Top départ ou pétard mouillé pour l’Allemagne ?

Dans la foulée des indicateurs ZEW et PMI, l’IFO composite allemand a regagné 1,5 point en avril, à un plus haut niveau de 89,4 depuis un an, une amélioration permise à la fois par l’amélioration des perspectives et par les retours en provenance des services ou du commerce de détail. Replis de l’inflation et des taux d’intérêt semblent, donc, en apparence commencer à porter leurs fruits, comme largement anticipé par le consensus. Bonne nouvelle s’il en est après plus d’un an de récession, nous avons préféré attendre les détails sectoriels de l’enquête IFO d’aujourd’hui avant de réagir aux données synthétiques publiées hier, histoire de mieux appréhender les sources de cette amélioration. Mal nous en a pris ! Car de ces détails il ressort bien moins d’éléments convaincants que nous ne l’avions imaginé.
1- Sauf les espoirs des chefs d’entreprises, l’industrie continue de se porter de plus en plus mal, notamment pour les secteurs les plus influents de l’automobile, les biens d’équipement ou la chimie, ainsi qu’en témoigne la nouvelle chute des commandes.
2- Même constat du côté de la construction pour laquelle, si les attentes remontent quelque peu, anticipation de baisse des taux sans doute, les carnets de commandes n’évoluent pas, tout juste se stabilisent-ils sur de très faibles niveaux.
3- L’activité dans le commerce s’est légèrement reprise, c’est un fait qui laisse envisager un coup d’arrêt à la récession. De là à parler de reprise, il y a un pas que les conditions actuelles ne permettent pas de franchir.
4- L’amélioration du côté des services semble, à première vue, assez convaincante, en même temps qu’audible, dans le contexte de désinflation en présence et de frémissement de la confiance des ménages. Les détails par secteur d’activité sont néanmoins, là encore, insuffisants, concentrés dans l’hôtellerie-restauration et les activités de logistique et transport qui ne parviennent pas, néanmoins, à renouer avec le niveau de confiance de 2023. Les ménages sont-ils prêts à puiser dans leur excès d’épargne pour aller plus loin ? Il le faudra à en juger par leurs pertes de pouvoir d’achat de ces dernières années mais leur manque d’enthousiasme sur les perspectives macro-économiques ne laisse pas beaucoup d’espoir sur ce front non plus.

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Stand-by des marchés : le point à mi parcours

Une semaine après l’attaque d’Israël par l’Iran et moins de vingt-quatre heures après la réplique des Israéliens, les incidences de la montée des tensions géopolitiques restent particulièrement ténues sur les marchés financiers, quand ces derniers n’évoluent pas dans des directions radicalement opposées à celles généralement anticipées dans de telles circonstances. S’ils tétanisent les investisseurs, les développements au Moyen-Orient ne paraissent pas avoir été suivis de changements radicaux de stratégies d’investissement, par ailleurs, malmenées par ce qui reste la principale source d’incertitude, à savoir l’évolution des taux d’intérêt.

L’ensemble aboutit à un curieux sentiment, de marchés en suspens, prêts à renouer, à chaque occasion, avec les tendances qui prévalaient avant l’attaque du régime de Téhéran sur Israël ou, même, avant la publication, à certains égards, fatale, du CPI américain du mois de mars…
Au total :
– le repli vers les valeurs refuge est à peine perceptible.
– L’appétit pour le risque et pour les valeurs cycliques semble prompt à reprendre le dessus à la moindre dissipation des éléments contrariants.
– Les bruits de botte n’ont pas supplanté les nouvelles en provenance de l’Empire du Milieu, qui, bien qu’assez médiocres sur le fond, ont renforcé le sentiment d’une amélioration des perspectives des marchés locaux et, dans la foulée, celle des métaux industriels, les deux actifs les plus performants de la semaine écoulée.
– Seule évidence, les valeurs les plus exubérantes du début d’année n’ont plus le vent en poupe, c’est en particulier le cas du côté des « 7 magnifiques » américaines qui avaient porté l’indice Nasdaq et le S&P500 sur leurs sommets récents. Difficile d’y voir une conséquence du conflit irano-israélien, cependant.
– Tel ne semble pas être encore le cas, en revanche s’agissant du BTC, lequel, malgré son fort repli et son aveu de faiblesse par rapport à l’or pour faire face à des situations extrêmes, ne donne pas de signes évidents de capitulation.
Quelles leçons tirer de ces évolutions ?

