En comparaison des données européennes de ce matin, les PMI américains sont nettement moins inquiétants. Cependant, l’indice composite a, tout de même, affiché une baisse, de 53,2 en juin à 52 en juillet, sous l’effet d’un recul de deux points de l’indicateur des services, à 52,4.
Les conditions de crédit sont clairement citées comme un facteur limitant pour la demande et expliquent une bonne part de ces médiocres données. Le rapport de juillet confirme, en outre, la tendance au ralentissement des créations d’emplois du mois de juin, du fait, là aussi, d’une dégradation des indicateurs dans les services.
Contrairement au vieux continent, ces mauvaises nouvelles dans le tertiaire ont été, en partie, compensées par un léger mieux du côté du PMI manufacturier, avec une hausse de près de trois points, à 49, malgré une détérioration de l’opinion sur les carnets de commandes à l’export. Les industriels comptent sur l’affaissement des tensions inflationnistes, les nouvelles embauches et le coup de pouce de l’IRA pour stimuler l’activité des mois à venir.
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PMI, l’Europe droit dans le mur
L’indicateur PMI composite de la zone euro s’est encore replié d’un point, à 48,9, sous le double coup de la récession industrielle et des difficultés croissantes des services. Déjà en récession, l’Allemagne a vu sa situation continuer de se dégrader en juillet. La France n’est pas épargnée par la contagion, ce qui accroit significativement la probabilité d’une récession et contredit la relative stabilité des climats des affaires de l’INSEE publiés jeudi dernier.
Le Royaume-Uni s’est replié à 50,8, soit une baisse de deux points, ce qui est loin de dissiper les craintes de mauvais troisième trimestre. Parmi les chiffres de ce matin, donc, seuls les japonais ont véritablement tenu bon, avec un PMI stable en zone d’expansion, à 52,1.
Médiocres données américaines
A une semaine de la publication du PIB, les dernières données américaines, révélées aujourd’hui, ont été plutôt médiocres. Les ventes de détail à prix courants ont augmenté de seulement 0,2 % en juin, contre 0,3 % en mai. La production industrielle s’est, quant à elle, contractée de 0,5 % et de 0,3 % pour sa composante manufacturière. Les indicateurs NAHB de juillet dans l’immobilier sont restés plutôt bien orientés, à l’exception, cependant, d’un premier recul des perspectives de ventes.
Cela n’a rien de particulièrement inquiétant pour la croissance du deuxième trimestre. Hier, la Fed d’Atlanta anticipait encore une hausse de 2,3 % du PIB r.a.. A titre de comparaison, notre estimation réalisée à partir des seules variations trimestrielles des ventes et de la production indique une croissance légèrement plus faible, autour de 1,5 % r.a. ; de quoi conforter la tendance a la baisse des taux futurs.
Reflux net et sans bavures de l’inflation américaine, les taux d’intérêt retombent
L’inflation américaine a encore perdu un point en juin et a diminué de moitié depuis février, à 3 %. L’objectif des 2 % se rapproche, d’autant que, cette fois-ci, il n’y a pas vraiment de nuances à apporter à cette publication : l’inflation sous-jacente s’est repliée d’un demi point à 4,8 %, plus encore qu’espéré.
L’indice CPI total n’a augmenté que de 0,2 %, comme sa composante hors énergie et alimentaire, qui n’a plus connu d’évolution aussi faible depuis le début de l’année 2021. En rythme annualisé, cela correspond à une progression, pile, 2 %. Il suffit donc, maintenant, de garder ce rythme dans les prochains mois et l’inflation retournera vers la cible. C’est peut-être plus facile à dire qu’à faire mais amplement suffisant pour ne pas surcharger la barque du côté de la Fed. Conséquence, les taux d’intérêt retombent, perdant 8 points de base pour l’échéance à 10 ans et 14 pour l’échéance à 2 ans.
Inflation américaine : ce qui pourrait faire bouger les lignes sur les marchés de taux
L’inflation américaine sera publiée demain et va, selon toute vraisemblance, baisser de nouveau en juin. A 3,2 % après 4 % en mai. L’inflation sous-jacente, qui fera l’objet de toutes les attentions, devrait également refluer, bien que dans des proportions plus limitées. En effet, il faudrait une hausse mensuelle de 0,7 % de l’indice cœur désaisonnalisé, ce qui n’a plus été observé depuis mi-2021, pour que sa variation sur 12 mois reste inchangée, à 5,3 %. Il s’agirait d’une très mauvaise nouvelle qui viendrait, sans nul doute, jeter de l’huile sur le feu de marchés obligataires particulièrement nerveux ces derniers jours.
