États-Unis : tout va donc pour le mieux ?

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La pression des marchés et l’amélioration des données économiques de ces derniers mois ont finalement eu raison de la politique de la Fed. Cette dernière abaissera de 10 milliards de dollars ses achats d’actifs à partir du mois de janvier, pour ne plus injecter que 75 milliards de dollars par mois. La perfusion reste de taille mais peu importe, le message délivré par la Fed est celui du début d’une normalisation de la situation. Le changement tant redouté de sa politique devient dès lors une bonne nouvelle, saluée par les marchés : l’indice Dow Jones réagit positivement à l’annonce, de même que le dollar.

Reste que cette normalisation ne pourra échapper à un changement d’anticipations du niveau des taux d’intérêt directeurs de la Reserve Fédérale. Les taux longs devraient donc poursuivre leur tendance à la hausse et ceci d’autant plus que la Fed a maintenu son objectif de changement plus radical de ses conditions monétaires dès lors que le taux de chômage franchirait le seuil de 6,5 %. L’économie américaine a-t-elle les moyens de faire face à une remontée supplémentaire des taux longs ? Là est toute la question.

L’Humeur du Vendredi 6 décembre

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Les marchés émergents en mode « tapering »

L’emballement des anticipations sur un possible revirement de la politique de la Fed n’a pas tardé à produire ses effets sur les marchés internationaux et, comme durant l’été, les pays émergents en encaissent le contre coup. Les tensions sur les devises et les taux d’intérêt des pays les plus fragilisés ont repris de plus belle depuis une dizaine de jours, poussant les plus exposés à de nouvelles mesures de protection. L’annonce, hier, de la Banque Centrale brésilienne d’une extension de son programme d’intervention sur les marchés des changes -initié en août et censé prendre fin en décembre- témoigne des difficultés en place. Alors qu’une correction des anticipations semble peu vraisemblable avant la réunion du FOMC des 17 et 18 décembre, la situation pourrait devenir critique dans plusieurs pays émergents dans les prochains jours.

Risque de change et risque de taux : comment les grands pays émergents se situent-ils ? 

L’exposition des différents pays émergents à la montée des tensions est très inégale. Les développements récents incitent à classer les différentes économies en différents groupes.

L’Humeur du Vendredi 22 novembre

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Les trois raisons pour lesquelles nous ne croyons pas à la fin du QE

Les déclarations de B. Bernanke et la publication des minutes du dernier comité FOMC ont effacé les doutes nés du changement de communication de la Fed du 18 septembre et renforcé les anticipations d’une réduction de ses achats d’actifs, dorénavant largement anticipé pour le mois de mars. Nous restons dubitatifs par rapport à ce consensus, ceci pour trois raisons essentielles. La première tient à notre perception des tendances en cours de l’économie américaine, au sujet de laquelle nous ne voyons guère se profiler l’amélioration qui permettrait de satisfaire les objectifs affichés de la Fed en matière de croissance ou d’inflation dans les prochains mois. La seconde tient à l’effet incontournable d’une réduction du QE sur l’évolution des taux d’intérêt à long terme, à laquelle une économie encore fragile ne résisterait pas. Revenons sur chacun de ces points.

Combien de temps tiendront les derniers verrous de Francfort ?

C’était écrit, la BCE devrait faire davantage au fur et à mesure qu’approcherait l’heure de la fin du QE de la Fed. Nous y sommes. Que cette dernière passe ou non à l’acte -l’article précédent montre que nous n’y croyons guère- l’anticipation d’une réduction de ses achats d’actifs a déjà des effets massifs sur les marchés et l’allocation de capitaux à travers la planète. En asséchant le marché des T-bonds, les interventions de la Fed ont, en effet, détourné depuis plus d’un an, les flux de capitaux des marchés américains vers de nombreux autres actifs, aux premiers rangs desquels les actifs souverains des pays émergents et ceux de la zone euro. En réduisant son QE, la Fed redonnerait au marché américain toute sa place, créant ainsi les conditions pour un vraisemblable rapatriement de ces investissements sur le sol américain. Les marchés émergents et les marchés souverains de la zone euro sont donc particulièrement exposés à tout changement d’orientation de la politique monétaire de la Fed.

