La BCE ne bougera pas, dommage !

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L’Allemagne ayant levé son veto à des achats de titres de la dette publique par la banque centrale, à travers les propos du Président de la Bundesbank la semaine dernière, la BCE aurait potentiellement les moyens d’actionner une politique monétaire plus agressive que ce qu’elle a fait jusqu’à présent pour contrer le risque de déflation auquel est confrontée la zone euro. Le fera-t-elle dès demain ?

C’est peu probable. Cela pour plusieurs raisons…
A paraître sur le site de Boursorama le 3 avril 2014

Allemagne, le vent tourne Weidmann suit…

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Alors que les PMI encourageants du mois de mars en zone euro ont conduit nombre d’observateurs à considérer que la BCE avait fait le bon choix, à savoir celui de ne rien faire de plus, les propos du Président de la Bundesbank confortent notre scénario d’une action supplémentaire, sinon pour l’immédiat, du moins pour un futur peu éloigné. Une telle éventualité est porteuse de plusieurs messages :1- la zone euro n’est pas sortie de l’auberge,2- la croissance allemande perd de son élan 3- la BCE fera davantage mais uniquement parce que les perspectives de la zone euro sont bel et bien fragilisées. 

Quel message nous renvoient les marchés obligataires ?

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Quel message nous renvoient les marchés obligataires ?

Depuis le début du tapering de la Fed en janvier, les taux de rendement des T-bonds américains à 10 ans ont baissé de 25 points de base, les taux espagnols de même échéance ont reflué de près de 80 pb, ceux de l’Italie de 65 pb et ceux de l’Allemagne de 30 pb. Même la mauvaise surprise du dernier FOMC de mercredi n’a eu qu’un effet marginal sur les taux à 10 ans américains qui ont terminé la journée d’hier à 2,77 %, soit le même niveau qu’une dizaine de jours auparavant. 

L’ensemble est bien éloigné du schéma généralement anticipé des conséquences du changement de politique de la Reserve Fédérale américaine dont le consensus attendait qu’il provoque une remontée significative des taux longs dans le monde occidental. Comment expliquer que tel ne soit pas le cas et quel message en retenir ?

Chine : recherche croissance désespérément

Quel est le degré de détérioration du contexte économique chinois pour que les autorités s’affairent à ce point ces dernières semaines ? 

Depuis la mi-janvier, la banque populaire de Chine a orchestré une chute de 3 % du yuan. Nos soupçons d’une rupture de politique de changes se trouvent donc renforcés (voir à ce sujet : « Revirement chinois ?», 28 février) et s’il s’agissait d’introduire de la volatilité pour décourager les flux de capitaux entrants, voilà qui est fait. Le mouvement pourrait ne pas s’arrêter là car la Chine semble bel et bien aux abois, face à une difficulté majeure : assainir son économie des excès de dette privée tout en préservant sa croissance. La partie n’est pas gagnée et, force est de constater, que l’objectif d’une croissance du PIB de 7,5 % cette année est de moins en moins crédible.

La FED joue son va-tout

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Avec treize sur seize de ses membres estimant qu’un resserrement monétaire sera approprié dès 2015 et dix de ceux-ci prévoyant que le niveau des Fed Funds sera supérieur ou égal à 1 % à la fin de l’année prochaine, le message délivré par la Fed à la suite de sa réunion des 18 et 19 mars rompt avec sa communication antérieure. Incompatible avec les anticipations actuelles des marchés de taux, cette réorientation est susceptible d’entrainer des réactions significatives, préoccupantes à plus d’un titre :

  • pour les marchés financiers, tout d’abord, le risque d’une sur réaction des taux d’intérêt et des marchés d’actions à ce changement de discours étant particulièrement élevé, aux États-Unis comme dans le reste du monde,
  • pour l’économie américaine, ensuite, dont l’état de santé est sujet à caution et l’incertitude sur sa capacité à faire face à un renchérissement du coût du crédit, encore très grande,
  • pour le monde émergent et les pays du sud de l’Europe, enfin, exposés à un risque accru de sorties de capitaux.

Nous continuons à penser que la Fed fait fausse route. La marche accélérée vers un arrêt du QE et une hausse des taux à horizon 2015 ne paraissant guère compatible avec la réalité de la situation économique américaine ou mondiale présente. Nous maintenons notre prévision d’un retour de bâton avant l’été et d’un repli des taux longs après une vraisemblable remontée temporaire.

L’humeur du Vendredi 7 mars : M. Draghi paraît bien sûr de lui…

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Le Président de la BCE est confiant en sa capacité à combattre le risque de déflation et ramener le taux d’inflation de la zone euro vers l’objectif officiel de 2 %… à horizon 2016. Pouvait-on s’attendre à autre conclusion ? À l’évidence non. La BCE n’allait pas se tirer une balle dans le pied en nous annonçant que ses prévisions aboutissaient à un scénario de déflation, reconnaissant ainsi qu’elle échouerait dans sa mission.

