Contrairement à l’Allemagne, la France n’est plus véritablement, depuis longtemps, un pays industriel. Reste qu’il ne s’agit pas non plus d’un poste négligeable et qu’il représente 13 % de la valeur ajoutée nationale. Après la crise de 2008, la production industrielle ne s’est jamais vraiment remise de sa forte baisse et a, globalement, plafonné sur des niveaux d’activité inférieurs de 10 % à ceux début du millénaire. En sera-t-il de même après le Covid ? Pour l’heure, en effet, la production manufacturière accuse toujours un retard d’environ 7 % sur ses niveaux de début 2019. Autrement dit, le phénomène semble encore se répéter et souligne davantage le tableau d’une industrie déliquescente qui se dessine depuis vingt ans. La baisse de 1,6 % constatée en juillet est, par ailleurs, loin de démentir cette tendance. Or, alors que l’horizon conjoncturel devient de plus en plus menaçant, un « coup de pouce », même ponctuel, du secteur secondaire serait le bienvenu. Les enquêtes en provenance de l’aéronautique peuvent le laisser espérer, mais méritent d’être largement nuancées.
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INSEE, IFO, PIB allemand, la BCE devrait apprécier…
Les PMI de mardi plaçaient l’Allemagne et, fait nouveau, la France, en zone de contraction en août, des résultats démentis par les enquêtes nationales de ce matin. Le climat des affaires de l’INSEE ressort stable à 103, toujours au-dessus de sa moyenne de long terme, tandis que l’IFO, bien que toujours très faible à 88,5, échappe à une nouvelle baisse. Alors, plus de peur que de mal ? Après les bonnes surprises du deuxième trimestre, le fait est que la zone euro semble rester à flot jusqu’à présent. L’activité des services, notamment, apparaît nettement plus résistante que suggéré par les PMI, toujours portée par le rattrapage consécutif à la levée des contraintes sanitaires et par le tourisme. Par ailleurs, la croissance du PIB allemand a été révisée à 0,1 % au deuxième trimestre, au lieu de 0 % en première estimation. Les détails maintenant disponibles montrent une bonne résistance de la consommation privée et un soutien important des dépenses publiques à la croissance. Au total, après la forte révision à la hausse du PIB du premier trimestre (de 0,2 % à 0,8 %), l’acquis de croissance allemand atteint 1,8 % pour 2022 à la fin du deuxième trimestre, peu éloigné des 2,5 % de la France. On voit mal, dès lors, ce qui pourrait gêner la BCE dans sa stratégie de resserrement monétaire, quoi qu’il en soit des risques, potentiellement inédits, que font planer les menaces de pénuries de gaz en hiver.
Les ménages broient du noir, les entreprises devraient suivre sous peu
Les indicateurs de confiance des ménages n’en finissent pas de baisser. En France, celui de l’INSEE perd trois points en juin, à 82, tandis qu’en Allemagne, le GfK recule d’un peu plus d’un point, à -27,4. Dans les deux cas, il s’agit de niveaux inférieurs à ceux constatés durant la première vague de covid, qui avait pourtant paralysé l’économie. Après le Michigan américain, au plus bas depuis sa création, les données européennes s’ajoutent à une longue liste d’indicateurs profondément déprimés qui accréditent de plus en plus le risque d’une contraction de l’activité économique dans les pays industrialisés.
Stagnation ou récession : la croissance de l’UEM rattrapée par la guerre et l’inflation
La croissance du PIB de la zone euro (0,2 %) a finalement été sauvée des eaux par l’Espagne et l’Allemagne, deux pays dans lesquels le PIB a réussi à progresser, bien que mollement, de 0,3 % et 0,2 % respectivement. La France, pour sa part affiche un zéro pointé, au lieu des 0,3 % escomptés par l’INSEE, et l’Italie flanche de 0,2 %. Voilà un bien mauvais départ, avant même les pleins effets redoutés de la crise ukrainienne au deuxième trimestre. Manifestement, le rattrapage escompté de la fin des restrictions sanitaires n’a pas porté ses fruits, en France la valeur ajoutée des services a même reflué malgré le rebond du tourisme. La flambée des prix explique l’essentiel de ces déceptions, avec une envolée de l’inflation de 5 % en décembre à 7,4 % en mars en zone euro, en accélération à 7,5 % en avril, du fait, surtout de l’alimentation et de ses composantes sous-jacentes hors énergie, alimentation, alcool et tabac. Voilà de quoi inciter la BCE à plus d’impatience pour relever le niveau de ses taux d’intérêt ! Décidément, rien ne va dans la bonne direction. Même la chute de l’euro, dont on aurait pu se réjouir pour notre compétitivité, devient un poison face au risque d’inflation additionnelle qu’elle entraine.
