Immobilier américain : vraie reprise ou trompe-l’œil ? Ça se discute

Le diagnostic semblait plié : l’envolée des taux d’intérêt, les pertes de pouvoir d’achat et la crise bancaire terrasseraient le marché immobilier américain, en feraient baisser les prix, avant ceux des loyers, et créeraient les conditions d’une récession quasi-assurée en fin d’année ou début de l’an prochain. L’ajustement de ce pan de l’activité faisait partie intégrante de la stratégie de baisse de la demande recherchée par la FED pour contrer l’inflation, qui fléchirait d’autant plus facilement que sa composante loyers, soit 45 % de l’indice des prix hors énergie et alimentation, se retournerait.

Le scénario s’est déroulé quasiment comme prévu jusqu’au début du printemps, au point, même, de faire redouter de s’emballer et de contraindre la FED à revoir sa stratégie monétaire au lendemain de la crise bancaire du mois de mars.

Trois mois plus tard, de nombreux indicateurs semblent, pourtant, prendre le contrepied de ce diagnostic. La confiance des constructeurs, déjà annonciatrice d’une possible amélioration depuis le début d’année, a gommé une bonne partie de son déclin de 2022 ces trois derniers mois, les mises en chantiers se sont envolées de plus de 20 % en mai, les demandes de financement hypothécaires frémissent et les prix, qui n’avaient pas eu le temps de véritablement baisser, semblent se reprendre.

Que penser de ces signaux, qu’en déduire pour le futur de l’économie américaine et quels enseignements en tirer pour les autres économies développées, souvent, également, menacées par les effets redoutés d’une crise immobilière de rare ampleur ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Taux d’intérêt : c’est d’Asie, plutôt que d’outre-Manche, que la réponse semble venir…

Les incertitudes se sont multipliées ces dernières semaines sur l’évolution à venir des taux d’intérêt de moyen-long termes : avaient-ils terminé leur course à la hausse comme nombreux le pressentaient depuis leur point haut d’octobre aux Etats-Unis, puis de mars en Allemagne et au Japon, ou risquaient-ils d’enclencher une nouvelle embardée haussière dans le sillage du revirement restrictif de la FED et de la BCE de ces deux dernières semaines, à l’instar de l’envolée des rendements des Gilts ? De la réponse à cette question dépend une très large part des perspectives économiques et des stratégies d’investissement aujourd’hui envisageables.

Si toutes les questions n’ont pas complètement disparu, sur un marché qui concentre à peu près autant d’éléments conjoncturels que structurels, les derniers retours d’Asie pèsent lourd dans la balance. En l’occurrence, beaucoup plus lourd que la tournure des développements britanniques de ces derniers jours, et ce n’est pas la fournée des PMI européens de juin qui contredira ce verdict, ni même celle des Etats-Unis. Dit autrement, le timing du revirement de J. Powell et de C. Lagarde, n’était pas le mieux choisi…

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

On n’avait rien compris : l’inflation c’est bon pour les actions !

Les banques centrales actent et promettent de nouvelles hausses de leurs taux directeurs. Qu’à cela ne tienne, les bourses grimpent. Ben oui, si les gardiens du temple relèvent encore leurs taux ou envisagent de le faire, c’est bien sûr, parce que l’inflation est trop haute, mais aussi qu’ils ne sont pas outre mesure inquiets sur la conjoncture. Or, d’où vient l’inflation sinon de la hausse des prix des entreprises qui peuvent, précisément, encore les relever tant que la demande tient ? Il n’en faut pas davantage pour conclure que, « tant qu’il y de l’inflation, tout va bien » et trouver normal que la remontée des taux de la BCE crée un appel d’air sur les bourses, tout particulièrement sur les valeurs cycliques qui concentrent les espoirs de bonnes surprises, non pas parce qu’elles vendront plus mais à de meilleures conditions… Vous ne comprenez pas ? Vous n’êtes pas seul, à en juger par le scepticisme de l’indice Sentix de sentiment des investisseurs, sans doute trop dépendants des messages récessifs renvoyés par la courbe des taux.

Car c’est bien de cette dernière que viendra, in fine, l’appréciation sur la capacité des entreprises à conserver leur pricing power et celle des bourses à poursuivre leur tendance. Alors, où en sommes-nous ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Le miracle de l’emploi européen approche-t-il sa fin ?