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La hausse des taux commence à mordre sur l’immobilier américain ; tant mieux !

Les ventes de détail à prix courants ont augmenté de 0,6 % en mars aux Etats-Unis, après 0,9 % en février. Malgré une hausse trimestrielle presque nulle en raison du mauvais mois de janvier, les nouvelles sur le front de la consommation tiennent le coup, quand bien même, distorsions de prix et accroissement des stocks dans le commerce de détail modèrent quelque peu la confiance.

Les nouvelles sont moins sympathiques du côté de l’immobilier. L’indicateur NAHB de confiance des constructeurs a plafonné en avril après quatre mois de hausse, à un bas niveau de 51. Les perspectives de report de l’assouplissement monétaire et la hausse des taux qui va de pair ne sont pas sans conséquence sur les prévisions du secteur, sans le fléchissement duquel la FED aura du mal à passer à l’action ; un mal pour un bien, en somme qui incite à accueillir favorablement le tassement des indicateurs immobiliers de ces derniers temps, avant les mises en chantier et permis de construire attendus demain.

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Géopolitique, circulez, y’a rien à voir ?

Période de vacances scolaires ou RTT obligent, vous avez peut-être quitté vos écrans vendredi midi pour ne les rallumer que ce lundi midi, après un week-end coupé de l’info ? Alors, peut-être avez-vous raté les coups de tonnerre déclenchés par les menaces d’une attaque imminente du régime iranien sur Israël, en toute fin de semaine dernière, l’annonce de frappes effectives de drônes dans la journée de samedi, celle d’un G7 en toute urgence et la succession de déclarations de la plupart des grands dirigeants internationaux pour prévenir un risque majeur d’escalade d’un conflit.
Au pire aurez-vous noté que le dollar s’est un peu plus rapidement apprécié pendant votre absence, comme il avait commencé à le faire avec la publication du CPI américain jeudi dernier, dans un contexte de remontée des taux futurs américains, qui a, effectivement, pris plus d’ampleur ce lundi. Peut-être avez-vous été tenté d’interpréter le repli des cours du brut, de l’or et des cryptomonnaies comme la conséquence logique du changement d’anticipations sur la politique de la Fed qu’implique une inflation trop forte, malgré tout, parfaitement digéré par les bourses occidentales, toutes en hausse grâce, notamment, en Europe, aux bancaires, au luxe, foncières et cycliques industrielles… Rien, en tout cas, susceptible de vous mettre sur la bonne piste de développements géopolitiques majeurs, en mesure d’annoncer l’imminence d’un conflit de premier ordre. Quelque chose cloche-t-il ?

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Non, abandonner la perspective de baisses de taux de la Fed ne coule pas de source

Le rapport sur l’inflation américaine du mois de mars a fini par avoir raison des anticipations d’une première baisse des Fed Funds en juin, voire en juillet, ce qui ne laisserait plus à la Fed que trois occasions, maximum, d’abaisser le niveau de ses taux directeurs d’ici la fin de l’année compte-tenu de l’agenda des FOMC, à savoir : septembre, novembre et décembre. Le pronostic 2024 en est profondément modifié par rapport à ce qu’il était encore début février, quand les anticipations tablaient sur 125 à 150 pb de baisses des Fed Funds, dont il ne reste plus que 50 à 75 pb aujourd’hui.

De là à ce que ces révisions se poursuivent jusqu’à potentiellement gommer toute anticipation de baisse des taux, il semble n’y avoir qu’un pas. Ce dernier n’est, pourtant, pas aussi évident à franchir, ceci pour au moins trois raisons :
• La première vient du fait que la Fed continuera, in fine, à vanter les mérites de sa stratégie et de sa capacité à dompter l’inflation ; il en va de sa crédibilité. Ceci devrait l’inciter à conserver l’hypothèse d’une normalisation des taux réels, quand bien même plus tard qu’elle ne l’avait prévu et, sans doute, avec moins de précipitation que jusqu’alors…
• La seconde vient du fait que les succès de l’économie américaine restent très relatifs, éminemment dépendants de la gestion Biden et de la résilience apparente de l’immobilier ; deux domaines, mal relayés par les autres segments de l’économie américaine et pour lesquels la corde pourrait s’user d’autant plus rapidement que les taux resteront plus durablement élevés.
• Si tel est le cas, risques de récession et fragilités des marchés pourraient sans tarder revenir dans le radar, en particulier du côté des entreprises et de leurs conditions de financement.
Chacune de ces raisons justifie le biais persistant des perspectives de taux d’intérêt dans lesquelles les baisses des Fed Funds semblent gravées dans le marbre, quand bien même, constamment repoussées dans le temps, aujourd’hui à la faveur d’anticipations à moins de 4,0 % à horizon du printemps 2025. A l’heure où les incertitudes sur la trajectoire monétaire sont à leur paroxysme, sans doute n’est-il pas superflu de conserver ces éléments en tête et, avec eux, les risques qui y sont associés.

