchés, qui n’avaient pas pris pour argent comptant ce scénario dans un premier temps, ont progressivement revu leur copie en même temps que germait, à nouveau, l’espoir d’un possible accord commercial avec la Chine. La nouvelle baisse de l’indice ISM manufacturier du mois de septembre pourrait bien changer la donne.
25bp, pas plus. La FED rêve de pouvoir rejouer le scénario de 1995… ?
Pas facile pour la FED de satisfaire les anticipations des marchés face aux données économiques de ces derniers jours et à l’amélioration récente des conditions financières. Si elle ne pouvait guère reculer cette fois-ci, abaissant comme largement anticipé son objectif des Fed Funds d’un quart de point dans la fourchette de 1,75 % à 2 %, elle n’avait guère les moyens d’annoncer davantage. Le message envoyé par les prévisions des membres du board est en l’occurrence très clair : plus de nouvelle baisse anticipée des Fed Funds d’ici la fin 2020… avant d’entamer un nouveau cycle de hausse. Toujours très confiant dans la bonne santé de l’économie américaine, avec une révision à la hausse de la croissance prévue pour 2021 (à 1,9 % au lieu de 1,8 % en juin), J. Powell conserve son idée d’un « ajustement de milieu de cycle » qu’il compare volontiers à l’expérience de 1995, censé se suffire des deux baisses déjà décidées en juillet et septembre. On ne peut être que dubitatif face à ce diagnostic, comme en témoigne l’évolution de la courbe des taux après la communication de J. Powell qui, au lieu de profiter du repli des Fed Funds pour se re-pentifier, s’est à nouveau écrasée…
Après la BCE, la FED, face à un exercice un brin plus complexe
Les marchés ont poursuivi leur ascension dans l’attente des annonces de la BCE et cette dernière ne les a pas déçus, enfin, à peine à en juger par le regain de vigueur de l’euro. La semaine prochaine, la FED devrait à son tour actionner le levier monétaire. Pas encore de QE en perspective mais une baisse de ses taux directeurs, un communiqué et une conférence de presse scrutés avec attention pour tenter d’anticiper la suite. Avec une inflation sous-jacente remontée à 2,4 %, justifier son action pourrait se révéler plus compliqué que pour la BCE, surtout si la FED poursuit sur le leit motiv indirectement imposé par D. Trump d’une économie en pleine forme, ne suscitant que très peu d’inquiétude, peut-être en voie d’échapper à de nouveaux tarifs douaniers…
Des minutes fidèles à la communication de la FED post-FOMC ; rien que de très normal
La spéculation sur le soutien à venir de la politique monétaire américaine est allée bon train ces dernières semaines avec pour résultat de créer des attentes disproportionnées à l’égard du compte-rendu détaillé du dernier FOMC. Celui-ci n’avait naturellement aucune raison de renvoyer un son de cloche différent de celui exprimé par le président de la FED lors de sa conférence de presse, à savoir : une baisse préventive de 25 points de base, qualifiée d’ajustement de milieu de cycle, sans autre engagement précis sur les évolutions futures des taux directeurs.
Si les développements économiques et financiers intervenus depuis ce dernier FOMC du 31 juillet laissent penser que la FED procédera selon toute vraisemblance à un assouplissement monétaire plus important, éventuellement dès le mois de septembre, c’est lors du symposium de Jackson Hole que l’information sera donnée, soit dans les deux prochains jours. La réaction, somme toute modérée, des marchés aux minutes de la FED est donc normale et ne préjuge en rien de celle qui suivra la communication de J. Powell lors de cette rencontre.
Baisse des taux de la FED : une délicate question de timing
Les marchés envisagent à 73,9 % la probabilité d’une baisse des taux des Fed funds d’un quart de point et à 26,1 % celle d’une baisse de 50 points de base au terme du FOMC du 31 juillet : autrement dit, les anticipations ne font aucune place à un statu quo pour ce mercredi malgré l’inconfort de ces dernières semaines à l’idée d’un changement d’orientation monétaire souvent jugé trop précoce. De fait, la volte-face de J. Powell depuis le début du mois de juin suscite de nombreuses interrogations : la FED fait-elle une erreur, se soumet-elle aux pressions du président D. Trump, sait-elle des choses que les marchés ignorent ?… Pour nombreux, cette incompréhension conduit à considérer que J. Powell n’ira pas très loin dans la voie d’un assouplissement de sa politique et qu’il pourrait s’arrêter dès l’automne après avoir abaissé l’objectif du taux des Fed Funds de 50 points de base, dans une fourchette de 1,75 % à 2 %. Il se pourrait que cette conclusion soit le fruit d’une lecture trop conciliante de la situation américaine et, par là-même, trop confiante sur l’effet des baisses de taux sur la croissance et les marchés financiers. S’il n’y a, certes, pas d’urgence à abaisser le niveau des taux directeurs dès cette semaine, il y a bien des raisons de penser que la FED ne pourra échapper très longtemps à un assouplissement significatif de sa politique. Si tel venait à être le message de J. Powell cette semaine, il n’est pas certain que la baisse des taux reste longtemps perçue comme l’assurance tout risque que l’on lui prête.
Pas de panique, l’inflation américaine n’est pas plus menaçante aujourd’hui qu’hier
Les marchés sont particulièrement irritables à la veille d’un assouplissement anticipé de la politique monétaire américaine souvent considéré comme un brin précoce (voir à ce sujet Erreur de casting de J. Powell ?). La publication d’une remontée de 0,3 % de l’indice sous-jacent d’inflation en juin n’a, de fait, pas tardé à titiller les taux d’intérêt futurs, déjà sur le qui-vive après du président de la FED. L’analyse détaillée des données d’inflation du mois de juin ne donne pourtant rien de bien convaincant : outre une remontée des prix des véhicules d’occasion et de l’habillement, plutôt pressurisés ces derniers temps, c’est encore une fois des loyers que provient l’essentiel de la hausse de l’inflation sous-jacente. L’inflation sous-jacente hors loyers n’est d’ailleurs pas plus élevée que 1,1 %. Par ailleurs, les évidences d’une sensibilité croissante de la demande aux variations des prix se multiplient et semblent largement limiter les risques d’inflation.