S’il est un domaine de l’économie qui a donné satisfaction ces deux dernières années, c’est bien celui du marché de l’emploi. Qu’il s’agisse du nombre de postes ou de celui des heures travaillées, le constat est le même : dans l’ensemble de la zone euro, l’emploi s’est accru au moins aussi vite que le PIB et sa dynamique s’est, même, accélérée depuis la fin de l’année dernière, malgré le léger repli de ce dernier. Au premier trimestre 2023, la croissance des heures travaillées a été de 1,9 %, ce qui correspond à une hausse annuelle de 3,4 %, voire 3,7 % pour le seul secteur privé, à comparer à une évolution du PIB de moins de 1 %.

Le taux de chômage a évolué en conséquence et, malgré une croissance exceptionnellement soutenue de la population active pour la région, la proportion des sans-emplois est tombée à un plus bas historique de 6,5 % en mars, à raison de 2,9 % en Allemagne, 7 % en France, 7,9 % en Italie ou encore 12,7 % en Espagne, au lieu de 13,7 % fin 2019.

Bien qu’avec des configurations très différentes d’un pays à l’autre – le secteur public allemand a créé 579 K emplois, quand le privé en a détruit 59K, alors que l’inverse est observé en France, avec 1,2 million créations de postes privés, contre 62,7 K publics – ces résultats tranchent avec le passé.

La cadence pourra-t-elle être maintenue alors que la capacité des Etats à soutenir l’activité commence à se heurter au retour des agences de notations, que la hausse des taux d’intérêt mord de plus en plus sur l’activité, que le rattrapage post-covid des services s’essouffle et que les entreprises risquent de buter sur des pertes de productivité beaucoup plus difficiles à absorber dès lors qu’une moindre inflation réduira le pricing power dont elles ont profité ces derniers temps ?

Tenter de répondre à cette question est plus complexe qu’il n’y paraît et a été l’occasion d’une plongée dans les méandres de marchés de l’emploi bouleversés par la succession de chocs dans les principaux pays de l’UEM depuis trois ans, dont il ressort des résultats assez inattendus.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Après l’Italie, l’Espagne ? Les scrutins se suivent et se ressemblent ; l’Europe se fissure.

Au lendemain de la déroute du parti socialiste aux élections locales de la semaine dernière, le chef du gouvernement espagnol, P. Sanchez, a convoqué des élections législatives anticipées pour le 23 juillet, cinq mois avant l’échéance prévue. Après cinq ans de réformes économiques et sociales dans un contexte des plus tendus, de covid et de crise énergétique, le leader socialiste espagnol est menacé de perdre sa place, face au parti de droite, le PP, potentiellement allié à l’extrême droite de Vox.

Le bilan économique du gouvernement Sanchez n’est que peu remis en cause. Malgré un retard de croissance, le pays a plutôt mieux préservé ses fondamentaux que bien d’autres de ses partenaires, en particulier sur le front budgétaire. Les raisons de l’échec de P. Sanchez sont plus politiques qu’économiques, impactant de fait, assez peu les perspectives financières du pays, en particulier, sa situation souveraine. L’issue de ces élections pose néanmoins une question plus que toute autre, celle du devenir du projet européen en cas d’arrivée du PP, vraisemblablement, allié à Vox, à la tête de l’Espagne, après celle de G. Meloni en Italie l’an dernier, et les postures de plus en plus hostiles de la Pologne, la Hongrie et d’autres.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Le paradoxe des liquidités qui pourrait inciter à préconiser une pause de la BCE avant la FED

C’est peu de dire que les arcanes de la politique monétaire s’opacifient, presque, de jour en jour. Les banques centrales ont pensé pouvoir terrasser l’inflation en pratiquant, essentiellement, comme elles l’avaient fait dans le passé, par des relèvements de leurs taux directeurs. Or, force est de constater que les mécanismes de transmission de leur action sont distendus. N’en ont-elles pas fait assez, ont-elles mal fait, ou ne sont-elles, tout simplement, pas en mesure de gérer une situation qui dépasse leur champ d’action ?

La réponse est un peu dans chacune de ces propositions. Les déterminants de l’inflation sont, à l’évidence, fonction de critères bien plus larges et complexes que la seule adéquation des politiques monétaires à la conjoncture. Pour autant, la persistance de taux réels négatifs suggère, bel et bien, que les banques centrales n’en aient pas fait assez. A moins qu’elles aient mal fait, négligeant notamment l’importance des ajustements de leurs bilans sans lesquels les excès de liquidités risquaient de contrarier la bonne transmission des hausses des taux directeurs aux conditions de financement ; en maintenant des niveaux de taux futurs anormalement bas et des conditions trop favorables à la croissance du crédit non-bancaire.