Industrie franco-allemande : recherche désespérément éléments de réconfort…
On avait l’espoir d’un léger rebond de l’activité industrielle en fin d’année dernière, las ! en novembre, la production industrielle s’est contractée de 0,4 % en France et de 0,2 % en Allemagne. Des pertes somme toute minimes mais des pertes toujours, témoins d’une situation encore très déprimée en dépit d’un léger mieux du côté automobile. Les données de consommation sont un peu meilleures, en hausse de 0,8 % pour les achats des ménages français et de 0,6 % pour les ventes de détail hors automobiles en Allemagne. Mais face à l’inertie de la production, ce sont les importations qui en retirent les plus grands bénéfices ! Le tout reste donc assurément médiocre. Il faut espérer que les services aient soutenus un peu plus vigoureusement la croissance du PIB du dernier trimestre avant d’avoir été rattrapés par la nouvelle vague d’épidémie. Tout ceci n’est assurément pas de meilleur augure.
Pas de nouvel élan pour l’inflation française en décembre
Après quatre mois de hausse continue, l’inflation française se stabilise à 2,8 % en décembre, ou 3,4 % selon les données harmonisées. Les prix des services ralentissent marginalement tandis que ceux de l’alimentaire et des produits manufacturés accélèrent légèrement. A noter que, selon les indices d’inflation de l’INSEE, ces trois composantes demeurent inférieures à 2 %. Reste donc l’énergie. La légère baisse des cours du pétrole sur le mois a causé le premier ralentissement de l’inflation énergétique depuis juin : – 3 points à 18,6 %. En l’absence de nouveau rebond des cours, la dissipation des effets de base permettrait une quasi extinction de l’inflation énergétique à la fin 2022.
Les achats de biens des ménages français, en berne en octobre
Malgré un très bon troisième trimestre, pour lequel la croissance a été confirmée à 3 % grâce à un rebond de 5 % de la consommation des ménages, les dernières nouvelles en provenance des achats de biens des Français ne sont pas spécialement bonnes. Ces derniers reculent de 0,4 % en octobre par rapport à septembre et de 1,7 % par rapport à décembre 2019. Pour les seuls biens fabriqués (hors énergie et alimentation, donc), le constat est plus mauvais encore avec une baisse de 1,8 % sur le mois et un retard de 3,7 % par rapport à l’avant crise. Si, comme les indicateurs avancés le suggèrent, les dépenses de services se sont maintenues, après avoir rebondi de 9 % au troisième trimestre, c’est donc au détriment de celles des biens. Mieux vaudrait dans ce cas échapper à de nouvelles mesures de restriction sanitaires.
Des deux côtés du Rhin, l’industrie s’enlise
En septembre, la production manufacturière a reculé de 1,4 % en France et de 1,5 % Outre-Rhin, un chiffre d’autant plus mauvais dans ce dernier cas que l’industrie allemande avait déjà connu une baisse de plus de 4 % de son activité en août. Par rapport à décembre 2019, les retards sont de 4 % pour l’Hexagone et 8 % pour l’Allemagne. Encore une fois l’automobile est pointée du doigt. En France la production de matériel de transports s’est effondrée de plus de 8 % après, déjà, un repli de 1,4 % en août. Pour autant, résumer la problématique industrielle européenne à celle de l’automobile serait une erreur : la production y a d’ailleurs augmenté le mois dernier en Allemagne, malgré un niveau toujours très bas. Les récents reculs de l’activité concernent en réalité une proportion beaucoup plus large de secteurs et renvoient l’image d’une industrie en perdition de l’un des piliers manufacturiers mondiaux. L’économie française pourra difficilement être épargnée par les effets nocifs de propagation des difficultés de son principal partenaire.