 

L’Humeur du Vendredi 15 novembre

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Que n’avons-nous une « Janet » à la tête de la BCE !     

Le contraste à une semaine d’intervalle est saisissant, entre un Mario Draghi, apparemment soulagé d’avoir pu extirper du comité de politique monétaire de la BCE qu’il préside, une baisse de 25 points de base de ses taux directeurs jeudi dernier, et la future Présidente de la Fed, Janet Yellen, qui lors de la confirmation de sa nomination devant le Sénat, nous assure que la Fed n’est pas prête de réduire sa contribution au rétablissement de la situation américaine. Plus encore que ce contraste, c’est bien un sentiment de frustration que l’on ressent de ce côté-ci de l’Atlantique. Que n’avons-nous une « Janet » à la tête de la BCE !

Zone euro : Vous avez dit déflation ? 

Après trois années d’une politique à tous égards déflationniste, comment ne pas être surpris de la panique qui subitement s’empare des observateurs à la vue des faibles niveaux d’inflation de la zone euro. Les dés ont été jetés dès 2010 avec l’adoption du Programme de Stabilité de la Commission Européenne et les cartes n’ont cessé d’être rebattues depuis, au fur et à mesure de l’amplification de la crise souveraine.

« Cliff », « sequestre » et autres « shutdown »… et maintenant ?

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L’épisode que nous venons de traverser ces dernières semaines aux États-Unis inspire bien des réflexions et interrogations sur ce qui peut suivre l’adoption de l’accord obtenu au Sénat dans la journée d’hier. Nous revenons ici sur les points les plus importants.

De la farce politique à l’instabilité économique

Si reléguer le « shutdown » au rang de farce politique a pu servir d’antidote à l’anxiété provoquée par la réalité des risques que faisait encourir la situation américaine à l’économie mondiale ces deux dernières semaines, il y a dans cet épisode la révélation d’un nouvel état de fait : l’exposition croissante de l’économique au combat politique dans sa plus vile expression ; autant dire, l’exposition de l’économique à ce qui peut devenir, dans certains cas extrêmes, grotesque. Loin d’être un privilège américain, cette tendance, inhérente à la situation de crise trop durable que traverse le monde développé depuis plus de cinq ans, introduit un nouveau type de risques, du domaine de l’imprévisible et de l’incontrôlable, source, indéniable, d’instabilité. Dès lors, si le « too big to fail » semble encore pouvoir être considéré comme un bouclier protecteur du scénario du pire, à savoir celui du défaut de l’État américain, la période qui s’ouvre a tout lieu d’être celle de rebondissements à répétition sur la question de la dette et de la politique budgétaire américaine.

Débat politique : encore du grain à moudre.

À combien s’élèvera la restriction en 2014 ?

À quand l’abaissement de la note souveraine ?

Quel taux de financement, qu’attendre de la Fed ?

Impact sur la croissance ?

2014 : nouveau round d’interventions des banques centrales

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Si comme nous le pensons, la Fed n’est pas sur le point de pouvoir initier une réduction de ses achats d’actifs, l’année prochaine devrait marquer un nouveau record d’injections de liquidités à l’échelle mondiale. Au contraire du premier semestre 2013 au cours duquel le bilan agrégé des quatre principales BC -la FED, la BoE, la BoJ et la BCE- a globalement stagné, les trimestres à venir cumuleraient en effet :

