Les principales statistiques de la semaine publiées cet après-midi ne permettent guère d’y voir beaucoup plus clair. PMI et ISM des services américains divergent notablement, en effet, et quand bien même le second a nettement plus d’échos sur les marchés, mieux vaut attendre la validation par le Beige Book de ce soir avant de tirer des conclusions hâtives, potentiellement ravageuses. Les détails de l’ISM non-manufacturier ne plaident guère, en effet, en faveur d’un statu quo, très largement anticipé, du FOMC à la fin du mois : les taux à deux ans ont, illico, profité pour repasser la barre des 5 % et les 10 ans pour se rapprocher de leur plus haut de la mi-août, à 4,30 % et, en dépit, des commandes allemandes déplorables de ce matin, le mouvement est allègrement suivi en Europe. Mieux vaudrait que le Beige Book invalide ces conclusions au vu de l’importante mise des marchés sur une stabilisation des Fed Funds.
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FED : des minutes pour rien, ou presque…
Le buzz autour du contenu des minutes du dernier FOMC de la FED a été intensif ces derniers jours. Ces dernières publiées, l’évidence s’impose : bien peu d’éléments dans ce compte-rendu sont en mesure de nous renseigner sur l’orientation de la politique monétaire à venir. Et pour cause, les informations économiques publiées depuis ce dernier comité de politique monétaire remettent assez largement en question le diagnostic que pouvait établir la FED lorsqu’elle s’est réunie : la vigueur des créations d’emplois et des ventes de détail de janvier ainsi que les déceptions sur l’inflation du même mois.
Si certains s’attacheront aux propos selon lesquels les conditions monétaires pourraient avoir été suffisamment durcies, pour envisager une fin imminente au processus de hausses des Fed Funds, on retient surtout de ce compte-rendu que la FED est dans l’expectative et attend d’avoir plus de résultats tangibles de sa politique pour prendre position.
Les Fed Funds à 7 % ?
Un brin en avance sur le consensus à la mi-septembre, notre prévision d’un point haut conjoncturel des Fed Fund a 4.5 % d’ici décembre est aujourd’hui dépassée. La Fed, c’est presque sûr, devrait aller plus loin. Jusque 5 % ? Une erreur d’un demi-point ne nécessiterait pas que l’on s’y attarde davantage, compte-tenu du degré d’incertitudes en présence. Non, le risque est autrement plus important. À supposer, par exemple, que la Fed conserve sa posture actuelle au cours des cinq prochains FOMC : novembre et décembre, ce qui est déjà presque acté, puis janvier, mars et début mai, les taux augmenteraient de 375 pb et seraient de facto portés à 7 %. Certes, on pourrait imaginer qu’elle ralentisse la cadence en début d’année prochaine, pour autant ni la conjoncture récente ni nos estimations d’inflation sous-jacente ne le suggèrent, tandis, qu’à l’inverse, sauf cassures financières ou économiques majeures, la probabilité qu’elle prolonge le supplice un peu plus longtemps est loin d’être négligeable. Comment se fait-il, dès lors, qu’aussi peu d’économistes envisagent une telle issue malgré la détermination affichée par la Fed ?Il y a potentiellement plusieurs raisons à cette apparente inertie, que certains observent, peut-être, comme une preuve d’incompétence, et de vraies questions sur le fait d’envisager un resserrement monétaire nettement plus conséquent dans un délai aussi court. Même face à l’évidence, l’exercice prévisionnel n’est pas aussi simple…
FED : «Trop de précipitation cause la ruine*»
25bp, pas plus. La FED rêve de pouvoir rejouer le scénario de 1995… ?
Pas facile pour la FED de satisfaire les anticipations des marchés face aux données économiques de ces derniers jours et à l’amélioration récente des conditions financières. Si elle ne pouvait guère reculer cette fois-ci, abaissant comme largement anticipé son objectif des Fed Funds d’un quart de point dans la fourchette de 1,75 % à 2 %, elle n’avait guère les moyens d’annoncer davantage. Le message envoyé par les prévisions des membres du board est en l’occurrence très clair : plus de nouvelle baisse anticipée des Fed Funds d’ici la fin 2020… avant d’entamer un nouveau cycle de hausse. Toujours très confiant dans la bonne santé de l’économie américaine, avec une révision à la hausse de la croissance prévue pour 2021 (à 1,9 % au lieu de 1,8 % en juin), J. Powell conserve son idée d’un « ajustement de milieu de cycle » qu’il compare volontiers à l’expérience de 1995, censé se suffire des deux baisses déjà décidées en juillet et septembre. On ne peut être que dubitatif face à ce diagnostic, comme en témoigne l’évolution de la courbe des taux après la communication de J. Powell qui, au lieu de profiter du repli des Fed Funds pour se re-pentifier, s’est à nouveau écrasée…
Preview FED – Première d’une trop longue série de conférences de presse pour J._Powell
Lorsqu’au printemps dernier, la FED a fait part de sa décision de tenir à partir de janvier 2019 une conférence de presse après chaque FOMC, toutes les six semaines, nombreux ont vu dans ce message la perspective d’une possible accélération du tempo de hausse de ses taux directeurs. Après tout, la FED avait, à de nombreuses reprises par le passé, pratiqué des ajustements de ses taux beaucoup plus rapprochés que ces derniers temps, pouvant aller jusqu’à des relèvements d’affilée de 50 points de base à six semaines d’intervalle. Dans un contexte de croissance économique soutenue, de remontée des anticipations d’inflation et d’une certaine exubérance des marchés financiers, l’hypothèse d’une accélération du rythme des hausses de taux était défendable et, avec elle, la tenue de conférences de presse plus rapprochées, destinées à garantir une meilleure communication. Cette décision semble pourtant bien mal tomber si, comme nous le pensons, la FED était amenée à maintenir le niveau des fed funds essentiellement inchangés cette année.
Repli généralisé des taux à long terme, les banques trinquent
L’environnement macro-économique et financier international n’avait pas besoin des interférences des banques centrales de cette semaine pour être déjà d’une rare complexité. La confrontation d’orientations de politiques monétaires opposées de la FED et de la BCE a densifié un peu plus l’écheveau financier, multipliant les anomalies et incohérences apparentes ainsi que les incertitudes qui en découlent. Parmi celles-ci, deux interpellent plus que toutes autres :