La semaine dernière a vu renaitre les espoirs de reflation consécutifs au net reflux de l’inflation américaine et à la restauration des anticipations d’un arrêt du resserrement monétaire de la FED, après une dernière hausse à la fin de ce mois. En réponse, la repentification de la courbe des taux s’est accompagnée d’un regain de hausse des prix des matières premières, au premier rang desquelles, du pétrole. Las, les données chinoises de ce matin, du reste, sans réelle surprise, décevantes, ont rebattu les cartes. A 0,8 % au deuxième trimestre, la croissance chinoise s’en tire plutôt mieux que suggéré par les indicateurs de la période sous revue mais les détails à disposition renvoient l’image d’une économie de plus en plus anémique, en proie à des difficultés sur tous les fronts qui ne laissent plus guère de place aux espoirs de possible reprise cyclique dans le contexte, qui plus est, de crispations commerciales grandissantes. Cours du pétrole et taux d’intérêt refluent, de facto.
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Chine, une reprise vraiment sans fanfare
Les données chinoises de février publiées cette nuit sont bien en retrait des résultats des enquêtes. Si la reprise est confirmée, c’est, à ce stade, à un rythme on ne peut plus ralenti. Les ventes de détail se sont effectivement reprises mais restent très contenues, plombées par le repli des achats de biens de communication et de bureau que le confinement avait dopés à la faveur d’un rattrapage dans l’habillement et le mobilier.
Un peu d’eau dans le gaz des espoirs de reflation ?
La question commence peut-être à s’imposer sur les marchés après l’aveuglement de ces dernières semaines:Moins mauvaises qu’anticipé, les données chinoises de la nuit dernière n’ont pas particulièrement rassuré les observateurs. Contrairement aux attentes, les PIB chinois ne s’est pas contracté fin 2022, tout juste a-t-il stagné. Mais alors, en l’absence de chute, à combien s’élèvera le rattrapage tant attendu ? Un début de soupçons ? Côté britannique, l’accélération des salaires n’est pas, non plus, de meilleure augure et les tensions salariales rappellent que le ralentissement des prix, pour l’heure surtout énergétique, pourrait ne pas être suffisant pour convaincre BoE et consorts qu’elles en ont assez fait. En Allemagne, où les détails de l’inflation de décembre ont été révélés, ce qui pouvait être craint se confirme. Sauf les effets de la chute de plus de 11 % l’an des prix de l’énergie sur le chiffre d’ensemble, les tensions ne se sont guère abattues du côté des biens, ni des services. L’inflation sous-jacente ressort ainsi à 5,2 %. Aux Etats-Unis, enfin, pour clore cette journée de remise en question, l’indice de confiance de la Fed de New-York a rechuté de plus de 20 points. Après avoir surfé sur les espoirs d’une inflation en berne, comme illustré ce matin par le ZEW allemand, les marchés commenceraient-ils à être rattrapés par la réalité de conditions courantes nettement moins euphorisantes ?
La saturation de l’offre chinoise pourrait-elle finir par faire refluer les taux d’intérêt ?
Les données chinoises de ce matin ne sont pas en mesure d’apaiser les craintes de tensions sur l’offre. Généralement inférieurs aux attentes, les indicateurs d’activité reflètent les effets de la situation sanitaire sur l’activité industrielle avec leur lot d’implications sur la chaîne d’approvisionnement mondial. Les seules statistiques moins impactées par les mesures de confinement sont relatives à l’investissement. Résultat des efforts du gouvernement pour contrer les effets dépressifs de la paralysie d’une large partie du pays, cette bonne nouvelle risque cependant d’exacerber les tensions alors que l’activité industrielle est, elle, en fort repli.
Les restrictions sur l’offre ont jusqu’alors fait s’envoler les perspectives d’inflation mondiale et, dans leur sillage, le niveau des taux d’intérêt dans des proportions difficilement soutenables dans nombre pays. La tendance s’est néanmoins interrompue la semaine dernière face à l’extrême détérioration des conditions de marché au fur et à mesure de la montée des risques de récession. Il y a un point où l’envolée des prix finit effectivement par peser sur la demande. Nous n’en sommes, à l’évidence, pas loin.
