Marché de l’emploi américain en plein boom : le guet-apens

Avec 312 000 nouveaux emplois salariés créés en décembre, l’économie américaine a bougrement surpris. Les prévisions tablaient sur 175 000 nouveaux postes, soit un chiffre conforme aux résultats moyens de ces trois derniers mois ; la publication est quasiment deux fois plus forte ! Bonne nouvelle s’il en est pour les Américains, cette surprise pourrait ne pas avoir la même saveur pour les marchés financiers en pleine déconfiture depuis trois mois. Alors que les signes de ralentissement de l’activité n’ont cessé de se multiplier ces dernières semaines, ce rapport n’est pas de meilleur augure quant à l’évolution de la productivité et, par là-même, des marges des entreprises, surtout si, comme cela semble se confirmer, l’accélération des salaires se généralise. Ces résultats devraient, toutes choses égales par ailleurs, rendre les membres de la FED beaucoup plus réticents quant à l’éventualité d’une pause dans le resserrement de leur politique monétaire (notre scénario). Manque de chance, c’est précisément aujourd’hui que Jay Powell avait prévu d’infléchir le ton sur sa politique monétaire ! Alors, si, comme nous le susurre avec insistance D. Trump ces derniers jours, Chine et États-Unis s’apprêtent à signer un accord commercial en début de semaine prochaine, c’est un sérieux retour de bâton que pourrait signifier l’ensemble de ces développements pour les marchés de taux et les cours du pétrole. Les actions y résisteraient-elles ?

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Décevant, le rapport sur l’emploi américain voit ses effets court-circuités par l’accord de l’OPEP

Les déceptions en provenance du rapport sur l’emploi américain du mois de novembre n’ont pas eu le temps d’avoir les effets sur les marchés des taux. Entre-temps, l’accord intervenu entre les pays producteurs de pétrole en faveur d’une baisse de la production a fait s’envoler les cours du brut et, dans leur sillage, les taux d’intérêt à long terme américains. L’ensemble aboutit à une situation assez incohérente où la médiocrité des données américaines est suivie d’un redressement des rendements et d’une repentification des courbes des taux, seule la faiblesse du dollar permettant de réconcilier l’ensemble, avec, en prime, une singulière accélération de la hausse des cours de l’or. Il serait surprenant que les tendances observées sur les marchés obligataires en cette fin de semaine aillent très loin avant de s’inverser à nouveau.

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Les vacances de Monsieur Trump

Le président américain n’a pas chômé durant ces semaines estivales, semblant prendre un malin plaisir à jongler avec les nerfs de ses partenaires-concurrents auxquels il attribue tour à tour le rôle d’ami de toujours ou de pire ennemi. Guerre commerciale et pétrolière, guerre de l’espace, cyber-attaques, ventes d’armes ; la panoplie est sans limite, simultanément alimentée par des objectifs économiques et géostratégiques l’amenant sur tous les fronts, à l’égard des plus grandes puissances comme des moins importantes (Philippines, récemment). « America First » fait trembler la planète économique sans un jour de répit et la stratégie marque des points ! L’opinion des ménages américains sur les conditions économiques courantes a retrouvé des niveaux records, seulement égalés à la fin des années quatre-vingt-dix ; idem pour les PME dont la confiance caracole sur des plus hauts de trente-cinq ans.

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Emploi américain – verdict le mois prochain

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Avec 287 000 créations nettes d’emplois en juin, le rapport officiel évacue les risques immédiats de détérioration accélérée de la conjoncture américaine mais n’apporte que peu d’informations solides sur les développements effectivement en cours.

Les chiffres du mois de mai ayant été revus à la baisse, à 11 000 au lieu de 38 000 initialement, l’instabilité de ces deux derniers mois oblige à la prudence. Sans doute a-t-on une meilleure appréciation en lissant ces données qui ressortent ainsi à 114 000 créations mensuelles au cours des trois derniers mois ou 147 000 au cours des six derniers, soit, quelle que soit la mesure, une décélération significative par rapport à l’année dernière ainsi qu’illustré par la baisse du taux de variation annuelle à 1,7 % au lieu de 2,1 % en moyenne en 2015.

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Si ces données sont incontestablement bienvenues, elles sont probablement insuffisantes pour insuffler un changement de la politique de la FED ou de ses intentions immédiates et mériteront d’être validées.

L’accélération des salaires est davantage en mesure de semer le trouble parmi les membres du board les plus préoccupés par le risque d’une FED en retard sur le cycle.

salaires US

Moins d’emplois, plus de salaires… un bien mauvais cocktail

Dans le champ des possibles, c’est en quelque sorte le pire des rapports sur l’emploi américain que l’on pouvait attendre qui vient d’être publié, avec :

  • Une nette décélération des créations de postes en janvier, à 150 000 seulement, soit presque moitié moins que les chiffres initiaux du mois de décembre (révisés toutefois à 262K) et un quart inférieur aux chiffres préliminaires de l’ADP relatifs au seul secteur privé. Sur un an le rythme de croissance de l’emploi s’affaisse à 1,9% pour l’emploi total.

Emploi US

  • Une hausse mensuelle des salaires de 0,5 %, deux fois supérieure aux mouvements enregistrés en moyenne en 2015 -exception faite du mois de janvier quand un certain nombre d’entreprises avaient procédé à de hausses de rémunérations pour les bas salaires-, qui ne manquera pas d’être interprété comme un signal fort par les plus « hawkish » des membres de la Fed malgré le léger repli du taux de croissance annuel.

