Rappelez-vous l’Annapurna, image mise en avant en fin d’année dernière pour qualifier nos perspectives 2018. À cette altitude, la tentation est grande de tenter l’ascension du toit du monde, mais les pertes sont élevées et les faux pas, trop souvent, fatals. La faille de la semaine écoulée semble pouvoir être surmontée mais le terrain reste éminemment instable et les retardataires sont loin d’être sortis d’auberge. Où en sommes-nous en matière de balance des risques et sur quels éléments centrer l’attention ?
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Le yuan glisse, glisse… Contre le $ et, de facto, d’autres devises, dont l’euro. Les anticipations d’inflation trinquent
La guerre commerciale entre les États-Unis et le reste du monde bat son plein et vire à la guerre des changes, en attendant comme d’aucuns l’envisagent qu’elle aboutisse in fine à abaisser les tarifs douaniers plutôt que l’inverse, une fois que D. Trump aura suffisamment fait trembler la planète… Si la Chine n’a pas officiellement dévalué sa monnaie, évitant par là même le fracas qu’avait causé son action d’août 2015, nul n’est besoin de faire grand-chose, il lui suffit de laisser aller le yuan là où les marchés, logiquement, le poussent : le taux de change a ainsi perdu plus de 5 % de sa valeur contre le billet vert depuis la mi-juin, sans que les autorités n’interviennent, tout au moins jusqu’à ce vendredi. Les conséquences d’une dépréciation du yuan d’ampleur significative seraient considérables à l’échelle mondiale. Dépassant largement la sphère du conflit sino-américain, elles pourraient sans tarder rebattre l’ensemble des cartes des perspectives économiques et financières internationales.
La BoJ, le yen et l’Eurostoxx
On s’en doutait, les moyens à disposition de la Banque centrale du Japon pour infléchir le cours des choses, en particulier celui du yen, sont pour le moins réduits. La raison ne tient pas tant à sa politique, outrancièrement accommodante, qu’au privilège malheureux d’avoir une devise au statut de valeur refuge. Peu importent, dès lors, les moyens mis en œuvre, c’est du degré d’aversion au risque global que dépendent en premier lieu les évolutions du taux de change ces derniers mois. Or, le climat n’est pas particulièrement favorable à l’appétit pour le risque, en témoignent l’ascension des métaux précieux depuis le début de l’année et la chute des taux d’intérêt à long terme. Dans un tel contexte, le reflux des matières premières et celui du dollar depuis mercredi ne facilitent guère la tâche de la BOJ ; le risque que le yen ait entamé aujourd’hui une nouvelle phase d’ascension est donc probablement élevé.
Les entreprises européennes et, par voie de conséquence, les marchés européens, pourraient s’en réjouir. Quatrième exportateur mondial derrière l’Allemagne, cinquième si l’on comptabilise l’Union européenne, le Japon est loin d’avoir un rôle secondaire sur le front de la compétition internationale, en tout premier lieu à l’égard de l’Allemagne avec laquelle il occupe, dans bien des domaines, les mêmes terrains. Pourquoi dès lors ne pas prendre comme une bonne nouvelle le quasi-statu-quo de la Banque du Japon de ce mois-ci ?
UEM – Le surcroît de marges à l’exportation confisqué
Faiblesse des ventes au détail, hausse des stocks, contraction des prix à la production et Beige Book très mitigé continuent à mordre sur les anticipations de hausse des taux de la Fed dont le report récurrent finit par évacuer toute probabilité d’un passage à l’acte à horizon prévisible.
Conséquence, les taux à terme américains ont significativement reflué, ne dépassant pas 0,55 % pour les taux à deux ans -au lieu de 0,82 % le 16 septembre- et 1,97 % pour les taux à dix ans, soit leur plus niveau depuis la fin avril.
Autre signe de ce changement d’anticipations, le dollar s’affaisse dorénavant contre la plupart des devises, un mouvement qui a propulsé l’euro à 1,15USD dans la journée d’hier, soit une appréciation de 1,7% au cours des sept derniers jours. Si la monnaie unique semble encore faible, toujours inférieure de 10 % à son niveau d’un an auparavant, ce mouvement est toutefois loin d’être anodin.
À ce rythme, les bénéfices retirés de la baisse de la monnaie unique fondent comme neige au soleil, en effet. Ainsi, à supposer que l’euro conserve son taux de change présent contre le billet vert, le surcroît de marges à l’exportation procuré par sa baisse de la fin de l’année dernière refluerait de près de 5 % au printemps à potentiellement moins de 1 % d’ici la fin de l’année.
Alors que la chute de l’euro n’a pas eu d’effet positif majeur sur l’activité exportatrice des entreprises européennes, le gonflement des marges à l’exportation a, lui, permis d’atténuer les pressions déflationnistes à l’œuvre dans le milieu concurrentiel, bénéficiant indirectement aux perspectives d’investissement et d’emploi de la zone euro. Ce sont ces facteurs de soutien que vient confisquer l’évacuation du scénario de hausse des taux de la Fed et l’affaiblissement renouvelé du billet vert qui, selon notre scénario central, devrait conduire à une remontée de l’euro jusque dans une fourchette de 1,18-1,22USD dans les mois à venir.