Présentation Mars 2020: Covid 19, état des lieux et perspectives

Déferlante systémique:

  • Les chances d’un répit mondial avant la rentrée de septembre disparaissent
  • D’un choc d’offre chinois à un choc de demande internationale : une profonde récession industrielle, un tsunami dans les services
  • Un choc de 8 %-10 % du PIB mondial ? On peine à le croire, et pourtant…
  • Une crise financière proportionnelle à l’irrationnalité passée : TINA c’est fini
  • On s’en remet comment?
    La page de 30 années de mondialisation est en train de se tourner
    L’Europe survit-elle à la déferlante ?
    Déflation ou hyperinflation?

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Un mal pour un bien. Vraiment ?

L’idée a germé dans nos esprits dès les débuts de l’épidémie de coronavirus : cette crise sanitaire inédite ne serait pas sans lendemains. Non pas qu’elle aura dévoilé la fragilité d’un monde que l’on croyait aseptisé qui nécessiterait une remise à plat des pratiques de prévention médicale en même temps qu’une plus grande transparence des systèmes santé et une meilleure préparation à des scénarii d’épidémie de grande ampleur. Non, c’est sur un autre plan que le choc provoqué par cette pandémie est le plus largement attendu : en l’occurrence dans sa capacité à accélérer le détricotage d’une mondialisation effrénée, aux proportions devenues insoutenables pour la bonne marche économique mondiale, qui plus est, incompatible avec toute ambition climatique un tant soit peu significative. L’apparition du Covid-19 en Chine a levé le voile sur l’extrême dépendance du reste du monde à l’égard de ce qui est devenu son atelier. Rien de nouveau mais néanmoins une violente prise de conscience des risques associés à une situation de sujétion critique allant jusqu’à l’approvisionnement des cellules souches de nos médicaments les plus indispensables. Alors on se prend à rêver que cette crise éveille les consciences, qu’elle permette d’effectuer ce grand pas en avant vers de nouveaux modes de consommation plus respectueux des besoins effectifs, de l’environnement et des équilibres économiques régionaux ; qu’elle rapproche les lieux de production de ceux de la consommation et redistribue plus équitablement les ressources en emploi ; que les images de la NASA d’un ciel pourri aux particules de dioxyde d’azote au-dessus du territoire chinois n’appartiennent plus qu’au passé. Une crise salvatrice en somme, un mal pour un bien. Mais, c’est à craindre, un rêve bien éloigné des lendemains que nous promet la crise en cours.

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Covid-19 : d’un choc d’offre chinois à un choc de demande mondiale

Parmi les difficultés à anticiper les effets de l’épidémie de coronavirus, réside, entre autres incertitudes de taille, le fait d’être simultanément confronté à un double choc d’offre et de demande aux pourtours incertains en même temps que mouvants. En période de crise aigüe, la frontière entre ces deux types d’impacts est bien souvent étroite, le premier risquant sans délai de muter vers le second dès lors que l’appareil productif, les transports, l’emploi ou les moyens de financement (2008) sont paralysés.

De l’ampleur de ces dérèglements dépend le risque de transformation d’un choc initial d’offre, essentiellement chinois, en choc de demande globale aux conséquences éminemment différentes sur les comportements, les anticipations et les réponses à apporter. Où en sommes-nous aujourd’hui et qu’en déduire pour l’environnement financier immédiat ?

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Perspectives 2020 : le grand pari

S’il existait une échelle du degré d’incertitude assorti aux prévisions économiques, nous serions sans aucun doute très haut sur celle-ci aujourd’hui, en l’occurrence probablement à un niveau jamais atteint depuis fin de la seconde guerre mondiale. Il y a trois bonnes raisons à cette situation :

1- La première vient des effets mal connus de l’hyper financiarisation de l’économie mondiale sur les équilibres économiques, le comportement des agents, la perception des risques et les réponses préventives apportées par les responsables de politique économique.
2- La deuxième est liée à la fragilité de l’expertise sur la réalité et la profondeur des changements systémiques que semblent à même de provoquer les ruptures démographiques, technologiques, scientifiques, climatiques et sociétales en cours, dont les conséquences, jusqu’alors considérées avec distance, s’accélèrent, sans que l’on sache estimer avec précision leur influence réelle sur les rouages économiques, y compris conjoncturels.
3- La troisième provient des interrogations et incertitudes que suggère le constat de la disparition de l’inflation et, semble-t-il, avec elle, du principal déterminant des cycles tels qu’ils ont rythmé l’activité économique du monde développé depuis la seconde guerre mondiale. Phénomène passager ou durable, plus sociétal ou systémique qu’économique, issu de quel changement et avec quelles conséquences à long terme ?
Face à ces enjeux l’économiste tâtonne, les modèles déraillent et les décisions des agents et les prévisions s’en ressentent. Jamais l’exercice prévisionnel n’est apparu aussi fragile, voire à la limite de l’inconsistance tellement le sentiment est vif de risquer de passer à côté de l’essentiel de ce qui fera le monde de demain, c’est-à-dire peut-être déjà celui des prochains trimestres. Face à ces questionnements trop nombreux, le réflexe de conservatisme est souvent de mise. C’est un risque dont nous sommes bien conscients qui vaut tout à la fois à la hausse comme à la baisse sur nos estimations.