  • les 85 mds de dollars mensuels d’achats d’actifs de la Fed, soit 1020 mds par an,
  • les 600 à 718 milliards de dollars de la BoJ, conformes à son objectif d’élever la base monétaire japonaise de 60 000 à 70 000 milliards de yens par an (un gonflement de l’ordre de 40 % par rapport au début 2013),
  • l’achat pour 610 milliards de dollars de Gilts de la Banque d’Angleterre, associé au renouvellement de son stock d’actifs de 375 milliards de livres au fur et à mesure de l’arrivée à maturité des titres détenus dans le cadre de son programme de facilités d’achats (Asset Purchase Facility),
  • et, vraisemblablement, les effets d’une probable LTRO de la BCE, susceptible, selon nos hypothèses, de drainer de 250 mds à 500 mds d’euros, soit encore 350 à 750 mds de dollars.

Les « quatre » injecteraient ainsi la bagatelle de 1600 à 2500 milliards de dollars annuels (135 à 208 milliards mensuels), si ce n’est sur l’ensemble de l’année 2014, du moins à ses débuts, soit, dans l’hypothèse basse, l’équivalent de 10 % du PIB américain ou, dans l’hypothèse haute, quasiment l’équivalent du PIB français de 2012 ! Avec ou sans passage à l’acte de la BCE, le flux annuel de ces injections retrouvera donc en tout état de cause les hauts niveaux connus en 2011-2012 et pourrait franchir des records jamais égalés depuis la crise de 2008 en cas de LTRO de la BCE.

Que penser de telles perspectives ?

La Fed temporise, sans surprise !

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« The first rate hike will not come until the unemployment rate is considerably below 6,5 % » ! B. Bernanke, 18 septembre 2013

La Fed a osé aller à l’encontre des anticipations, elle a eu raison. Assumer cette décision n’était pas facile tant les marchés s’étaient auto-convaincus d’un changement imminent de sa stratégie depuis le début de l’été. Les raisons qui sont à l’origine de sa décision sont pourtant claires :

  1. La situation économique américaine demeure extrêmement fragile : la croissance ne décolle pas, la croissance de l’emploi reste anémique, le pouvoir d’achat est trop faible pour assurer une reprise pérenne de la consommation et les entreprises n’investissent pas.
  2. La remontée des taux d’intérêt depuis le début de l’été a été trop rapide et constitue un danger pour la croissance, d’ores et déjà illustré par l’arrêt brutal de la reprise immobilière depuis le printemps.
  3. La baisse du taux de chômage n’est pas le fruit d’une amélioration de la situation du marché de l’emploi mais au contraire l’illustration de sa détérioration persistante que révèle la chute du taux de participation de la population, en d’autres termes, le découragement de la population en âge de travailler à chercher un emploi.
  4. La politique budgétaire est significativement restrictive et le restera quand par ailleurs la mise en place de la réforme de la santé, avant la fin de l’année, risque d’impacter significativement les revenus des particuliers.

L’annonce de ce jour est considérable d’implications.

Etats-Unis : vigilance oblige

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Si la tendance à l’optimisme quant à la situation américaine est coutumière, rares sont toutefois les périodes au cours desquelles le sentiment dominant est tellement éloigné de ce que révèlent les chiffres. Ainsi, au contraire des affirmations les plus fréquentes :

  • L’économie américaine ne va pas mieux mais plutôt moins bien qu’il y a quelques mois : la croissance de la production industrielle s’effrite, la productivité évolue dorénavant en territoire négatif et les indicateurs du marché de l’emploi se dégradent à nouveau.
  • Sa capacité à faire face à la remontée des coûts de financement est par ailleurs loin d’être démontrée. Non seulement la consommation ne décolle pas mais le marché de l’immobilier a très mal réagi à la remontée des taux d’intérêt depuis le début de l’été.
  • Alors que la question d’un changement de politique de la Fed est assez légitime après cinq années de politique non-conventionnelle, celui-ci ne trouve pas de justification économique. Le risque que la Fed aille trop vite en besogne est donc bel et bien réel.