A contrario, si l’indice poursuit sa tendance des trois derniers mois et augmente de 0,4 %, ou de seulement 0,3 % conformément aux prévisions du consensus, l’inflation sous-jacente ralentira à 5,1 % ou 5,0 %, son plus bas niveau depuis décembre 2021. Le premier cas apaiserait probablement les marchés, aux détails près des composantes sous-jacentes, les prix des loyers, notamment, toujours scrutés de très près. Le second cas rassurerait plus franchement sur la trajectoire à venir de l’inflation ce qui pourrait se traduire par une correction notable des taux futurs et anticipations sur la politique monétaire de la FED.
Production industrielle française, c’est toujours ça de pris
En mai, la production manufacturière française a progressé de 1,4 % après 0,6 % en avril. Elle a ainsi atteint son plus haut niveau depuis trois ans, seulement inférieur de 0,6 % à celui de janvier 2020. Ce rebond est assez général et, en ce sens, plutôt convaincant. Pour autant, il n’est pas dit qu’il ira beaucoup plus loin : certes, l’industrie française est un peu moins mal lotie que ses voisines en ce qui concerne son climat des affaires mais les difficultés des secteurs intensifs en énergie et celles de son grand voisin allemand menacent de déteindre sur l’activité à venir.
Reste qu’il s’agit incontestablement d’une bonne nouvelle pour le deuxième trimestre : l’acquis de production industrielle en mai était de 1,5 %. Autrement dit, même en cas de stagnation en juin, elle aura enregistré sa plus forte progression depuis la sortie de la première vague du Covid et devrait contribuer positivement à la croissance du PIB.
Les anticipations d’inflation s’effondrent en zone euro, malgré le bug allemand
Comme déjà notable à travers les résultats des enquêtes de l’INSEE, hier, il ressort de celles de la Commission européenne une très nette baisse des perspectives de prix et d’inflation en zone euro, que ce soit en provenance des entreprises de biens et services mais, également, des ménages. Amorcé depuis plusieurs mois, le mouvement prend incontestablement de l’ampleur, en particulier du côté des consommateurs. Voilà qui devrait rassurer Mme Lagarde, tout au moins sur les tendances à venir de l’inflation, car, à ce stade, les effets escomptés sur le pouvoir d’achat et la demande ne sont pas flagrants. Industriels comme professionnels des services ne font guère état d’une quelconque amélioration de leurs carnets de commande mais, en l’occurrence, tout l’inverse, ce qui commence à mordre sur les perspectives d’emploi.
En dépit de la mauvaise nouvelle – largement attendue- d’un rebond technique de l’inflation allemande , les éléments sont en place pour assurer une poursuite du repli de l’inflation en zone euro, tel que largement suggéré d’ailleurs par les données des autres pays de la région à ce stade disponibles (Italie, Belgique, Espagne ou l’inflation reflue à moins de 2 %).
PREVIEW: Rebond statistique de l’inflation allemande en juin : une histoire de billet de train !
Parce que l’inflation se mesure sur douze mois, tout particulièrement en zone euro où Eurostat ne publie pas de données désaisonnalisées, ses évolutions sont tout autant liées aux tendances immédiates de prix qu’à celles d’un an auparavant.Ainsi, en juin 2022, le gouvernement allemand avait introduit un ticket de train à 9€ pour la période estivale. Cela avait eu pour conséquence de faire baisser le taux d’inflation annuel de 4/5 dixièmes avant un retour à la normale en septembre. L’inflation de juin 2023, se réfèrera donc à des données distordues de l’année dernière, en l’occurrence anormalement basses, ce qui aura pour conséquence de faire monter la mesure de l’évolution des prix, quoi qu’il en soit de ces derniers. Or, il ne s’agit pas de broutilles.
A prix inchangés entre mai et juin, la contribution du secteur des services de transport à l’inflation sous-jacente annuelle devrait, en effet, gagner six à sept dixièmes. De quoi faire rebondir cette dernière d’autant… Sauf si, l’introduction d’un billet unique pour les transports publics à 49€ le mois dernier a fait baisser les prix de la concurrence, en l’occurrence aérienne, ce mois-ci. Bref, une histoire de politique de transport public qui risque, cependant, de coûter cher à l’ensemble de la zone euro si ses responsables de politique monétaire n’ont pas la fibre statistique…