Au milieu du gué : risques et complexité des perspectives
Signe des temps, les choses vont vite. A peine publié fin mars, notre scénario trimestriel était déjà malmené. Si le temps écoulé depuis permet d’ajuster notre diagnostic sur certains éléments-clés, les perspectives ont néanmoins gagné en complexité, incertitudes et facteurs de risques. Où en est-on ?
Conséquence d’un premier trimestre décevant, de l’envolée des taux d’intérêt, de la paralysie chinoise et d’une guerre prolongée, notre scénario 2022 subit un nouvel ajustement à la baisse : la croissance mondiale que nous avions chiffrée à 3 % ne dépasserait pas 2,5 %, malgré un acquis de 1,7 % à fin 2021. C’est surtout, néanmoins, sur la capacité de rebond en 2023 que se multiplient les questionnements. À ce titre, le scénario de stagnation-récession développé par la Banque d’Angleterre pour le Royaume-Uni ne laisse pas d’interpeller tant il pourrait s’appliquer pour le plus grand nombre…
Sur le front de l’inflation, comme la plupart des économistes, nous courrons après le point haut, sans cesse réévalué et décalé dans le temps. Pour autant et malgré des interrogations persistantes sur le niveau d’atterrissage, la probabilité d’un repli de l’inflation au second semestre reste dominante.
Cette combinaison suffira-t-elle pour stopper le resserrement monétaire en cours ? La détermination affichée par les banques centrales n’incite pas à le penser mais le changement de contexte financier est une variable importante de cette équation. Or, manifestement, ces dernières auront besoin de prétextes pour atténuer le degré de contrainte financière que leur politique engendre. Le plus probable reste que ni la Fed, ni la BoE ou la BCE ne pourront aller jusqu’où elle l’envisagent en matière de normalisation monétaire.
Notre prévision d’un repli des anticipations de hausse des taux reste donc de mise mais soulève bien des questions sur ses conséquences pour la partie longue des courbes de taux. Trois conditions permettraient que les banques centrales ne perdent pas la face en donnant l’impression de capituler face à des perspectives d’inflation durablement supérieures à leur objectif : un risque accru de récession, un profond ajustement des marchés financiers, un effondrement des prix des matières premières, chacun étant en mesure de raviver, à un moment donné, le spectre de la déflation.
Autant dire que la visibilité n’est pas sur le point de s’améliorer et que l’instabilité et les risques de volteface des marchés ont tout lieu de durer.
La banque centrale chinoise déçoit, la correction boursière s’accélère
Malgré un ensemble de données économiques, plutôt rassurantes, les marchés chinois ont enregistré une nouvelle séance de fort repli face aux craintes redoutées du confinement de l’agglomération de Shenzhen et au statu quo de la Banque Populaire sur ses taux, à la veille de la remontée attendue des Fed Funds par la FED…
Morne plaine de la conjoncture chinoise malgré un léger mieux du côté des PMI
Jeux olympiques et Nouvel An chinois faisaient attendre de médiocres PMI ce mois-ci ; ceux-ci sont légèrement meilleurs que prévu par le consensus. Pour autant, la situation évolue peu. Sauf le rebond du sentiment des professionnels de la construction, fruit sans doute des mesures de soutien monétaire, l’amélioration du climat des affaires dans l’industrie et les services est microscopique, à respectivement 50,2 points et 50,5.
Quand l’industrie chinoise tient le monde en haleine…
Les données chinoises de ce matin sont à peu près toutes aussi mauvaises les unes que les autres. La croissance de la production décélère davantage, à 3,5% sur un an soit une baisse de 9 % corrigée des prix producteurs. Les ventes de détail n’augmentent plus que de 3,9% sur 12 mois, c’est à dire de zéro pourcent corrigées des prix à la consommation et les dépenses en actifs fixes affichent une hausse de 5,2 % contre 6,1 % en octobre. La conjoncture chinoise n’a donc assurément pas le vent en poupe et les choses risquent de ne pas s’améliorer sous peu avec les nouvelles restrictions sanitaires. Si les marchés voient dans ces mauvaises nouvelles l’assurance de nouvelles mesures de soutien à venir de la part des autorités, on peut également y voir l’évidence que l’économie chinoise semble de moins en moins en mesure de satisfaire les besoins du reste du monde en produits industriels.