La Fed prend acte de la solidite de la croissance et du marché de l’emploi et souligne l’absence de progrès additionnels sur le front de l’inflation ces derniers mois, mais ne montre pas d’inquiétude particulière : les résultats sont là, quand bien même encore insuffisants pour abaisser les taux comme anticipé. Il lui faudra donc plus de temps, sans pouvoir dire combien, mais J. Powell rappelle les progrès réalisés et rassure sur la direction. A la question posée par les journalistes sur l’éventualité de devoir resserrer davantage les conditions monétaires, il répond sans sourciller qu’un tel cas de figure semble peu probable et chasse, ainsi, les craintes recemment apparues de possibles remontées de ses taux directeurs.
Difficile, au total, de trouver de quelconques signes d’un changement d’appréciation sur le fond, même si J. Powell met, de facto, à l’écart les chances de baisse imminente des Fed Funds. Enfin, le sujet de la politique budgétaire est ignoré tandis que la Fed confirme le moindre rythme de réduction de son bilan à partir du mois de juin, de 95 à 60 milliards de dollars par mois.
Après une première réaction très positive des taux d’intérêt et des bourses, les marchés ont corrigé une bonne partie des gains initiaux, à l’exception des taux à 2 ans, en repli de 9 points à 4,96 %, et de l’eurodollar revenu au-dessus de 1,07USD.
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La FED crée la surprise : plus qu’un statu quo, J. Powell passe en mode pause
Comme largement anticipé et pré-annoncé par J. Powell il y a deux semaines, la FED a laissé inchangé le niveau des Fed Funds, à 5,25 %-5,50 %. Restait néanmoins les incertitudes sur la manière dont elle verrait les choses pour la fin de l’année et au-delà, après une série d’information plutôt contrariantes. C’est là qu’elle surprend. Malgré un début de communiqué plutôt hawkish « les indicateurs récents suggèrent que l’activité économique a progressé à un rythme soutenu au troisième trimestre. Les créations d’emplois ont ralenti depuis le début de l’année, mais restent fortes, et le taux de chômage est resté faible. L’inflation reste élevée. Le système bancaire est solide et résilient… », c’est sur la suite que J. Powell va construire un argumentaire nettement moins agressif, en l’occurrence, sur les effets encore à venir d’un haut degré de restriction monétaire sur les ménages et les entreprises. La Fed considère, manifestement, que le resserrement monétaire est dorénavant suffisant pour continuer à infuser ses effets sur l’emploi et l’inflation futurs et ses critères d’appréciation évoluent. La remontée des taux longs n’y est pas pour rien, quand J. Powell mentionne bon nombre de risques sur les perspectives, dont un possible shutdown de l’administration. Mais c’est sur une possible amélioration du potentiel de croissance de l’économie américaine qu’il appuie, surtout, son raisonnement, ce qui le conduit, notamment, à minimiser l’importance du bas niveau du taux de chômage sur l’inflation.
Dans l’inconfort de la FED, un FOMC pour rien
Le 19 octobre, moins de deux semaines après l’éclatement du conflit entre Israël et le Hamas, J. Powell s’est montré particulièrement prudent devant le Club économique de New York. Face à la montée des risques géopolitiques et aux difficultés à déchiffrer les tendances de la conjoncture américaine, son message était clair : la FED se devait d’agir avec précaution et prolongerait son statu quo le 1er novembre. Son intervention a, de facto, conduit à la quasi-disparition des anticipations d’une nouvelle hausse des Fed Funds d’ici la fin de l’année, en dépit des projections du FOMC d’un mois auparavant.
Le cycle de hausse des taux semblait donc avoir touché son terme et, quand bien même, les marchés avaient intégré qu’une baisse des taux ne serait pas immédiate, ils se mirent en ordre de marche, favorisant l’anticipation d’une réduction progressive des Fed Funds à partir de l’été 2024, qui permit une stabilisation des taux à 10 ans. Sauf que depuis, ni le conflit dans la bande de Gaza ni les données économiques n’ont apporté d’eau au moulin de J. Powell. Malgré les tensions croissantes, le conflit ne représente pas un risque imminent pour l’économie américaine à ce stade et, côté conjoncture, la robustesse de la croissance ne cesse de surprendre. Or, les résultats sur le front de l’inflation appelleraient, à l’évidence, une plus grande réserve que celle exprimée par J. Powell il y a deux semaines… La tâche ne sera donc pas des plus évidentes ce mercredi, la FED risquant soit de prendre les marchés à revers en contredisant les dires de son président, soit de paraître trop laxiste, ce qui pourrait in fine se traduire par un exercice de grand style, sans réelle direction, histoire de gagner du temps d’ici au prochain FOMC de décembre.
La FED parvient à stopper l’ascension du pétrole. C’est déjà ça, mais c’est bien tout !
Les premières lignes du communiqué du FOMC ont froidement planté le décor : « Les indicateurs récents suggèrent que l’activité économique a progressé à un rythme soutenu. Les gains en emploi ont ralenti mais restent forts et le taux de chômage est resté faible. L’inflation reste élevée ». Voilà qui est dit et assorti de projections correspondantes : la Fed n’a pas modifié sa prévision du mois de juin qui prévoyait une nouvelle hausse d’un quart de point des Fed funds, à 5,75 % d’ici décembre, et a réduit de 1,5 à un demi-point, seulement, la baisse qu’elle envisage d’ici fin 2024. La bonne nouvelle d’un statu quo confirmé ce mois-ci est, ainsi, noyée dans une communication, assurément, plus faucon qu’escompté, renforcée par la révision à la baisse de sa prévision de taux de chômage qu’elle n’envisage plus à 4,5 % mais seulement à 4,1 % l’an prochain, trois dixièmes de plus qu’aujourd’hui…
Les marchés n’ont pas eu besoin d’écouter la conférence de presse de J. Powell pour se faire une conviction : les taux à deux ans se sont envolés de 6 points à 5,17 % et les 10 ans de 3 pb, à 4,40 %, emportant dans leur sillage les espoirs de repentification de la courbe des taux. Les marchés, pour le coup, ne se trompent guère : la FED veut moins de croissance et finira probablement par avoir gain de cause, peut-être plus vite qu’elle ne l’envisage… La spéculation reflationniste, encore possible après l’annonce de la BCE, est dès lors balayée d’un revers de manche et les cours du pétrole retombent.
