L’humeur du Vendredi 7 février

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L’asymétrie de gestion des risques par la BCE

Que la BCE ait une gestion asymétrique des risques liés à l’évolution des prix n’est pas véritablement un scoop et si certains pouvaient encore en douter, la démonstration d’hier ne laisse plus de place au doute. Mario Draghi ne constate pas de déflation et justifie ainsi de ne rien modifier à sa politique. Il faudra donc attendre d’être certain que la zone euro soit prise à la trappe avant d’envisager un déploiement de l’artillerie que Mario Draghi nous promet détenir. Cela tranche assurément avec sa politique de prévention… contre le risque d’inflation. Rassurons-nous toutefois, la BCE publiera dès le mois de mars ses prévisions d’inflation à horizon 2016 et s’il s’avère que celles-ci aboutissent à un scénario préoccupant, alors elle fera ce qu’il se doit… Résultat, les spéculations sur les prévisions du mois de mars vont bon train et pourtant, qui peut être dupe au point de croire que le propre scénario de la BCE la conduise à invalider sa position du mois de février ?

La BCE, c’est presque certain, ne changera pas sa politique de sitôt. Dans notre scénario, aucune baisse des taux directeurs n’apparaît avant la fin de cette année, mais seulement courant 2015.

Zoom sur les données de la semaine

– Les commandes à l’industrie

– L’emploi américain

– La production industrielle brésilienne

L’Humeur du Vendredi 31 janvier : Economie américaine, les raisons de notre réserve au sujet de la Fed

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L’inconfort que nous avons exprimé au sujet du changement de cap de la politique monétaire de la Fed trouve son origine dans une lecture des tendances en cours de l’économie américaine assurément moins confiante que généralement exprimé par le consensus. Alors que la publication des bons chiffres de croissance du quatrième trimestre 2013 risque de nous faire apparaitre un peu plus en porte à faux, nous revenons ici sur ce qui continue à nous contrarier dans les développements récents de la conjoncture américaine. Ces points s’articulent autour des trois principaux sujets suivants :

  • Une perception de la reprise immobilière assurément différente de celle du consensus, les distorsions entre prix et volume d’activité constituant à notre sens une anomalie préoccupante pour la suite du cycle,
  • Un scepticisme persistant sur le scénario prédominant d’une reprise de l’activité tirée par l’investissement des entreprises, dont nous ne voyons toujours pas le début de la concrétisation,
  • Un inconfort face aux tendances escomptées du marché de l’emploi, dont l’embellie récente nous semble très fragile.

L’Humeur du Vendredi 24 janvier

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Erreur de casting ? 

La stratégie de sortie de crise semblait bien huilée : les pays émergents auraient de plus en plus de besoins, l’Allemagne continuerait à leur vendre quantités de machines-outils et d’automobiles et servirait de locomotive au reste de la zone euro, le temps nécessaire à la remise à niveau de leur compétitivité. Les perspectives d’une demande abondante promettaient que chacun ait sa part, sous réserve que tous soient plus compétitifs ; la zone euro retrouverait le chemin d’une croissance, à terme, vertueuse ; les excédents courants assureraient le remboursement des dettes du passé et l’euro n’en serait que renforcé.

Le schéma originel semble pourtant bien malmené. Non seulement, la locomotive allemande ne s’est toujours pas mise en marche –l’Allemagne accumule des excédents de mois en mois plus importants alors que ses importations vivotent– mais les chances qu’elle se mette rapidement en branle semblent passablement amoindries, à en juger par la tournure des développements dans le monde émergent.

La banque centrale brésilienne en mode panique

Le rapport de la banque centrale brésilienne publié à l’issue de la réunion du comité de politique monétaire des 14et 15 janvier ouvre la porte à de nouvelles hausses du SELIC, le principal taux directeur brésilien, malgré déjà sept augmentations consécutives qui l’ont porté depuis le mois d’avril de 7,5 % à 10,5 %.

Sans nul doute destinée à stopper la dépréciation du réal, cette annonce inquiète plus qu’elle ne rassure. Malgré les interventions prolongées de la banque centrale sur le marché des changes (200 millions de dollars par semaine depuis le mois de novembre) et les fortes hausses de taux d’intérêt, la devise brésilienne a retrouvé ces derniers jours les plus bas niveaux enregistrés face au dollar durant le mois d’août tandis que le spread de taux longs avec les Etats-Unis n’a cessé de s’écarter. Les tendances respectives sur le front de la devise et des taux d’intérêt ont pris l’allure d’une crise, probablement amenée à durer.

L’Humeur du Vendredi 10 janvier

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Non, la France ne retombe pas en récession !

+ 1,3 %, la hausse de la production industrielle française au mois de novembre. Voilà une bonne surprise. Certes, ce chiffre est à considérer à sa juste valeur : à savoir, une progression en large partie expliquée par les variations erratiques des activités minière et énergétique. Les données sur le seul secteur manufacturier sont moins flatteuses, avec une croissance de 0,2 % seulement de la production, après une augmentation de 0,3 % en octobre. Il n’en reste pas moins que nous sommes loin du message d’une économie sur le point de retomber en récession délivré par les enquêtes PMI.