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Chat échaudé craint l’eau froide. La BCE sur la retenue

La BCE attendra la mise à niveau de son scénario de juin pour jauger des résultats et de la possibilité d’abaisser le degré de contrainte monétaire. D’ici là, l’inflation des services n’a qu’à bien se tenir ! Ci-dessous, la traduction google du premier paragraphe de son communiqué, qui va du satisfécit, rassurrant, sur les résultats obtenus sur le front de l’inflation, à la méfiance, soulignée par la dernière phrase-clé :
Les informations reçues ont largement confirmé l’évaluation précédente du Conseil des gouverneurs concernant les perspectives d’inflation à moyen terme. L’inflation a continué de baisser, tirée par la baisse des prix des produits alimentaires et des biens. La plupart des mesures de l’inflation sous-jacente s’atténuent, la croissance des salaires se modère progressivement et les entreprises absorbent une partie de la hausse des coûts du travail dans leurs bénéfices. Les conditions de financement restent restrictives et les hausses passées des taux d’intérêt continuent de peser sur la demande, ce qui contribue à faire baisser l’inflation. Mais les pressions sur les prix intérieurs sont fortes et maintiennent l’inflation des prix des services à un niveau élevé

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Oublié le PCE, le CPI reprend la main : J. Powell prêt à ravaler son chapeau ?

Le rapport était particulièrement attendu, dans un contexte des plus incertains sur l’évolution de l’inflation et, par conséquent, sur des perspectives monétaires. Il est, sans réelle surprise, mauvais, tout du moins en première lecture. L’inflation totale ressort en accélération de 3,2 % en février à 3,5 % en mars et la mesure hors prix de l’énergie et de l’alimentation ne baisse plus, inchangée à 3,8 %. Si ces évolutions annuelles ne sont pas outre mesure significatives, il en va autrement des tendances mensuelles, toujours au moins deux fois trop rapides par rapport à l’objectif de la Fed et, surtout, en accélération. Au cours des trois derniers mois, les hausses mensuelles des indices sous-jacent et total ont respectivement atteint 4,5 % et 4,6 % en rythme annualisé. Celle des services est montée à 6,8 %, 2,5 point de plus qu’en milieu d’année dernière et son plus haut niveau depuis février 2023. Quand bien même l’analyse détaillée du rapport est, en réalité, plutôt meilleure que celle de février compte-tenu de la contribution élevée des tarifs d’assurance automobile, de tels résultats mettent à l’évidence la Fed en porte-à-faux, ceci d’autant plus que les prix de l’énergie et de l’alimentation ne baissent plus, voire réaugmentent sensiblement pour les premiers.

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Bataille serrée du côté de la BCE

Depuis le communiqué incontestablement « colombe » de la Banque Centrale européenne du 7 mars, les bons chiffres d’inflation et les interventions de Mme Lagarde et de certains autres membres du conseil des gouverneurs ont fait naitre l’hypothèse d’une possible première baisse des taux directeurs dès cette semaine. Les éléments en ce sens se sont, de fait, accumulés : inertie de la croissance économique, contraction de la masse monétaire, restriction budgétaire, net repli de l’inflation et retard croissant de la conjoncture de la zone euro avec celle des Etats-Unis, offrant à la BCE la possibilité de s’affranchir de la FED.

Reste, que les conditions internationales ne sont pas allées dans le sens escompté. La perspective d’un assouplissement généralisé des politiques monétaires a entrainé dans son sillage une remontée précoce des cours des matières premières dont les banques centrales se seraient, sans doute, bien passées. La BCE devrait, donc, a priori, temporiser et se donner un peu plus de temps avant un passage à l’acte, en juin… au risque, toutefois, de voir sa fenêtre de tir se rétrécir cet été. Dans un tel contexte, les plus colombes du conseil des gouverneurs pourraient être tentés d’aller vite pour garantir un premier geste, à l’opposé des faucons plus désireux d’attendre. La bataille risque d’être serrée.

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