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Après le point bas, scénario en ‘L’, ‘V’ ou ‘W’ ? La réponse n’est pas dans les PMI

La confirmation d’un point bas de la conjoncture industrielle mondiale offerte par les PMI manufacturiers du mois de novembre a redonné confiance à la communauté des économistes ces derniers jours. Particulièrement suivies, ces enquêtes ont également une influence décisive sur les marchés financiers et sont capables de faire la pluie et le beau-temps sur les indices boursiers et, bien que de manière moins systématique, sur les marchés de taux d’intérêt. L’interprétation de ces enquêtes est, malgré tout, souvent discutable ou remise en cause par la réalité des tendances économiques qu’elles sont censées préfigurer et les erreurs ou excès d’interprétation ne sont pas rares. Où en est-on aujourd’hui et que pouvons-nous déduire de l’amélioration de ces indicateurs ?

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Le prêche de l’économiste face à la bulle

Ah qu’il est inconfortable le rôle de l’économiste dans un contexte de bulle, déchiré entre son devoir d’impartialité face à des fondamentaux qui ne lui permettent pas de justifier ce qu’il observe du comportement des marchés et le risque de s’obstiner face à une réalité qui pourrait lui échapper.

Après trois bulles en moins de vingt ans, il devrait pourtant être blindé mais tel n’est jamais le cas car domine toujours l’espoir qu’il se trompe et la préférence collective pour l’illusion. À quoi peut-il dès lors servir sinon à continuer de faire ce qu’il est supposé savoir faire : peser, soupeser, veiller à faire abstraction de ce qui pourrait biaiser son diagnostic pour s’assurer de comprendre l’équilibre qui anime les marchés et être en mesure d’anticiper ce qui pourrait rompre la dynamique en place pour prévenir de ce qui, fondamentalement, le préoccupe le plus, l’après-bulle !

 

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Cycliques européennes, vraiment ?

On aime dire qu’on apprend de ses erreurs, encore faut-il les expliquer. Quelle a été la nôtre ? Partant de la situation économique internationale et de ce qu’elle suggérait pour les résultats des entreprises, de l’usure des politiques monétaires et des valorisations en place, notre analyse n’incitait guère à anticiper le rallye des marchés de ces dernières semaines. En quoi avons-nous eu tort ? Les tendances passablement déprimées de l’économie mondiale sont plutôt fidèles à notre diagnostic ; la communication des entreprises à ce stade de leurs publications de résultats ne jure pas non plus avec ce dernier ; quant à l’usure des politiques monétaires, la crise au sein de la BCE en est une expression et la FED pourrait bientôt ne rien avoir à lui envier tant, là aussi, les dissensions sont vives. Reste la psychologie. Les spécialistes nous avaient prévenus, le moral des investisseurs mesuré par le put/call ratio était déjà trop bas pour envisager un décrochage à même d’entrainer les indices. Force est de reconnaitre qu’ils avaient bien vu : face au spectre d’une crise majeure, les étincelles d’espoir ont produit des feux de joie, notamment sur les bourses européennes. Reste à savoir ce qu’il en restera dans quelques temps.

 

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Difficile de trouver des justifications solides à la remontée récente des taux longs

Dans la foulée du consensus et de l’OCDE, le FMI a annoncé cette semaine une nouvelle révision à la baisse de ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale. Depuis le début du printemps, les perspectives internationales n’ont de cesse d’être revues à la baisse et ce ne sont pas les dernières tendances en provenance d’Europe, des États-Unis ou de la Chine qui viendront contredire ce mouvement. De leur côté, les perspectives d’inflation s’écrasent sous les effets combinés de la fragilité de la demande, des tensions concurrentielles qu’alimente la guerre commerciale et du regain de faiblesse des cours du pétrole. Conséquence de cet environnement, les anticipations de baisse des Fed Funds sont encore montées d’un cran après les mauvaises nouvelles de cette semaine. La période d’assouplissement monétaire semble, de fait, bien partie pour durer avec à la clé de nouveaux programmes d’achats d’actifs de la part de la BCE et maintenant de la FED (60 mds/mois d’achats de bons du Trésor pour apaiser les tensions du marché interbancaire américain). Malgré tout, les taux d’intérêt futurs se tendent ces derniers temps. Comment interpréter ce mouvement et quels sont les risques qu’il se développe ?

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