La Fed beaucoup plus faucon qu’envisagé. Un bien mauvais présage pour la croissance
Après avoir de nouveau relevé le taux des Fed Funds d’un quart de point, à 5,25 %-5,50 % aujourd’hui, la FED publie un communiqué beaucoup plus faucon qu’envisagé, dans lequel rien ne laisse supposer que ce mouvement puisse être le dernier du cycle en cours. Il s’agit d’une bien mauvaise nouvelle pour des marchés qui avaient quasiment exclu l’hypothèse de nouvelles hausses des Fed Funds entre aujourd’hui et la fin de l’année et pour les perspectives économiques américaines, compte-tenu des dégâts que pourraient, in fine, causer la poursuite de la politique en place
La FED marque une pause mais ne pivote pas… Le feuilleton continue
Au terme du FOMC, peu de choses que nous n’avons pas dites à trop de reprises ces derniers temps. La Fed confirme marquer une pause en maintenant inchangé le niveau des Fed Funds dans la fourchette de 5 %-5,25 % mais n’a pas les éléments nécessaires pour assurer que leur point haut soit atteint et, encore moins, qu’elle s’apprête à les rabaisser. Comme nous l’écrivions hier« elle en a déjà fait beaucoup et a suffisamment d’arguments pour marquer une pause, sans céder, pour autant, aux sirènes d’un assouplissement à venir. Elle devrait rester, a priori, très vigilante sur son action future, au risque d’apparaître plus « faucon » qu’attendu ». C’est ce qu’elle a fait en rehaussant ses perspectives de taux d’intérêt pour la fin de cette année par rapport à celles de mars, de 5,1 % à 5,6 %. Conséquence logique de la révision à la hausse de ses prévisions de croissance du PIB et d’inflation, contrainte par les résultats inattendus du premier trimestre, ce changement vise sans doute surtout à éviter que se reforment les anticipations, contrariantes, de baisses de ses taux.
La Fed envisage donc un demi-point de hausse supplémentaire de ses taux directeurs dans son scénario central d’ici décembre. Passera-t-elle à l’acte ? J. Powell est loin d’être catégorique sur ce point mais assure ses arrières ; de quoi entretenir l’incertitude encore un bon moment sur les marchés, au gré des résultats économiques des prochains mois.
Possible « put » de la FED, susceptible de corriger les anomalies de marché ?
Les contradictions ne manquent pas sur les marchés ces dernières semaines, parmi lesquelles les messages éminemment divergents entre le regain de confiance des marchés d’actions et l’inversion des courbes de taux focalisent l’attention. Il se passe également des choses inhabituelles sur les marchés des matières premières avec, d’un côté, les signaux positifs renvoyés par le les métaux industriels et, de l’autre, l’accélération à la baisse des cours du pétrole. Les premiers, plutôt en phase avec les bourses, semblent prendre pour argent comptant les espoirs de reprise qu’inspire l’assouplissement de la politique sanitaire chinoise ; les seconds paraissent plus sensibles à la montée du risque de récession aux Etats-Unis.
Dire aujourd’hui lesquelles de ces tendances sont les plus justifiées relève du pari tant est incertaine la trajectoire de la conjoncture internationale. Peut-être aurons-nous, d’ailleurs, les deux histoires en une, in fine, en 2023.
Ce qui est presque certain, en revanche, c’est que des divergences de telle ampleur ne sont pas amenées à durer et que la posture de la FED pourrait être décisive dans leur dénouement. Au-delà de pivoter, c’est sur son analyse de fond que le FOMC enverra les signaux susceptibles de remettre un peu de cohérence entre les différents pans de marchés : les projections de moyen terme du FOMC, les ‘Dot plots’, et l’interprétation qu’en fera J. Powell lors de sa conférence de presse.
L’inflation sous-jacente américaine sur un plateau ; reste maintenant à en descendre.
L’inflation du mois d’octobre offre quelques bonnes nouvelles aux Etats-Unis. Malgré le rebond de l’énergie et une hausse mensuelle de l’indice des prix à la consommation encore relativement soutenue, de 0,4 %, l’inflation annuelle a ralenti d’un demi-point, à 7,7 %, s’éloignant un peu plus de son pic de 9,1 % du mois de juin. Plus important, les composantes sous-jacentes ont augmenté moitié moins vite qu’au cours des deux derniers mois, de 0,3 %. Après s’être tendu à 6,6 % en septembre, le taux d’inflation sous-jacent est ainsi retombé à 6,3 %, son niveau d’août. Satisfécit, donc, pour le mois écoulé. Le plateau de l’inflation sous-jacente semble se consolider. Reste à en descendre. C’est sur ce mouvement que la FED se montrera, sans doute, exigeante quand bien même ces résultats lui redonnent un peu plus de latitude sur la cadence de ses prochains mouvements de hausse des Fed Funds et libèrent, par là-même, la pression sur les autres banques centrales, avec un dollar en net repli, de retour sur ses niveaux de la mi-août.