L’Humeur du Vendredi 3 janvier : Strong Buy Latvia!

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6 %, l’écart de taux d’intérêt avec les 17 théoriquement nécessaire à la Lettonie pour accompagner sa convergence économique au cours du prochain quart de siècle….

+ 6 : le nombre de nouveaux membres de l’union monétaire depuis 2007. À ce rythme-là l’UEM pourrait compter jusqu’à 25 membres dans 10 ans… à moins qu’elle ne soit, tout simplement, plus, ou qu’elle soit 18 moins quelques-uns… Qui sait, et comment savoir, tant les dysfonctionnements de l’union monétaire sont profonds ? 

On aimerait participer à l’enthousiasme, au moins de circonstance, qui accompagne l’adhésion d’un nouveau membre à la monnaie unique plutôt que de déplorer cette fuite en avant consistant à réunir dans un même panier un nombre toujours plus important de pays dont les chances de pouvoir s’accommoder d’un même taux d’intérêt -celui de la BCE- sont à peu près nulles. Comment ne pas redouter en effet que la Lettonie connaisse, à terme, le même sort que la Grèce, l’Irlande ou l’Espagne ? Non pas, comme certains pourraient le craindre, par négligence mais parce que, même avec la meilleure volonté, les Lettons n’auront aucun moyen de compenser les effets d’une politique monétaire durablement inappropriée à leur propre situation.

Profitons de l’actualité du moment pour revenir sur ce sujet de fond sur lequel trop peu d’économistes s’arrêtent, à savoir : l’irresponsabilité économique consistant à intégrer trop précocement à l’union monétaire des pays au développement économique insuffisant (sujet que nous avions déjà traité sous un angle un peu différent dans « L’Europe monétaire, de l’ambition à la décadence : le critère manquant », juillet 2012).

La sévérité de notre appréciation vient pour l’essentiel du constat selon lequel la convergence ne peut se faire une fois dans l’UEM mais avant de la rejoindre.

L’Europe monétaire de l’ambition à décadence : le critère manquant

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Précipiter l’adhésion à la monnaie unique de pays dont les niveaux de productivité étaient trop éloignés de ceux du noyau dur les a privé de l’accompagnement monétaire dont ils auraient eu besoin durant la période de rattrapage structurel de leurs économies. Cela a bien été l’erreur première et potentiellement fatale de la construction de l’Europe monétaire dont la crise actuelle est le résultat direct.

A l’origine, il y avait un projet, ambitieux : celui d’une Europe unie dont la construction devrait aboutir à un mieux être collectif, celui d’une Europe solidaire offrant aux pays les moins développés l’opportunité d’une convergence accélérée vers le niveau de richesse des plus avancés, celui enfin, d’une Europe en paix parce que forte d’un pouvoir économique commun suffisamment puissant pour assurer une cohésion durable.

Les premiers temps de l’Europe ont largement alimenté l’ambition première. Lorsqu’au milieu des années quatre-vingts l’Espagne adhère à l’UE, c’est avec un niveau de vie de vingt-cinq pourcent inférieur à la moyenne franco allemande. Le boom économique qui suit cette intégration permet d’augmenter le revenu par habitant de la population espagnole de 50 % en moins de quinze ans, comblant ainsi quasiment la moitié de son retard initial. Au cours de cette même période, les flux d’investissements étrangers massifs accompagnent le développement de l’industrie en même temps qu’un quadruplement du volume des exportations, absorbées à hauteur de 75% par les autres pays de UE ; l’emploi passe de 11 à 15 millions tandis que, d’année en année, les transferts structurels de l’UE, dont l’Espagne est longtemps le premier bénéficiaire, assurent la mise à niveau progressive de son taux d’équipement en infrastructures, indispensable à la pérennisation de son développement.