Fed : le dilemme du taux de participation et du taux de chômage

Chute de trois dixièmes du taux de chômage, nouveau repli de deux dixièmes du taux de participation, repli de la durée hebdomadaire du travail, créations d’emplois de 74 000, les plus faibles depuis janvier 2011… La Fed pouvait-elle imaginer pire configuration pour son premier mois de tapering ?

L’Humeur du Vendredi 3 janvier : Strong Buy Latvia!

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6 %, l’écart de taux d’intérêt avec les 17 théoriquement nécessaire à la Lettonie pour accompagner sa convergence économique au cours du prochain quart de siècle….

+ 6 : le nombre de nouveaux membres de l’union monétaire depuis 2007. À ce rythme-là l’UEM pourrait compter jusqu’à 25 membres dans 10 ans… à moins qu’elle ne soit, tout simplement, plus, ou qu’elle soit 18 moins quelques-uns… Qui sait, et comment savoir, tant les dysfonctionnements de l’union monétaire sont profonds ? 

On aimerait participer à l’enthousiasme, au moins de circonstance, qui accompagne l’adhésion d’un nouveau membre à la monnaie unique plutôt que de déplorer cette fuite en avant consistant à réunir dans un même panier un nombre toujours plus important de pays dont les chances de pouvoir s’accommoder d’un même taux d’intérêt -celui de la BCE- sont à peu près nulles. Comment ne pas redouter en effet que la Lettonie connaisse, à terme, le même sort que la Grèce, l’Irlande ou l’Espagne ? Non pas, comme certains pourraient le craindre, par négligence mais parce que, même avec la meilleure volonté, les Lettons n’auront aucun moyen de compenser les effets d’une politique monétaire durablement inappropriée à leur propre situation.

Profitons de l’actualité du moment pour revenir sur ce sujet de fond sur lequel trop peu d’économistes s’arrêtent, à savoir : l’irresponsabilité économique consistant à intégrer trop précocement à l’union monétaire des pays au développement économique insuffisant (sujet que nous avions déjà traité sous un angle un peu différent dans « L’Europe monétaire, de l’ambition à la décadence : le critère manquant », juillet 2012).

La sévérité de notre appréciation vient pour l’essentiel du constat selon lequel la convergence ne peut se faire une fois dans l’UEM mais avant de la rejoindre.

L’Humeur du Vendredi 20 décembre : Le rétablissement de la courbe de Phillips, explique-t-il la décision de la Fed ?

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S’il est un point qui nous a surpris lors de la conférence de presse de Ben Bernanke, c’est son relatif confort à l’égard de la situation inflationniste de l’économie américaine. Au cours des deux derniers mois, l’inflation américaine a oscillé entre à 0,9 % et 1,2 %, il s’agit assurément d’un très faible taux, le plus bas depuis trois ans, qui plus est, très inférieur à l’objectif que s’est fixé la Fed. Celui-ci s’explique en particulier par l’évolution négative des prix des biens durables, un taux d’inflation hors énergie et logement proche de zéro et, plus généralement, une baisse du taux d’inflation dans les services depuis la crise de 2008.

Alors que la faiblesse de l’inflation a souvent été mise en avant pour justifier l’inconfort de la Fed l’égard de la situation économique américaine ces deux dernières années, en quoi la situation présente a-t-elle pu motiver ce changement de perception ? C’est peut-être sur le front du marché de l’emploi que se trouve la réponse, en particulier dans ce qui semble prendre la forme d’un rétablissement de la courbe de Phillips ces derniers temps.

L’Humeur du Vendredi 13 décembre : Le billet vert de plus en plus fragile

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Le scénario d’une réappréciation du dollar qui, depuis plus d’un an ressort des prévisions du consensus, a subi un nouveau revers ces dernières semaines. Non seulement la devise américaine est restée très affaiblie mais elle a recommencé à se déprécier à l’égard de la grande majorité des devises du reste du monde, y compris un certain nombre de devises émergentes ces derniers jours.

Selon l’indice ICE, le billet vert ne serait, ainsi, guère plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’était durant la période du « shutdown » du mois d’octobre et donc guère éloigné de ses plus bas niveaux enregistrés depuis deux ans, ceci malgré les bonnes nouvelles récentes sur la situation conjoncturelle américaine et la montée des anticipations sur un possible « tapering » de la Fed.

Comment l’expliquer ? Nous voyons plusieurs raisons à cette situation.

L’Humeur du Vendredi 6 décembre

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Les marchés émergents en mode « tapering »

L’emballement des anticipations sur un possible revirement de la politique de la Fed n’a pas tardé à produire ses effets sur les marchés internationaux et, comme durant l’été, les pays émergents en encaissent le contre coup. Les tensions sur les devises et les taux d’intérêt des pays les plus fragilisés ont repris de plus belle depuis une dizaine de jours, poussant les plus exposés à de nouvelles mesures de protection. L’annonce, hier, de la Banque Centrale brésilienne d’une extension de son programme d’intervention sur les marchés des changes -initié en août et censé prendre fin en décembre- témoigne des difficultés en place. Alors qu’une correction des anticipations semble peu vraisemblable avant la réunion du FOMC des 17 et 18 décembre, la situation pourrait devenir critique dans plusieurs pays émergents dans les prochains jours.

Risque de change et risque de taux : comment les grands pays émergents se situent-ils ? 

L’exposition des différents pays émergents à la montée des tensions est très inégale. Les développements récents incitent à classer les différentes économies en différents groupes.