Mais en pratiquant le déni de réalité, la BCE réfute la nécessité d’agir contre une menace de plus en plus importante et bien réelle qu’est celle de la déflation. La pratique est assurément préoccupante car, quoiqu’en dise M. Draghi, elle renforce bel et bien l’hypothèse d’un scénario à la japonaise que d’ores et déjà beaucoup d’éléments renforcent

Inflation mondiale – la désinflation gagne du terrain

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La désinflation gagne du terrain à l’échelle planétaire. Après un rebond temporaire au printemps, l’inflation mondiale a retrouvé une tendance baissière au second semestre 2013 et terminé l’année dernière à 3,2 %. Toujours très faible dans le monde développé, à 1,3 % en décembre, l’inflation a également reflué dans bon nombre de pays émergents ces derniers mois, pour ressortir en moyenne à 6,1 % à la fin de l’année dernière.

Ainsi, en décembre 2013 le nombre de pays de notre échantillon de (80) affichant un taux d’inflation inférieur à 2 % est quasiment de moitié (39), soit une proportion nettement plus élevée qu’un an auparavant (24). Gonflée par les chacun des 27 pays de l’UE sans exception, cette catégorie est également alimentée par un  nombre croissant d’économies asiatiques (6), les États-Unis et le Canada. Ce mouvement se solde par une baisse importante du nombre de pays à inflation modérée (3 % à 4 %) tandis que la proportion d’économies à inflation élevée (6 % et +) varie peu, regroupant pour la plupart des pays d’Afrique ou des victimes de conflits.

  • La désinflation gagne du terrain à l’échelle mondiale
  • Les prix des matières premières se détendent
  • Des contrastes toujours marqués dans les pays émergents
  • Le risque de déflation reste élevé en occident 
  • Les États-Unis, pas tout à fait sortis de l’ornière
  • Zone euro, le risque de déflation se propage au noyau dur
  • Les importations, source additionnelle de désinflation 
  • Remontée des taux réels, la plus grande menace

Revirement chinois ?

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L’Humeur du Vendredi 28 février

Revirement chinois ?

Simple bruit ou vrai signal ? L’hypothèse selon laquelle la baisse subite de la monnaie chinoise de ces derniers jours serait sans grande conséquence, orchestrée par les autorités dans le seul but de freiner les flux spéculatifs sur la devise, n’est pas totalement dénuée de sens à l’heure où tout est fait pour éradiquer la multiplication des sources de financement parallèles. Il s’agirait alors d’un changement, certes, préoccupant pour un certain nombre de secteurs domestiques dont la dépendance aux financements externes est importante, mais sans conséquence directe majeure sur les autres pays de la planète.

Toutefois, les raisons susceptibles de justifier une rupture stratégique en vue de provoquer une dépréciation du yuan sont suffisamment nombreuses pour étayer l’hypothèse d’un revirement de la politique de changes des autorités chinoises, aux conséquences internationales potentiellement beaucoup plus dommageables. Après plus de deux ans de hausse quasi-ininterrompue, l’appréciation de la devise chinoise est un handicap majeur pour l’Empire du Milieu et ne peut, à l’évidence, s’éterniser. L’heure pourrait donc être venue d’un changement que nous redoutons depuis plusieurs trimestres maintenant.

Déflation en zone euro, le risque reste entier 

Les chiffres d’inflation du mois de février semblent avoir rassuré les marchés. À 0,8 % sur douze mois, la hausse des prix à la consommation n’a pas ralenti davantage ce mois-ci. Interprété comme un signe suffisant pour repousser les doutes à l’égard d’une possible réponse de la BCE au risque déflationniste, l’euro a salué la nouvelle !

L’analyse par pays des données à ce stade disponibles est pourtant moins convaincante.

 

L’Espagne, stratégie gagnante ?

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La révision à la hausse de la note souveraine de l’Espagne par l’agence Moody’s la semaine dernière est un signe supplémentaire du regain de confiance à l’égard de la péninsule ibérique, dont les progrès sont souvent cités en exemple en matière de gestion de crise. Essentiellement assise sur une baisse des coûts du travail, la stratégie du gouvernement Rajoy était destinée à améliorer la compétitivité du pays pour lui permettre de trouver la voie d’une sortie de crise par les exportations. Face à une économie exsangue, sous le coup d’un processus de désendettement dont les effets ne peuvent être que durablement pénalisants pour la demande domestique, cette stratégie est souvent apparue comme la seule susceptible de remettre l’économie sur le chemin d’une croissance équilibrée, malgré un coût social immédiat très lourd.

Qu’en est-il au juste, les résultats de l’économie espagnole de ces derniers mois sont-ils à la hauteur et effectivement capables d’assurer le retour d’une croissance pérenne à la péninsule ibérique ?