BCE – entre les murs

À en juger par l’envolée des valeurs bancaires de la zone euro ces derniers jours, +11 % pour le secteur depuis son récent point bas du 15 août, les anticipations des marchés s’agissant des mesures que pourrait annoncer la BCE ce jeudi sont de taille. Si la perspective de baisse des taux de dépôts en territoire plus négatif encore n’émeut pas davantage, c’est sans doute, au-delà du mouvement généralisé de hausse du secteur à l’échelle mondiale, que les attentes concernant le paquet de mesures susceptibles de l’accompagner sont particulièrement élevées : nouveau décalage dans le temps de l’agenda de hausse des taux, exonération de la taxe sur les dépôts en-dessous d’un certain seuil (« tiering »), nouveau programme d’achats d’actifs, voire… « monnaie hélicoptère », la liste est décidément bien étoffée ! Est-elle pour autant crédible et, effectivement, rassurante ?

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Jackson Hole est passé, la guerre commerciale est restée

Avant l’intervention de J. Powell à Jackson Hole nous écrivions : « Si les dissensions au sein de la FED risquent d’imposer une certaine réserve au Président de la FED malgré des données économiques (PMI notamment) passablement médiocres, la réponse des marchés à cette déception ne laissera vraisemblablement pas beaucoup de temps au président de la FED pour se raviser… même d’ici la prochaine réunion du FOMC ». Nous ne pensions pas si bien dire ! Vendredi après-midi, l’annonce par la Chine du relèvement de ses droits de douanes sur 75 milliards de ses importations américaines a court-circuité le discours de J. Powell et provoqué une réplique quasi-immédiate du président américain. Dès lors, les marchés, n’ont pas eu le temps de digérer le contenu de l’allocution du président de la Fed que les nouvelles salves dans la guerre commerciale ont provoqué une violente chute de bourses, laquelle débouche aujourd’hui sur une situation de risque financier extrême qui, selon toute vraisemblance, ne tardera pas à pousser la FED à agir… Revenons sur ces différents développements.

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La FED n’arrive pas à convaincre

Pourquoi baisser les taux d’intérêt si tout va bien et pourquoi ne pas envisager un cycle durable de baisse des taux si de vrais risques sont en présence ? Voilà en substance les questions récurrentes posées au président de la FED lors de sa conférence de presse, auxquelles, force est de constater, J. Powell, n’a pas trouvé de réponse suffisamment convaincante.

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La BCE ne déclenche pas la guerre de tranchée contre la FED

Il y avait un risque évident à ce que la BCE dévoile toutes ses cartouches aujourd’hui : celui d’encourager les marchés à anticiper d’autant plus d’assouplissement de la FED à l’occasion de son prochain FOMC de la semaine prochaine. Il fait peu de doute qu’une posture plus immédiatement accommodante aurait poussé le cours de l’euro-dollar à la baisse et déclenché les foudres de D. Trump, tant à l’égard de la BCE que de J. Powell, augmentant les risques d’une spirale à la baisse des anticipations de taux d’intérêt. M. Draghi n’a pas donné cette occasion au président américain. En se contentant d’indiquer son intention d’actionner tous les moyens d’assouplissement à sa disposition sans préciser les contours, l’agenda ni l’ampleur de ce qu’elle envisageait, la BCE a rassuré tout en évitant de créer les conditions d’une surenchère de plus en plus embarrassante des anticipations. L’histoire ne dit pas si les dissensions internes sont à l’origine de cette posture mais dans un contexte de concurrence croissante entre banques centrales, cette attitude, choisie ou subie, est plutôt bienvenue.