Salaires US

  • Une nouvelle baisse du taux de chômage, à 4,9%, qui là encore risque de conduire à une multiplication des craintes inflationnistes à brève échéance. `

En d’autres termes de quoi créer une nouvelle vague d’incertitudes sur la manière dont la FED interprétera ce rapport, d’où le rebond des taux à 2 ans et celui du dollar, et sur que qu’il signifie en matière de risque pour la croissance alors que les entreprises américaines, en proie à des pertes de productivité, font dorénavant face à une hausse significative de leur coûts salariaux unitaires, synonyme de pincement de leurs marges.

Si le repli de l’euro peut momentanément soulager les bourses européennes, il ne fait aucun doute que ce rapport n’est pas de bon augure pour les marchés qui ne peuvent voir d’un bon œil l’éventualité d’une hausse des taux à nouveau renforcée (même si toujours peu probable à notre avis) dans le contexte présent d’affaissement de l’activité.

L’emploi américain, un non-événement après l’ISM des services

La publication des chiffres mensuels de l’emploi salarié américain pour le mois de janvier devait être l’événement de cette semaine, susceptible de renseigner tout à la fois sur la résistance de l’économie américaine a la montée du risque financier depuis le début de l’année et sur les développements à venir sur le front de la politique monétaire de la Fed.

Si cette perspective n’a pas été suffisante pour empêcher la défiance de gagner du terrain en début de la semaine, elle servait toutefois de garde-fou, permettant en particulier de contenir le risque d’ajustements violents du taux de change du dollar ou des marchés de taux.

Ces verrous ont sauté avec la publication de l’ISM des services mercredi, retombé en janvier à 53,5, son plus bas niveau depuis février 2014. Alors que le cycle américain s’essouffle, que l’industrie manufacturière est d’ores et déjà en récession et que la chute des indices boursiers se transforme en effets richesse significativement négatifs, la faiblesse de cet indicateur a d’ores et déjà significativement accru le risque de récession en 2016.

ISM americains

Les résultats ne se font pas fait attendre : dans la foulée de la publication de cet indicateur, les dernières anticipations de hausse des taux de la Fed ont disparu, les taux à deux ans sont redescendus à 0,70 %, leur plus bas niveau depuis le 27 octobre, les taux à dix ans se sont réinstallés sous la barre des 2 % et le cours moyen du dollar a subi sa plus forte baisse en sept ans au cours des deux derniers jours.

Taux US

Peu importent, dès lors, les informations livrées par le rapport mensuel de l’emploi :

  • Des créations d’emplois solides seraient perçues comme un indicateur retardé de l’activité, peu à même de rétablir la confiance ;
  • Un rapport décevant viendrait confirmer les craintes de perte de dynamisme, validant ainsi les informations délivrées par l’ISM ;
  • Une accélération des salaires qui aurait été un signal fort en faveur d’une hausse des taux il y a peu, risquerait, aujourd’hui, d’être analysée comme un facteur additionnel de pressions sur les marges de entreprises, notamment après les médiocres chiffres de productivité délivrés jeudi (en repli de 3% au dernier trimestre).

Au total, dans le meilleur des cas, ce rapport sera sans influence sur le sentiment, dans le pire il viendra accentuer les inquiétudes – une hypothèse sans doute précoce à en juger par les chiffres préliminaires de l’ADP publiés mercredi qui faisaient encore état d’un rythme solide de créations de postes dans le privé, bien qu’en nette décélération.

Economie américaine : le compte n’y est, toujours, pas

  • Dans un environnement marqué depuis des mois par une montée des inquiétudes les plus graves, la tendance à faire la part belle aux bonnes surprises est assez légitime. Reste aux économistes la tâche ingrate de rappeler à la juste raison. L’économie américaine a délivré des signes encourageants ces derniers mois : reprise immobilière, remontée de la confiance des ménages et, enfin, de bonnes nouvelles sur le front du chômage ces derniers jours. Elle n’en est pas, pour autant, sortie du bois :
  • Le taux de chômage est revenu sur ses plus bas niveaux depuis 2008. Plus préoccupant est toutefois le constat que l’emploi privé n’a toujours pas retrouvé son niveau de 2001. À ce titre, l’économie américaine n’a donc pas fait mieux que l’économie française depuis onze ans !
  • La reprise immobilière est en marche, c’est incontestable et tout laisse penser que cette amélioration se prolongera. Les ressorts de la demande restent toutefois très endommagés par la détérioration du contexte économique de ces dernières années et la capacité du secteur à entraîner le reste de l’économie est sérieusement érodée.
  • Les profits des sociétés américaines se situent à un niveau historiquement élevé. La décélération des gains de productivité a néanmoins sensiblement ralenti la croissance des bénéfices ces derniers trimestres de sorte que les développements sur le front de l’investissement productif sont, en tout état de cause, très décevants. 
  • Enfin, s’il est entendu que le pragmatisme américain devrait permettre de repousser les échéances en matière de rééquilibrage budgétaire, limitant de la sorte le risque conjoncturel associé au « fiscal cliff », il n’en reste pas moins que l’état des finances publiques américaines est alarmant et que les négociations à venir viendront mettre l’accent sur un des points les plus préoccupants de la situation du pays.

L’ensemble n’incite guère à la confiance aveugle qui semble à nouveau tenter de nombreux esprits. Les ressorts structurels de la croissance américaine ont été largement entamés par la crise. Il faudra assurément du temps avant que la première économie mondiale retrouve le chemin d’une croissance suffisamment solide pour évacuer les risques de nouvelles ruptures conjoncturelles et, davantage encore, pour qu’elle puisse jouer le rôle de locomotive susceptible de tracter le reste de l’économie mondiale. À 1,3 %, notre prévision de croissance pour l’année 2013, bien que nettement en-deçà du consensus (2 % en octobre), n’a pas de raison d’être modifiée.  Lire la suite…