Emploi américain – verdict le mois prochain

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Avec 287 000 créations nettes d’emplois en juin, le rapport officiel évacue les risques immédiats de détérioration accélérée de la conjoncture américaine mais n’apporte que peu d’informations solides sur les développements effectivement en cours.

Les chiffres du mois de mai ayant été revus à la baisse, à 11 000 au lieu de 38 000 initialement, l’instabilité de ces deux derniers mois oblige à la prudence. Sans doute a-t-on une meilleure appréciation en lissant ces données qui ressortent ainsi à 114 000 créations mensuelles au cours des trois derniers mois ou 147 000 au cours des six derniers, soit, quelle que soit la mesure, une décélération significative par rapport à l’année dernière ainsi qu’illustré par la baisse du taux de variation annuelle à 1,7 % au lieu de 2,1 % en moyenne en 2015.

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Si ces données sont incontestablement bienvenues, elles sont probablement insuffisantes pour insuffler un changement de la politique de la FED ou de ses intentions immédiates et mériteront d’être validées.

L’accélération des salaires est davantage en mesure de semer le trouble parmi les membres du board les plus préoccupés par le risque d’une FED en retard sur le cycle.

salaires US

« Décevant et préoccupant », Janet Yellen prend la mesure du mauvais rapport sur l’emploi.

La Présidente de la Fed, Janet Yellen, fait marche arrière tout en évitant de jeter de l’huile sur le feu, se disant raisonnablement confiante sur les perspectives de l’économie américaine et sur la possibilité de relever le niveau des taux directeurs… à un terme qu’elle évite toutefois de préciser, rappelant que sa politique n’est pas prédéfinie et évoluera en fonction des développements économiques futurs. Elle souligne le caractère décevant et préoccupant des derniers chiffres sur l’emploi du mois de mai ainsi que ses interrogations sur quatre points essentiels de la conjoncture américaine :

  1. la résilience de la demande domestique ;
  2. l’impact des faibles gains de productivité sur le potentiel de croissance de l’économie, donc sur le niveau d’équilibre des taux d’intérêt ;
  3. l’environnement international de faible croissance et inflation dans lequel l’appétit pour le risque des investisseurs peut rapidement basculer, notamment dans le contexte du référendum sur le Brexit ;
  4. l’inflation au sujet de laquelle elle souligne l’affaissement de certaines mesures des anticipations de long terme.

Le message est clair : pas de hausse des taux en juin et sic « invalidation des tendances observées sur le marché de l’emploi avant d’envisager une remontée des taux ». À en juger par l’indicateur synthétique du marché de l’emploi, publié plus tôt dans la journée, la FED aura besoin d’un temps plus long que celui de l’été avant de reconsidérer cette hypothèse…

LMCI

Pauvre Janet !

Décidément pas chanceuse la Présidente de la Fed, en permanence prise à revers. Avec 38 000 créations d’emplois en mai, ce n’est pas seulement la possibilité de relever le niveau de ses taux directeurs en juin qui disparaît mais probablement toute opportunité de hausse des Fed Funds d’ici la fin de l’année. Lire la suite…

Les plans de la Fed à nouveau contrariés

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Cet article sera publié sur le site Boursorama le jeudi 2 juin

C’est devenu un classique ces deux dernières années : la Fed avance d’un pas et recule de deux.

Alors que les minutes de son dernier comité de politique monétaire du mois d’avril semblaient avoir dégagé l’horizon, la Fed promettant un début de normalisation de ses taux directeurs pour les mois à venir, le Beige Book publié hier soir offre bien peu d’éléments susceptibles de convaincre du bien-fondé d’un tel changement de la politique monétaire américaine.

Ce compte-rendu ajoute, en effet, à la panoplie d’indicateurs médiocres publiés ces derniers jours, avec une description des plus réservées de l’état de santé de l’économie américaine.

Minutes du FOMC- Les certitudes de la Fed, ébranlées

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On imaginait Janet Yellen avoir été potentiellement plus « dovish » que bien d’autres membres du comité de politique monétaire, après le FOMC des 15 et 16 mars, tel est loin d’être le cas. Manifestement, les tendances économiques de l’économie américaine et la tournure de la conjoncture économique et financière internationale depuis le début de l’année ont refroidi les plus convaincus de la nécessité de relever les niveaux des taux d’intérêt. Les minutes publiées aujourd’hui témoignent, en effet, d’une grande méfiance à l’égard de la situation en présence. Sauf la satisfaction réitérée à l’égard des progrès observés sur le front du marché de l’emploi, les analyses de la Fed témoignent d’un rare scepticisme sur les différents secteurs ou agrégats économiques quels qu’ils soient : faible croissance de la consommation, ralentissement immobilier, déceptions sur le front de l’investissement productif et, surtout, faible espoir de voir les tendances s’améliorer, conclusion vraisemblablement suggérée par la chute des profits des sociétés observée ces derniers mois ; sans parler des inquiétudes relatives aux risques financiers et économiques externes…

Au, total, l’analyse de la Fed n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’elle était il y a peu et l’on comprend mieux pourquoi ses prévisions de hausses des taux d’intérêt ont été divisées par deux entre décembre et mars.

