Surprise ce matin avec la publication de l’INSEE d’une hausse de 1,4 % de la production industrielle hexagonale en août, par rapport au mois de juillet, et de 1,6 % de sa seule composante manufacturière. Rattrapage d’une activité perturbée par les JO, effet bénéfique de ces derniers sur la demande ou nouvelle donne quelque part ailleurs ? Rien de tout cela. Sur ces 1,6 % de croissance, 1,2 point proviennent de la production pharmaceutique, en hausse mensuelle de 22 %. Si les résultats en provenance de l’automobile et de l’aéronautique ne sont pas mauvais, ils ne changent pas grand-chose à l’image d’ensemble du secteur industriel français, toujours en perte de 3 % par rapport à la période d’avant covid et de respectivement 15 % et 23 % pour ces deux derniers secteurs dominants de l’activité en France.
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Enquête INSEE : déception !
Avec une baisse d’un point, à 99, le climat des affaires composite en France a effacé en avril une bonne part de sa hausse de mars et est retombé en-dessous de sa moyenne de long terme. Si la dégradation industrielle de 3 points, à 100, due à la faiblesse de la demande notamment étrangère n’est pas une surprise après les mauvais PMI manufacturiers publiés plus tôt cette semaine, celle des services, du même tonneau, est plus surprenante. Ajoutés à la forte détérioration des retours en provenance de la construction, l’ensemble dresse un tableau préoccupant pour la conjoncture du deuxième trimestre en France avec un indicateur de retournement a son plus bas niveau depuis la première vague de Covid.
L’industrie française, décidément, plombée
La production industrielle française s’est contractée de 1,1 % et de 1,6 % pour sa composante manufacturière entre décembre et janvier. Une très mauvaise nouvelle, d’autant que décembre a été révisé en baisse à seulement +0,4 % contre +1,1 % en première lecture. Globalement, l’industrie française a effacé les maigres gains effectués dans le courant de l’année dernière et la situation n’est pas meilleure, voire plus dégradée, qu’il y a trois ans de sorte que par rapport à son point haut de mai 2019, la production française est en baisse de plus de 8 %.
La France en zone de contraction en octobre selon l’enquête INSEE
Pour la première fois depuis le début 2021, le climat des affaires en France est repassé, à 98, franchement sous sa moyenne de long terme. Toutes ses principales composantes se sont, par ailleurs, repliées en octobre: services, commerce de détail, bâtiment et industrie, généralement sous l’effet d’une dégradation sur le front des perspectives. Dans le détail, seuls quelques secteurs ont sauvé les meubles : l’information/communication pour les services, et l’aéronautique pour l’industrie.
Incontestablement, il s’agit d’un signal récessif sur l’économie française, comme elle n’en a plus connu depuis la période Covid. D’autant que l’enquête a été réalisée entre le 26 septembre et le 16 octobre, c’est-à-dire pour une bonne part avant la dégradation de la situation géopolitique, dont les conséquences ont peu de chances d’être positives sur le moral des entreprises et des ménages.
L’industrie française à la traine…l’espoir fait vivre
La production manufacturière française a reflué de 0,4 % en août, après une hausse de même ampleur en juillet. Encore a-t-elle été sauvée par la progression de 8,6 % des « autres matériels de transport », c’est-à-dire principalement de l’aéronautique. Ce secteur, qui est loin d’avoir retrouvé ses niveaux d’avant-crise, représente ainsi un potentiel soutien au rattrapage de l’industrie hexagonale. A part cela ? Pas grand-chose. Tous les autres domaines, à l’exception de l’habillement et de l’équipement domestique, ont reflué en août.
Un pas en avant, un pas en arrière, donc : la production manufacturière française stagne, en fait, à des niveaux inférieurs d’environ 2 % à ceux d’avant pandémie, et ce depuis la fin de la première vague de Covid. Conjoncturellement, ce retard peut s’expliquer par un environnement mondial peu propice à l’activité manufacturière, comme l’ont également montré les chiffres du commerce extérieur allemand de ce matin. Historiquement, cependant, le précédent de la crise de 2008, après laquelle la production française était restée durablement déprimée, laisse craindre un scénario un peu similaire. A ceci près que l’heure est à la réindustrialisation : croisons les doigts. Toutefois, même dans ce scénario, la perspective d’une véritable reprise industrielle reste très éloignée.
Production industrielle française, c’est toujours ça de pris
En mai, la production manufacturière française a progressé de 1,4 % après 0,6 % en avril. Elle a ainsi atteint son plus haut niveau depuis trois ans, seulement inférieur de 0,6 % à celui de janvier 2020. Ce rebond est assez général et, en ce sens, plutôt convaincant. Pour autant, il n’est pas dit qu’il ira beaucoup plus loin : certes, l’industrie française est un peu moins mal lotie que ses voisines en ce qui concerne son climat des affaires mais les difficultés des secteurs intensifs en énergie et celles de son grand voisin allemand menacent de déteindre sur l’activité à venir.
Reste qu’il s’agit incontestablement d’une bonne nouvelle pour le deuxième trimestre : l’acquis de production industrielle en mai était de 1,5 %. Autrement dit, même en cas de stagnation en juin, elle aura enregistré sa plus forte progression depuis la sortie de la première vague du Covid et devrait contribuer positivement à la croissance du PIB.
Déceptions sur toute la ligne pour les PIB européens
Rarement l’Hexagone n’a connu période aussi morne, sur tous les plans. La croissance du PIB n’a pas dépassé 0,2 % au premier trimestre, après un dernier trimestre 2022 révisé à la baisse, à 0. Plus étonnant, la majorité des postes a, quasiment, stagné et les principales contributions sont venues, à la baisse, des stocks, et, à la hausse, du commerce extérieur en l’occurrence du recul des importations. Idem en Espagne, où la croissance de 0,5 % cache également un recul de la consommation des ménages. Mais c’est d’Allemagne que nous proviennent les plus grandes déceptions : malgré des indicateurs mensuels souvent robustes, le PIB y est resté inchangé, après un recul de 0,5 % en fin d’année dernière, là aussi révisé à la baisse, d’un dixième. Seule l’Italie semble faire exception, avec une croissance de 0,5 %, difficile d’en dire plus, à ce stade, sans détail des comptes nationaux.
Après avoir stagné en fin d’année dernière, le PIB de la zone euro ressort en première estimation en maigre hausse de 0,1 %, une bien piètre performance. Excès d’optimisme des climats des affaires, sans doute, une nouvelle fois biaisés par les effets prix, et très mauvais mois de mars expliquent, probablement, les écarts entre les anticipations de croissance et la réalité. Un ensemble, au total, de bien mauvais augure pour la suite.
Les PMI montrent une croissance soutenue par les services, l’INSEE en affiche les limites
En avril, les PMI français et allemands ont poursuivi sur leur lancée : malgré la nouvelle dégradation des indicateurs manufacturiers, leur remontée dans les services ont suffi à pousser les PMI composites à leurs plus hauts depuis un an. Fin de l’histoire ? C’est plus compliqué. Nous avons déjà souligné le mois dernier la fragilité d’une situation reposant uniquement sur les services, quand bien même le soutien du secteur tertiaire a dépassé le simple rattrapage post covid.
L’enquête INSEE publiée hier illustre les premiers craquements de la conjoncture française, avec une baisse de la plupart de ses composantes et un indicateur de retournement conjoncturel très mal orienté.