Crises asiatiques : à quel point l’avenir de la région risque-t-il d’être compromis ?

Guerre commerciale, ralentissement chinois, vieillissement démographique, multiplication des crises politiques et géopolitiques : à quel point l’avenir économique de l’Asie est-il menacé par les bouleversements en cours ? L’essor asiatique depuis le décollage de la Chine a fait de la région le point d’orgue des anticipations de croissance de moyen et long terme de l’économie mondiale, la branche à laquelle ces dernières ont pu se rattraper face aux perspectives structurellement affaiblies du monde développé. Riches des progrès réalisés depuis le milieu des années deux mille, les pays émergents d’Asie sont perçus comme des pôles de prospérité inéluctablement voués à dominer la croissance planétaire des prochaines décennies et conditionnent les stratégies de développement de la plupart des secteurs de la vie économique. Si les déboires de ces dernières années ont régulièrement écorné les espoirs conjoncturels, ils n’ont pas provoqué jusqu’alors de remise en cause fondamentale de ce diagnostic. Les développements de ces derniers temps obligent, pourtant, à considérer la possibilité d’un avenir beaucoup moins radieux pour la prochaine décennie asiatique.

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Perspectives 2019 : sous le signe de l’endurance

À quoi ressemblera l’année 2019 ? Le moins que l’on puisse dire est que le point de départ n’est pas brillant, que ce soit sur le front économique, politique et géopolitique, ou financier. Alors que l’année dernière avait débuté sous le signe de l’euphorie et de l’espoir d’un nouveau départ de la croissance mondiale, 2019 s’amorce dans un contexte d’une rare complexité où s’entremêlent les stigmates d’une fin de cycle conjoncturel aux États-Unis, ceux d’une Europe déchirée qui, faute d’ambition collective, semble vouée à l’enlisement et ceux, enfin, d’un monde en développement privé de l’aile protectrice de la Chine, laquelle, passée au stade de l’offensive géostratégique et des prouesses qui vont avec, n’a, cependant, plus les moyens d’entretenir la dynamique économique du reste du monde.

Les sous-jacents de la croissance ne sont pas fondamentalement préoccupants dans un environnement de très bas niveau persistant des taux d’intérêt et de baisse des cours du pétrole mais les résultats escomptés sont trop faibles pour envisager qu’ils apportent l’huile qui serait nécessaire pour réduire les sources de risques, financiers et politiques notamment. Sauvées par les effets bénéfiques escomptés de la chute des cours du pétrole sur l’activité du premier semestre, nos perspectives sur la croissance mondiale sont, cependant, plombées par le retour d’une inflation trop basse pour assurer une croissance décente des résultats des entreprises. À 4,7 %, la croissance nominale de notre échantillon mondial a subi le contrecoup de nouvelles révisions à la baisse pour l’Europe et serait la plus faible depuis le début des années soixante.

Dans un tel contexte, une vigilance exceptionnelle des politiques monétaires et budgétaires sera requise. L’aurons-nous ? L’économiste n’a pas d’autre choix que de considérer que les bonnes réponses apportées permettront de temporiser l’ajustement à la baisse des prix des actifs et d’en limiter les conséquences économiques.

Dans de telles conditions, le cycle ne semble pas devoir s’éteindre mais les prolongations prennent déjà l’allure d’une course de fond trop longue, au fil de laquelle se multiplient les embuches et les risques, dont le degré apparaît significativement plus élevé que la norme.

Nous présentons cette semaine les principales conclusions de notre scénario macro-économique qui seront complétées vendredi prochain de nos perspectives de marchés.

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Le non accord de Doha, un moindre mal

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Si la chute du cours du pétrole a souvent été désignée comme responsable de la mauvaise tenue des marchés financiers et de la persistance du risque déflationniste   à l’échelle mondiale, la perspective d’une éventuelle remontée des cours à la suite d’un accord des pays de l’OPEP posait bien d’autres questions, en particulier celle des effets de la confiscation des gains de pouvoir d’achat sur la conjoncture du monde développé et celle d’une réduction des marges de manœuvre des banques centrales dans un contexte de remontée mécanique des taux d’inflation. Vu sous cet angle, le non aboutissement des rencontres de Doha est donc plutôt bienvenu.

L’Humeur du Vendredi 26 février

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Deux articles cette semaine

Quand la magie des mots ne fait plus illusion

On aurait pu croire à un message subliminal dans le discours d’ouverture du G20 de Shanghai prononcé par la Présidente du FMI, Madame Lagarde, au cours duquel le terme de « réformes structurelles » est tellement récurrent qu’on en est venu à se demander s’il n’avait pas été utilisé, sciemment, à vingt reprises. Rien de cela, c’est en l’occurrence vingt et une fois que la responsable du FMI en a usé, au moins une de trop pour des oreilles françaises dressées à la discipline de la non répétition. Difficile de voir toutefois de quoi convaincre, dans ce qui ressemble davantage à une inlassable complainte qu’à un programme de bataille.

Recherche désespérément signes encourageants à l’horizon mondial

L’année 2016 débute décidément sur un bien mauvais pied. Où que l’on regarde, le diagnostic est le même : la croissance se fissure et la récession rode. Si le diagnostic n’est pas encore certain, compte-tenu de la réserve de pouvoir d’achat dont disposent les ménages, il augmente en probabilité avec une croissance mondiale vraisemblablement très affaiblie début 2016.