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L’hypocrisie à son comble à la veille des annonces de la BCE

Ce n’est pas faute de l’avoir dit ces dernières années : la BCE pourra faire tout ce qui est en son pouvoir, cela ne sera pas suffisant sans le relais des politiques économiques. Sept ans presque jour pour jour après le « Whatever it takes » de M. Draghi, le 26 juillet 2012, la BCE a usé de tous ses moyens pour éviter le chaos de l’union monétaire et, sans doute, son éclatement. Sur ce point, le succès est incontestable. Reste son mandat, celui de permettre un rétablissement des perspectives d’inflation vers la cible de 2 % ; sur ce dernier, l’échec est au contraire total. Personne n’oserait décemment en tenir la BCE pour responsable tant il est devenu évident que cette situation n’a pas grand-chose d’un phénomène monétaire. C’est pourtant bien de la BCE que sont hypocritement attendues les initiatives pour remédier à la menace que constitue ce risque de déflation chronique. Mario Draghi va donc faire semblant et tenter de convaincre de l’efficacité de son action immédiate ou à venir. Ironie de l’histoire, le PMI manufacturier de la zone euro est retombé à 46,4 points en juillet, deux doigts au-dessus de son niveau de juillet 2012 et un signal presque garanti d’intensification des pressions déflationnistes… M. Draghi saura-t-il trouver une nouvelle formule pour convaincre ? Paradoxalement, cela pourrait être plus difficile qu’en 2012, malgré la gravité de la crise d’alors.

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La BCE et sa cible d’inflation, quelque chose nous échappe…

La rumeur s’est répandue ces dernières heures selon laquelle la BCE s’apprêterait à modifier sa cible d’inflation, laquelle a été interprétée par les marchés comme le signal d’un plus grand degré d’assouplissement monétaire à venir à l’origine d’un accès de faiblesse ponctuel de l’euro dans la journée. Que la BCE réfléchisse à ce type d’ajustement n’est pas impossible au vu des difficultés à parvenir à ses fins depuis plusieurs années maintenant. Que ce changement soit synonyme d’un assouplissement accru de la politique monétaire est loin de couler de source, en revanche. En l’occurrence si la BCE venait à abaisser son objectif d’inflation, ce serait sans doute, en effet, pour le rapprocher de l’inflation présente. Elle aurait donc plutôt moins de raisons de faire plus, non ? À moins que ce geste soit perçu comme une capitulation, ce qui serait potentiellement plus dangereux encore. Décidément, quelque chose nous échappe.

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Pas de panique, l’inflation américaine n’est pas plus menaçante aujourd’hui qu’hier

Les marchés sont particulièrement irritables à la veille d’un assouplissement anticipé de la politique monétaire américaine souvent considéré comme un brin précoce (voir à ce sujet Erreur de casting de J. Powell ?). La publication d’une remontée de 0,3 % de l’indice sous-jacent d’inflation en juin n’a, de fait, pas tardé à titiller les taux d’intérêt futurs, déjà sur le qui-vive après du président de la FED. L’analyse détaillée des données d’inflation du mois de juin ne donne pourtant rien de bien convaincant : outre une remontée des prix des véhicules d’occasion et de l’habillement, plutôt pressurisés ces derniers temps, c’est encore une fois des loyers que provient l’essentiel de la hausse de l’inflation sous-jacente. L’inflation sous-jacente hors loyers n’est d’ailleurs pas plus élevée que 1,1 %. Par ailleurs, les évidences d’une sensibilité croissante de la demande aux variations des prix se multiplient et semblent largement limiter les risques d’inflation.

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Erreur de casting de Jérôme Powell ?

La réaction des marchés aux propos du président de la FED, J. Powell, devant le Congrès américain montrent une certaine hésitation quant aux effets de l’assouplissement monétaire vers lequel le président de la FED s’apprête apparemment à aller. Si le ton, plutôt préoccupé, de son président a regonflé les anticipations de baisse des taux directeurs dès la fin du mois, faisant de facto se replier les taux à deux ans et le dollar, tel n’a pas été le cas des échéances le plus longues dont les rendements se sont, au contraire, tendus y compris, par contagion, en Europe. Ces réponses opposées entre les taux courts et les taux longs suggèrent deux interprétations possibles des marchés :

  • une grande confiance dans l’efficacité des baisses de taux à venir en matière de croissance future, que justifierait une certaine repentification de la courbe des taux ;
  • une erreur de casting du président de la FED, potentiellement inflationniste.

Les conséquences en matière d’évolution des taux longs seraient assurément sensiblement différentes selon les cas. En réalité nous n’adhérons à aucune de ces visions…

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