T-Bonds – Bunds : pas d’écartement en vue du spread

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A défaut de pouvoir décemment anticiper un scénario rose, les marchés ne manquent pas de ressources pour se réconforter, quitte certaines fois, à envisager l’inédit ou le très faiblement probable. Dans ce registre, sont apparus ces dernières semaines des éléments troublants dans les mises à jour des prévisions d’un certain nombre de maisons, s’exprimant en particulier par l’anticipation d’un creusement exceptionnel de l’écart de taux longs entre les États-Unis et la zone euro. Un scénario, à ce jour, sans doute plus idéaliste que réaliste.

Draghi, renard, cigale ou tortue ?

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Que retiendra l’histoire de l’actuel Président de la BCE : son côté rusé et flatteur, qui jusqu’à présent lui permit de contenter les marchés sans ne rien faire ; son côté cigale, se reposant essentiellement sur le labeur de son amie, la Fed ; ou la force tranquille de la tortue qui, sans la démesure de certains apparemment plus agiles, parvient toutefois à ses fins ? Un début de réponse pourrait venir de ce qui nous sera annoncé aujourd’hui, mais gare à l’usure.

France : les résultats d’enquêtes convergent… pour le pire

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Les distorsions de la fin de l’année dernière entre les enquêtes PMI, prémonitoires de récession, et celles de l’INSEE, plutôt réconfortantes, se sont résorbées. Bonne nouvelle dans un premier temps, alors que les PMI rattrapaient leur retard, la convergence actuelle ne l’est plus : les enquêtes, quelles qu’elles soient, sont définitivement mauvaises. À cela deux raisons :

1/ le regain de frilosité des consommateurs,

2/ l’absence de redémarrage des exportations.

L’ensemble est préoccupant. Après une croissance nulle au premier trimestre, le retournement des indicateurs les plus récents accentue le risque de rechute ou de stagnation durable de l’activité. La prévision jusqu’alors relativement consensuelle d’une croissance de 1 % en moyenne cette année s’en trouve caduque : cette dernière aura vraisemblablement du mal à excéder 0,5 % ! Il s’agit d’une bien mauvaise nouvelle pour la France, comme pour le reste de la zone euro.

« Our currency, Your problem »

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Les choses sont un peu plus claires depuis la conférence de presse de Mario Draghi : la BCE considère le niveau de l’euro comme un facteur de risque déflationniste. Elle devrait donc agir en conséquence, de manière vraisemblablement très mesurée dès le mois de juin, davantage par la suite, si nécessaire, ce qui sera probablement le cas.
Dans un contexte où la plupart des autres grandes banques centrales pratiquent des politiques de dépréciation de leur monnaie, l’immobilisme de la BCE n’était plus tenable. Il s’agit donc d’une bonne nouvelle. Mais ne nous y trompons pas, en agissant de la sorte M. Draghi tente de se battre à armes égales avec les autres banques centrales, il met donc des bâtons dans les roues de la Fed, la BoJ et la BoC, non l’inverse.

Productivité, la partie n’est pas gagnée, au contraire des anticipations

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La faible croissance de la productivité qui caractérise les années récentes finira-t-elle par laisser place à un rebond structurel, à même de prolonger le cycle présent et d’alimenter la croissance des prochaines années ? C’est bel et bien ce que prédit le consensus, à grand renfort des scénarios de moyen-long termes développés par l’OCDE, le FMI ou autres organismes, tous prometteurs d’un essor considérable de la productivité de l’économie mondiale. Les arguments à l’origine de ces prévisions sont bien connus : abondance des profits des sociétés, révolution scientifique et technologique et gisements de croissance des pays émergents en constituent le fer de lance. L’ensemble permet d’entretenir des anticipations de croissance plus qu’honorables pour l’économie mondiale à horizon 2025 et au-delà et alimente les anticipations sur lesquelles se fondent, pour une large part, la valorisation actuelle des marchés d’actions.

Qu’en est-il au juste ?

Économie française, le croche-pied de trop

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Huit à neuf pays de la zone euro sont probablement déjà happés par la déflation. Face à une telle situation, l’orientation de la politique économique sera décisive. La BCE ne prendra pas de sitôt les mesures d’envergure nécessaires pour contrer la propagation de ce fléau, c’est donc aux politiques budgétaires et fiscales qu’incombe cette responsabilité. En se pliant aux contraintes de la Commission Européenne, la France, prend le risque de précipiter son économie en déflation et avec elle l’ensemble de la zone euro.

Inertie de l’investissement, les enjeux

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Les écarts de perception sur les tendances à venir de l’investissement privé constituent de loin la première source de division de la communauté des économistes ces dernières années.

  • Les plus confiants, largement majoritaires, voient dans le haut niveau des profits actuels, les besoins de renouvellement du parc productif et la remontée des taux d’utilisation des capacités, les arguments les plus convaincants d’une reprise à venir de l’investissement productif. Source d’amélioration de la productivité, de rattrapage de l’emploi et in fine de réduction de l’output gap des pays industrialisés, ce rebond attendu permet d’appréhender les années à venir sous un jour relativement optimiste, caractérisé par le retour d’une croissance soutenue à l’échelle mondiale, une normalisation du niveau des taux d’intérêt et encore de beaux jours pour les marchés d’actions.
  • Les seconds, moins nombreux bien que récemment plus représentés, expriment des doutes quant à l’amorce d’un tel cercle vertueux. Nous faisons partie de ceux-ci, considérant que, freinée par l’anémie des gains de productivité, la faible croissance des profits l’emportera sur leur haut niveau absolu et la décision d’investir, quand, par ailleurs, les perspectives de demande restent très largement incertaines, les PME sont encore confrontées à d’importantes difficultés et les conditions de financement sont toujours difficiles. Le scénario qui en découle est nettement moins enthousiaste que le précédent, laissant peu de place à la probabilité de retrouver une croissance économique durablement plus solide nécessaire à une reprise décente de l’emploi, à celle une normalisation du niveau des taux d’intérêt et à la prolongation du cycle boursier.

Malgré un léger mieux sur le front de l’activité internationale ces derniers mois, les tendances recensées dans notre dernier moniteur de l’investissement mondial ne remettent pas fondamentalement en cause notre analyse.