Janet’s Put, Yellen’s Blues

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Quoi qu’aient pu dire les voix dissonantes ces derniers jours, Janet Yellen persiste et signe, réitérant cet après-midi devant le Club économique de New-York, un message très accommodant, plus que fidèle à celui délivré post-FOMC le 16 mars. Cette posture est plutôt rassurante pour la Présidente de la Fed ; moins de deux semaines après sa dernière conférence de presse, une volte-face aurait en effet été particulièrement malvenue. Elle confirme néanmoins l’existence de dissensions significatives entre les différents membres du board de la Fed sur l’orientation de la politique monétaire américaine, après notamment les propos de James Bullard, suggérant la semaine dernière que la Fed puisse relever le niveau de ses taux dès le mois d’avril.

Est-ce pour faire face à ce front dissident que Janet Yellen a fait preuve de plus de détermination encore ? Difficile à dire. Toujours est-il que la Présidente de la Fed est apparue encore plus « dovish » qu’à l’issue du FOMC du 16 mars.

La Fed transige, vend-elle son âme ?

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Au contraire de ce que nous redoutions, la Fed transige avec un discours des plus « dovish ». Janet Yellen admet que l’inflation se redresse mais ne donne pas le moins du monde le sentiment de s’en préoccuper à ce stade. Son nouveau scénario n’envisage plus que deux hausses de ses taux directeurs cette année, qui, à l’écouter, semblent encore assez largement incertaines. Dans l’ensemble donc, notre analyse de ces derniers jours était erronée. Comment l’expliquer ?

Notre erreur ne réside pas dans l’analyse des chiffres d’inflation dont les publications d’aujourd’hui confirment bel et bien la tendance solidement haussière de ces derniers mois, mais dans l’importance que la Fed donne à ces données. À ce titre, le changement est d’envergure, notamment en comparaison de sa posture de décembre. En d’autres termes, la Fed semble prête à prendre le risque d’une inflation plus élevée dans un contexte éminemment incertain, marqué par une montée des tensions internationales.

Inflation US

Si la nouvelle est plutôt bienvenue, compte tenu des risques en présence, elle pose néanmoins bien des questions pour la suite :

  • Quid du risque effectif d’une accélération des prix ?
  • Quid de la fonction de réaction la Fed à l’avenir ?
  • Enfin, quid de cette rupture pour les marchés ?

La FED prendrait un risque démesuré à ne pas infléchir son discours mais n’a pas les moyens d’offrir un « put » aux marchés

Un infléchissement du discours de la Fed sur les développements de sa politique monétaire semble indispensable pour ne pas risquer d’attiser la nervosité de marchés internationaux, particulièrement susceptibles ces derniers temps. Dans le contexte présent, nul ne peut dire, en effet, quelle pourrait être la réaction des marchés si d’aventure la Fed laissait entre-ouverte la porte d’une remontée de ses taux directeurs au mois de mars. Janet Yellen mettra-t-elle définitivement à l’écart cette éventualité dans son communiqué de demain ?

On ne peut que le souhaiter, d’autant que les tendances de l’économie américaine ne justifient nullement qu’elle s’arque boute sur son scénario du mois de décembre. Si les dernières statistiques du marché de l’emploi étaient d’un bon cru, de mêmes que les nouvelles sur le front de l’immobilier, les informations en provenance du reste de l’économie ne sont guère à la hauteur de ses attentes : dépenses de consommation décevantes, mollesse de l’activité dans les services, médiocres tendances de l’investissement productif et récession de plus en plus marquée dans l’industrie, rien ne lui permet d’être particulièrement satisfaite par les développements constatés ces dernières semaines. Alors que la nouvelle chute des cours du pétrole met sans doute l’économie à l’abri quelques temps encore, la Fed ferait preuve d’une myopie particulièrement préoccupante en ne regardant pas au-delà de cet effet d’aubaine la montée du risque de récession que soulignent tout à la fois un nombre croissant d’indicateurs économiques et le retournement des marchés.

ISM régionaux US conso

La Fed peut-elle pour autant changer totalement son fusil d’épaule et aller jusqu’à remettre en cause tout scénario de hausse des taux à horizon prévisible ? C’est probablement trop tôt pour l’envisager, ceci pour deux raisons principales :

  1. la nouvelle composition de son board, dont le biais est indiscutablement plus « restrictif » que la précédente,
  2. l’incertitude sur les effets que pourrait avoir une communication susceptible d’être interprétée négativement sur les perspectives américaines.

Difficile dès lors d’envisager une communication particulièrement volontaire de la part de Janet Yellen. La Présidente de la Fed devra sans doute ménager la chèvre et le chou avec un discours probablement moins déterminé qu’en décembre sans remise en cause définitive de son scénario de hausse des taux. En d’autres termes, si Janet Yellen peut soulager les marchés elle n’a guère les moyens de constituer une force de soutien pour ces derniers.