Sur chacun de ces points, FED et BCE ne se confrontent, cependant, pas aux mêmes réalités. Les excès de liquidités semblent être beaucoup plus influents aux Etats-Unis que ce n’est le cas en zone euro. En dépit de la menace que représente la crise bancaire, c’est, de fait, aujourd’hui du côté de la FED que se concentrent les risques de devoir en faire plus, tandis qu’il semble, à l’inverse, de plus en plus urgent que la BCE lève le pied au regard des développements conjoncturels récents.

C’est ce message éminemment contrariant que nous renvoient les évolutions respectives des taux à deux ans au détriment de l’euro ces derniers jours et que l’on peut de moins en moins ignorer tant il viendrait bouleverser les anticipations.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Top départ du Topix, relayé par le Nasdaq. L’Eurostoxx et le S&P attendront Powell.

Dans l’impatience du déclic qui donnerait une direction à des indices trop longtemps hésitants, le décollage du Topix, dans le sillage de la publication du PIB nippon du premier trimestre, mercredi, semble bel et bien avoir donné le top départ. Ravalé en Europe, face à la retenue qu’imposait la menace d’un défaut du Trésor aux Etats-Unis, le signal n’a demandé que quelques heures pour être relayé par les indices américains dès les premiers retours d’un possible compromis entre J. Biden et les républicains sur le plafond de la dette. Il n’en a pas fallu davantage pour que les grands indices écrasent les écarts qui les séparaient de leurs résistances et pour préparer les esprits à une possible nouvelle jambe de hausse imminente des marchés.

Passera, passera pas ? C’est vraisemblablement du côté du S&P 500 que viendra, ou non, la confirmation de cet espoir, fonction de la rapidité avec laquelle les incertitudes sur la croissance américaine et l’attitude à venir de la FED seront levées ; et c’est, sans doute, de là que viendra le signal de franchissement de la ligne de crête en Europe où, malgré l’appel du Topix et du Nasdaq, les hésitations du Dow et du S&P 500 capent la hausse du Stoxx.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Le bilan économique turc, garant du rôle stratégique du pays quelque soit l’issue du scrutin

Si l’hyper inflation, l’effondrement de la devise et les orientations bien peu conventionnelles de la Banque centrale donnent l’image d’une fuite en avant assez peu contestable de la gestion du pays, le bilan économique de l’ère Erdogan est autrement plus décent et compte, certainement, pour une bonne part dans l’adhésion de la population au pouvoir en place. Avec un taux de croissance annuel moyen de 5 % depuis l’accession à la présidence de Recep Tayyip Erdogan, mi 2014, porté à 5,5 % si l’on inclut les onze années durant lesquelles il exerçait en tant que premier ministre, le produit intérieur brut par habitant de la Turquie a doublé en vingt ans. A plus de 31 000 dollars en parité de pouvoir d’achat en 2021, le revenu moyen approchait celui du Portugal ou de la Pologne, dont la Turquie a suivi l’ascension sans discontinuer ces dernières années, laissant loin derrière le Brésil, l’Afrique du Sud ou encore le Mexique dont le niveau de vie la dépassait jusqu’en 2005.

Les structures économiques ont profondément évolué, profitant notamment ces dernières années d’un renouveau industriel que peu de pays ont connu et d’une percée de la recherche et développement qui occupe une part croissante de la population salariée dont la progression a, en particulier, été la plus vigoureuse des pays de niveau de revenus comparables, voire plus élevés.

Ses critères de développements sont, par ailleurs, solides, avec un taux d’investissement par habitant et un équilibre investissement-consommation plus favorable que dans bien d’autres cas. Condition, a priori, requise pour assurer son équilibre extérieur, c’est pourtant sur ce front que la Turquie trouve ses principales faiblesses. Sa dépendance aux importations d’hydrocarbures et sa forte exposition au marché européen, bien peu porteur ces dernières années, en sont les principales causes, sur fond de laxisme monétaire et de surendettement des entreprises qui ont largement empiré la situation.

Mais sauf, les effets délétères de ces dérives sur la devise et, par voie de conséquence, sur l’inflation, l’électorat n’est guère sensible à ces arguments, surtout si le gouvernement donne l’impression d’y remédier par des revalorisations spectaculaires des minima salariaux, quand bien même inférieures à la hausse des prix. Il est décidément bien difficile de trouver sur le terrain économique de solides raisons d’imaginer que le régime autocratique en présence soit sérieusement menacé quand bien même les élections de ce week-end se joueront sur bien d’autres fronts, en particulier sur les enjeux sociétaux, culturels, et, peut-être, géopolitiques. Quoi qu’il en soit, l’ascension économique de la Turquie depuis vingt ans, confère au pays une place stratégique centrale.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre