La BCE lance les PELTROs mais aura du mal à échapper à un accroissement du PEPP

Au terme de son comité de politique monétaire, la BCE a annoncé un certain nombre de mesures additionnelles d’assouplissement de sa politique, sous la forme :

–      D’un assouplissement des conditions des opérations ciblées de refinancement à long terme (TLTRO III) dont les taux d’intérêt seront réduits de 50 point de base en dessous du taux d’intérêt moyen des principales opérations de refinancement de l’Eurosystème entre juin 2020 et juin 2021. Avec des taux directeurs de -0,50 %, ces opérations pourront profiter d’un taux d’emprunt de -1 %.

–        Du lancement d’une nouvelle série d’opérations de refinancement à long terme d’urgence pandémique non ciblées du nom de PELTRO (pour « pandemic emergency longer-term refinancing operations »), dont le but est de soutenir les conditions de liquidité du système financier de la zone euro. Ces PELTROs seront au nombre de sept et débuteront en mai 2020 pour des échéances échelonnées entre juillet et septembre 2021. Ils seront exécutés sous forme d’appels d’offres à taux fixe avec attribution intégrale, à un taux d’intérêt inférieur de 25 points de base au taux moyen des principales opérations de refinancement.

La Banque centrale européenne n’a pas modifié le niveau de ses taux d’intérêt qui restent donc à 0 % pour son principal taux de refinancement et à -0,5 % pour son taux de rémunération des facilités de dépôts.

Le montant de ses achats d’actifs reste également inchangé, composé :

–        du programme d’assouplissement quantitatif mis en place le 1er novembre 2019 qui portait initialement sur un volume d’achat de 20 milliards d’euros d’actifs par mois et a été accru de 120 milliards d’euros en mars pour le reste de l’année 2020,

–        du programme d’achat d’urgence pandémique (PEPP) de 750 milliards d’euros, lancé en mars afin de protéger la zone euro contre les répercussions économiques de la crise sanitaire.

Après ses faux pas de début mars, la BCE est sur la ligne d’un assouplissement graduel des conditions monétaires dont tout laisse penser qu’il devra se poursuivre pendant une longue période. Mme Lagarde semble cependant avoir un large soutien du board de la BCE et être en mesure d’ajuster le tir au fur et à mesure des besoins. Ses annonces devraient permettre d’atténuer un peu plus les tensions récemment apparues sur le marché interbancaire de la zone euro. Il est néanmoins vraisemblable qu’elles pèsent sur le niveau des taux futurs de moyen-long terme ce qui n’aidera pas le secteur bancaire.

L’incertitude reste grande également sur l’efficacité du dispositif mis en place par la BCE à l’égard des États. Les écarts de taux d’intérêt vis-à-vis de l’Allemagne peinent en effet à se détendre ce qui appellera vraisemblablement une augmentation du PEPP à échéance plus ou moins proche compte-tenu des développements des conditions économiques et de marché. La route est encore longue…

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Plus difficile de faire semblant sur les marchés européens

Les marchés américains font comme si. Chaque jour plus préoccupantes, les nouvelles économiques font à peine sourcilier les indices boursiers submergés par les liquidités tous azimuts de la FED. Le déconfinement au coin de la rue serait en passe de refermer la parenthèse de ces deux derniers mois et d’autoriser un redémarrage d’autant plus fort de l’activité que les mesures de soutien, d’ores et déjà exceptionnelles, devraient être renforcées. Le gouvernement vient de rallonger l’enveloppe des prêts garantis aux PME de 320 mds de dollars, les premiers 350 mds ayant été siphonnés par des grandes entreprises au détriment des plus nécessiteuses, et de voter un soutien de 100 milliards pour l’hôpital. Si D. Trump n’est pas encore parvenu à faire adopter son vaste plan de 3 000 mds d’infrastructures, la cause semble entendue ; l’approfondissement de la crise finira par faire plier les plus réticents. Quant au signal d’alarme provoqué par la crise du marché pétrolier en début de semaine, il a été étouffé en vingt-quatre heures au premier tweet du président américain promettant de sauver la mise. En somme, rien que de très normal au royaume du factice où les cours de bourse sont brandis comme les témoins incontestables de la réussite de la politique économique.

Le contexte n’est assurément pas le même de ce côté-ci de l’Atlantique. Ici, pas de président pour donner l’impression de repousser des montagnes, pas de tweet intempestif pour mettre au garde à vous la banque centrale, les lobbys et les marchés, mais une Commission, un Conseil européen, des échanges interminables et vidéoconférences extraordinaires pour accoucher, non d’un vaste plan de relance, mais d’un engagement collectif de travailler à la création d’un fonds spécial de relance… dont on reparlera courant juin ( !), pour, peut-être, décider, chiffres à l’appui, des propositions que la Commission fera alors. D’ici là, priorité aux investigations, d’abord sur le diagnostic et le chiffrage des besoins puis sur les montages envisagés : investissements, subventions, prêts, financement, dette perpétuelle, eurobonds… Seule information donnée par la présidente de la Commission, Mme Von der Leyen, il s’agira non pas de milliards mais de milliers de milliards, que l’Allemagne à travers la voix retrouvée de Mme Merkel, semble avaliser ; ouf, on peut patienter l’esprit tranquille !

 

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Le Coronavirus, premier défi pour la BCE de Mme Lagarde ; l’euro flanche

Il aurait assurément fallu plus de temps à Mme Lagarde pour parvenir à ses fins ; à savoir, réussir à enclencher une nouvelle dynamique du policy-mix qui permette progressivement à la BCE de s’extirper de la trappe des taux d’intérêt négatifs. L’épidémie de Coronavirus ne lui laissera vraisemblablement pas ce loisir. Plus rapide que la capacité de la Commission et des gouvernements de la zone euro à se mouvoir, son impact économique, bien qu’encore très incertain, a tout lieu d’être suffisant pour contraindre Mme Lagarde à prendre des décisions contraires à ses souhaits initiaux. Comme déjà signalé cette semaine par Philip Lane, économiste en chef de la BCE, la probabilité de nouvelles baisses des taux de dépôts a regagné du terrain ces derniers temps ; ceci malgré le repli du cours de l’euro qui, signe de temps nouveaux, ne semble guère émouvoir l’actuel conseil des gouverneurs de la BCE.

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C. Lagarde : en guise de chouette, une vraie colombe…

Sagesse, perspicacité, déesse des Arts et de la Sagesse, défense, intelligence, commandement… Autant d’adjectifs associés au nom de chouette sur Wikipédia. Quel que soit celui que cherche à nous renvoyer Mme Lagarde en choisissant ce symbole, c’est avant tout par une posture très colombe qu’elle marque sa première communication de 2020.

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Les banques centrales dans l’inconfort

FED et BCE se réunissent cette semaine et délivreront leur verdict ce soir pour la première et demain pour la seconde. Aucun changement de politique monétaire n’est attendu mais les incertitudes sont élevées sur ce que pourraient laisser suggérer les détails de leur communication pour les perspectives 2020. Ni la FED ni la BCE ne jouent une partition facile. Si toutes deux ne doutent pas de la nécessité de maintenir des conditions monétaires accommodantes, voire très accommodantes dans le cas de la BCE, aucune ne semble confortable avec l’excès d’appétit pour le risque provoqué par leur action récente, sur fond de très faibles progrès en matière d’anticipations de long terme d’inflation.

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